Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

André TRIVES

BAB EL OUED ENTRE TRADITION ET MODERNITE

Printemps 1956- Après un automne pluvieux et un hivers ridicule, le retour du printemps redonne au quartier ses habitudes coutumières et la rue redevient le grand théâtre des plaisirs et des émotions. Le soleil est de nouveau présent à la nuit tombée par l'empreinte laissée sur la peau encore rougie. C'est dans une ambiance amicale et bon enfant au retour du travail que les attroupements de copains et copines se forment devant les bars et les entrées d'immeuble pour parler de tout et de rien. Ici, la tchatche est importante, c'est la thérapie de groupe la plus répandue. Alors on discute et on confie à ses amis les problèmes de la vie, juste "en bas la rue".

L'avenue de la Bouzaréah retrouve son "supermarché annuel de la drague" où dragueurs et draguées se rencontrent ou se croisent furtivement pour tenter de trouver "chaussure à son pied". Un terrain de chasse à la"petite caille" s'établit sur le parcours entre les 3 Horloges et le square Guillemin; filles et garçons rêvent de la rencontre providentielle qui changerait le destin de leur vie. C'est probablement le seul endroit de la ville où l'épidémie de torticolis affecte gravement les garçons "armés" d'un peigne qui accompagnent du regard le passage d'un "canusse".

Depuis quelques temps la jeunesse du quartier en quête de mythes et de légendes est en train de vivre un changement extraordinaire et terriblement excitant: on ne veut plus ressembler à cette vie toute tracée, on veut vivre différemment.Désormais, la rue nous contraint à des modes et des comportements importés d'ailleurs, et pour la jeunesse de Bab el Oued c'est une liberté de s'y soumettre. Nous vivons l'époque des toutes premières fois en tous genres. C'est la première fois que:

on s'habille avec des "sweats" et "tee shirts" portant des inscriptions de collèges américains, les filles montrent leur nombril en portant le bikini et dévoilent impudiquement le genoux avec la scandaleuse mini-jupe, on danse "comme des barjots" tout seul, sans enlacer sa partenaire le twist, le madison ou le houla hop, les chanteurs ont l'âge de leur public, le rock and roll est n°1 à la salle des fêtes de St Eugène et au bal de la Redoute, la laque détrône la gomina, la 4 cv démocratise les déplacements et les embouteillages bloquent la circulation au boulevard de Provence, le cinéma Trianon devient un monoprix, le Bijou, roi du cinéma western, prend le nom fétiche de Lynx,

la fontaine qui avait fait le bonheur de générations d'enfants à l'angle de l'avenue des consulats et des Messageries est rasée pour faciliter le passage des trolleybus vers Notre Dame d'Afrique, le poste "transistor" véhicule la musique en toute liberté, le disque 45 tours efface à jamais le 78 tours, la musique américaine envahie nos chambres d'adolescent avec le "teppaz", les surprises-parties révolutionnent nos dimanches après-midi où danser un slow des Platters, de Fats Domino ou de Paul Anka avec une fille qui a bien voulu accepter votre invitation est un moment divin, les garçons se coiffent à la Elvis tandis que les filles portent deux couettes enrubannées à la Brigitte Bardot, les robes sont fabriquées à la maison avec du tissus vichy bleu ou rouge comme dans le film"Et Dieu créa la femme", les rêves des garçons d'avoir une voiture américaine ou une "MG" restent des rêves et leurs inspirations sont suscitées par James Dean ou Jacques Charrié dans " Les tricheurs", la Vespa ou la Push procure à quelques privilégiés les clés de la puissance surtout auprès des filles, les salles de jeux à destination des jeunes proposent en plus du billard traditionnel, le bay-foot et le billard électrique appelé "flipper" qui nous apprend qu'à trop en vouloir, la vie peut faire "tilt" ( au bar de chez Raymond, on attendait avec impatience le réparateur de flipper Pierre Claude FASANO qui en partant nous offrait des parties gratuites).

