pied noir

Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Liste des messages

De : DOMENECH LilianeEnvoyer un mail

Le : 14/05/2023 10:44

Triste nouvelle :
Je viens de rentrer d'un voyage de 4 mois et j'apprends par son petit fils que ma tante, Jeannette NIETO 95 ans est décédée le 8/04 dans des circonstances suspectes dans un Hepad parisien, qu'une autopsie a été effectuée et qu'une plainte a été déposée par l'ARS et la famille.
C'était l'épouse de René Nieto chauffeur de taxi à BEO puis à Paris et la soeur de ma mère Anne Doménech.

 

De : DOMENECH LilianeEnvoyer un mail

Le : 14/05/2023 09:25

Il y a 65 ans déjà fin de la IV république et De Gaulle arrive...

 

De : Daniel AZAMEnvoyer un mail

Le : 13/05/2023 14:58

C'était il y a 65 ans...

 

De : Taltavull GeorgesEnvoyer un mail

Le : 13/05/2023 11:39

Est-ce que quelqu'un peut me rappeler le jour que nous sommes
aujourd'hui ? Merci d'avance . Jo de Bab El Oued .


 

De : christol sergeEnvoyer un mail

Le : 09/05/2023 10:30


Pour Hubert.
D'abord,merci pour ce trés beau texte.Voila ce dont il m'a fait me souvenir.
Une chanson de fin d'année.
gai,gai,l'écolier
c'est demain les vacances.
gai,gai l'écolier
c'est demain que le m'en vais.
a bas les analyses,les verbes et les dictées,
tout ça c'est de la bêtise.
allons nous amuser.
gai,gai,l'écolier
les cahiers au feu
et les maîtres au milieu....
Et enfin,toute mon amitiée aux anciens de Franklin.....


 

De : Climent joseEnvoyer un mail

Le : 07/05/2023 15:21

Bonjour à vous tous

j'habiter à ma derriere adresse au 8 ou 5 rue du dey dans le quartier de Bab el oued, parmi les amitié de notre immeuble il y avais une famille au RZ ?FAMILLE Ross, parmi eux ,ma marraine Catherine ROSS de 25 ans ainsi que c'est s½ur marie Ange ,marie Carmene j'étais bâtisse et fait ma communion à Eglise de ST Joseph, par le père CARMONA. Après ils ont déménager du coté de l'usine Bastos, au Rz NOUS AVIONS VIONNER L'ALUNISAGE APPOLO VERS 2 H DU MATIN. Je désire tellement avoir des nouvelles d'eux depuis 30 ans, j'ai perdues les photos ,seulement, je dispose a leurs disposition 4 à 5 photos D'après des nouvelles prisse ,sa mère
étais dans maison de repos Si vous avez une connaissance de cette famille écrive moi, je suis sur Toulouse, en France.
En espérant avoir des nouvelles.

JOSE

 

De : Benet Pascal Envoyer un mail

Le : 06/05/2023 17:40

Bonjour j'habitais au même atage que la famille Champi, quelle époque merveilleuse je suis né le 21
janvier 1946, j'aimerai parler avec Alain cordialement.
Pascal Benet

 

De : Antoine/Tony BILLOTTAEnvoyer un mail

Le : 04/05/2023 11:52

Hubert Zakine
·
"IL ETAIT UNE FOIS BAB EL OUED".TOME 2 DE HUBERT ZAKINE.

