Eh voilà! L'avalanche des souvenirs grossit, grossit tellement que des torrents d'émotions viennent nous submerger, nouer nos gorges et embuer nos yeux (non, j'ai pas dit « nous faire pleurer »: on est "schquartiones" ou pas?)....

Maintenant, si tu sais pas qu'en allant sur le site, tu vas direct sur l'quartier sans prendre l'avion ou le bateau, c'est que t'ché barjo ou qu't'ché pas d'chez nous. Alors, te gêne pas, et viens partager ces merveilles avec les ancien-ne-s du site et les nouvelles qui se font de plus en plus nombreuses.

Merci à toi, Annie pour cette balade au PETIT DUC que j'ai connu aussi et dont j'ai vu la démolition. Merci à toi, Jean-Louis pour nous avoir promenés dans ces rues qu'on connaissait comme notre poche et d'avoir cité le nom de Melle Valensi qui (et là, je me rengorge!) a été ma "première maîtresse" en 1946 à l'école Sigwalt, mais rue Charles Lebars où se trouvait également une autre classe: celle de M.Gantchoula

Depuis le 1er jour où elle est arrivée tout vêtue de rouge, elle a profondément marqué ma vie puisqu'elle m'a toujours suivi et dirigé à distance à telle enseigne que, quand elle nous a quittés pour la rue Mizon, tous les parents et les enfants en avaient été consternés. Mais bon, elle habitait avenue de la Marne et je me consolais tant bien que mal puisque je la rencontrais tous les matins en allant au lycée, rougissant chaque fois qu'elle me faisait la bise et s'informant de mon travail.

Et puis un jour, le ciel qui me tombe sur la tête: on reçoit à la maison son faire-part de mariage ! ! ! P....! quel choc ! Moi, Son Chouchou, Son Chéri, me faire ça à moi! J'en ai été malade et priais tous les saints que ce mariage ne se fît point....Et la veille de son mariage, vous ne le croirez pas, un pneumatique (lettre urgente par porteur) arriva, nous annonçant qu'il était rompu....

Vous dire que j'en étais heureux est faible...Je la retrouvais chaque jour, et puis aussi lors de mon certificat d'études au CC Lelièvre, en candidat libre avec ses grands yeux écarquillés pour me demander ce que je pouvais bien faire ici......Puis ce fut la Fac, la vie active, l’éloignement et en juin 1961, la convocation au Lycée Delacroix pour corriger les épreuves d’anglais du BEPC dans une salle réservée à cet effet. Parfois, on se levait pour se dégourdir les jambes, discuter un brin avec les autres collègues. Vers midi, je me dirigeais vers la sortie quand, d’une autre salle , à ma grande surprise, apparut une dame bien habillée et élégamment coiffée :…Melle Valensi ! ! ! Elle m’a pris dans ses bras, m’a embrassé et après quelques balbutiements de ma part, m’a entraîné dans la salle de correction des épreuves de français où se trouvaient encore tous les correcteurs en s’exclamant à haute voix :« Je vous présente Antoine. Je l’ai eu comme élève au CP et maintenant il est professeur ! C’est extraordinaire, non ? » Et de continuer à m’encenser et tenir des propos dithyrambiques à mon égard. J’étais rouge de confusion, mal à l’aise, sans voix….: Je redevenais le petit garçon de l’école Sigwalt, comme au 1er jour de sa rentrée où mon cœur s’était mis à battre à tout rompre….

Depuis ce jour, je ne l’ai plus revue, sans jamais l’avoir oubliée…

Merci, Melle Valensi de m’avoir appris à lire et à écrire et donc permis de raconter et partager cette belle histoire avec toutes celles et ceux que j’aime.