Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Robert VOIRIN

BONNE ANNEE 2008

A vous bande de calamars boiteux,

Qu'est ce que je dirai pas pour vous rendre heureux,

Sinon vous donner une calbote amicale,

Que ça va sûrement pas vous faire mal,

A vous tous les fartasses, les guitches et les laouères,

Ceux qui allaient se taper le bain en bas la mer,

A tous les bouffeurs de cocas, mantecaos, zlabias,

Bliblis, roliettes, mounas, mouqrouts et calentitas,

A ceux qui dégustaient les brochettes à Fort de l'Eau,

A ceux qui tapaient cinq, à tous les falsos,

Aux buveurs d'anisette avec kémias,

A ceux qui faisaient sans arrêt l'avenue de la Bouzaréah,

A tous les falempos qui mentaient comme des voleurs,

A tous ceux qui ont fait le bras d'honneur,

Et ceux qui trichaient aux tics tics,

Ceux qui faisaient la chaîne au Majestic,

Ceux qui tiraient le fer au cassour, à tous les kilos,

A ceux qui, comme moi, tapaient cao,

Ou soit disant maqua hora,

Ceux qui jouaient aux tchalefs ou au tas,

Ceux qui ont fait, les pôvres, figa ou tchoufa,

A ceux, que quand ils partaient on aurait dit qu'ils revenaient,

Aux anciens de Bab El Oued, mon quartier,

A mes voisins de la rue Réaumur et de la Cité Picardie

A tous ceux de notre ancien " paradis "

A tous ceux là,

En pensant à ceux que j'aimerai qu'ils soient toujours là,

Je souhaite que cette nouvelle année vous apporte le bonheur,

Et surtout que cette purée de santé, elle vous laisse pas tomber.

Robert Voirin

Pierre-Emile BISBAL

Amidou

Au marché de Bab-El-oued, il faut dépasser l’antre de Blanchette et obliquer vers la droite pour atteindre le magnifique étal d’Amidou. Pour moi, c’est l’endroit le plus intéressant du marché. Quoi de plus beau, pour un enfant de huit ou neuf ans que ce bazar en plein air. Amidou œuvre sous un grand parasol sombre, presque noir. Perché sur une caisse en bois, il trône au centre de son commerce. Il se ménage un étroit passage afin de pouvoir quitter sa citadelle et circuler autour de son royaume pour monter le fonctionnement d’un article ou rectifier l’agencement de sa marchandise. Son étal, savamment organisé, offre une profusion d’ustensiles et d’objets que l’on peut, sans contrainte aucune, regarder, examiner, palper.

Les râpes à fromage, les lacets, les bouchons, les filets à provisions, les multiples couteaux et autres éplucheurs de légumes, les boites de cirage, les décapsuleurs, les tire-bouchons, les cubes de savons, les grosses boite d’allumettes, les martinets aux lanières de cuir inquiétantes, les petits outils, les moulins à café, les égouttoirs en métal brillant ou en plastique coloré, les cuillers de bois, les couffins, les couscoussiers, les gamelles « à étages » pour manger à l’atelier ou au chantier, les récipients de toutes sortes forment des zones où il est obligatoire de fouiner pour trouver ce que l’on cherche. Il vend même de l’élastique carré qui me fait baver d’envie. Cet élastique indispensable à la fabrication d’un lance-pierre. Pour l’instant, inutile de rêver. Ni ma grand-mère ni personne d’autre de la famille ne contribuera à la confection d’un « taouette » digne de ce nom. Trop dangereux un lance-pierre, ça ne fait que crever les yeux des autres enfants !

« Chez Amidou on trouve de tout ». Ce cri, Amidou le lance à intervalle régulier pour éveiller l’intérêt du flot qui circule autour de son commerce. C’est sa marque de fabrique. En vrai bateleur il captive son public de la voix et du geste. Seul Mezrar, avec sa jambe de bois et qui vend de la mercerie à une autre place du marché, peut tenter de rivaliser avec lui pour attirer et retenir le client

Amidou ne se contente pas de signaler l’excellence de sa marchandise comme le font les vendeurs de légumes ou de poissons. Non, il vous félicitera pour l’acquisition d’une nouvelle râpe à gruyère qui modifiera votre vie et celle de votre famille. Il s’active, va de l’un à l’autre et vante sans relâche les qualités de ses produits. L’argent des ventes est avalé par un petit coffret de fer dont il laisse retomber le couvercle produisant un bruit sec qui rythme la cadence des achats.