Parmi les souvenirs qui ont tracé une empreinte indélébile sur nos âmes d’enfance, l’école occupe une place privilégiée dans le grenier de notre mémoire. Chacun d’entre nous conserve tout au fond de son c½ur, enfermés à double tour mais ouverts aux quatre vents de l’amitié, des tranches de vie prodiguées comme du bon pain dans ces espaces du savoir de l’école de France si bien dispensé par ceux que nous appelions familièrement mais avec un profond respect et, pour certains, une réelle et intangible affection : nos maîtres et nos maîtresses. Sévères ou magnanimes, consciencieux ou philosophes face à la décontraction de certains cancres désarmants, ils avaient hérité des anciens le goût du travail bien fait. Un élève qui ne maîtrisait pas son année, échouait au certificat d’études ou redoublait la classe, partageait l’échec avec son instituteur ou son institutrice qui endossait, par conscience professionnelle, une grande part de ce revers. Aussi, certains d’entre eux n’hésitaient pas à donner des cours gratuits aux enfants nécessiteux, pupilles de la nation ou simplement orphelins de père ou de mère. Ceux auxquels je pense ont rejoint le pays du bon D….. avec le sentiment du devoir accompli. Paix à leur âme !
Maîtres et maîtresses de Bab El Oued, nous reconnaissons aujourd’hui bien volontiers combien votre métier a du être difficile à exercer face aux garnements qui composaient vos classes surchargées Peu enclins à suivre vos cours dispensés pourtant avec autant d’attention que d’affection, ils laissaient libre cours à leur « flemmingite aigüe » sans se départir de leur désinvolture. L’école, c’était pour les autres. Le rêve leur appartenait.
A leur décharge, il faut bien reconnaître que nos petites fiancées, nos rues, nos places, nos trottoirs d’avenue, nos cinémas et nos stades possédaient tant de charme que nos esprits vagabondaient souvent à l’extérieur de l’école. Nous délaissions alors les leçons de géographie, d’histoire ou de français, attirés par les bruits qui nous arrivaient du dehors. Certains plus concentrés que d’autres sur les plaines enneigées du Jura, les exploits de Vercingétorix ou les subtilités de la grammaire, parvenaient à franchir les marches de la gloire qui menaient tout droit au Lycée Bugeaud, au Lycée Lazerges ou au collège Guillemin. Les autres, la majorité silencieuse, abandonnaient leur parcours scolaire après l’examen du certificat d’études, diplôme aussi convoité, en ces temps bénis, que la légion d’honneur, la médaille du Mérite National ou la coupe du monde de football.
De l'école, quel qu'en fut le lieu, chacun garde tout au fond de son coeur et de sa mémoire, des images et des odeurs embellies par le pardon du temps. Photographies jaunies et parfums d'autrefois, pastellisés, patinés, satinés par les nombreuses quêtes du souvenir dont la répétition a définitivement lissé la mémoire pour ne conserver que la beauté de l'instant en le figeant à tout jamais. Le grincement de la craie blanche sur le noir tableau dessinant le savoir de France, la cotisation des élèves pour le traditionnel cadeau de fin d'année au maître d'école méritant, la cour interdite aux jeux violents, la confiscation des toupies, noyaux ou tchapp's par un instituteur irascible, le jeu de la mora réinventé par les garçons, renommé, allez savoir pourquoi, « pigeon » qui intriguait tant nos maîtres, le couple de photographes, qui nous plaçait minutieusement avec une patience qui aurait dû leur valoir les « palmes académiques ». Photographies du temps passé, endormies dans une boite en carton, un album de cuir affichant fièrement son âge ou un tiroir ouvert les soirs de nostalgie quand la nouvelle du décès d’un ami d’enfance vous plonge dans un abîme de désespoir, rien ne nous parle autant de l’injustice des hommes et de la fragilité du bonheur.
L’école, prolongement naturel de la maison familiale et de la rue « amicale » demeure le lieu où se nouèrent les amitiés les plus solides. Renforcées par une présence quasi permanente des camarades de classe au sein d’un même quartier, ces amitiés, élues par le c½ur, parce qu’elles furent disloquées par l’exode, se sont offertes à la rigueur du temps qui passe. Elles résistent pourtant vaillamment contre les vents contraires qui éloignent chaque jour le vaisseau fantôme et emportent les naufragés de l’Algérie vers l’île de l’oubli.
L’école de Jules Ferry se décrit pour chacun d’entre nous par la magie de noms de rues. Ecole Rochambeau, collège Guillemin, cours complémentaire Condorcet, Lazerges, Franklin, Lelièvre etc……
Ces écoles aux patronymes de militaires, artistes ou savants dont nous ignorions tout, nous suivent dans notre vie d’homme comme des souvenirs indélébiles accrochés à nos valises d’exil.
En fin d’année, fiers comme Artaban d’avoir décroché le fameux certificat ou feignant, pour la galerie et les parents la désolation de l’avoir raté « d’un cheveu de fartasse », tous les élèves se voyaient conviés à la grande fête de l’école. Prétextes à une débauche d’énergie, de rires et d’élans du c½ur, ces grandes farandoles scellaient la complicité des maîtres et des maîtresses avec leurs élèves. Sans discipline et sans retenue.
L’alibi premier de ces manifestations scolaires était la récompense des bons élèves avec la si attendue distribution des prix. C’était l’occasion pour les mamans de se rencontrer et d’exhiber fièrement leur progéniture les bras chargés de beaux livres, premiers prix de français ou de géographie. Les autres élèves, afin de se donner une contenance, feignaient l’indifférence mais, en ce moment précis, regrettaient sans doute de ne pas avoir bousculé leur fainéantise durant l’année scolaire.
Le temps de faire le tri entre les bons et les mauvais souvenirs de l’année, les « voyages » au Tombeau de la Chrétienne », les retenues et les « zéro de conduite », les billets de satisfaction et le tableau d’honneur, les fous rires étranglés devant un maître coléreux, les spectacles « payants » proposés à la bourse des parents parfois désargentés, les chiens savants, l’apprenti John WAYNE au lancer de lasso précis, les bagarres à la sortie de l’école pour un mot déplacé ( on avait le sang chaud à Bab El Oued), toute une panoplie à emmagasiner dans la boite aux souvenirs à ressortir les jours de mauvais temps.
L’école d’Algérie nous laisse un goût amer dans la bouche et dans le c½ur car le souvenir attaché à ce merveilleux laboratoire de l’enfance nous a filé entre les doigts sans que nous ayons tenté de le retenir, tellement pressé que nous étions à devenir grands, à délaisser le rivage heureux des culottes courtes, de l’Elesca, des caramels Costa et des genoux écorchés. Pour ma part, depuis que les soucis m’ont rendu adulte et que la nostalgie me renvoie à l’enfance, je ralentis mon pas chaque fois que je croise une école, sa cour de récréation et les cris joyeux des enfants. Je ferme les yeux et un délicieux vent de nostalgie me caresse la joue. Alors je me souviens de la cloche qui nous sortait de nos discussions enfantines, la concierge de l’école de la rue Rochambeau qui avait toujours un mot gentil pour les enfants empruntés, qui nous réconfortait de nos mauvaises notes, qui nous soutenait lors de nos heures de retenues. Chère Madame JUAN !
Je me souviens encore et toujours de nos parties de pigeon, une « mora » à la sauce « pied noir » qui intriguait tant nos maîtres et les intéressait plus qu’ils le laissaient paraître, de ces bagarres improvisées au beau milieu du préau pour un mot échappé sur la mère de l’un d’entres nous, les dragues par-dessus le muret qui séparait les cours de récréation des filles et des garçons, des petits mots échangées des apprenties sainte-nitouche et des tombeurs en herbe, toute une foule de souvenirs arrimés à l’école de chaque quartier, de nos instituteurs qui ne se contentaient pas de nous transmettre le savoir écrire, lire et compter mais surtout prolongeaient l’éducation de nos parents par leur enseignement de la vie. Je me souviens de ce maître d’école, rencontré quelques cinquante ans plus tard qui se souvenait encore de tous les noms de « ses chitanes » et qui regrettait tant de ne pas les avoir vu grandir et devenir des hommes. Oui, je me souviens encore de mes écoles et de mes instituteurs !
A SUIVRE......................

