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Le : 06/06/2023 09:47
UN VIEUX PIED NOIR ÉCRIT POUR LA POSTÉRITÉ......DONT J'IGNORE L’IDENTITÉ..(il est prié de se faire connaitre...............)
Il s'agit de Marc Stagliano décédé
"A quelques encablures de mes 75 ans, à un âge où les souvenirs se déclinent plus aisément que les projets et après avoir épuisé mes capacités de silence, je ressens le besoin d'éclairer un malentendu.
> En 42 ans de vie professionnelle, j'ai travaillé avec vous, milité avec vous, partagé quelques succès et quelques épreuves, communié aux mêmes valeurs, au même humanisme. j' ai bu à la coupe de ce bonheur de vivre en France, de s' étonner de ses richesses, de se pénétrer des mêmes émotions, au point que j' avais fini par oublier que j' étais né sur une autre rive, de parents venus d' ailleurs et de grands-parents à l' accent impossible d' une ville de la Méditerranée.
Je m'étais cru Français comme vous et j'avais cru achever ce travail de deuil commun à tous les exilés du monde. Et puis, depuis quelques mois, des maisons d'édition ont fait pleuvoir témoignages et réflexions sur la guerre d'Algérie. Les chaînes de télévision et les radios ont commenté les ouvrages et refait l'Histoire de 134 ans de présence française en Algérie.
Avec une étonnante convergence de vues, la plupart ont révélé, sur cette période, une vision singulièrement sinistre. j'ai revu l'histoire de ma patrie, l'Algérie Française, travestie ou défigurée en quelques propositions caricaturales :
La présence de la France en Algérie fut de tout temps illégitime»
Les Français d'Algérie ont exploité les Arabes et ont volé leurs terres»
«Les soldats français ont torturé des patriotes qui libéraient leur pays»
"Certains Français ont eu raison d'aider les fellaghas à combattre l'armée française et peuvent s'enorgueillir aujourd'hui d'avoir contribué à la libération de l'Algérie»."
Alors, j'ai compris que personne ne pouvait comprendre un pays et un peuple s'il n'avait d' abord appris à l'aimer... et vous n'avez jamais aimé "notre Algérie" !
Alors, j'ai compris pourquoi vous changiez de conversation quand j'affirmais mon origine "pied noir" ; j'ai compris que l'exode arménien ou l'exode juif vous avait touchés mais que notre exil vous avait laissés indifférents. j'ai compris pourquoi les maquisards qui se battaient pour libérer la France envahie étaient des héros, mais pourquoi des officiers qui refusaient d'abandonner ce morceau de France et les Arabes entraînés à nos côtés, étaient traités de putschistes.
J'ai compris pourquoi des mots comme "colon" avaient été vidés de leur noblesse et pourquoi, dans votre esprit et dans votre langage, la colonisation avait laissé place au colonialisme.
Même des Français de France comme vous, tués au combat, n'ont pas eu droit, dans la mémoire collective, à la même évocation que les Poilus ou les Résistants, parce qu'ils furent engagés dans une "sale guerre" ! Sans doute, même si leur sacrifice fut aussi noble et digne de mémoire, est-il plus facile de célébrer des héros vainqueurs que des soldats morts pour rien.
Dans un manichéisme grotesque, tout ce qui avait contribué à défendre la France était héroïque ; tout ce qui avait contribué à conserver et à défendre notre pays pour continuer à y vivre, était criminel... «Vérité en deçà de la Méditerranée ; erreur au-delà !"
Vous si prolixes pour dénoncer les tortures et les exactions de l'armée française au cours des dix dernières années, vous êtes devenus amnésiques sur les massacres et les tortures infligés par les fellaghas à nos compatriotes européens et musulmans. Vous ne trouvez rien à dire sur l’½uvre française en Algérie pendant 130 ans. Pas un livre, pas une émission de télévision ou de radio, rien ! Les fictions même s'affligent des mêmes clichés de Français arrogants et de Musulmans opprimés.
