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Le : 19/12/2025 15:51
Bonjour
En effet les Muscat et les Domeck étaient nos cousins et étaient laitiers. Nous étions également cousins des Molines et Salort (la branche espagnole) J'écris aujourd'hui pour mon père qui a 88 ans et qui est le dernier à être encore en vit de tous ceux de sa famille rapatriés tout d'abord en Espagne puis au bout de quelques mois pour une partie dans l'est de la France.
Moi je suis née en France, mais mon c½ur est Pied Noir.
Merci à vous
Cécilia
En effet les Muscat et les Domeck étaient nos cousins et étaient laitiers. Nous étions également cousins des Molines et Salort (la branche espagnole) J'écris aujourd'hui pour mon père qui a 88 ans et qui est le dernier à être encore en vit de tous ceux de sa famille rapatriés tout d'abord en Espagne puis au bout de quelques mois pour une partie dans l'est de la France.
Moi je suis née en France, mais mon c½ur est Pied Noir.
Merci à vous
Cécilia
Le : 18/12/2025 07:22
IL ETAIT UNE FOIS .......BAB EL OUED DE HUBERT ZAKINE.
LES MARCHES
Bab El Oued ressemble à ses habitants. Il a le verbe haut et le rire en bandoulière. Il tape cinq en signe de complicité et des « bras d’honneur » à la fatalité. Il aime « tchatcher » pour le simple plaisir de se mêler à la conversation. Il garde de son passé d’homme de la mer et de la misère un goût prononcé pour le travail bien fait et tient en grande considération celui qui ramène le fruit de son labeur à la maison. La bonne réputation d’un homme rejaillit infailliblement sur tous les membres de la famille et la femme est l’objet de toutes les attentions. Si l’homme est le poumon de la maisonnée, la femme en est le c½ur, l’épicentre, le muscle. Mère au foyer, elle est la poutre maîtresse de l’édifice familial. Ses prérogatives touchent à toutes les étapes de la vie. Elle est le ministre des finances, de l’enseignement, de l’intérieur et des loisirs. Les tâches ménagères et l’éducation de ses enfants demeurent tout de même sa priorité. Elle adore son intérieur mais ne dédaigne pas sortir de temps en temps prendre le pouls du quartier. Pour cela, le jardin et le marché sont les témoins privilégiés de tout se qui se trame dans le faubourg.
/////
Bab El Oued compte deux grands marchés en son sein. Copie conforme du marché de la place de Chartres avec son toit couvert et ses lattes de bois, ses délimitations bien définies avec ses quatre côtés dédiés au poisson, à la viande, aux fruits et aux légumes, le marché de Bab El Oued est le rendez-vous des ménagères et des médisances, des rires et des larmes, des apprentis sorciers de tous poils, des buveurs d’absinthes remplacés plus tard par l’anisette, des amateurs de soubressades et de « boutifars », de beignets arabes et de zlabias, de beignets italiens et de cornets de glace, d’amitié et de football. Tout ce petit monde, mu par l’ivresse des mots et des rires, des marchandages et des disputes, des couleurs et des arômes, arpentent ses allées parfumées de kemoun et de sésame, ses ruelles avoisinantes peuplées de forains, marchands des quatre saisons, de salaisons, de mercerie, de figues de barbarie, de jujubes ou de barbe à papa. A l’intérieur, le boucher débite des « steaks américains », steaks hachés coincés entre deux fines feuilles de Cellophane.
Le client hésitant tâte les légumes ou les fruits sous l’½il débonnaire du marchand car ici le client est roi. Tout en patrouillant au ralenti, les agents de police du commissariat tout proche du cinquième arrondissement apportent leur pierre à la bonne ambiance du marché. Pour la plupart du quartier, ils promènent leur uniforme au milieu d’une foule dont chaque visage appelle quelques uns de leurs meilleurs souvenirs d’enfance. Les nombreuses rencontres se font au détriment du repas car les discussions durent des heures, à en oublier presque la sortie des écoles pour les enfants, du bureau ou de l’atelier pour le mari. Les hommes évoquent le prochain match de l’A.S.S.E contre les coqs du GALLIA, derby qui fout « la rouf » aux supporters des deux formations, tant ces affrontements déchaînent les passions.
