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Le : 20/10/2025 08:38
Bonjour à toutes et à tous
Je viens d'écrire notre biographie (Jeannine Jean-Pierre)à l'occasion de nos 60 ans de vie partagée.
Voiçi le dernier extrait,l'épilogue,car je ne peux vous raconter toute notre vie,biographie bien trop longue,plusieurs dizaines de pages.
60 ANS DE VIE COMMUNE
En repensant aux six décennies passées côte à côte,on réalise que le véritable secret de cette longue et belle aventure réside dans les petites choses du quotidien,les sourires échangés à l'aube,les conversations silençieuses partagées devant un café,les mains qui se frôlent et les regards complices.
Ces 60 ans ensemble,ont été marqués par une infinie patience,une immense complicité,et une volonté comme d'avançer ensemble malgrés les épreuves.
Il y a eu des moments de doute bien sur,des instants ou la vie semblait plus dure,ou la route se dressait devant nous comme une montagne abrupte.Mais à chaque obstacle surmonté,notre amour ne faisait que se renforcer,se solidifier.Nous avons appris au fil du temps que la perfection n'existe pas.Ce qui compte,c'est de continuer à grandir ensemble,d'évoluer main dans la main,d'accepter les imperfections de l'autre,ce qui est trés RARE,de nos jours.
Aujourd'hui,notre histoire est un témoignage de ce que peut-être l'amour vrai,celui qui se construit dans le temps,qui se nourrit de respect et de tendresse.
Une histoire ou les souvenirs se tissent et se partagent,ou l'avenir même incertain se contemple avec l'espoir qu'à chaque instant,chaque jour,sera encore une nouvelle occasion de s'aimer.
Soixante ans aprés,nous n'avons plus l'énergie des premiers jours,mais notre coeur bat toujours avec la même intensité,et quand nous nous regardons,nous savons,qu'il n'y a pas de fin,mais juste une éternité discrète,façonné à deux.
Voilà,j'espère que mon récit vous a plu,et je pense qu'il doit ressembler à bon nombre d'entre vous,car il est bien de notre génération et nous en sommes trés fiers......................
Je viens d'écrire notre biographie (Jeannine Jean-Pierre)à l'occasion de nos 60 ans de vie partagée.
Voiçi le dernier extrait,l'épilogue,car je ne peux vous raconter toute notre vie,biographie bien trop longue,plusieurs dizaines de pages.
60 ANS DE VIE COMMUNE
En repensant aux six décennies passées côte à côte,on réalise que le véritable secret de cette longue et belle aventure réside dans les petites choses du quotidien,les sourires échangés à l'aube,les conversations silençieuses partagées devant un café,les mains qui se frôlent et les regards complices.
Ces 60 ans ensemble,ont été marqués par une infinie patience,une immense complicité,et une volonté comme d'avançer ensemble malgrés les épreuves.
Il y a eu des moments de doute bien sur,des instants ou la vie semblait plus dure,ou la route se dressait devant nous comme une montagne abrupte.Mais à chaque obstacle surmonté,notre amour ne faisait que se renforcer,se solidifier.Nous avons appris au fil du temps que la perfection n'existe pas.Ce qui compte,c'est de continuer à grandir ensemble,d'évoluer main dans la main,d'accepter les imperfections de l'autre,ce qui est trés RARE,de nos jours.
Aujourd'hui,notre histoire est un témoignage de ce que peut-être l'amour vrai,celui qui se construit dans le temps,qui se nourrit de respect et de tendresse.
Une histoire ou les souvenirs se tissent et se partagent,ou l'avenir même incertain se contemple avec l'espoir qu'à chaque instant,chaque jour,sera encore une nouvelle occasion de s'aimer.
Soixante ans aprés,nous n'avons plus l'énergie des premiers jours,mais notre coeur bat toujours avec la même intensité,et quand nous nous regardons,nous savons,qu'il n'y a pas de fin,mais juste une éternité discrète,façonné à deux.
