Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Michel SUCH

A tous les copains de la consolation qui me témoignent leur amitié et se souviennent des cocas de mon père, merci... Moi je me souviens d'une coca que m'a mis mon père, une calbotte, une seule... pour que je m'en souvienne... Anne-Marie, j'imagine trés bien mon père avec sa pelle à enfourner parti comme à la chasse aux papillons pour ramener le précieux billet. Que tu me parles de son tablier blanc qui était pour lui comme un uniforme, alors là... Sais-tu que mon père était un grand chasseur de rats? Sous notre jardin magnifique qui séparait le Boulevard Pitolet de l'avenue Malakoff couraient une multitude de galeries qui servaient à l'irrigation du jardin. Dans ses galeries, les rats avaient trouvé refuge. Quand ils étaient trops nombreux, ils venaient se risquer dans la réserve à farine. Alors là, mon père, il n'émait pas ça du tout. Il avait établi une statégie, repéré certaines galeries où il mettait le feu. Il se postait toujours au mème endroit armé d'un bon gourdin. Les rats finissaient toujours par sortir et alors là, je ne te dis pas... ça valdingaient... Parce qu'il était adroit mon père... Un sacré tireur à la boule Lyonnaise ou à la Pétanque... Cela faisait rire les gens du quartier, mettait ma mère hors-d'elle "Tu vas rentrer! C'est fini ce carnaval?" Avec mon frère José, derrière la vitrine, on comptait... Chaque rat nous ramenait un tube de coco... Sur une photo prise à l'école de la Place Lelièvre, j'ai retrouvé ce magnifique instit qu'était Monsieur Bensimon. Où qu'il soit aujourd'hui... Je le remercie de m'avoir fait aimer les mots.

Alfred LANGLOIS (Freddy)

Depuis quelques jours pas mal de messages font allusion aux marchands ambulants de BEO, à ce sujet "j'ai pondu"un petit pensum que je vou livre.

LES MARCHANDS AMBULANTS OU LES DELICES D'ENFANTS !

Régulierement passaient dans mon quartier (30 rue Léon Roches) des marchands ambulants,pas de ces grandes boutiques sur roues que l'on voit de nos jours sur les marchés, mais tout simplement un péquin à pied, avec un accessoire manuel ou poussant une simple carriole rudimentaire, quand ce n'était pas une vieille poussette aménagée. Celui qui avait notre préférence, je ne pense pas me tromper, était le vendeur de "kikilomètre", autrement dit le vendeur de guimauve. La friandise était lovée autour d'un roseau d'environ 70 à 80 cm de longueur et de diamètre assez large, la partie haute " du délice" formait une poite et la partie basse était beaucoup plus évasée ; il en partait une sorte de mèche que le vendeur tirait, en la tenant entre le pouce et l'index, pour nous débiter la portion commandée moyennant cent sous(5 f d'avant l'euro et d'avant les nouveaux francs). Pour faciliter l'étirement il humectait de temps à autre ses doigts de salive. Ensuite venait le vendeur de figues de barbarie, les fruits bien murs rangés sur sa charrette à bras. Celui ci s'annonçait à grand refort d'appels et ns parents nous donnaient un récipient pour recueillir l'achat de quelques fruits que le "commerçant" pelait sur place avant de les disposer dans notre assiette. Cette manière d'agir était la manière "officielle" et, disons le honnete, mais voilà, nous n'étions pas des enfants du faubourg "pour rien" et toutes les occasions étaient bonnes pour "sarraquer". La technique était simple, nous nous agglutinions à dix ou douze autour du chariot, de manière à l'encercler complétement et, pendant ce temps, deux ou trois compères, à quatre pattes passaient en douce les mains et récupéraient quelques figues , faisant fi des épines. L manoeuvre était répétée plusieurs fois afin de satisfaire toute la bande. Cette collecte était, bien sur, consommée sur place et séance tenante. Les couteaux dont nous nous servions étaient de fabrication spéciale, ils provenaient tout simpleùent de "l'usinage" rudimentaire de morceaux métalliques de cerclage de colis 'la partie de liaison du cercle étant double servait de manche et la lame était "appointée" et aiguisée sur le rebord d'un trottoir, à grand renfort de "crache" pour faciliter la glisse. Ah ! Qu'elles étaient bonnes ces figues, récompenses de nos larcins. Nous ne pouvons évoquer le souvenir de ces vendeurs à la sauvette, sans parler du marchand de "calentita" ("qu'à Oran on disait "de calentica", mais nous ne le savions pas en ce temps là ... notre temps!). Son chariot lesté de deux grandes plaques de boulanger 'ces plaques en tole noire qui servaient à nos mères à enfourner les mounas) garnies de la précieuse friandise. Le "commerçant" rameutait la clientèle en heurtant de manière saccadée et régulière le rebord de la tole avec son couteau de peintre, ledit couteau servant également à la découpe. Pour cent sous, eh oui encore! nous avions droit à une part d'environ 10 cm sur 10 cm, posée sur ub bout de papier et agrémentée d'un peu de sel et de poivre à la demande.