Le marché de Bab El Oued qui promène sa désinvolture autour des Trois Horloges, qui grouille comme une ruche d’abeilles entre les étals, qui s’arrête au café pour « taper la khémia » et « tchatcher » pour ne rien dire, qui « tape cinq » pour mieux se faire comprendre car ici la gestuelle accompagne la parole et souvent, la supplante, demeure le centre nerveux du faubourg pour qui désire prendre le pouls de sa population. Ici, plus question de délimitations originelles. On vient des quartiers Léon ROCHES, Consolation, Messageries, Basseta, rochambeau, Triolet, DURANDO, MALAKOFF. On vient aussi pour y passer un moment et retrouver les amis de jeunesse en dégustant une bonne « calentita » salée et poivrée « juste ce qu’il faut », taper le beignet arabe chez BLANCHETTE ou le beignet italien chez TONY MARIO.
Le wattman du tram tente vainement de se débarrasser de la grappe d’enfants agrippée à l’arrière de la machine en comprimant la poire qui meugle telle une vache étranglée. De son coté, le conducteur, à petits coups répétés, fait tinter la cloche en martelant la sonnette dorée qu’il tient à portée de main ou bien utilise le klaxon à pédale pour se frayer un chemin parmi la foule ô combien indisciplinée. Le petit « yaouled1 » qui, depuis la guerre remplace le petit juif dans les métiers de rues, insiste pour cirer les chaussures d’un jeune homme adossé à la devanture du café, occupé à guetter le passage d’une jolie fille dont le regard en croisant le sien fertilisera son imagination et suffira à son bonheur. Si le client cède à sa démarche, il commence par cracher sur les chaussures, puis passe un chiffon pour uniformiser le brillant. Ensuite, il dépose une pointe de cirage et astique à la vitesse grand V. Enfin, il tape du revers de sa brosse sur sa caisse pour faire changer de pied et deux fois pour avertir que la besogne est terminée.
Au cri de « porteur, porteur » d’autres yaouleds, tels des « samotes », viennent à bout de la résistance des ménagères pour porter leurs paniers, gagnant au passage quelques pièces de monnaie. Pour prévenir la clientèle de sa présence, le marchand de calentita tape de sa spatule en fer sur le rebord de sa plaque noire où sont sagement rangés les carrés prédécoupés de cette salaison à base de farine de pois chiches. Bruits familiers qui ensoleillent le marché, mêlé à d’autres résonances, d’autres rires et d’autres fureurs. A l’angle de l’Avenue des Consulats, un groupe d’hommes tape la « mora » à grand renfort de coups de gueule qui tromperaient toute personne étrangère à ce jeu espagnol importé de la Basseta, sur les intentions des participants. Les Français connaissent une version aseptisée de ce jeu : la pierre, la feuille et les ciseaux. Mais la comparaison s’arrête là.
/////
Le marché NELSON à ciel ouvert jusqu’en 1956, ressemble à son quartier et à sa population. Le client s’interpelle en sourdine et la fréquentation moins cosmopolite n’envahit point les rues avoisinantes. Cantonnés dans un espace réduit qui borde le square NELSON, les étals achalandés de légumes, fruits et poissons laissent le soin aux magasins alentours, sous les arcades de la rue Eugène ROBE, de proposer d’autres produits, viandes, charcuterie (ah! la charcuterie GIGUIER) droguerie, fleurs, etc………………………
Plus feutré, le marché accueille les habitants de ROCHAMBEAU, GUILLEMIN, EL KETTANI, AVENUE DE LA MARNE, LAZERGES, MONTAIGNE…… mais contrairement au marché de Bab El Oued, son intérêt demeure exclusivement alimentaire. D’ailleurs le lieu ne se prête pas à la flânerie et si l’on rencontre un ami, on préfère taper un « kawah » au bar NELSON chez SOLER ou bien arpenter les allées du magnifique square où les hommes promènent leurs chères petites têtes brunes alors que les épouses choisissent les ingrédients pour agrémenter leur table.
En 1956, le marché sera couvert et déplacé à l’intérieur du jardin. Chaque étal sera en Fibrociment, le poisson à l’opposé des fruits et légumes. Cet édifice en dur conforte la différence entre les deux principaux marchés de Bab El Oued.