 

De : Antoine/Tony BILLOTTAEnvoyer un mail

Le : 27/04/2023 18:56

A L G E R


Appuyée aux collines
Ourlée de sable fin
Fraîche de brise marine
La mer bleue pour écrin
Alger la Blanche perdure
Sous d’autres tyrannies
Sous d’autres écorchures
La paix en est bannie

La Casbah agonise
Dans les ruelles pentues
L’escalier s’éternise
Dans la ville têtue
Tipaza sa voisine
Lui tient bien compagnie
L’une et l’autre divines
Muettes symphonies

Squares, jardins et fontaines
Chantent encore son Orient
Notre Dame d’Afrique Reine
Déchue, se dresse défiant
Le temps, les incroyants
Et sa main rassérène
Le passant défaillant
Et la rancoeur hautaine

Appuyée aux collines
Léchée de vaguelettes
Bleue d’azur et de spleen
Bruissante d’amulettes
Alger la Belle, gageure
D’un avenir honni
D’une impossible injure
Hante nos avanies

Appuyée aux collines
Ourlée de sable fin
Fraîche de brise marine
La mer bleue pour écrin
Alger la Blanche perdure
Malgré les tyrannies
Malgré les écorchures
Malgré la paix bannie

De mon amie Ghyslaine Lalanne

 

De : Antoine/Tony BILLOTTAEnvoyer un mail

Le : 27/04/2023 17:22

QUELQUES EXTRAITS DE
OPERATION PLUME SERGENT MAJOR DE HUBERT ZAKINE.