Mais, à mes yeux, ce sont les longues baleines de sa gigantesque ombrelle qui supportent les trésors les plus inestimables. A chaque armature tendant la toile pendouillent de modestes jouets. Ils sont suspendus à un crochet, retenus par un fil de fer ou tassés dans des filets. Cordes à sauter avec des poignées de bois décorées de cercles de couleurs. Poupées et baigneurs aux sourires figés et aux bras tendus. Ballons de toutes tailles pour le foot ou les jeux de plages. Toupies de bois et, pour les petits, toupies ronflantes métalliques aux flans arrondis et garnis de sujets enfantins. Voitures à friction ou à clé aux personnages dessinés sur les vitres et le pare-brise. Sacs de billes en terre ou en verre, osselets (quatre gris et un rouge) dans leurs boites en plastique transparent. Bâtons de pâte à modeler enveloppés et scellé dans du rhodoïd cristal. Harmonicas rudimentaires dont la peinture rouge ou bleue déteint parfois sur les lèvres. Révolvers de cow-boy vendus avec un ou deux rouleaux de pétards que l’on range dans le barillet. La sèche détonation s’accompagne d’une légère fumée grise à l’odeur piquante. Pour les moins sophistiqués, des pistolets noirs en métal embouti, on glisse l’amorce en forme de confettis avec une charge de poudre en son centre, directement dans le logement recevant le percuteur. Depuis quelques temps une nouveauté vient se rajouter. Ce sont les Houla Hoop, grands cercles rigides en plastique, que les filles font danser autour de la taille.

Depuis plusieurs minutes, je guigne un magnifique petit pistolet à flèche fixé au centre d’un carton rectangulaire décoré de scènes du Far-West aux couleurs agressives. A gauche, un cow-boy, en grande tenue cabre son cheval. A droite, retenues par de petits élastiques, trois flèches de bois avec des embouts de caoutchouc rouge. Au dessus un bison cerné par des indiens porte une cible dessiné sur le flanc. Je n’ai pas du me battre longtemps pour convaincre ma grand-mère de m’acheter cette merveille. J’ai simplement promis de ne pas amener cette « arme » à la placette. « Et oui, m’affirme-t-elle, si l’embout de caoutchouc s’enlève on peut crever l’œil d’un enfant ! » Toujours ce foutu œil crevé…A croire que Bab-El-Oued est la capitale des gamins borgnes !

« Chez Amidou on trouve de tout », l’appel nous suit alors que nous quittons son royaume. Le reste des achats me semble long. Même la dernière halte chez « Rouget », pour prendre des sardines ne me réjouit pas. D’habitude l’examen des différentes sortes de poissons alignés, bouches ouvertes, sur l’étal me captive. Aujourd’hui c’est l’ultime station de mon chemin de croix. J’ai hâte d’être à la maison pour déballer précautionneusement mon pistolet et commencer mon entrainement de chasseur de bisons.

Antoine BILLOTTA

Eh voilà! L'avalanche des souvenirs grossit, grossit tellement que des torrents d'émotions viennent nous submerger, nouer nos gorges et embuer nos yeux (non, j'ai pas dit « nous faire pleurer »: on est "schquartiones" ou pas?)....

Maintenant, si tu sais pas qu'en allant sur le site, tu vas direct sur l'quartier sans prendre l'avion ou le bateau, c'est que t'ché barjo ou qu't'ché pas d'chez nous. Alors, te gêne pas, et viens partager ces merveilles avec les ancien-ne-s du site et les nouvelles qui se font de plus en plus nombreuses.

Merci à toi, Annie pour cette balade au PETIT DUC que j'ai connu aussi et dont j'ai vu la démolition. Merci à toi, Jean-Louis pour nous avoir promenés dans ces rues qu'on connaissait comme notre poche et d'avoir cité le nom de Melle Valensi qui (et là, je me rengorge!) a été ma "première maîtresse" en 1946 à l'école Sigwalt, mais rue Charles Lebars où se trouvait également une autre classe: celle de M.Gantchoula

Depuis le 1er jour où elle est arrivée tout vêtue de rouge, elle a profondément marqué ma vie puisqu'elle m'a toujours suivi et dirigé à distance à telle enseigne que, quand elle nous a quittés pour la rue Mizon, tous les parents et les enfants en avaient été consternés. Mais bon, elle habitait avenue de la Marne et je me consolais tant bien que mal puisque je la rencontrais tous les matins en allant au lycée, rougissant chaque fois qu'elle me faisait la bise et s'informant de mon travail.