Ce qui est singulier dans le débat sur l'Algérie et sur la guerre qui a marqué la fin de la période française, c'est que ceux qui en parlent, en parlent en étrangers comme d'une terre étrangère.
Disséquer le cadavre de l'Algérie leur est un exercice clinique que journalistes, commentateurs et professeurs d'université réalisent avec la froide indifférence de l'étranger.
Personne ne pense qu'un million de femmes et d hommes n'ont connu et aimé que cette terre où ils sont nés. Personne n'ose rappeler qu'ils ont été arrachés à leur véritable patrie et déportés en exil sur une terre souvent inconnue et souvent hostile ... Quand certains intellectuels français se prévalent d'avoir aidé le FLN, personne ne les accuse d'avoir armé les bras des égorgeurs de Français ....
Cette terre vous brûle la mémoire et le c½ur ... ou plutôt la mauvaise conscience
Je n'ai pas choisi de naître Français sur une terre que mes maîtres français m'ont appris à aimer comme un morceau de la France. Mais, même si " mon Algérie" n'est plus, il est trop tard, aujourd'hui, pour que cette terre me devienne étrangère et ne soit plus la terre de mes parents, ma patrie.
j'attends de vous amis français, que vous respectiez mon Histoire même si vous refusez qu'elle soit aussi votre Histoire.
Je n'attends de vous aucune complaisance mais le respect d'une Histoire dans la lumière de son époque et de ses valeurs, dans la vérité de ses réalisations matérielles, intellectuelles et humaines, dans la subtilité de ses relations sociales, dans la richesse et la diversité de son ½uvre et de ses cultures
J'attends que vous respectiez la mémoire de tous ceux que j'ai laissés là-bas et dont la vie fut faite de travail, d'abnégation et parfois même d'héroïsme.
J'attends que vous traitiez avec une égale dignité et une égale exigence d'objectivité et de rigueur, un égal souci de vérité et de justice, l'Histoire de la France d'en deçà et d’au delà de la Méditerranée.
Alors, il me sera peut-être permis de mourir dans ce coin de France en m'y sentant aussi chez moi .. enfin ! "
Moi j'ai choisi de me faire incinérer et que l'on répande mes cendres à la mer, cela leur évitera de reposer dans une autre terre que celle qui m'a vue naître.
Marc Stagliano
Il s'agit de Marc Stagliano décédé
"A quelques encablures de mes 75 ans, à un âge où les souvenirs se déclinent plus aisément que les projets et après avoir épuisé mes capacités de silence, je ressens le besoin d'éclairer un malentendu.
> En 42 ans de vie professionnelle, j'ai travaillé avec vous, milité avec vous, partagé quelques succès et quelques épreuves, communié aux mêmes valeurs, au même humanisme. j' ai bu à la coupe de ce bonheur de vivre en France, de s' étonner de ses richesses, de se pénétrer des mêmes émotions, au point que j' avais fini par oublier que j' étais né sur une autre rive, de parents venus d' ailleurs et de grands-parents à l' accent impossible d' une ville de la Méditerranée.
Je m'étais cru Français comme vous et j'avais cru achever ce travail de deuil commun à tous les exilés du monde. Et puis, depuis quelques mois, des maisons d'édition ont fait pleuvoir témoignages et réflexions sur la guerre d'Algérie. Les chaînes de télévision et les radios ont commenté les ouvrages et refait l'Histoire de 134 ans de présence française en Algérie.
Avec une étonnante convergence de vues, la plupart ont révélé, sur cette période, une vision singulièrement sinistre. j'ai revu l'histoire de ma patrie, l'Algérie Française, travestie ou défigurée en quelques propositions caricaturales :
La présence de la France en Algérie fut de tout temps illégitime»
Les Français d'Algérie ont exploité les Arabes et ont volé leurs terres»
«Les soldats français ont torturé des patriotes qui libéraient leur pays»
"Certains Français ont eu raison d'aider les fellaghas à combattre l'armée française et peuvent s'enorgueillir aujourd'hui d'avoir contribué à la libération de l'Algérie»."