Cette nouvelle vague vit dans l'insouciane une révolution culturelle comme jamais vécue. On la qualifiera de"blouson noir", de "rocker", de "teen ager", de "yéyé", mais personne ne le sait encore. Tous partagent ces nouveaux rites et ces transformations, et rien ne pourrait les en détourner. Nos parents ne comprennent pas cette envie de changement que la rue nous impose. Nous sommes témoins et acteurs d'une vie nouvelle qui nous grise par sa vitesse, qui nous éblouit par ses plaisirs, qui nous étonne par sa modernité et qui nous démontre que rien ne sera plus comme avant. Une chose est sûre: on fait avec les moyens que l'on a.

La télévision ne nous manque pas puisqu'elle n'existe pas sauf en démonstration dans la vitrine de Discophone où s'agglutinent les badauds. Le Marignan, le Majestic, le Plazza, le Suffren, le Monciné,le Lynx, le Rialto et autres cinémas Laperle ou les Variétés, ravissent les nombreux cinéphiles du quartier avec des films en noir et blanc. La couleur sur écran ou photo n'existe pas certes, mais elle est dans les têtes, dans les coeurs, dans le décor et les magnifiques paysages où Bab el Oued s'unit avec les bleus de la mer entre le Cassour et l'Eden: du bleu cajoleur de l'été au bleu agressif des tempêtes, du bleu éclatant de lumière au bleu mystérieux des nuits profondes, du bleu de l'allégresse au bleu de la mélancolie d'hiver. Sans oublier le bleu lumineux du ciel immaculé qui met dans un écrin de beauté Notre Dame d'Afrique la gardienne de tous les habitants du quartier.

Seuls les plaisirs simples qui se vivent en famille et réunissent les voisins perdurent comme ces soirées où l'on "prend" le frais sur le balcon en tenue légère jusqu'à tard dans la nuit à la recherche d'une brise rafraîchissante venant de la mer. La braise incandescente des cigarettes dans l'obscurité témoigne de cette vie tardive que l'on partage avec la famille, les amis et la nature. Dans la rue quelques-uns reviennent de chez "La Princesse" ou de chez "Grosoli" le pas nonchalant, d'autres rentrent du cinéma, se remémorant à haute voix les scènes du film qu'ils viennent d'admirer. Minuit ne va pas tarder, on bâille et on sétire une dernière fois, le silence enveloppe soudainement le quartier, les douze coups de l'horloge de l'école de la Place Lelièvre marquent la limite de la journée, demain sera un autre jour, Bab el Oued avec des rêves plein la tête s'endort en toute sérénité.

Je dédie cette vision de mon enfance à Mohamed NEMMAS, dit MOMO qui tout comme moi a vécu cette belle page de l'histoire de Bab el Oued.

Annie SALORT

Le cadeau de mon petit-fils David de 8 ans à sa mère, ma fille.

Où que tu sois Maman je te le dédie.

J'ai cherché dans les poèmes,

Comment te dire je t'aime.

J'ai trouvé des mots savants

Bien trop longs pour mes 60 ans.

J'ai cherché ailleurs

Et j'ai trouvé dans mon coeur

Les mots que tu m'as appris

Quand j'étais encore petite

Maman je t'aime Grand comme çà

Je te le dis avec mes bras.

MAMAN TU ME MANQUES !

Sydney BOISIS

Te souviens-tu ?

Quand arrivait Noël et ses belles lumières,

sa magie, les enfants impatients, les sapins.

Te souviens-tu ? Cette nuit-là dans nos chaumières,

nous attendions nos cadeaux jusqu’au froid matin.

Les sabots en chocolat pour la gourmandise,

au pied de l’arbre embelli pour les chanceux,

nous avions hâte de goûter aux friandises,

près du père Noël imaginaire, nous étions heureux.

Fiers on montrait notre belle trottinette,

ou notre fusil pour jouer à Zorro et courir,

tout le quartier devenait bruyant, c’était la fête,

le pauvre et l’orphelin retrouvaient le sourire.

Te souviens-tu nous vivions un conte de fée ?

On était chic, belle chemise, beau pantalon,

le dimanche nous allions au cinéma ou au café,

reluquant les filles on se prenait pour des apollons.