Et puis un jour, le ciel qui me tombe sur la tête: on reçoit à la maison son faire-part de mariage ! ! ! P....! quel choc ! Moi, Son Chouchou, Son Chéri, me faire ça à moi! J'en ai été malade et priais tous les saints que ce mariage ne se fît point....Et la veille de son mariage, vous ne le croirez pas, un pneumatique (lettre urgente par porteur) arriva, nous annonçant qu'il était rompu....

Vous dire que j'en étais heureux est faible...Je la retrouvais chaque jour, et puis aussi lors de mon certificat d'études au CC Lelièvre, en candidat libre avec ses grands yeux écarquillés pour me demander ce que je pouvais bien faire ici......Puis ce fut la Fac, la vie active, l’éloignement et en juin 1961, la convocation au Lycée Delacroix pour corriger les épreuves d’anglais du BEPC dans une salle réservée à cet effet. Parfois, on se levait pour se dégourdir les jambes, discuter un brin avec les autres collègues. Vers midi, je me dirigeais vers la sortie quand, d’une autre salle , à ma grande surprise, apparut une dame bien habillée et élégamment coiffée :…Melle Valensi ! ! ! Elle m’a pris dans ses bras, m’a embrassé et après quelques balbutiements de ma part, m’a entraîné dans la salle de correction des épreuves de français où se trouvaient encore tous les correcteurs en s’exclamant à haute voix :« Je vous présente Antoine. Je l’ai eu comme élève au CP et maintenant il est professeur ! C’est extraordinaire, non ? » Et de continuer à m’encenser et tenir des propos dithyrambiques à mon égard. J’étais rouge de confusion, mal à l’aise, sans voix….: Je redevenais le petit garçon de l’école Sigwalt, comme au 1er jour de sa rentrée où mon cœur s’était mis à battre à tout rompre….

Depuis ce jour, je ne l’ai plus revue, sans jamais l’avoir oubliée…

Merci, Melle Valensi de m’avoir appris à lire et à écrire et donc permis de raconter et partager cette belle histoire avec toutes celles et ceux que j’aime.

Jean-Louis GAS

Christian,

Je regarde assez souvent ce site pour avoir en quelque sorte une dette morale. Je n'aime pas trop écrire sur les livres d'or. Mais depuis quelque temps, j'ai envie de dire comme Christian "moi aussi je suis de Bab el Oued". Et j'ai envie de vous dire à tous quelques souvenirs, de déposer comme l'on dit une petite contribution. Comme de plus, quand je lis vos âges, je me sens maintenant parmi les anciens sur le site, il est temps que je m'y mette. Ainsi donc, j'habitais Boulevard Guillemin, au 19 (il n'y avait pas de 17 !). Et à l'époque ce boulevard constituait disait-on la limite du quartier de Bab el Oued; on se sentait plutôt de Nelson. D'ailleurs je suis allé à l'école primaire rue Lazerges. A Bugeaud, plus tard. Mais lorsque le 23 mars, dont tout le monde se souvient ici, sur ce site, il a fallu partir dans les conditions que vous savez, à Béni Messous, j'habitais bien Bab el Oued.

Ce qui m'a fait entreprendre ces quelques lignes, c'est le mot de l'une d'entre nous qui parlait du café Chez Alex, où nous allions manger, comme toi, Jacqueline, les mêmes plats aux noms savoureux et évocateurs. Je regrette bien de ne l'avoir pas retrouvé, Alex, quand il tenait un restaurant à Nice; je ne le savais pas.