//////
Au marché, les fruits et légumes se vendent après une inspection en règle de la part des fins connaisseurs en la matière. Pour le melon, la pastèque ou le cantalou, le rituel débute avec l’odorat. L’acheteur sent le fruit afin d’en définir le parfum comme le ferait un « nez » de parfumeur. Il le retourne dans tous les sens, le soupèse, le sent, le ressent puis, après lui avoir décerné un billet de satisfaction, il en craque les extrémités afin d’en mesurer le degré de maturité. Selon le gémissement du fruit, il délivrera sa teneur en sucre, sa date de consommation préférentielle ou il se fera traiter de courge. Tout cela sous l’½il impassible du vieil arabe habitué à ce manège qui pour certains ressemble plus à un rite qu’à une véritable introspection au pays des cucurbitacées.
LES MARCHES
Bab El Oued ressemble à ses habitants. Il a le verbe haut et le rire en bandoulière. Il tape cinq en signe de complicité et des « bras d’honneur » à la fatalité. Il aime « tchatcher » pour le simple plaisir de se mêler à la conversation. Il garde de son passé d’homme de la mer et de la misère un goût prononcé pour le travail bien fait et tient en grande considération celui qui ramène le fruit de son labeur à la maison. La bonne réputation d’un homme rejaillit infailliblement sur tous les membres de la famille et la femme est l’objet de toutes les attentions. Si l’homme est le poumon de la maisonnée, la femme en est le c½ur, l’épicentre, le muscle. Mère au foyer, elle est la poutre maîtresse de l’édifice familial. Ses prérogatives touchent à toutes les étapes de la vie. Elle est le ministre des finances, de l’enseignement, de l’intérieur et des loisirs. Les tâches ménagères et l’éducation de ses enfants demeurent tout de même sa priorité. Elle adore son intérieur mais ne dédaigne pas sortir de temps en temps prendre le pouls du quartier. Pour cela, le jardin et le marché sont les témoins privilégiés de tout se qui se trame dans le faubourg.
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Bab El Oued compte deux grands marchés en son sein. Copie conforme du marché de la place de Chartres avec son toit couvert et ses lattes de bois, ses délimitations bien définies avec ses quatre côtés dédiés au poisson, à la viande, aux fruits et aux légumes, le marché de Bab El Oued est le rendez-vous des ménagères et des médisances, des rires et des larmes, des apprentis sorciers de tous poils, des buveurs d’absinthes remplacés plus tard par l’anisette, des amateurs de soubressades et de « boutifars », de beignets arabes et de zlabias, de beignets italiens et de cornets de glace, d’amitié et de football. Tout ce petit monde, mu par l’ivresse des mots et des rires, des marchandages et des disputes, des couleurs et des arômes, arpentent ses allées parfumées de kemoun et de sésame, ses ruelles avoisinantes peuplées de forains, marchands des quatre saisons, de salaisons, de mercerie, de figues de barbarie, de jujubes ou de barbe à papa. A l’intérieur, le boucher débite des « steaks américains », steaks hachés coincés entre deux fines feuilles de Cellophane.
Le client hésitant tâte les légumes ou les fruits sous l’½il débonnaire du marchand car ici le client est roi. Tout en patrouillant au ralenti, les agents de police du commissariat tout proche du cinquième arrondissement apportent leur pierre à la bonne ambiance du marché. Pour la plupart du quartier, ils promènent leur uniforme au milieu d’une foule dont chaque visage appelle quelques uns de leurs meilleurs souvenirs d’enfance. Les nombreuses rencontres se font au détriment du repas car les discussions durent des heures, à en oublier presque la sortie des écoles pour les enfants, du bureau ou de l’atelier pour le mari. Les hommes évoquent le prochain match de l’A.S.S.E contre les coqs du GALLIA, derby qui fout « la rouf » aux supporters des deux formations, tant ces affrontements déchaînent les passions.
Le marché de Bab El Oued qui promène sa désinvolture autour des Trois Horloges, qui grouille comme une ruche d’abeilles entre les étals, qui s’arrête au café pour « taper la khémia » et « tchatcher » pour ne rien dire, qui « tape cinq » pour mieux se faire comprendre car ici la gestuelle accompagne la parole et souvent, la supplante, demeure le centre nerveux du faubourg pour qui désire prendre le pouls de sa population. Ici, plus question de délimitations originelles. On vient des quartiers Léon ROCHES, Consolation, Messageries, Basseta, rochambeau, Triolet, DURANDO, MALAKOFF. On vient aussi pour y passer un moment et retrouver les amis de jeunesse en dégustant une bonne « calentita » salée et poivrée « juste ce qu’il faut », taper le beignet arabe chez BLANCHETTE ou le beignet italien chez TONY MARIO.