Près de la belle bleue, nos rêves n’étaient pas vains,

envolées les erreurs de jeunesse qu’on pardonne,

très tôt nos mains offrirent un précieux gain

à nos mères, sous le regard de la madone.

André TRIVES

UNE FAMILLE PAS COMME LES AUTRES.

Si je vous disais que la famille à laquelle j'appartiens se compose de 100.000 frères et soeurs,vous auriez du mal à me croire. Si j'ajoutais que ces hommes et ces femmes se reconnaissent une même origine, tous issus d'une même matrice ayant forgé un lien indissociable, vous continueriez de douter. Mais si je précisais que le creuset qui a créé ce peuple atypique se trouve à l'ouest d'Alger et se nomme le quartier de Bab el Oued; vous vous reconnaîtriez alors comme membre de notre diaspora.

Notre peuple est né avant 1962, il a bénéficié de l'apport de la diversité: maltais, italiens, algériens, français, espagnols, juifs, musulmans, chrétiens et athés; et n'allez pas dire à ces braves gens qu'ils sont différents, ils sont justement l'addition de ces différences avec un même coeur et un même sang. Ainsi, Bab el Oued le berceau de notre enfance nous réunit quotidiennement sur le site de notre ami Chistian TIMONER (sexagénaire de dernière minute que nous félicitons de tout coeur) qui a su instiguer un principe simple:" parlons de ce qui nous rassemble et pas de ce qui nous divise". C'est de toute évidence la meilleure façon de respecter autrui. Alors Bab el Oued déchaîne les foudres des souvenirs de la camaraderie façonnés sur les bancs d'école, sur les placettes du quartier, dans les halles d'immeuble ou sur les terrasses mises à disposition le jour de buanderie. On vérifie tous les jours ce lien qui nous uni et qui confirme notre appartenance à une même fratrie. Avant on se comptait, désormais à nos âges on se décompte,et lorsque l'un d'entre nous est plongé dans la peine par un deuil, des messages de sympathie affluent de l'Europe entière, des USA, du Canada, d'Afrique du Nord, d'Israel, de la Réunion,...tout simplement pour témoigner à la famille parfois inconnue notre totale solidarité.

Notre peuple est inéluctablement en voie de disparition; aussi, reculons le plus longtemps possible l'échéance de notre dernier des Mohicans, préservons le ciment magnifique qui relie le peuple de Bab el Oued d'avant 1962 et lui donne la plus belle des parures du genre humain: la fraternité.

Michel SUCH

pour le maire de BEO.

Guy, si tu vas te taper un plongeon à les dindes, plage qui a été notre Eden, regarde sur les rochers, en descendant; voilà quatre décennies et demi, jy ai perdu une petite bague en or, en forme de coeur, que Nana, mon arrière grand-mère maltaise, m'avait offert. Qui sait? Avec un peu de chance... Je compte sur toi... et la bande des Messagerie... Et puis, c'est l'époque des oublades qui se pêchent au pain sur l'eau. Va à la Carra Moussa pour le roseau, à Padovani pour un crin de cheval, pour le bouchon noirci, je vous fais confiance, à toi et tes acolytes, parce que je sais que vous n'allez pas que boire de la Hamoud Boualem, du Crusch et du Sélecto... Pour le pain, derrière son pétrin, mon père cachait toujours un sac de pains rassis pour faire son 'boudinngue'... Si la boulangerie est fermée, achète une fougasse chez n'importe quel boulanger, le pain est bon à Alger et se sont les espagnols (têtes de...)qui leur zon appris... Alors... Et n'oublies pas, trois bouchons... Tant que le troisième n'est pas sous l'eau, tu laisses partir... Au fait, c'est quand qu'tu reviens???

Michel

Sydney BOISIS

Les copains d’avant.

De ces mots de là-bas mon cœur en réclame,

et quand mon regard se pose sur la page,

je me dis : « Suis-je à Alger ou à Paname ? ».

alors je surfe, je vole, je nage.

Ces mots sont des feux d’artifice,

un des mes favoris c’est « La Consolation »,

de simples baraquements, pas d’édifices,

la pauvreté en prime mais l’esprit de communion.