Et de là, je me suis revu dans cette avenue de la Bouzaréah, où nous arrivions par la rue Barrat, tournions à gauche à hauteur du magasin de Mlle Legendre (que vendait-elle ? je ne me souviens plus, de l'électro-ménager je crois). Quelques mètres plus loin, presque juste en face de chez Jules, le chemisier (que j'ai retrouvé à Paris), nous coupions la voie du tram et entrions au garage (ça descendait), tenu par un monsieur Spielman. Il y avait dans ce garage une odeur particulière, d'essence de l'époque je pense. En sortant du garage, à gauche de la porte il y avait un El Baz qui était marchand de jouet. Moi qui adore les miniatures d'autos, je me régalais. A côté de Jules, un pâtissier je crois faisait la pige au marchand de beignets, sur le même trottoir, et vendait des olgas (qui s'en souvient ?) Restant sur le même trottoir en nous dirigeant vers l'avenue de la Marne (où je suis né) nous allions avec mon père acheter les journaux chez Berger (en face ou presque il y avait la pharmacie de monsieur Amouyel, dont le fils Pierre était un copain de Lycée et a fait une carrière brillante. Puis nous passions devant la miroiterie Borras et Sampol (grâce à André Borras j'ai retrouvé mon copain de Lycée José Sampol, qui est devenu un ponte des milieux médicaux marseillais). Un peu plus loin, nous passions devant l'opticien ami de mon père Vincent Daure, puis devant la pharmacie Lafargue (Paul était un ami de mon père). Nous traversions souvent là, juste avant l'arrêt du tram, passions devant Le Faisan d'Or, le café, laissant à notre gauche le marchand de journaux et de tabac Lobéra. Escaliers montant vers la rue Montaigne. Guercy, le marchand de cycles dont le fils était un champion. A côté de Guercy, l'ébaniste Monsieur Sendra, encore un ami de mon père, dont j'ai retrouvé un des fils, Jean-Pierre. Pourquoi est-ce que j'associe Spigol à ce niveau ? il devait y avoir un magasin, ou une publicité, ou alors la famille Espig habitait là. Re-escaliers, arrivée à la placette, en haut de la rue Livingstone, où nous passions de longs moments à parler et rire, quand nous ne jouions pas au foot avec n'importe quoi, les bouches d'égoût servant de buts. Sur la droite, l'épicerie tenue les derniers temps par monsieur Pouillès. Je passais devant le 15, où habitait Anne-Marie (que je n'ai hélas connue que récemment à Paris et grâce à l'Internet). Arrivé au 19, soit je rentrais sagement, soit je poussais jusqu'au 21, où habitaient grands-parents, oncle et tante, et donc mes cousins Planès, Jean-Pierre et Alain. Juste après, l'usine de tabac Job, puis la rue Reine et Guillaumet, où il y avait une école, juste au pied des escaliers de la rue Mizon; la directrice en était Mlle Valensi. Je ne veux pas envahir le livre d'or de Christian, donc je vais de ce pas au 19, et je rentre sagement à la maison, où dans mes pensées je retrouverai Jacqueline, et peut-être Elisabeth. Mais où suis-je ? ça y est je délire, ou plutôt je rêve. Ne m'en veuillez pas mes amis de jeunesse. Je reviendrai vous voir, ou du moins vous parler. J'ai passé grâce à Christian et avec vous tous un moment bizarre. Pas triste. Peut-être nostalgique tout de même. Mais plus il va plus je pense à cette première partie de notre vie, de ma vie, avec une certaine tendresse. Et ce soir, cette tendresse, j'avais envie de la partager avec vous. Du boulevard Guillemin, d'où je vois la mer, mais aussi le collège Guillemin, dont Grim et d'autres s'occupent en ce moment, je vous envoie de très sincères amitiés .

Jean-Louis

Annie SALORT

Alain Moreno

C'est moi qui t'ais mis en rapport avec Jacky Pastor, j'habitais la petite rue Eiffel, en face la cité des moulins. au 58 avenue de la bouzaréah.

Je sais pas si tu t'en souviens, on dévalait la petite côte de la rue Eiffel, en carriole ou en patins à roulettes, et elle était raide la descente, et on atterrissait en bas de la menuiserie. Que de genoux et coudes erraflés !

Quelle déception, lors de mon retour en 2006, de ne plus retrouver ma petite rue.

Plus de Café de Barcelone, tenu par la famille POZAS, plus de marchand d'espadrilles, plus de moutchou, où l'on achetait les chewing-gum "globo": vert perdant, rose gagnant,

plus de mercerie tenu par Monique Gelabert, plus de librairie de Madame CARDONA qui vendait "pépito", kit Carson, et Mickey. Plus de bijouterie, plus d'escaliers qui débouchaient rue Léon Roches. Tu te souviens de la maison fantôme ? disparue elle aussi. On l'appelait comme çà, parce qu' on rentrait par la rue eiffel où habitait la famille GOZALVES (4 frères dont le petit blond Jean-Louis, notre copain décédé en 2003) et on ressortait au 2ème étage qui était l'entrée rez de chaussée de la rue Léon Roches , l'immeuble qui surplombait la menuiserie .

et plus je montais l'avenue et je ne retrouvais plus le Café "La Butte" ni le Bain Maure.