Le wattman du tram tente vainement de se débarrasser de la grappe d’enfants agrippée à l’arrière de la machine en comprimant la poire qui meugle telle une vache étranglée. De son coté, le conducteur, à petits coups répétés, fait tinter la cloche en martelant la sonnette dorée qu’il tient à portée de main ou bien utilise le klaxon à pédale pour se frayer un chemin parmi la foule ô combien indisciplinée. Le petit « yaouled1 » qui, depuis la guerre remplace le petit juif dans les métiers de rues, insiste pour cirer les chaussures d’un jeune homme adossé à la devanture du café, occupé à guetter le passage d’une jolie fille dont le regard en croisant le sien fertilisera son imagination et suffira à son bonheur. Si le client cède à sa démarche, il commence par cracher sur les chaussures, puis passe un chiffon pour uniformiser le brillant. Ensuite, il dépose une pointe de cirage et astique à la vitesse grand V. Enfin, il tape du revers de sa brosse sur sa caisse pour faire changer de pied et deux fois pour avertir que la besogne est terminée.
Au cri de « porteur, porteur » d’autres yaouleds, tels des « samotes », viennent à bout de la résistance des ménagères pour porter leurs paniers, gagnant au passage quelques pièces de monnaie. Pour prévenir la clientèle de sa présence, le marchand de calentita tape de sa spatule en fer sur le rebord de sa plaque noire où sont sagement rangés les carrés prédécoupés de cette salaison à base de farine de pois chiches. Bruits familiers qui ensoleillent le marché, mêlé à d’autres résonances, d’autres rires et d’autres fureurs. A l’angle de l’Avenue des Consulats, un groupe d’hommes tape la « mora » à grand renfort de coups de gueule qui tromperaient toute personne étrangère à ce jeu espagnol importé de la Basseta, sur les intentions des participants. Les Français connaissent une version aseptisée de ce jeu : la pierre, la feuille et les ciseaux. Mais la comparaison s’arrête là.
/////
Le marché NELSON à ciel ouvert jusqu’en 1956, ressemble à son quartier et à sa population. Le client s’interpelle en sourdine et la fréquentation moins cosmopolite n’envahit point les rues avoisinantes. Cantonnés dans un espace réduit qui borde le square NELSON, les étals achalandés de légumes, fruits et poissons laissent le soin aux magasins alentours, sous les arcades de la rue Eugène ROBE, de proposer d’autres produits, viandes, charcuterie (ah! la charcuterie GIGUIER) droguerie, fleurs, etc………………………
Plus feutré, le marché accueille les habitants de ROCHAMBEAU, GUILLEMIN, EL KETTANI, AVENUE DE LA MARNE, LAZERGES, MONTAIGNE…… mais contrairement au marché de Bab El Oued, son intérêt demeure exclusivement alimentaire. D’ailleurs le lieu ne se prête pas à la flânerie et si l’on rencontre un ami, on préfère taper un « kawah » au bar NELSON chez SOLER ou bien arpenter les allées du magnifique square où les hommes promènent leurs chères petites têtes brunes alors que les épouses choisissent les ingrédients pour agrémenter leur table.
En 1956, le marché sera couvert et déplacé à l’intérieur du jardin. Chaque étal sera en Fibrociment, le poisson à l’opposé des fruits et légumes. Cet édifice en dur conforte la différence entre les deux principaux marchés de Bab El Oued.
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Au marché, les fruits et légumes se vendent après une inspection en règle de la part des fins connaisseurs en la matière. Pour le melon, la pastèque ou le cantalou, le rituel débute avec l’odorat. L’acheteur sent le fruit afin d’en définir le parfum comme le ferait un « nez » de parfumeur. Il le retourne dans tous les sens, le soupèse, le sent, le ressent puis, après lui avoir décerné un billet de satisfaction, il en craque les extrémités afin d’en mesurer le degré de maturité. Selon le gémissement du fruit, il délivrera sa teneur en sucre, sa date de consommation préférentielle ou il se fera traiter de courge. Tout cela sous l’½il impassible du vieil arabe habitué à ce manège qui pour certains ressemble plus à un rite qu’à une véritable introspection au pays des cucurbitacées.
Le : 16/12/2025 13:22
Bonjour,
Je viens de découvrir votre site en recherchant des photos d’école à Bab El Oued où pourrait figurer mon père ANDRÉ MICALLEF dit « DEDE ». Sa famille était les laitiers du Climat de France.