Alors, j'ai compris que personne ne pouvait comprendre un pays et un peuple s'il n'avait d' abord appris à l'aimer... et vous n'avez jamais aimé "notre Algérie" !
Alors, j'ai compris pourquoi vous changiez de conversation quand j'affirmais mon origine "pied noir" ; j'ai compris que l'exode arménien ou l'exode juif vous avait touchés mais que notre exil vous avait laissés indifférents. j'ai compris pourquoi les maquisards qui se battaient pour libérer la France envahie étaient des héros, mais pourquoi des officiers qui refusaient d'abandonner ce morceau de France et les Arabes entraînés à nos côtés, étaient traités de putschistes.
J'ai compris pourquoi des mots comme "colon" avaient été vidés de leur noblesse et pourquoi, dans votre esprit et dans votre langage, la colonisation avait laissé place au colonialisme.
Même des Français de France comme vous, tués au combat, n'ont pas eu droit, dans la mémoire collective, à la même évocation que les Poilus ou les Résistants, parce qu'ils furent engagés dans une "sale guerre" ! Sans doute, même si leur sacrifice fut aussi noble et digne de mémoire, est-il plus facile de célébrer des héros vainqueurs que des soldats morts pour rien.
Dans un manichéisme grotesque, tout ce qui avait contribué à défendre la France était héroïque ; tout ce qui avait contribué à conserver et à défendre notre pays pour continuer à y vivre, était criminel... «Vérité en deçà de la Méditerranée ; erreur au-delà !"
Vous si prolixes pour dénoncer les tortures et les exactions de l'armée française au cours des dix dernières années, vous êtes devenus amnésiques sur les massacres et les tortures infligés par les fellaghas à nos compatriotes européens et musulmans. Vous ne trouvez rien à dire sur l’½uvre française en Algérie pendant 130 ans. Pas un livre, pas une émission de télévision ou de radio, rien ! Les fictions même s'affligent des mêmes clichés de Français arrogants et de Musulmans opprimés.
Ce qui est singulier dans le débat sur l'Algérie et sur la guerre qui a marqué la fin de la période française, c'est que ceux qui en parlent, en parlent en étrangers comme d'une terre étrangère.
Disséquer le cadavre de l'Algérie leur est un exercice clinique que journalistes, commentateurs et professeurs d'université réalisent avec la froide indifférence de l'étranger.
Personne ne pense qu'un million de femmes et d hommes n'ont connu et aimé que cette terre où ils sont nés. Personne n'ose rappeler qu'ils ont été arrachés à leur véritable patrie et déportés en exil sur une terre souvent inconnue et souvent hostile ... Quand certains intellectuels français se prévalent d'avoir aidé le FLN, personne ne les accuse d'avoir armé les bras des égorgeurs de Français ....
Cette terre vous brûle la mémoire et le c½ur ... ou plutôt la mauvaise conscience
Je n'ai pas choisi de naître Français sur une terre que mes maîtres français m'ont appris à aimer comme un morceau de la France. Mais, même si " mon Algérie" n'est plus, il est trop tard, aujourd'hui, pour que cette terre me devienne étrangère et ne soit plus la terre de mes parents, ma patrie.
j'attends de vous amis français, que vous respectiez mon Histoire même si vous refusez qu'elle soit aussi votre Histoire.
Je n'attends de vous aucune complaisance mais le respect d'une Histoire dans la lumière de son époque et de ses valeurs, dans la vérité de ses réalisations matérielles, intellectuelles et humaines, dans la subtilité de ses relations sociales, dans la richesse et la diversité de son ½uvre et de ses cultures
J'attends que vous respectiez la mémoire de tous ceux que j'ai laissés là-bas et dont la vie fut faite de travail, d'abnégation et parfois même d'héroïsme.
J'attends que vous traitiez avec une égale dignité et une égale exigence d'objectivité et de rigueur, un égal souci de vérité et de justice, l'Histoire de la France d'en deçà et d’au delà de la Méditerranée.
