Dans les photos diverses, "Rue de BEO" Ahcène HALLI nous a fait l'amitié de nous envoyer une photo de la Bassetta et une du Centre Villeneuve. Et les souvenirs m'ont assailli sur ce centre dont la construction dans les années 54/55 mettait un terme au plus fabuleux des territoires de jeux pour enfants: "LE CHAMP". En effet, tous les gosses du quartier de la Bassetta, de la cité des Vieux Moulins, de la rue Phalsbourg, rue Jean Jaurès et des environs se rassemblaient sur ce terrain vague à deux niveaux enclavés entre la côte de la Bassetta(rue Pierre Leroux) et la rue des Moulins. Et on assistait à des parties de foot dignes de nos élites algéroises auxquelles nous voulions ressembler. Combien de litres de sueur avec les générations successives ont pu abreuver cette terre séchée par un soleil de plomb; car l'été la fournaise n'empêchait pas la dispute des parties entre groupes d'enfants qui s'identifiaient toujours à l'équipe de leur coeur:ASSE, RED STAR, GALLIA, SCA(la spardégnia), MOULOUDIA ou le SABO avec en prime des comportements reproduisant les exploits de leur idole. Pour moi qui étais supporter du Red Star je voulais reproduire les dribbles de Maouch, la combativité de Ganem, la hargne des frères Magliozzi, la maîtrise de Zaîbeck, la classe de Ponsetti, la vista de Vermeuil et d'autres, dont les noms ont disparu de ma mémoire. Et tout ce petit monde exténué par les efforts, le regard défait, cheveux hirsutes, se retrouvait à quelques mètres à la fontaine devant le lavoir de la Bassetta pour apaiser la soif. Le dimanche matin c'était les matches inter-quartier et le champ devenait le stade Maraccana du Brésil où la distinction des équipes se faisait entre les "torses nus" et les "tricots de peau" devant une foule de parents remontant du marché et profitant de poser le couffin rempli de victuailles pesantes pour souffler et admirer les prouesses de leur rejeton. A la fin du match, seul le sélecto glacé acheté rue des Moulins chez papa Trivès pouvait redonnait des couleurs à ces enfants qui avaient pour seule ambition: jouer dans un club officiel pour pouvoir enfin disposer d'un véritable équipement sportif avec des chaussures à barettes car, demandez aujourd'hui à vos enfants de taper dans un ballon de cuir avec des espadrilles trouées ou avec les pieds nus, et vous saurez qu'à Bab el Oued dans les années 50 et avant, le plaisir se méritait. Avec mes sincères remerciements à Mr HALLI.