Si quelqu’un a quelques pistes je suis preneuse.
En vous remerciant.
Cécilia MICALLEF
Je viens de découvrir votre site en recherchant des photos d’école à Bab El Oued où pourrait figurer mon père ANDRÉ MICALLEF dit « DEDE ». Sa famille était les laitiers du Climat de France.
Si quelqu’un a quelques pistes je suis preneuse.
En vous remerciant.
Cécilia MICALLEF
Le : 07/12/2025 09:20
Jean-Luc, tu voudras bien excuser cette grosse erreur de ma part!!!
J'ai répondu un peu trop vite à ton message, j'en suis confus.
Amicalement.
J'ai répondu un peu trop vite à ton message, j'en suis confus.
Amicalement.
Le : 06/12/2025 08:13
Mon cher Jean-Luc je te présente mes plus sincères condoléances pour le décès de Robert.
C'était mon joueur préféré à l'ASSE, avec Jean-Pierre Buadès.j'en J'en profite pour faire une bise à Josiane avec mes amitiés.
Ma plus grande fierté les dimanches après-midi de match à Saint-Eugène était de porter le sac de sport de Robert. Nous nous retrouvions souvent à hauteur de la clinique Barbier Hugo boulevard de Flandre. Nous traversions le cimetière et j'entrai avec lui au stade.
C'était mon joueur préféré à l'ASSE, avec Jean-Pierre Buadès.j'en J'en profite pour faire une bise à Josiane avec mes amitiés.
Ma plus grande fierté les dimanches après-midi de match à Saint-Eugène était de porter le sac de sport de Robert. Nous nous retrouvions souvent à hauteur de la clinique Barbier Hugo boulevard de Flandre. Nous traversions le cimetière et j'entrai avec lui au stade.
Le : 03/12/2025 08:50
c'est avec une très grande tristesse que je vous annonce le décès
d'henriette Serrano née Hesse qui a rejoint son mari robert Serrano
ancien joueur de l'ASSE
d'henriette Serrano née Hesse qui a rejoint son mari robert Serrano
ancien joueur de l'ASSE
Le : 02/12/2025 06:03
Bravo pour l'auteur de ce récit " UN PEUPLE ASSASINE "
nous a fait revivre Bab-El-Oued ainsi que ce site,qui, ou, malheureusement, les écrits se font de plus en plus rare.
Bonne journée à toutes et tous.............
Jean-Pierre de la cité Scotto Nadal,Avenue du frais vallon
nous a fait revivre Bab-El-Oued ainsi que ce site,qui, ou, malheureusement, les écrits se font de plus en plus rare.
Bonne journée à toutes et tous.............
Jean-Pierre de la cité Scotto Nadal,Avenue du frais vallon
Le : 01/12/2025 15:44
André Trivès
UN PEUPLE ASSASSINE
Ma mémoire aujourd'hui doit faire de gros efforts pour éclaircir la vase des ragots et des chimères qui s'épaissit avec le temps et finit par semer le doute. On éructe sur notre passé avec la technique de l'amalgame, on parle à notre place et on raconte notre histoire avec une méthode qui a toujours fait ses preuves : la calomnie. Pourtant, celle que j'ai vécue à Bab el Oued avant 1962 me semble tellement proche et semblable de celle partagée avec tous mes voisins qui étaient nés et vivaient dans le quartier depuis des lustres que je me dis:" On est nombreux à connaître cette vie humble vécue ensemble côte à côte ; alors que le temps nous est compté, le moment n'est-il pas venu de témoigner ? Ce sont nos descendants qui en auront grand besoin le jour où nous ne serons plus là."
À Bab el Oued, l'arc en ciel a toujours fasciné le regard des enfants, pourtant il n'avait pas beaucoup de chance d'apparaître dans le ciel de Sidi Benour ou les contreforts de la Bouzaréah . En revanche, tous les jours, il illuminait d'une lumière aveuglante nos rues avec ses différentes couleurs : italienne, kabyle, française, espagnole, mozabite, maltaise et arabe. Il suffisait d'entendre dans les classes chaque matin l'appel du nom des élèves pour se rendre compte que l'harmonie des différences se mettait en forme sur les bancs de l'école et que le destin commun à tous ne ressemblait en rien à celui des pays d'ailleurs ; ici l'addition des pluralités cimentait de belles amitiés. Notre regretté Mohamed NEMMAS m'écrivait le 21 septembre 2005 :" Nous sommes comme des Asterix quelques récalcitrants qui n'arrivent pas à en démordre de cette culture ( véritable patchwork d'italiens, espagnols, maltais, crétois) et la tchatche qui coule dans les veines des purs de Bab el Oued fait que nous sommes et seront toujours un "cru" très rare." Il voulait dire par "cru très rare": un peuple unique en son genre.