Voilà,j'espère que mon récit vous a plu,et je pense qu'il doit ressembler à bon nombre d'entre vous,car il est bien de notre génération et nous en sommes trés fiers......................
Le : 11/10/2025 14:55
"MA MERE JUIVE D'ALGERIE" DE HUBERT ZAKINE.
J'ai perdu mon enfance en perdant ma mère.
Je l'ai égarée dans la souffrance des glaces recouvertes d'un linge afin qu'elle ne renvoie pas aux vivants l'image défigurée du malheur et du chagrin.
Ma mère est partie. Elle a tout emporté avec elle. Tous mes souvenirs que je lisais dans son regard perdu entre Alger et Paris, dans un ailleurs qu'elle me racontait les après-midi d'hiver, son fichu bleu ciel sur les épaules qui la protégeait, non pas du froid, mais de l'agression inhumaine de l'exil d'une mère juive d'Algérie.
Sa voix ne caressera plus ma mémoire de ses histoires de famille judéo-arabe de la casbah de sa jeunesse. Elle ne perpétuera plus l'épopée de son peuple issu de l'inquisition médiévale espagnole de 1391 et de son aïeul, le Grand Rabbin Simon Ben Sémah DURAN "RASHBAZ" qui réunifia le judaïsme d'Afrique du Nord avec son comparse, "RIBACH".
Ma mère a rejoint le pays du Bon Dieu. Elle est partie pour le nuage d'où on ne revient jamais. Elle qui répétait toujours :
--" Dans ma vie, j'aurai fait deux voyages contre ma volonté : le premier en quittant mon pays, le deuxième, en quittant cette terre! "
J'ai perdu mon pays, ma peine fut immense.
J'ai perdu ma mère, mon chagrin est éternel.
---------------------------------------------------------------
Orphelin de père depuis 1947, je suis à présent orphelin de mère. Orphelin de son amour jugé démesuré par toute personne, hormis ses fils. De sa tendresse et de sa mansuétude pour la mauvaise volonté que je développais à poursuivre des études bien difficiles à rattraper pour un jeune cheval fou lâché dans la prairie de l'enfance. L'adolescence se moque de la fierté d'un parent devant un carnet de notes réjouissant. D'un bon classement, d'une politesse déployée devant autrui, d'un compliment décerné par une grande personne. L'enfant ne mesure pas l'étendue des sentiments qui emplit et envahit le coeur d'une maman.
Orphelin d'une présence attentive à mes moindres tourments, devinant mes contrariétés, s'évertuant à les minimiser en m'invitant à l'optimisme de ma jeunesse. De ses petites et câlines vigilances qu'elle ne relâchait guère malgré mon passage à l'âge adulte, me considérant, encore et toujours, comme son petit, préparant le bol de café au lait, me servant à table le premier, oubliant de manger pour mieux boire les compliments sur sa délicieuse cuisine empruntée aux mille saveurs de l'Orient, remplissant mon assiette d'un nouveau met dès le précédent consommé.
Sans cesse aux petits soins malgré mon souci de la voir se reposer, elle guérissait le moindre de mes rhumes en me frottant le crâne à l'anisette ou en m'enfonçant du coton imbibé d'huile chaude dans l'oreille.
Orphelin de ses recettes de grands-mères aussi efficaces que les médicaments "qui détraquent l'estomac", de ses enveloppements d'alcool, de ses ventouses maniées avec une folle dextérité, de ses cataplasmes à base de choux, préconisés par les gloires médicales de la casbah judéo-arabe, les Docteurs JAÏS et JONATHAN auxquels elle ne craignait pas de tenir tête sur le bon remède à administrer à son "mazozé" de fils.
Orphelin de sa présence, tout simplement.
Ma mère est venue au monde le 25 Février 1911, à Alger, "dans la plus belle ville du monde", à une époque où la casbah répercutait encore les prières d'un peuple courbé sur son douloureux passé. Dans ces rues aux noms exotiques : rue des Trois Couleurs, rue du Chat, rue du Tigre, rue du Diwan, rue des Jétules, rue du Caftan, rue des Oranges, rue Boulabah..........