Tout a été emporté avec les inondations. Quel dommage, ce tronçon de quartier de bab el oued avait un charme particulier, juste en bas de la basseta, en face la cité des moulins, la rue cardinal verdier qui montait place Lelièvre, le marché à deux enjambées,la rue Léon Roches à deux pas. Quelle Merveille ce quartier, où tout le monde se connaissait. et partageait les joies et les peines de chacun.

Comme je disais aux patos : Quand une accouchait, c'est tout le quartier qui avait les douleurs.

Moi aussi j'aimerai avoir des photos de notre quartier de ce temps là, si tu as des sources ou des tuyaux, je suis preneuse.

Qui se souvient, juste à côté du marchand d'espadrilles, il y avait un tout petit magasin de jouets qui était tenu par une famille Indoue. Des gens merveilleux de gentillesse et de douceur. Leur plus jeune fille s'appelait "Bagoue" c'était ma copine, elle jouait avec nous dans la petite rue eiffel, tu t'en souviens Alain ?

Je me demande qu'est ce qu'il est advenue de cette famille à l'indépendance, sont-ils rentrés en France ? ou repartis en Inde ? Ils étaient bien intégrés Pieds Noirs Si quelqu'un sait quelque chose à leur sujet, on ne sait jamais, le monde est si petit !

MERCI CHRISTIAN que ce site ne meure jamais, ce serait tout reperdre à nouveau !

Bises à Tous

Annie

Annie SALORT

A Antoine Billotta

LE PETIT DUC, qu'est ce que j'ai pu m'amuser dans tous les rayons, avec toutes les vendeuses, elles étaient toutes les copines de MA MERE qui tenait le magasin de photos

"CINE PHOTOS "un peu plus bas, juste après le Bar des Princes entre le Petit Duc Chaussures., tenu par la flamboyante rousse Solange Benzacken.

Je me souviens de certains noms des vendeuses, Il y avait la Belle Marianne qui avait été élue Miss Alger, qui tenait le rayon parfumerie, Il y avait Magguy et Gladys et Paulette Torres, au 1er étage qui étaient au rayon confection.Et d'autres encore dont j'ai oublié les noms.

Toutes ces demoiselles se retrouvaient, aprés le déjeuner, avant l'ouverture du Petit Duc, dans le magasin de MA MERE, et chacune racontait ses histoires d'amoureux.

Le Patron du Petit Duc s'appelait Albert STORA.

En face , il y avait un cercle privé, trés huppé, trés fermé, qui s'appelait "El Mansour", il faisait l'angle de la rue d'Isly et la Rue Henri Martin.

Lors de mon retour en 2006 avec les 7 nains, j'ai eu la joie, l'incommensurable bonheur de retourner à "CINE PHOTOS" qui est devenu un magasin de tissus. mais les rires, les voix, Solange, Marianne, Magguy, Gladys, Paulette et MA MERE étaient là,... jeunes, belles, radieuses, riant aux éclats de leur belles lèvres maquillées rouge "baiser".

Quelle émotion, que de larmes de bonheur, de faire ce flashback sur notre vie d'avant.

Peut-être que TA MAMAN venait raconter son histoire de flirt à "CINE PHOTOS" à RAYMONDE, MA MAMAN... et peut-être que là-haut elles en rient encore !

MERCI CHRISTIAN, que grace à ton site,pouvoir partager et revivre les annés de notre merveilleuse enfance la-bas ...

Je vous embrasse tous autant que je vous aime mes frères et soeurs de coeur.