L'échelle des valeurs qui s'imposait à tous était le dénominateur commun de toutes les cultures ; qu'elle soit d'origine ouvrière, d'influence religieuse ou d'inspiration coutumière, elle attribuait le rôle essentiel à la famille. Dans ce quartier à l'époque où les métiers manuels pénibles dominaient, on percevait une grande dignité dans l'accomplissement du travail, dans le nom de famille qui se portait avec orgueil, et dans cette affirmation:" Grâce à Dieu, à la maison on ne manque de rien." Impossible de transgresser les références à l'honneur, à l'honnêteté, à la fidélité, à la politesse, au travail bien fait, au respect des anciens et de la hiérarchie, à la solidarité et à l'amitié sans que l'on se fasse traité de "falso", "d'artaille", de"falampo", ou de " ch'mata ben ch'mata". Je revois le visage des personnes qui animaient les scènes de mon quotidien ; des petites gens, rien que des petites gens. J'entends leur voix et j'ai l'impression qu'elles me réclament une juste étincelle de fierté en rappelant l'½uvre modeste accomplie au cours de leur laborieuse destinée. Le film tourne en boucle avec le son d'un tango de Carlos Gardel qui déverse sa mélancolie et rappelle la rencontre des amoureux de la danse sur la piste de Matarèse dominant les bains Padovani. Nos pères revêtait le costume cintré du dimanche avec chemise en popeline à col cassé et n½ud papillon, tandis que nos mères encore jeunes filles, s'habillaient dans le plus bel apparat, gantées et chapeautées dans une robe longue fabriquée par leur maman, avec un col de guipure décoré par une broche en or ou un camélia. Ils glissaient leurs pas sur le parquet enfariné bercé par un air cajoleur de rumba. La fête s'installait au rythme effréné d'un banjo qui accompagnait un charleston, la danse à la mode. Puis s'enchaînait la série de valses musettes enlacés dans l'harmonie d'un accordéon qui les soûlait de virevoltes infinies autour de la piste. Et, lorsque la marche cadencée d'un passo-doble euphorisait la salle toute entière, c'était, avant tout, parce qu'elle rappelait leurs origines espagnoles. Ils reprenaient leur souffle sur la terrasse qui surplombait la plage déserte et grillaient une dernière cigarette. Le temps semblait suspendu pour l'éternité. Un dernier fox-trot endiablé sonnait l'heure de la rentrée. Tous pensaient déjà au travail du lendemain qui les attendait sur les chantiers dès l'aube ; ce n'était pas agréable de renouer avec les brûlures des crevasses qui ensanglantaient leurs mains.
Ces jeunes filles et ces jeunes garçons transportés d'enthousiasme, se quittaient au crépuscule de la nuit, heureux d'avoir assouvi leur passion pour la danse à Padovani où, durant quelques heures, ils avaient mis entre parenthèses la dureté de leur quotidien... Tous avaient hâte de se retrouver le dimanche prochain.
Cette jeunesse devenue responsable de famille à son tour trimait pour leurs enfants afin d'accorder un mieux à la condition ouvrière des années d'après guerre.
Les jours de fête religieuse, à l'occasion de l'Aïd, de Kippour ou des Rameaux, une grande liesse s'emparait du quartier où toutes les attentions se portaient sur les enfants qui avaient le rôle principal. Ils étaient habillés sur leur "trente et un" et jouaient sans le savoir la plus belle parade de l'innocence qui aurait pu s'intitulait:" Amour et Fraternité ". Avec une mimique juvénile pleine de candeur, des rubans multicolores noués dans les cheveux des filles qui ressemblaient à des poupées de collection, elles parcouraient les rues du quartier en tenant la main de leur frère en veste et culotte courte avec mi-bas, le visage dégoulinant de brillantine et de gomina. Ainsi, les rues de Bab el Oued sentait le jasmin, le "rêve d'or" et l'eau de Cologne.