Alfred LANGLOIS (Freddy)

La première partie de mon pensum semble avoir intéressé certains lecteurs (ou.... trices) de la rubrique, je me permets donc de le compléter. Pour en revenir à la "calentita" , certains un peu gourmands se munissaient de deux tranches de pain et faisaient mettre la portion en sandwich. A y etre je vous en donne la recette : une part de farine de pois chiches (disons 250 gr) pour deux parts d'eau (un demi litre), trois cuillerées d'huile, du sel, du poivre, mettre dans un plat allant au four (de manière à obtenir une épaisseur d'environ 1,5 cm); mettre au four à 180° pendant environ une heure (peut- etre un peu moins suivant le four... à surveiller) et ... bon appétit ! Voici venir maintenant un personnage un peu curieux : le vendeur de glace pilée au sirop. Toujours muni d'un chariot rudimentaire sur lequel étaient disposés des récipients remplis de glace pilée, nous avions droit, toujours pour cent sous, à un verre de ette glace aromatisée d'une "giclée" de sirop, soit de grenadine, de menthe ou autre citron. Comme pour la guimauve, bonjour les microbes ou autres bactéries, mais qui s'en souciait, car le verre était unique et à usages multiples et répétés. Il ne faut pas oublier le vendeur " d'oublies" que nous appelions "les z'oublies", cette friandise de pate gaudrée et cassante que nous dégustions délicatement (contrairement à nos habitudes plutot frustes) car "il s'en perdait" beaucoup. Le suivant était plus classique c'était le vendeur "de pommes d'amour", petits fruits enrobés de sucre coloré en rouge, il assait moins souvent et avait moins de succès, sauf auprès des filles. Bien sur d'autres "ambulants" passaient dans le quartier, mais ils intéressaient surtout nos parents. Nous pourrions citer le lmarchand "des z"habits" avec ses grands sacs sur le dos et ses cris d'appel bien particuliers.Le marchand d'olives vertes, venu en principe de sa Kabylie natale, sous son grand chapeau de paille typique et accompagné d'un bourricot ou d'un mulet aux deux sacoches latérales pleines de beaux fruits verts et juteux. Nous ne l'aimions pas trop "celui là", car la corvée de casser les olives incombait aux enfants, sans compter l'approvisionnement en fenouil indispensable. L'aiguiseur de couteux et de cideaux passaien régulièrement ainsi que le vitrier ou l'étameur qui réparait les casseroles trouées, eh oui! la société de consommation n'existait pas encore. C'était le bon temps, notre temps...et surtout le temps de la jeunesse et de l'insouciance.

Domenech née Juan France

Que de beaux souvenirs égrenés sur ce site et MERCI Christian....

Nous sommes Dimanche...

Je me souviens des dimanches de là-bas.... à Bab-El-Oued...

Parfois, à la Princesse avec ma maman ... nous dégustions une glace (moi une petite car je n'étais pas très gourmande mais "ELLE" oui) et elle disparaissait derrière sa "pêche melba"...

et parfois elle nous apportait des gâteaux ... des "roses" je les appelais ainsi...

ils ressemblaient à des petits tas rosés (du sucre glace rosé) surmonté d'un petit morceau de fruit confit... et à l'intérieur une délicieuse crème blanche ... j'en salive encore !! car je n'ai jamais retrouvé ici ces "roses"...

l'après-midi sur le stade de foot... je regardais Papa en tant qu'arbitre de football...

et j'étais fière.. de lui...

Ils me manquent tant... mes parents... nos dimanches

et, si d'un coup de baguette magique ... tout pouvait revenir...

Ce sont nos souvenirs que nous partageons sur ce site...

Meilleur souvenir nostalgérique de France..