Annie Salort

Jacqueline RIQUELME

Le restaurant qu´il y avait juste en face du cinéma Marignan, en montant les escaliers, s´appelait " Le Bar du Faubourg", mais il était plus connu, par "Chez Alex", car Alexandre Guedj et sa femme Léo (une belle blonde) en étaient les propriétaires. Leur kemia était sans compétence: escargots, mergez "cervelles Basses", brochettes et un succulent couscous faisaient le régal de leurs nombreux clients, car le samedi soir tout Bab-el-Oued était là pour déguster les spécialités que préparait Léo. Alexandre avait une façon très originale de baptiser tous ces les plats!!! Il y avait aussi " Zoiseau" un marchand de crevettes, oursins, moules et huitres, juste à côté. C´était de charmantes personnes. PLus tard, Les Guedj tenaient un restaurant à Nice,qui eut le même succès que celui de Bab.el.Oued, car Ils avaient fait découvrir notre fameuse "Kemia" ainsi que notre délicieuse cuisine Pieds-noirs aux Niçois.

Michel SUCH

De Daoud, sa jambe de bois, sa bicyclette et le pot de conserve fixé très astucieusement à l'une de ses pédales pour y coincer l'extrémité de son moignon de bois, bien entendu je m'en souviens. De ses enfants, frères, cousins qui logeaient dans l'arrière boutique, oui je m'en souviens. Des litres de "grésil" déversés dans les petits cabinets sous les fenêtres de la cuisine de Yolande et Marie-Paule, je m'en souviens aussi. La petite affiche que l'on pouvait lire en entrant dans l'épicerie de Daoud "A crédit pas un radis, au content toujours content " nous prouvait que Daoud avait de l'humour.Qui s'en souvient? Des larmes de mon cousin, à moitié maltais et mozabite, qui pleure parce qu'il vient de se faire traité de "sale moutchou", je m'en souviens encore. Nier l'identité de sa femme de ménage ou de son épicier c'est entrer dans le racisme ordinaire... Même mon chat, qui est une chatte, porte le jolie nom de Gala.

Michel

PS. Il suffisait de dire "pas bonne échappe" pour trouver l'apaisement.... Certains l'on dit.

Alfred LANGLOIS (Freddy)

Je me souviens de la GOUTTE DE LAIT, nous avons eu l'avantage d'y aller quelquefois, mon frère et moi, accompagnés de ma mère. Autant que je me souvienne les soeurs nous donnaient du lait à boire sur place et également pour emporter.

Ce devait etre dans les années 43 ou 44.

En restant sur ce coin de BEO, qui se souvient du fabricant de cages d'oiseaux (un tout petit artisan).

Son atelier se trouvait dans le passage à moitié goudronné et l'autre encaillassée, qui partait devant l'immeuble du 68 avenue de la Bouzaréa pour "descendre" sur la rue Léon Roches (passage uniquement praticable à pied). l me semble que ce monsieur était espagnol et tout le monde le surnommait : "EL TIO D'ELS PARDALETS".

Revenons face à la goutte de lait où nous trouvions, entre- autre : la boulangerie CLAPEZ, d'ou "sortaient" tous les jours d'énormes plaques de calentita posées sur un genre de poussette qu'un employé, ou un parent, de la boutique "promenait" dans tous le quartier.

A l'aide d'un couteau de peintre lui servant de moyen d'appel (en frappant sur les toles), et, également lui servant à découper les parts du succulent et brulant "gateau de farine de pois chiches". Dans le meme secteur se trouvait, également un "moutchou" dont la grande spécialité était " la construction" de magnifiques tours soit de tablettes de chocolat ou de boites de lait, enfin de tous produits "empilables". Enfin je citerai l'atelier/boutique du grand père CASAGRANDE, grand "SPARDEGNERO" parmi les grands.

Il vous fabriquait, en quelques heures de confortables et très solides espadrilles "sur mesure".

Mon frère et moi avions droit à une paire chacun tous les débuts d'été, espadrilles payées, exceptionnellement, par notre grand-mère maternelle, sans doute en souvenir de son pays d'origine ! S i je ne me trompe pas Mr Casagrande était le grand père de la famille, du meme nom, qui habitait à la rue Taine.

Toujours dans le coin et en descendant vers le marché, nous ne pouvons oublier le CAFE DE BARCELONE, haut lieu de l'apéro, de la kémia, de la ronda eu du six mora. Voilà j'ai fait le tour de ce petit bout de BEO, tout étant parti de la GOUTTE DE LAIT pour aboutir AU VERRE DE CRISTAL !