Alors, il me sera peut-être permis de mourir dans ce coin de France en m'y sentant aussi chez moi .. enfin ! "
Moi j'ai choisi de me faire incinérer et que l'on répande mes cendres à la mer, cela leur évitera de reposer dans une autre terre que celle qui m'a vue naître.
Marc Stagliano
Le : 05/06/2023 17:50
Bonjour,
je suis née le 28 avril 1960 au 5 rue de Nancy au centre de protection de la mère et de l'enfant à Alger.
Quel est le nom de cette rue en arabe, svp?
Je souhaiterais également connaître le nom des rues en arabe de :
la rue Christophe Colomb
la rue lestienne
la rue babazoune
En effet, je souhaiterais aller à Alger, et retrouver les rues de ma petite enfance et de ma famille.
Merci pour vos réponses
je suis née le 28 avril 1960 au 5 rue de Nancy au centre de protection de la mère et de l'enfant à Alger.
Quel est le nom de cette rue en arabe, svp?
Je souhaiterais également connaître le nom des rues en arabe de :
la rue Christophe Colomb
la rue lestienne
la rue babazoune
En effet, je souhaiterais aller à Alger, et retrouver les rues de ma petite enfance et de ma famille.
Merci pour vos réponses
Le : 03/06/2023 08:15
Tes copains de Sigwalt et des Messageries partagent la douleur de la disparition
de Karine avec ses parents Auguste et Myriam AUTUORI
repose en paix auprès des Oualiones
Le : 27/05/2023 10:29
avons appris avec tristesse le décès de Karine la fille de Myriam et Auguste AUTIORI de SETE
la famille TAMENE de PARIS ALGER et COPENHAGUE Présente leurs sincères condoléances
Quelle repose en paix inchallah
la famille TAMENE de PARIS ALGER et COPENHAGUE Présente leurs sincères condoléances
Quelle repose en paix inchallah
Le : 27/05/2023 00:55
Bonjour, qui connaît Lucienne Lievin qui habitait dans l Hérault. (Balaruc ou frontignan ) après être revenue de Montréal (Canada). Merci
Le : 24/05/2023 16:02
A MON CHER ET TENDRE AMI DE LA CONSOLATION.
TOUT D'ABORD JE TE REMERCIE BEAUCOUP DE CE MESSAGE TRÈS AGRÉABLE A LIRE.ENSUITE JE SOUHAITE DE TOUT C¼UR QUE TA PETITE FEMME SE REMET DE TOUS SES SOUCIES.ET JE COMPRENDS TRÈS BIEN QUE VOUS AVEZ DUE AVOIR TRÈS TRÈS PEUR.
POUR NOUS,JE NE SAIS PAS SI TU EST AU COURANT ?EN 2015 J'AI PERDUE MON FRÈRE ANDRÉ 3 ANS APRÈS C'ÉTAIT SA FEMME EN DÉCEMBRE 2019 MON FRÈRE FRANCIS AVEC QUI NOUS VENIONS AU GRAND ST JEAN ET SEPTEMBRE 2022(8 MOIS)SA FEMME .IL NE RESTE PLUS DE, DI MARTINO DE LA CONSOLATION,QUE TU AS CONNU.
VOILÀ C'EST LA VIE.
MOI JE VOUS EMBRASSE TRÈS FORT.
JE TIENS A VOUS REMERCIER DE TOUS CE QUE VOUS AVEZ FAIT ,POUR QUE NOUS PUISSIONS ENCORE AVOIR CE LIEN DE P N .
MERCI AUSSI A L'ABEO ET A CHRISTIAN TIMONER,QUI SANS LUI ET VOUS TOUS NOUS N'AURIONS PLUS DE CONTACT.BISOUS BISOUS A TOUS QUI ME RECONNAITRONS.ROSETTE DE LA CONSOLATION.
TOUT D'ABORD JE TE REMERCIE BEAUCOUP DE CE MESSAGE TRÈS AGRÉABLE A LIRE.ENSUITE JE SOUHAITE DE TOUT C¼UR QUE TA PETITE FEMME SE REMET DE TOUS SES SOUCIES.ET JE COMPRENDS TRÈS BIEN QUE VOUS AVEZ DUE AVOIR TRÈS TRÈS PEUR.