Dany

Algérie

Pays du soleil et frontière du désert,

Des femmes voilées et des hommes fiers,

Pays du silence et des oliviers,

Des chameliers et des cavaliers,

Algérie, ton or est dans tes rives bleutées,

Où les naïades ne montrent que leurs pieds

Qu’elles vont avec une grâce divine mouiller

Sur les plages blanches de la Méditerranée

Je rêve, ma sœur, de figuiers, de dattiers,

J’aimerai un jour te parcourir à pied

Pour découvrir le goût ensoleillé

De ces merveilles que tu sais nous donner.

Algérie, nous sommes venus avec des airs guerriers,

Croyant faire ta fortune, pauvres niais !

Toi qui d’un rayon de la Lune es née,

Voudras-tu un jour nous le pardonner ?

Par ces mots que je ferai courir dans Alger

J’aimerai rétablir un jour une fraternité,

Doit-on payer les fautes de nos aînés ?

Ce qui devrait nous voir unir se nomme amitié.

Algérie, princesse parfois si mal traitée

Par des hommes sans courage ni pitié,

Je t’écris de France ces mots versifiés

Pour te dire combien ici tu es aimée.

Le poème a été écrit le 27 juillet 1962 par EFBE une PN de BEO

Momo NEMMAS

NOUS SOMMES LA PIERRE ANGULAIRE

Lorsqu’un homme prend de l’âge

Et qu’il songe à sa jeunesse

Il voit défiler des images

Quelle que soit la longueur de sa vie

Il est clair

Que son temps enfui l’a abandonné

Depuis toujours nous tenons une position

Avec honneur et fierté

D’un cœur limpide comme eau fraîche

Ce que nous ont légué nos aïeux

Nous l’assumons avec nos moyens

Et lui aménageons des chemins

L’homme perspicace comprend bien

Que depuis que le monde est monde

Toute chose tire vers ses racines

Nous affirmons ce qui est vrai et juste

Et détestons la brutale iniquité

Selon le conseil des parents

Nous composons des poèmes sur la vie

En nous rappelant les aïeux

Et le patrimoine qu’ils nous ont laissé

Pesant et chargeant chaque mot

De sens et d’exemples féconds

Nous avons creusé et préparé les fondations

Jusqu’à trouver la vérité

Et en exhumant les racines

Nous avons accompli ce que nous pouvions faire

Acceptant la fatigue

Et nous continuerons ainsi un temps

Si la vie nous abandonne

Il restera l’aube

Pour la génération des jeunes

Ajout de photos

- 273 photos dans les Rues de Bab El Oued (en cours de montage) de Christian TIMONER

André TRIVES

Je porte à votre connaissance cette histoire vécue il y a quelques jours par 7 amis de Bab el Oued, mamies et papys aux cheveux bien blanchis, qui avaient rendez-vous 45 ans après, avec leur enfance, leurs racines et le quartier qui hantait leurs rèves depuis si longtemps. Histoire qui m'a été racontée lors de la réunion de l'ABEO à Rognes le 4 juin dernier; et que je me permets de divulguer car lorsqu'il s'agit, d'amitié, de fraternité, d'amour, on se doit de les colporter comme des messages d'espoir pour cette pauvre humanité qui en a bien besoin. "Le groupe se trouvait place des 3 horloges et voulu se faire photographier ensemble; il demanda à un jeune Algérien (né après l'Indépendance du pays) de remplir cette sympathique mission, et il s'exécuta avec plaisir. A ce moment précis, un vieil homme au visage d'Abdelkader, se précipita du trottoir de chez Moatti sur le groupe et montrant de son index l'un d'entre eux dit:" toi je te connais, toi je suis sùr que je te connais". Interloqué, notre ami lui fit remarquer que cela semblait difficilement probable étant donné leur différence d'age. Et devant l'insistance du vieil homme convaincu, le jeune papy sorti une photo de sa maman en précisant:" ma mère tenait un étal au marché.." La réaction fut explosive et le vieux chibani se transforma en un adolescent tout excité; il martela:" mais ta mère, c'est Néna, comment si je la connais... t'y es son fils... t'y a la même tête qu'avant...pourquoi vous êtes tous partis...avant c'était le bon temps..." Il s'ensuivit des minutes intenses d'émotions où les yeux s'embuèrent à l'unisson.Même le jeune photographe d'occasion avait été décontenancé par ce moment de retrouvailles épiques.Alors ce dernier fit la proposition de se rendre chez lui tout à côté pour prendre ensemble un thé à la menthe. Le groupe fut géner d'une telle invitation et ne voulant pas déranger la gentillesse de cet homme rétorqua:"C'est très gentil de votre part, mais nous n'avons pas trop de temps et il nous reste une chose importante à faire". Celui-ci répliqua:" Mais qu'avez-vous de si important à faire ?" Il lui fut répondu:" nos devons nous rendre au cimetière nous recueillir sur la tombe de nos parents et la dernière fois c'était il y a 45 ans.." "Justement, venez chez moi, j'ai quelque chose à vous donner" lança-t-il . Ils se rendirent dans une maison toute proche où l'accueil fut exceptionnel avec des paroles toutes exceptionnelles:" ici vous êtes chez vous..." et le jeune Algérien pris un sécateur et coupa toutes les roses de son jardin qu'il remis au groupe pour fleurir les tombes de leur famille. C'est les yeux remplis de larmes d'émotion que notre groupe d'amis franchirent la porte du cimetière de St Eugène avec les bras chargés de roses de Bab El Oued." Quel beau moment d'humanité !