Dans ce quartier populaire, faire la fête était un besoin et tous, juifs, musulmans et chrétiens s'appliquaient culturellement à la répandre autour d'eux. Un exemple de fraternité : l'assiette de gâteaux traditionnels offerte entre voisins. Ces souvenirs encore vivaces en moi peuvent paraître puérils, il n'en demeure pas moins qu'ils m'ont guidé toute ma vie à rester un homme fier de ce passé que nous avons vécu ensemble. Dans toutes les époques, lorsqu'on voulait expliquer sociologiquement BAB EL OUED, la porte de l'oued M'kacel, on y précisait:" quartier populaire et ouvrier à l'ouest d'Alger où toutes les communautés vivent ensemble du man½uvre au technicien, du fonctionnaire au petit commerçant". Pour tous ces man½uvres, ces techniciens, ces fonctionnaires et petits commerçants nés dans le quartier et qui ne le quittaient que pour aller se reposer définitivement dans les cimetières d'El Khettar et de Saint-Eugène, j'éprouve une grande fierté de les remettre à l'honneur aujourd'hui.
Un peuple nouveau, unique en son genre, était né à Bab el Oued de ce magnifique arc en ciel qui illuminait nos rues ; un destin sordide l'a réduit au rang de souvenir et inéluctablement il disparaîtra avec les derniers témoins qui auront quitté ce monde.
UN PEUPLE ASSASSINE
Ma mémoire aujourd'hui doit faire de gros efforts pour éclaircir la vase des ragots et des chimères qui s'épaissit avec le temps et finit par semer le doute. On éructe sur notre passé avec la technique de l'amalgame, on parle à notre place et on raconte notre histoire avec une méthode qui a toujours fait ses preuves : la calomnie. Pourtant, celle que j'ai vécue à Bab el Oued avant 1962 me semble tellement proche et semblable de celle partagée avec tous mes voisins qui étaient nés et vivaient dans le quartier depuis des lustres que je me dis:" On est nombreux à connaître cette vie humble vécue ensemble côte à côte ; alors que le temps nous est compté, le moment n'est-il pas venu de témoigner ? Ce sont nos descendants qui en auront grand besoin le jour où nous ne serons plus là."
À Bab el Oued, l'arc en ciel a toujours fasciné le regard des enfants, pourtant il n'avait pas beaucoup de chance d'apparaître dans le ciel de Sidi Benour ou les contreforts de la Bouzaréah . En revanche, tous les jours, il illuminait d'une lumière aveuglante nos rues avec ses différentes couleurs : italienne, kabyle, française, espagnole, mozabite, maltaise et arabe. Il suffisait d'entendre dans les classes chaque matin l'appel du nom des élèves pour se rendre compte que l'harmonie des différences se mettait en forme sur les bancs de l'école et que le destin commun à tous ne ressemblait en rien à celui des pays d'ailleurs ; ici l'addition des pluralités cimentait de belles amitiés. Notre regretté Mohamed NEMMAS m'écrivait le 21 septembre 2005 :" Nous sommes comme des Asterix quelques récalcitrants qui n'arrivent pas à en démordre de cette culture ( véritable patchwork d'italiens, espagnols, maltais, crétois) et la tchatche qui coule dans les veines des purs de Bab el Oued fait que nous sommes et seront toujours un "cru" très rare." Il voulait dire par "cru très rare": un peuple unique en son genre.