POUR NOUS,JE NE SAIS PAS SI TU EST AU COURANT ?EN 2015 J'AI PERDUE MON FRÈRE ANDRÉ 3 ANS APRÈS C'ÉTAIT SA FEMME EN DÉCEMBRE 2019 MON FRÈRE FRANCIS AVEC QUI NOUS VENIONS AU GRAND ST JEAN ET SEPTEMBRE 2022(8 MOIS)SA FEMME .IL NE RESTE PLUS DE, DI MARTINO DE LA CONSOLATION,QUE TU AS CONNU.
VOILÀ C'EST LA VIE.
MOI JE VOUS EMBRASSE TRÈS FORT.
JE TIENS A VOUS REMERCIER DE TOUS CE QUE VOUS AVEZ FAIT ,POUR QUE NOUS PUISSIONS ENCORE AVOIR CE LIEN DE P N .
MERCI AUSSI A L'ABEO ET A CHRISTIAN TIMONER,QUI SANS LUI ET VOUS TOUS NOUS N'AURIONS PLUS DE CONTACT.BISOUS BISOUS A TOUS QUI ME RECONNAITRONS.ROSETTE DE LA CONSOLATION.
Le : 22/05/2023 20:01
Je voudrais contacter une fanfare qui se déplace pour un évènement à Blida meme si c'est payant !
Le : 20/05/2023 09:39
LE MUET DE PIERRE EMILE BISBAL
La sonnerie libère toute l’énergie des classes de l’école primaire Lelièvre. Habituellement, c’est un bel éparpillement turbulent dans les rues adjacentes, la placette ou une course vers le magasin de Madame Tuduri (Coco & Riri pour les anciens !). Cette fois, la majorité du flot oblique directement vers la placette, repoussant, à plus tard, le goûter qui attend à la maison, l’achat de bibérine ou de réglisse car le Muet est là. Le Muet c’est notre héros. Un vrai héros qui existe, que nous pouvons approcher et qui se plie à nos jeux avec gentillesse et bonhomie. C’est un colosse, une montagne de muscles. Pas de ces muscles de cinéma, non, du vrai muscle, plein de force. Du muscle construit par la vie et le travail.
Quand la chaleur et la fatigue nous forcent à abandonner nos sempiternelles parties de foot, nous nous installons dans l’ombre du kiosque. Là, il nous arrive parfois de parler de lui. Nous le comparons aux personnages qui peuplent nos bandes dessinées. Nos conclusions sont toujours les mêmes: aucun de nos héros de papier ne peut rivaliser avec le Muet.
On dit « le Muet », mais finalement il parle beaucoup. Pas des mots, pas des phrases car la nature lui refuse cette faculté. Il a son propre langage que nous comprenons parfaitement. Il mélange des sons inarticulés à une gestuelle précise parfaitement adaptée à chaque situation. Son handicap disparaît derrière ses dons de mime.
Nous faisons cercle autour du Muet. Il faut jouer des coudes pour se retrouver au premier rang afin d’être choisi car c’est un privilège, une référence. Il sait ce que nous attendons, des tours de force dont nous serons ses assistants.
Le Muet montre du doigt deux spectateurs et plie son bras droit en équerre. De son autre main il frappe son avant bras. Tout le monde comprend. Les désignés doivent se cramponner à lui et unir leurs forces pour l’empêcher de les soulever. Les voilà agrippés au bras du Muet, pesant de tout leur poids. Il les laisse espérer un instant, puis, doucement, les soulève sans le moindre effort apparent puis les repose à terre. Le Muet a un grand sourire qui accompagne un geste traduisant la fatalité. Ses yeux disent en riant : « Alors, les gosses, on croyait pouvoir vaincre le Muet ! Bah ! Vous n’êtes pas les premiers à avoir eu cette prétention ». Il passe à une autre démonstration et réclame d’autres volontaires. Autour de lui, chacun lève le doigt pour être remarqué. C’est une joyeuse cohue.