Au début des années 30, Bab El Oued avait attiré comme un aimant les familles juives de la casbah pourtant retenues par le fil invisible qu'avaient tissé les anciens. Le tailleur de la rue Randon s'installa avenue de la Marne, le coiffeur de la rue Marengo ouvrit un salon rue Champlain, le boulanger de la rue de trois couleurs officia boulevard de Provence et la terre continua de tourner.
Comme toute entité isolée, les juifs de la casbah se regroupèrent au sein de leurs familles avant de prendre leurs marques en ce quartier qu'ils découvraient. Puis, chacun suivit son chemin et les affinités firent le reste. Les trois religions s'entendirent parfaitement et s'apportèrent le meilleur d'elles-mêmes, sans toutefois s'interpénétrer dans la corbeille de mariage que leur proposait la France
Trois années s'étaient écoulées depuis le départ de la rue Randon. Papa Atlan emmenait ses enfants au square Guillemin le samedi matin après l'office. Là, sur l'esplanade, il discutait à bâtons rompus tout en surveillant les petits. Discuter et rire avec ses amis d'enfance qui, comme lui, avaient déserté les ruelles étroites de la casbah pour rejoindre la modernité des appartements aérés de Bab El Oued.
Papa Atlan ne pouvait se détacher de ses souvenirs de jeunesse. Aussi, chaque samedi il retrouvait auprès d'Isidore Abergel, de Roger Bensimon quelques trésors qui ensoleillèrent son enfance.
Mais ces rescapés de la ville orientale, loin de se fermer à d'autres aventures, devinrent des "Bab El Ouédiens" au même titre que les Espagnols de la Basseta et les Italiens des Messageries,
Ils fréquentèrent les mêmes cafés tonitruants, tapèrent la belote à la limite de la dispute, se réconcilièrent devant le verre de l'amitié, tapèrent l'anisette en piochant la kémia allongée sur le comptoir de la "gobia", supportèrent le Gallia ou l'A.S.S.E. en répandant leur mauvaise foi dans un stade en folie, montèrent à Notre-Dame d'Afrique pour admirer le merveilleux panorama d'Alger et suprême bonheur, tapèrent "l'andar et venir" de l'avenue de la Bouzaréah comme tout enfant du faubourg qui se respecte.
Mais ici plus qu'ailleurs, ils fondèrent un foyer avec au bout du c½ur la tendre image du bonheur. Les parents passèrent le témoin de l'amitié aux enfants qui perpétuèrent ce merveilleux sentiment lors de nombreuses retrouvailles des premiers temps.
Et à présent, en resserrant le cercle de famille avec ses amis, Papa Atlan affirmait avec force sa nouvelle identité : il était un français d'Algérie, un juif de Bab El Oued comme il fut un juif de la casbah. Avec fierté!
*****
......................Le Mon Ciné était un de ces cinémas qui avaient les faveurs de la jeunesse. Y passaient des films de cow-boys qui voyaient les "longs couteaux" triompher, sans coup férir, des Sioux, Apaches et autres Cheyennes, des films où des héros mythiques (Tom Mix, Hopalong Cassidy, Zorro) anéantissaient des bandes de hors la loi, des films de cape et d'épée que les enfants imitaient lors de saynètes qu'ils reproduisaient chaque jour, (Capitaine Blood, Robin des Bois, Prince Vaillant) ou d'épopées guerrières qui titillaient l'imagination des plus âgés. Chaque jeudi, des grappes de "chitanes" envahissaient les rangées et applaudissaient aux exploits d'Errol Flynn, Johnny Weissmuller ou John Wayne .....................Comme toutes les rentrées scolaires, la grande papeterie Riveil de l’avenue de la Marne fut prise d’assaut par les mamans car en ce pays, cette tâche incombait à la mère, le père partageant son temps entre son travail, le stade et le café. Et même si certaines fournitures scolaires furent impossibles à trouver, chaque famille s'acquitta de cette tâche honorablement.
Cette ruée provoqua un bel encombrement au grand dam du policier qui tenta de canaliser les plus excités. Mais la bonne humeur étant de la partie, chacun fit preuve de patience dans la file d’attente qui débordait du magasin et s'alignait sur l'avenue de la Marne habituellement très calme. Ne disait-on pas que le quartier Nelson était "off-limits" de Bab El Oued pour stigmatiser la différence qui existait entre le chuchotement, le calme et la pondération des habitants de Nelson et le parler tonitruant, haut et fort des autres quartiers du faubourg.