Dès mon plus jeune âge, j'arpentais ces chemins frangés d'ombres et de lumières, étroits et parfois nauséabonds, débouchant sur des placettes aérées aux fontaines enchâssées de faïence outremer. J'y découvrais un monde cinématographique et imaginaire qui prenait forme sous mes yeux effarouchés mais grisés par la tentation. Les mauvais garçons y déambulaient à la recherche d'une aventure, les vieux surveillaient du coin de l'oeil l'entrée des maisons closes de la basse casbah qu'ils franchissaient par personnes interposées dans un moment de rêve pourchassé d'un revers de main, les ventres des cafés maures déversaient des nuages odorants de "kawah" et les sages joueurs de dominos claquaient leurs pions avec sérieux et application. Les marchés à ciel ouvert étaient légion mais le marché Randon qui faisait face à la Grande Synagogue, Place du Grand Rabbin BLOCH, représentait le passage obligé du commerce de la casbah.
Je parcourais souvent cette ville grimpante et grouillante qui escaladait, de la mer à la colline, la blanche multitude de terrasses. Pourtant, les souvenirs gravés dans ma mémoire d'exil demeurent attachés aux récits de ma mère, fabuleux voyages au long cours dans le jardin mythique de sa jeunesse. Une jeunesse qui se suffisait de la richesse du coeur foisonnante chez les humbles gens de ce quartier.
Ma mère a ouvert les yeux dans une famille où l'affection et le respect accompagnaient la vie de tous les jours. Une vie de labeur, de sueur et d'amour.
J’adorais faire parler ma mère.
Intarissable comme toutes les nostalgies ayant effleuré le bonheur, ma mère juive d'Algérie escaladait sa mémoire sans effort apparent, un souvenir traînant derrière son image sépia tout un chapelet d'anecdotes puisées à la source de son enfance, entourée de ses frères William, Léon et de ses soeurs Elise, Nadine, Pauline.
Elle me racontait sa prime jeunesse dans cette casbah judéo-arabe coincée à mi-chemin de l'Orient et de l'Occident, en marche vers l'inexorable modernité ensemencée par une France civilisatrice, mais retenue par la force invisible d'un passé millénaire.
En chevauchant allégrement la machine à remonter le temps, elle n'oubliait rien ni personne. Avec une précision méticuleuse qu'elle entretenait à force d'y penser, à force d'en parler, elle décrivait ce monde qui la vît naître et précipiter ses premiers pas vers la religion de ses pères. Véritable guide touristique de la casbah, de "sa" casbah, elle situait chaque pièce de ce puzzle à l'emplacement exact; les ateliers, les échoppes, les petits artisans, les lieux de cultes, d'enseignement religieux, la Médersa toute blanche, immaculée, les Mosquées, les Synagogues, les cafés musicaux. De Brahim le Mozabite, affublé dans ce pays du sobriquet de "Moutchou", tenancier d'une épicerie-capharnaüm parcourue de charançons, qui sentait bon les épices, la bougie, la guimauve, les tramousses et.......l'huile rance. Toujours aux aguets devant les petits "yaouleds", auteur de menus larcins dans la rue Marengo, artère principale de la casbah, il faisait face au salon de Thomas le coiffeur, rendez-vous de tous les amoureux du football algérois, obligés de se contorsionner sur leur fauteuil pour admirer "le travail de l'artiste" dans une glace tenant lieu d'exposition de photos des équipes vedettes du championnat d'Alger. Moktar, le marchand de beignets arabes façonnés d'une main experte, jetés dans l'huile frémissante dans un geste auguste qui s'apprenait comme on apprend le piano, sortis de leur bain brûlant à l'aide d'une tige de fer blanc recourbée pour accrocher le beignet et l'offrir dans son papier absorbant à la convoitise du client par l'odeur alléché.