L'échelle des valeurs qui s'imposait à tous était le dénominateur commun de toutes les cultures ; qu'elle soit d'origine ouvrière, d'influence religieuse ou d'inspiration coutumière, elle attribuait le rôle essentiel à la famille. Dans ce quartier à l'époque où les métiers manuels pénibles dominaient, on percevait une grande dignité dans l'accomplissement du travail, dans le nom de famille qui se portait avec orgueil, et dans cette affirmation:" Grâce à Dieu, à la maison on ne manque de rien." Impossible de transgresser les références à l'honneur, à l'honnêteté, à la fidélité, à la politesse, au travail bien fait, au respect des anciens et de la hiérarchie, à la solidarité et à l'amitié sans que l'on se fasse traité de "falso", "d'artaille", de"falampo", ou de " ch'mata ben ch'mata". Je revois le visage des personnes qui animaient les scènes de mon quotidien ; des petites gens, rien que des petites gens. J'entends leur voix et j'ai l'impression qu'elles me réclament une juste étincelle de fierté en rappelant l'½uvre modeste accomplie au cours de leur laborieuse destinée. Le film tourne en boucle avec le son d'un tango de Carlos Gardel qui déverse sa mélancolie et rappelle la rencontre des amoureux de la danse sur la piste de Matarèse dominant les bains Padovani. Nos pères revêtait le costume cintré du dimanche avec chemise en popeline à col cassé et n½ud papillon, tandis que nos mères encore jeunes filles, s'habillaient dans le plus bel apparat, gantées et chapeautées dans une robe longue fabriquée par leur maman, avec un col de guipure décoré par une broche en or ou un camélia. Ils glissaient leurs pas sur le parquet enfariné bercé par un air cajoleur de rumba. La fête s'installait au rythme effréné d'un banjo qui accompagnait un charleston, la danse à la mode. Puis s'enchaînait la série de valses musettes enlacés dans l'harmonie d'un accordéon qui les soûlait de virevoltes infinies autour de la piste. Et, lorsque la marche cadencée d'un passo-doble euphorisait la salle toute entière, c'était, avant tout, parce qu'elle rappelait leurs origines espagnoles. Ils reprenaient leur souffle sur la terrasse qui surplombait la plage déserte et grillaient une dernière cigarette. Le temps semblait suspendu pour l'éternité. Un dernier fox-trot endiablé sonnait l'heure de la rentrée. Tous pensaient déjà au travail du lendemain qui les attendait sur les chantiers dès l'aube ; ce n'était pas agréable de renouer avec les brûlures des crevasses qui ensanglantaient leurs mains.
Ces jeunes filles et ces jeunes garçons transportés d'enthousiasme, se quittaient au crépuscule de la nuit, heureux d'avoir assouvi leur passion pour la danse à Padovani où, durant quelques heures, ils avaient mis entre parenthèses la dureté de leur quotidien... Tous avaient hâte de se retrouver le dimanche prochain.
Cette jeunesse devenue responsable de famille à son tour trimait pour leurs enfants afin d'accorder un mieux à la condition ouvrière des années d'après guerre.
Les jours de fête religieuse, à l'occasion de l'Aïd, de Kippour ou des Rameaux, une grande liesse s'emparait du quartier où toutes les attentions se portaient sur les enfants qui avaient le rôle principal. Ils étaient habillés sur leur "trente et un" et jouaient sans le savoir la plus belle parade de l'innocence qui aurait pu s'intitulait:" Amour et Fraternité ". Avec une mimique juvénile pleine de candeur, des rubans multicolores noués dans les cheveux des filles qui ressemblaient à des poupées de collection, elles parcouraient les rues du quartier en tenant la main de leur frère en veste et culotte courte avec mi-bas, le visage dégoulinant de brillantine et de gomina. Ainsi, les rues de Bab el Oued sentait le jasmin, le "rêve d'or" et l'eau de Cologne.
Dans ce quartier populaire, faire la fête était un besoin et tous, juifs, musulmans et chrétiens s'appliquaient culturellement à la répandre autour d'eux. Un exemple de fraternité : l'assiette de gâteaux traditionnels offerte entre voisins. Ces souvenirs encore vivaces en moi peuvent paraître puérils, il n'en demeure pas moins qu'ils m'ont guidé toute ma vie à rester un homme fier de ce passé que nous avons vécu ensemble. Dans toutes les époques, lorsqu'on voulait expliquer sociologiquement BAB EL OUED, la porte de l'oued M'kacel, on y précisait:" quartier populaire et ouvrier à l'ouest d'Alger où toutes les communautés vivent ensemble du man½uvre au technicien, du fonctionnaire au petit commerçant". Pour tous ces man½uvres, ces techniciens, ces fonctionnaires et petits commerçants nés dans le quartier et qui ne le quittaient que pour aller se reposer définitivement dans les cimetières d'El Khettar et de Saint-Eugène, j'éprouve une grande fierté de les remettre à l'honneur aujourd'hui.
Un peuple nouveau, unique en son genre, était né à Bab el Oued de ce magnifique arc en ciel qui illuminait nos rues ; un destin sordide l'a réduit au rang de souvenir et inéluctablement il disparaîtra avec les derniers témoins qui auront quitté ce monde.
Le : 01/12/2025 08:41
Merci Antoine de nous faire revivre les meilleurs moments de notre vie là bas. Non les textes ne sont pas trop longs et le site n'est pas encombré au contraire. Nous vieillissons et dans quelques années ce sera terminé alors profitons en.
Les livres de notre ami André, que j'ai tous lus, nous font tellement de bien.
Alors messieurs continuez à nous faire rêver sans modération.
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