Je récupère mon cartable et je cavale chez mes grands-parents. A peine la porte passée j’annonce la nouvelle « Le Muet fait la force sur la placette ! ». Pour prouver mes dires, j’entraîne mon grand-père sur le balcon. De là, on voit tout. L’attroupement n’a pas perdu de son volume. Au centre, le Muet continue ses exploits. L’assistance admirative ponctue de rires et d’acclamations chacune de ses actions. Maintenant ce ne sont plus simplement des enfants qui composent son public. Plusieurs adultes ont rejoint le cercle et ce ne sont pas les moins empressés à manifester leur satisfaction. Ce n’est pas une exhibition. Nous ne considérons pas le Muet comme une bête curieuse ou comme un phénomène de foire. Un échange plein de respect mutuel s’établit entre les enfants et cet adulte. Il pourrait utiliser sa puissance pour être craint, il préfère s’en servir pour divertir les mômes. Vous ne trouverez aucune prétention dans cette démonstration de force, mais, sur son sourire et au fond de ses yeux vous percevrez tout le bonheur qu’il ressent à nous amuser. Cette manière de participer à la vie communautaire a élevé le Muet au rang de « figure du quartier ». En plus, sans le savoir, quelques décennies avant la prise de conscience collective sur le handicap, le Muet nous enseignait, à sa façon, comment accepter et apprécier la différence. Au bout d’un moment, le Muet lève ses deux mains ouvertes, paumes en avant au niveau de son visage et les agite pour signifier que c’est fini. Pour souligner sa décision il fait le geste de s’essuyer le front comme pour se débarrasser d’un flot de sueur. Il doit encore serrer un bon nombre de mains, puis, il part, vers la Basseta d’un petit trot sportif.
Avec mon grand-père nous quittons le balcon. Demain, à l’école, ceux qui ont eu la chance d’être choisis raconteront et raconteront encore leurs affrontements perdus d’avance avec le Muet.
La sonnerie libère toute l’énergie des classes de l’école primaire Lelièvre. Habituellement, c’est un bel éparpillement turbulent dans les rues adjacentes, la placette ou une course vers le magasin de Madame Tuduri (Coco & Riri pour les anciens !). Cette fois, la majorité du flot oblique directement vers la placette, repoussant, à plus tard, le goûter qui attend à la maison, l’achat de bibérine ou de réglisse car le Muet est là. Le Muet c’est notre héros. Un vrai héros qui existe, que nous pouvons approcher et qui se plie à nos jeux avec gentillesse et bonhomie. C’est un colosse, une montagne de muscles. Pas de ces muscles de cinéma, non, du vrai muscle, plein de force. Du muscle construit par la vie et le travail.
Quand la chaleur et la fatigue nous forcent à abandonner nos sempiternelles parties de foot, nous nous installons dans l’ombre du kiosque. Là, il nous arrive parfois de parler de lui. Nous le comparons aux personnages qui peuplent nos bandes dessinées. Nos conclusions sont toujours les mêmes: aucun de nos héros de papier ne peut rivaliser avec le Muet.
On dit « le Muet », mais finalement il parle beaucoup. Pas des mots, pas des phrases car la nature lui refuse cette faculté. Il a son propre langage que nous comprenons parfaitement. Il mélange des sons inarticulés à une gestuelle précise parfaitement adaptée à chaque situation. Son handicap disparaît derrière ses dons de mime.
Nous faisons cercle autour du Muet. Il faut jouer des coudes pour se retrouver au premier rang afin d’être choisi car c’est un privilège, une référence. Il sait ce que nous attendons, des tours de force dont nous serons ses assistants.
Le Muet montre du doigt deux spectateurs et plie son bras droit en équerre. De son autre main il frappe son avant bras. Tout le monde comprend. Les désignés doivent se cramponner à lui et unir leurs forces pour l’empêcher de les soulever. Les voilà agrippés au bras du Muet, pesant de tout leur poids. Il les laisse espérer un instant, puis, doucement, les soulève sans le moindre effort apparent puis les repose à terre. Le Muet a un grand sourire qui accompagne un geste traduisant la fatalité. Ses yeux disent en riant : « Alors, les gosses, on croyait pouvoir vaincre le Muet ! Bah ! Vous n’êtes pas les premiers à avoir eu cette prétention ». Il passe à une autre démonstration et réclame d’autres volontaires. Autour de lui, chacun lève le doigt pour être remarqué. C’est une joyeuse cohue.