Aucun détail ne manquait et j'eus souvent l'occasion de revisiter les souvenirs de ma mère juive d'Algérie en parcourant, à mon tour, le théâtre pittoresque d'une enfance à jamais enfouie dans sa valise d'exil. Je marchais, alors, sur ses pas. Je rencontrais les personnages envoûtants qui voyageaient dans ses histoires embellies par les années perdues et je m'apercevais avec tendresse, qu'à aucun moment, sa mémoire n'avait failli.
A l'école de la rue de Toulon où elle fit ses premières armes, sous la baguette sévère d'institutrices revêches, elle se souvenait du bonnet d'âne désignant les "têtes en l'air" à l'innocente vindicte des élèves exemplaires. De sa maîtresse d'école qui se pâmait devant la beauté des grands yeux noirs de la "petite DURAND", qui semblaient soulignés de "khôl". De son préau qui s'ouvrait sur le balcon familial où la guettait sa maman-gâteau comme pour la rassurer dans cette difficile étape de la vie qu'était, alors, l'école communale.
De cette époque, elle avait gardé l'exaltation joyeuse de la petite fille insouciante élevée par sa mère, grondée par son père, surveillée par ses frères, adorée de sa famille. A l'instar de ses soeurs, elle apprenait à coudre et à repriser, à laver et à repasser, à tenir une maison le coeur content et l'âme fière de suivre l'exemple de sa mère qui le tenait, elle-même de sa grand-mère.
Elle se souvenait avec nostalgie de ce petit appartement de deux pièces au 31 rue Marengo, grande trouée qui zébrait la casbah en son milieu et se prolongeait par la rue Randon. J'imaginais en l'écoutant, la dose d'amour nécessaire à la coexistence pacifique de deux adultes et de six enfants, évoluant dans ce minuscule espace laissé ouvert sur le palier pour agrandir le volume et accueillir le courant d'air de l'amitié soufflé par le voisinage. Avec en prime, la fenêtre de la cuisine qui glissait en pente douce et en terrasses multicolores vers l'irréel, le grandiose, le majestueux panorama du port d'Alger.
Ma mère répétait souvent : "De sa cuisine, ta grand-mère voyageait par procuration à bord du Kairouan, du Ville d'Alger ou du Ville d'Oran. L'imagination faisait le reste. Et nous autres, on embarquait avec elle."
Elle évoquait souvent ses parents comme les témoins de sa jeunesse, la preuve de son existence, la confirmation de son ascendance.
Je n'ai pas eu le bonheur de connaître mes grands-parents maternels. Mes frères non plus. Mais ils semblent avoir toujours fait partie de notre univers tant leur image nous fut peinte, ciselée, détaillée par l'amour de leur fille.
De notre grand-père, nous sûmes qu'il éleva sa famille pauvrement mais dignement, ne rechignant jamais à prolonger sa journée d'ébéniste-matelassier-cardeur en travaillant de nuit au casino de la capitale. Il adorait tant son métier qu'il demanda à ses fils de glisser sous son lit de souffrance, sa machine à carder. Atteint d'un mal incurable, entre deux douleurs insupportables, il tirait à lui son outil de travail pour le contempler. En recevant cette pénible anecdote travestie en confidence, nous pénétrâmes, mes frères et moi, l'âme et le coeur de notre grand-père. Il est des grands hommes ignorés de tous, sauf de leurs familles. Il me plait, ici, de m'attarder sur cet homme digne et respectable que fut mon grand-père maternel.
Comme ses soeurs, ma mère s'identifiait à sa propre mère. Poutre maîtresse de son foyer, ma grand-mère maternelle cumulait les fonctions d'épouse, de mère, de ministre des finances, d'exemple pour ses filles. Couturière par nécessité, elle offrait du rêve bon marché, mais de bon goût, à ses "élégantes" sans le secours d'une machine à coudre.
Ma mère était fière de cette unique photographie conservée "comme la prunelle de ses yeux", représentant sa maman entourée de ses six enfants, prise au jardin Marengo, sous un généreux soleil hivernal. Le décès de mon grand-père avait agi comme un révélateur sur le frère aîné, William, investi soutien de famille qui décida d'immortaliser, sur papier Guilleminot, la famille orpheline et toute vêtue de deuil.