FREDDY

Pierre-Emile BISBAL

Rentrer à la nuit

Avec mes parents, ils nous arrivent de rentrer un peu tard de chez mes grands-parents paternels. Ils habitent au 5 rue Jean-Jaures à coté de la placette Lelièvre et il nous faut aller au 51 avenue de la Bouzaréah. Le plus terrible c’est de traverser la rue du marché toute vide et toute sombre. Le dernier brin de lumière c’est souvent le magasin de Khader. Deux ou trois personnes préparent les volailles qui seront vendues demain. Ils sont assis sur de hauts tabourets avec des grands tabliers. Ils plument les poules et les poulets et du duvet vole tout autour d’eux. Parfois on fait une halte pour passer une commande. Khader note ce qu’il nous faut dans un petit carnet qu’il range dans la poche de poitrine de sa salopette bleue. Je repars toujours avec une ou deux grandes plumes soyeuses.

Apres c’est la nuit, ou presque. Je tiens bien fermement la main de mon père et celle de ma mère. Quand il fait encore jour, il faut me rappeler à l’ordre car je cours devant essayant de trouver quelque chose afin de shooter dedans. Parfois, quand j’ai de la chance, le bâtiment de la pêcherie est ouvert. Je le traverse en courant pour le seul plaisir d’entendre raisonner mes pas sous la voûte. Mais le soir, très tard, je m’abstiens de divaguer. Je suis bien encadré par mes parents. C’est comme un rempart. Je surveille quand même les alentours. Les pistoleros mexicains, les tuniques rouges, les outlaws, tous ces bandits qui compliquent à plaisir la vie de mes héros de bandes dessinées. A l’époque on ne disait pas bandes dessinées mais « un petit livre ». Ces petits formats, en noir et blanc, imprimés sur un mauvais papier devenaient les passagers clandestins de nos cartables car nous nous les échangions dans la cour de récréation ou sur la placette après l’heure de la sortie. Pendant les vacances, quand il pleuvait ou quand la chaleur nous détournait du foot ou des interminables parties de « délivrance », on s’installait sous le kiosque, chacun apportait deux ou trois de ces modestes ouvrages et on se délectait des aventures de nos héros: Blek le Roc – Trappeur luttant contre les anglais avec l’aide du professeur Occultis et de Roddy ou Miki le Ranger du Texas avec ses compagnons : -Double-Rhum et le docteur Saignée.

Les bandits peuvent, à tout instant, déboucher de la pêcherie ou surgir de derrière les étals démontés et plaqués contre les murs. Dans l’ombre, ces armatures de bois ressemblent à de sinistres potences. Tout est bien trop calme. C’est un marché fantôme. Autour de nous le silence est percé par le bruit des talons de maman sur les pavés. Mes parents ne sont pas conscients du danger. Ils discutent comme si de rien n’était. La petite construction où l’on vend les beignets italiens est déjà visible dans la clarté des Trois Horloges. C’est comme un fortin dans la grande plaine du Far West. Nous y sommes. Une fois de plus les Apaches renégats, les pilleurs de banques et autres déserteurs de la cavalerie se sont tenus tranquilles. Ils n’ont pas osé affronter mon père qui est grand. Ils ont du se douter que, malgré sa taille légèrement plus petite, ma mère avait son caractère et que le combat serait rude. Ma fidèle escorte a dissuadé toute velléité d’une lâche embuscade. Nous sommes aux trois horloges. Je peux galoper devant. Je dépasse le poste de secours (la pharmacie) et le saloon où les cow-boys, après une dure journée à rassembler les troupeaux, boivent leurs anisettes du soir. Je fais quand même une halte devant l’entrée de notre immeuble. Courageux, mais pas téméraire, j’attends que mes parents me rejoignent. Notre petite entrée s’est métamorphosée en un énorme gouffre noir et je ne serai pas étonné que quelques desperados soient tapis dans l’ombre à mijoter un mauvais coup. Mes parents me précèdent, trouvent l’interrupteur. La minuterie se déclenche, la lumière jaillit mais ça ne va pas durer éternellement. Je m’élance dans la cage d’escalier au triple galop en frappant ma hanche pour stimuler mon cheval imaginaire. Pour bien souligner le suspens qui s’installe je chantonne un air de circonstance. Je débouche sur le pallier du quatrième étage. « Ho ! » dis-je en tirant les rennes de mon pur-sang. Je frappe. Ma grand-mère ouvre. Je lui demande de laisser les portes du fort ouvertes pour mon escorte. Plus exactement je lui dis que papa et maman sont dans les escaliers. Encore une mission réussie ! C’est bon de se faire un peu peur.

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