Je récupère mon cartable et je cavale chez mes grands-parents. A peine la porte passée j’annonce la nouvelle « Le Muet fait la force sur la placette ! ». Pour prouver mes dires, j’entraîne mon grand-père sur le balcon. De là, on voit tout. L’attroupement n’a pas perdu de son volume. Au centre, le Muet continue ses exploits. L’assistance admirative ponctue de rires et d’acclamations chacune de ses actions. Maintenant ce ne sont plus simplement des enfants qui composent son public. Plusieurs adultes ont rejoint le cercle et ce ne sont pas les moins empressés à manifester leur satisfaction. Ce n’est pas une exhibition. Nous ne considérons pas le Muet comme une bête curieuse ou comme un phénomène de foire. Un échange plein de respect mutuel s’établit entre les enfants et cet adulte. Il pourrait utiliser sa puissance pour être craint, il préfère s’en servir pour divertir les mômes. Vous ne trouverez aucune prétention dans cette démonstration de force, mais, sur son sourire et au fond de ses yeux vous percevrez tout le bonheur qu’il ressent à nous amuser. Cette manière de participer à la vie communautaire a élevé le Muet au rang de « figure du quartier ». En plus, sans le savoir, quelques décennies avant la prise de conscience collective sur le handicap, le Muet nous enseignait, à sa façon, comment accepter et apprécier la différence. Au bout d’un moment, le Muet lève ses deux mains ouvertes, paumes en avant au niveau de son visage et les agite pour signifier que c’est fini. Pour souligner sa décision il fait le geste de s’essuyer le front comme pour se débarrasser d’un flot de sueur. Il doit encore serrer un bon nombre de mains, puis, il part, vers la Basseta d’un petit trot sportif.
Avec mon grand-père nous quittons le balcon. Demain, à l’école, ceux qui ont eu la chance d’être choisis raconteront et raconteront encore leurs affrontements perdus d’avance avec le Muet.
Le : 19/05/2023 11:58
Bonjour ROSETTE. Merci pour ce petit message qui me va droit au coeur. OUI nous avons eu une grande décision a prendre, nous sommes NOUS les premiers penalisés, et en particulier MOI, qui suis le PAPA de cette merveilleuse association, 41 ans que je suis LA ! ! !Un de mes bonheurs dans ma vie, était de voir arriver toute cette belle communauté qui fait BAB-EL-OUED. Nos repas dansants, j'en passe et des meilleurs Nous avons eu de nombreuses démissions ( fatigue et grand âge ! ! ) et des DC dans le bureau. Nous étions 35 avant le covid, nous sommes plus que 10 actuellement!!L'an passé, j'ai failli perdre mon épouse a cause du covid, elle est passée a un doigt de la cata. La préparation du champêtre est un ENORME TRAVAIL, avant et après !!! Nous ne sommes plus en état d'organisé le GRAND ST JEAN A ROGNES, cela est pour moi une grande désolation, mais tout a une fin, et surtout, nous ne méritions pas les quelques reproches fait a nos personnes. Malgré ça, je vous aime toutes et tous, ce beau peuple de B.E.O. Nos activités ont repris en Octobre de l'an passé. Voila ma belle voisine de la CONSOLATION, je t'embrasse ainsi que toute ta Famille. UN PIED NOIR QUI NE REGRETTE RIEN, bien au contraire ! !Ma vie est!!!!! MA FAMILLE et L'ASSOCIATION! ! !
Le : 19/05/2023 09:07
Bonjour à tous,
Je viens de découvrir ce site que je partage avec vous :
https://www.morial.fr/temoignage-60ans-apres/613-didier-nebot-camp-du-marechal-mai-1962.html