Cette photographie, dans les mains de ma mère, symbolisait cette époque tragique, dure, sans pardon. Une époque charnière ouverte sur le vaste champ de la modernité et le passé simple qui conjuguait la vie avec les yeux au bord des larmes. Ce fut la première et dernière image de ma grand-mère maternelle qui s'en alla quelques cieux plus loin, terrassée par un transport au cerveau. Victime d'une contrariété familiale, elle mourut durant son sommeil. Cette nuit là, Elise, l'une de ses filles, médium sans diplôme, fut réveillée par le pas claudiquant de son défunt père, martelant de sa canne, l'escalier de bois. Affolée, elle entendit très distinctement la voix paternelle lui annoncer qu'il venait chercher sa mère. Le temps de courir dans la chambre de ses parents, elle recueillit le râle de ma grand-mère en partance au pays des étoiles sur le tapis volant de mon grand-père.
Les orphelins sont souvent livrés à eux-mêmes. Pas dans cette famille. Partant d'un bon sentiment, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines décidèrent de prendre le relais des parents. Ils se partagèrent la lourde charge d'élever les enfants, désirant pastelliser les couleurs du chagrin afin d'en oublier la violence. Mais, dans la précipitation chargée de bons sentiments, ils occultèrent l'essentiel : le malheur, comme le bonheur, a besoin de communion. La séparation des orphelins sonna le glas d'une possible réinsertion affective. Pourtant, l'éducation de ma mère, de ses frères et soeurs exigeait que le clan restât soudé, le cercle de famille ancré dans ses certitudes, la tribu réunie autour d'un feu sacré allumé par des années de vie commune.
Le : 03/10/2025 16:09
André Trives Auteur
La parole perdue
Les enfants d'Algérie d'avant 1962 se souviennent du trésor perdu à jamais que fut le véhicule de la mémoire de nos anciens. Auguste Robinet dit « Musette », avec l’inénarrable histoire des amours de Cagayous, Edmond Brua dans la célèbre parodie du Cid, plus tard « La Famille Hernandez » de Geneviève Baïlac, et plus récemment le truculent Roland Bacri, sans oublier nos artistes de Bab el Oued Robert Castel et Lucette Sahuquet, ont donné leurs lettres de noblesse à cette richesse aujourd’hui oubliée.
Mais de quel trésor s’agit-il ? De châteaux ou de palais ? D’ors ou de pierres précieuses ? Non ! encore bien plus que les fortunes boursières du CAC 40 ; il s’agit du parler et de l’accent du peuple d'Algérie, un patrimoine commun qui se transmettait sans droit de succession, avec l’avantage bien appréciable de nous faire appartenir à une même et belle famille.
Cette langue et cet accent singulier, façonnés dans les forges de la rue, étaient précurseurs de la technique du caméscope et l’ancêtre de la vidéo. La singularité de cette communication donnait le son et l’image vivante de la pensée, en même temps. En somme, une expression en trois dimensions que nos maîtres nous gratifiaient dès l’école dans les cours de math, où le verbe et les mains nous expliquaient l’abscisse et l’ordonnée ou le théorème de Pythagore. Pour se faire comprendre, il fallait démontrer, et la meilleure des manières était l’usage de la métaphore la plus percutante, accompagné de la gestuelle d’un chef d’orchestre symphonique.
Les gosses dissipés s’initiaient déjà au contact de leurs parents en colère : « Je vais t’en donner une, que le mur y va t’en donner une autre ». Notre parler fortement imprégné du « pataouète » et du « sabir » , utilisait des mots et des expressions uniques qu'il ne fallait surtout pas reproduire à l'école où nos instituteurs se décarcassaient à nous apprendre le français. N'oublions pas que le lycée Bugeaud de Bab el Oued a donné à la France en 1957, le prix Nobel de Littérature et l'écrivain humaniste probablement le plus lu dans le monde : Albert CAMUS. N'oublions pas également, que le dictionnaire LE ROBERT, a été créé par Paul ROBERT, originaire d' Orléansville.