Momo NEMMAS

A ANDRE TRIVES !

Ce que vous avez relaté d'une manière si émouvante, c'est exactement ce que vécurent lors de leur séjour le groupe des 7 Nains !

Donc , il est indéniable qu'il faut absolument faire le tout pour contribuer au rapprochement des êtres que les vissicitudes de la vie ont séparés et faire en sorte que le flambeau puissé être relayé par les générations qui viennent et qui malheureusement ne comprennent absolument rien de ce passé et du cadre de vie qui y régnait. Ne l'oublions surtout pas que nous sommes les derniers des .........? Pieds Noirs , voyons !!! pas des Mohicans !!!

Jugez -en par vous-même quelques fragments de ce que quelque part , par modestie ou de reserve, les 7 Nains n'ont pas relatés :

N'est-ce pas Annie?

Ta rencontre au Bd Pitolet avec le vieux qui t'a donné même la couleur des yeux et des cheveux de ton Padre ?

N'est-ce pas Lucienne?

Ta rencontre avec Rabah à la porte du cimetière où l'on avait peur que vous ayez une attaque cardiaque et que ce dernier qui disait haut la voix, tout en laissant sa voiture au milieu de la chaussée : pincez-moi ,pincez-moi , est-ce que je rêve ?

Et toi Georges N.. ?

Ta rencontre avec Fatiha à la maison natale à la Casbah ,tes larmes lorsqu'elle t'a fait le you-you de bienvenue qui firent trembler les murs ?

Et toi Georges R..? Ta rencontre avec Mo, assis sur une chaise au devant de sa maison et vos réactions lorsque tu retrouvais ce vieux avec sa béquille à l'avenue de la Bouzaréah ?

Et toi Claire ? Tes retrouvailles avec ton voisin Racim et le 36, rue Léon Roches?

Et- toi Francis ?

Tes rencontres avec Mr.ZAAF qui connaissait bien ta maman ainsi que celle avec ton copain de Lelièvre ZAOUCHE et dont les yeux s'embuèrent ainsi que nous autres témoins, de larmes lors de votre étreinte ?

Aussi, je ne me lasserai jamais, au grand jamais,de remercier Christian d'avoir eu la géniale idée de faire ce noeud gordien qu'est le site : né à BEO

Amitiées

Isabelle SINTES née BERTIN

Pour vous tous pour BAB-EL-OUED, mon poème qui en dit long !

"BAB-EL-OUED"

Quartier où je suis née où toutes ces années

j'ai grandie et bénéficié de tant de beauté.

Les couleurs les odeurs dans ma tête sont restées.

Même loin de lui j'ai gardée l'image adorée...

De ce si beau , de ce si grand quartier

Où les jours de la vie s'écoulaient en gaieté.

Populaire il était, et on en parle encore...

Bab-El-Oued était gai ,était beau , était fort.

Les gens de Bab-El-Oued n'étaient pas fortunés.

Mais que de belles choses ils pouvaient partager.

Les familles, les amis, nous avons tous été....

Les leurrés de l'histoire quand nous l'avons quitté.

Bab-El-Oued aujourd'hui a du beaucoup changé

Mais dans mon coeur il restera désormais,ce

Ce beau Bab-El-Oued que j'aimais .

Pas question ,d'oublier , d'effacer...

Les visages, les murs, les odeurs du passé

Même si je n'y vis plus comme je le voulais

Ce Bab-El-Oued à moi ... mon quartier.

Ce Bab-El-Oued en moi..... il est ancré.

SINTES Isabelle née BERTIN (I.B.S.)

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