Les plus impatients se servirent chez Pinelli, autre papeterie de l'avenue de la Marne dont le comptoir plus petit obligeait les clients à faire" la chaîne", pratique très peu usitée en ce pays. Une réserve achalandée qui se trouvait au fond du magasin combla les mères de familles pressées par le temps..........................
Les enfants vivaient, par procuration, des aventures guerrières grandeur nature bien plus excitantes dans leur imaginaire que celles de Vercingétorix ou de Jeanne d’Arc, d’autant plus qu’elles étaient vécues par des membres de la famille. Plus tard, bien plus tard, quand cette folie meurtrière se sera épuisée et que les clameurs se seront tues, Papa Atlan racontera à ses enfants, cette épopée, bien calé dans le fauteuil de cuir usé mais l’instant présent réclamait toute l'attention de son fils pour remplir parfaitement son rôle de chef de famille.
En ces temps de vaches maigres, il passait bien plus d’heures à taquiner l’oublade ou la tchelba avec ses amis qu’à se pencher sur les mathématiques ou la grammaire. Son père à la guerre et sa mère occupée à des tâches ménagères, il plongeait avec délice dans l'école buissonnière que sa scolarité lui proposait....
...............................Mise en place par le gouvernement de Vichy l’abrogation du décret Crémieux qui renvoyait les juifs au statut antérieur de l’indigénat eut pour effet immédiat le renvoi des fonctionnaires juifs qui furent chassés comme des malpropres des administrations et de toutes les écoles d'Algérie. Papa Ayache, l’instituteur modèle, l’homme que tout le monde respectait pour son sens du devoir et sa probité, n’était plus qu’un indigène aux yeux du pouvoir en place. Pourtant, il était le même homme avec son sérieux, sa bonhommie, ses emportements et sa conscience professionnelle. Il n'avait que le défaut d'être juif. Du jour au lendemain, cet homme exemplaire, français de c½ur et d'esprit, était jugé indigne d'apprendre à des petits français les mathématiques, la géographie et l'histoire de France pour laquelle il s'était battu en 1914 et ce jusqu'à la victoire finale en 1918..............
...................................Papa Ayache termina sa journée, rangea son vieux cartable en silence, prit dans le placard sa règle, se planta devant le tableau noir et regarda droit dans les yeux "Sa" classe comme s'il désirait photographier du c½ur "ses petits". Puis il se fendit d'un discours patriote auquel il ne semblait plus croire.
--La guerre est une chose monstrueuse. Elle tue les jeunes hommes et détruit les familles. Vous, mes enfants, souvenez-vous que vos parents se battent pour que la liberté qui est le bien le plus précieux de la vie, vous soit à jamais rendue. Catholiques, juifs, protestants, Arabes ou Kabyles, soyez unis comme les cinq doigts de la main devant l'ennemi car ne vous y trompez pas, l'ennemi nous est commun. Voilà mes enfants, je vais vous quitter et je voudrais que vous me fassiez honneur en travaillant du mieux que vous pourrez. Au revoir les enfants et........à bientôt......si Dieu veut!
Les élèves se levèrent et saluèrent leur maitre avec retenue mais affection. La sortie des élèves du cours moyen deuxième année s'effectua en ordre telle une retraite au flambeau à l'intention de papa Ayache qui tourna le coin de la rue Rochambeau sans se retourner, la démarche hésitante et le dos subitement vouté sous sa vieille gabardine usagée.
*****
Le lundi suivant, Monsieur Ayache se rendit au jardin Guillemin. Seule distraction des familles, ce jardin se voulait le rendez-vous habituel des quartiers environnants. Ne venait-on pas de la place du Gouvernement, des Trois Horloges, des Messageries ou de la rampe Valée. Il faut dire que le jardin Guillemin n’offrait pas moins de cinq squares qui descendaient en cascade jusqu'à la mer. Les nombreux bancs de pierre accueillaient les mamans-tricoteuses et les esplanades proposaient un terrain de jeu idéal pour une enfance en folie. Dans la joyeuse cohue des après-midi, les enfants s'adonnaient à leur besoin de courir et de "se mettre en nage" au grand dam des mamans occupées pourtant à "tchortchorer" sous l'½il débonnaire d'un vieux garde municipal au casque colonial affirmé.
Monsieur Ayache, instituteur banni de l'école de garçons Rochambeau, se fraya un chemin entre les garnements qui jouaient sur l'esplanade circulaire du jardin. Il montrait l’assurance et la satisfaction de celui qui avait trouvé la solution au problème posé par ses anciens élèves.


 

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