Notre langue si particulière était une sorte de tramway de la pensée, comme nos anciens trams et autobus circulant dans Alger, Oran ou Constantine, bourrés de français, d’arabes, d’italiens, d’espagnols, juifs, musulmans, chrétiens ou athées. Un mélange extraordinaire de cultures, empruntant des néologismes, des tournures, des constructions de phrases typiques, des insultes au langage imagé avec geste approprié à l’appui dont le plus répandu était « le bras d’honneur », ou « l’agitation répétée du majeur » qui disait à son adversaire : « j’t’ai bien eu ». Des vocables aux épices piquantes et colorées, des syntaxes toutes méditerranéennes avec l’odeur des produits que la nature nous donnait avec générosité. Pour déclarer une surcharge de travail et bien la faire comprendre, on déclinait, le regard abattu : « J’ai la tête comme une pastèque ».
Notre parler se percevait comme une langue filmée en technicolor, jamais en noir et blanc. Elle permettait de monter un spot visuel, traduisant au mieux l’idée que l’on voulait développer. Tous les sujets de conversation étaient abordés avec le souci de persuader son interlocuteur; alors vous imaginez les plans, les coupes, les raccords, les montages dans l’improvisation pour convaincre quelqu'un qui de surcroît manifestait de la mauvaise foi. Dans ces tournois de la parole où il fallait avoir raison, les plus volubiles finissaient par imposer leur point de vue. Les idées exprimées, comme les sujets abordés, s’attachaient à refaire le monde. Une vie simple, entretenue par des gens simples, sans prétention, dont Marie Elbe disait : « Chez nous, on prenait l’amour au tragique et la mort à la rigolade ».
La parole perdue
Les enfants d'Algérie d'avant 1962 se souviennent du trésor perdu à jamais que fut le véhicule de la mémoire de nos anciens. Auguste Robinet dit « Musette », avec l’inénarrable histoire des amours de Cagayous, Edmond Brua dans la célèbre parodie du Cid, plus tard « La Famille Hernandez » de Geneviève Baïlac, et plus récemment le truculent Roland Bacri, sans oublier nos artistes de Bab el Oued Robert Castel et Lucette Sahuquet, ont donné leurs lettres de noblesse à cette richesse aujourd’hui oubliée.
Mais de quel trésor s’agit-il ? De châteaux ou de palais ? D’ors ou de pierres précieuses ? Non ! encore bien plus que les fortunes boursières du CAC 40 ; il s’agit du parler et de l’accent du peuple d'Algérie, un patrimoine commun qui se transmettait sans droit de succession, avec l’avantage bien appréciable de nous faire appartenir à une même et belle famille.
Cette langue et cet accent singulier, façonnés dans les forges de la rue, étaient précurseurs de la technique du caméscope et l’ancêtre de la vidéo. La singularité de cette communication donnait le son et l’image vivante de la pensée, en même temps. En somme, une expression en trois dimensions que nos maîtres nous gratifiaient dès l’école dans les cours de math, où le verbe et les mains nous expliquaient l’abscisse et l’ordonnée ou le théorème de Pythagore. Pour se faire comprendre, il fallait démontrer, et la meilleure des manières était l’usage de la métaphore la plus percutante, accompagné de la gestuelle d’un chef d’orchestre symphonique.
Les gosses dissipés s’initiaient déjà au contact de leurs parents en colère : « Je vais t’en donner une, que le mur y va t’en donner une autre ». Notre parler fortement imprégné du « pataouète » et du « sabir » , utilisait des mots et des expressions uniques qu'il ne fallait surtout pas reproduire à l'école où nos instituteurs se décarcassaient à nous apprendre le français. N'oublions pas que le lycée Bugeaud de Bab el Oued a donné à la France en 1957, le prix Nobel de Littérature et l'écrivain humaniste probablement le plus lu dans le monde : Albert CAMUS. N'oublions pas également, que le dictionnaire LE ROBERT, a été créé par Paul ROBERT, originaire d' Orléansville.
Notre langue si particulière était une sorte de tramway de la pensée, comme nos anciens trams et autobus circulant dans Alger, Oran ou Constantine, bourrés de français, d’arabes, d’italiens, d’espagnols, juifs, musulmans, chrétiens ou athées. Un mélange extraordinaire de cultures, empruntant des néologismes, des tournures, des constructions de phrases typiques, des insultes au langage imagé avec geste approprié à l’appui dont le plus répandu était « le bras d’honneur », ou « l’agitation répétée du majeur » qui disait à son adversaire : « j’t’ai bien eu ». Des vocables aux épices piquantes et colorées, des syntaxes toutes méditerranéennes avec l’odeur des produits que la nature nous donnait avec générosité. Pour déclarer une surcharge de travail et bien la faire comprendre, on déclinait, le regard abattu : « J’ai la tête comme une pastèque ».
Notre parler se percevait comme une langue filmée en technicolor, jamais en noir et blanc. Elle permettait de monter un spot visuel, traduisant au mieux l’idée que l’on voulait développer. Tous les sujets de conversation étaient abordés avec le souci de persuader son interlocuteur; alors vous imaginez les plans, les coupes, les raccords, les montages dans l’improvisation pour convaincre quelqu'un qui de surcroît manifestait de la mauvaise foi. Dans ces tournois de la parole où il fallait avoir raison, les plus volubiles finissaient par imposer leur point de vue. Les idées exprimées, comme les sujets abordés, s’attachaient à refaire le monde. Une vie simple, entretenue par des gens simples, sans prétention, dont Marie Elbe disait : « Chez nous, on prenait l’amour au tragique et la mort à la rigolade ».
Le : 02/10/2025 13:51
Il était allé la bas,pour la même raison que pour mon grand-père qui était allé
à verdun en 14,et mon père,en 40,en allemagne.
Salut à tous...
Le : 02/10/2025 11:13
A ce propos, nombreuses étaient les fois où l'on nous classait étranger....
Autre fait marquant, une dame âgée dont le mari décédé avait été militaire en Algérie m'a reparlé ce jour de ce fameux verre d'eau refusé à un militaire et qui se demandait encore pourquoi il était allé là-bas!!!!
Comme quoi, nombreuses questions à se poser 63 ans après!!!
Bonne journée à tous
Autre fait marquant, une dame âgée dont le mari décédé avait été militaire en Algérie m'a reparlé ce jour de ce fameux verre d'eau refusé à un militaire et qui se demandait encore pourquoi il était allé là-bas!!!!
Comme quoi, nombreuses questions à se poser 63 ans après!!!
Bonne journée à tous
Le : 01/10/2025 09:08
E
n réponse à Pastor.
C'est pourquoi,sur des formulaires,je marque toujours,Alger:Algérie française.
Bonjour à tous...
Le : 30/09/2025 15:52
Sur tous mes papiers administratifs, mon lieu de naissance Alger (Algérie).
J'ai reçu mes analyses d'un laboratoire avec:
lieu de naissance: République Algérienne Démocratique et populaire.
Cela m'a fait bizarre!!!
Pierre
J'ai reçu mes analyses d'un laboratoire avec:
lieu de naissance: République Algérienne Démocratique et populaire.
Cela m'a fait bizarre!!!
Pierre
Le : 23/09/2025 09:11
ON OUBLIE UN ENFANT DE LA RUE ROCHAMBEAU,Alain JENTILE gagnant du 1er pas Dunlop en ALGERI
Le : 16/09/2025 15:50
Bonjour,
Je cherche à contacter ma cousine Marie-Jeanne LENTREIN née à Bab el Oued en 1948.
Pourriez vous m aider s’il vous plaît.
Merci
Jean Domenech
0621707724
Je cherche à contacter ma cousine Marie-Jeanne LENTREIN née à Bab el Oued en 1948.
Pourriez vous m aider s’il vous plaît.
Merci
Jean Domenech
0621707724