Les trois horloges semblent présentes à mes yeux,

témoin silencieux elles gardent leurs secrets,

peut-être qu’avant leur dernière prière aux cieux,

Ahmed et Pierrot rejoueront sur le sol sacré.

Aux noyaux, aux billes et aux toupies,

pour un temps retrouvé, l’air bête,

j’épancherai mes chagrins vieillis,

la tête haute, le cœur fier, j’irai à la fête.

Viviane LUCHESI

Le present message est pour MR Chistian TIMONER =

une fois encore = comme bien d autres avant moi =

je viens faire = chapeau bas = pour le travail superbe

qu il fait = travail = qui nous empeche de demeurer

orphelin de notre memoire d un pays = qu au fond =

nous regrettons tous = nous permettant ainsi = apres tant

d annees = de parler de ceux de nos familles qui ont vecu

sur le sol d ALGERIE et qvec quel bonheur = certains y dormant

pour l eternite = et bien d autres qui ont = comme nous tous =

rejoints LA FRANCE pour y creer leur vie = et par voie

de consequences = atteindre les limites de leur existence =

Alors = encore = merci a vous = sans lequel ces 2 copains

d enfance perdus de vue = depuis pres de 50 ans = CF Mon message

du 04/05/08 et la reponse de MR S BOISIS du 05/05/08 =

ne se seraient jamais retrouves = meme si ce ne sera que

par la pensee = l un n etant plus sur cette terre =

eliminant les annees et es distances =

Combien de communautes peuvent se vanter de faire

de tels exploits = bien peu a mon humble avis = en se fondant

en plus = sur des valeurs d humanite et ce = en plus = toutes

religions confondues = Il en faut de l amour pour conduire une telle caravane faites le SVP encore longtemps PHOTO EXP BOUTIQUE GD MERE

Pierre-Emile BISBAL

Les guetteurs du crépuscule.

Par un roulement gras suivi d’un claquement sec, les rideaux de fer obturant les devantures des magasins annoncent l’heure de fermeture. Le soir installe la fraîcheur de la mer. Délivrée de la pesante chaleur de la journée, l’avenue de la Bouzaréah redevient accueillante et retrouve ses fidèles. La rue revit peu à peu. Son bruissement s’étoffe. C’est samedi soir, le moment de l’office avec ses rituels immuables.

Le samedi soir offre un spectacle à chaque fois différent. Je scrute ma rue avec une application de vigie. Le front calé contre la rambarde du balcon je suis au théâtre. Je domine cette circulation qui, malgré son apparence brouillonne, obéit à des codes précis. Les groupes se forment et décident de ce que sera la soirée. Une bande, joyeuse d’un rien, traine derrière elle une spirale de rire qui ricoche sur la façade des immeubles. Avec un peu de chance une algarade ou un différent bruyant viendra pimenter la soirée. Ce sera le clou du spectacle, son apothéose. Chaque samedi j’espère et de toutes les façons si ce n’est pas aujourd’hui ce sera une autre fois.

La clientèle des bistrots, à la recherche du moindre souffle d’air, déborde sur la chaussée. Cela forme un barrage que contourne le flot de ceux qui rentrent chez eux. Pour boire il faut atteindre le bar, mais pour discuter le trottoir offre un espace plus tempéré. Et puis dehors on dispose de la place nécessaire pour appuyer son discours de la gestuelle engendrée par notre vie en ce pays. La voix n’est plus seule à traduire la pensée. Les mains dessinent de rapides et souples arabesques et tout le corps s’applique à suivre le mouvement pour décrire, expliquer, convaincre ou répliquer. La conversation prend une autre allure, elle est mise en scène. Comme dans la commedia dell'arte, l’argument le plus simple se charge en intensité pour mieux captiver l’auditoire. Ces pantomimes complètent la compréhension du discours.

Dans ce quartier les exodes de l’Europe, engendrées par la misère ou les conflits, arrivèrent en vagues successives pour rencontrer le Maghreb. Face à la multiplicité des langues natales, des patois, des dialectes les mains se chargèrent d’une mission: Permettre à chacun de mieux se faire comprendre de tous.

Je ne suis pas le seul à contempler la rue de mon balcon. Nombreux sont ceux qui, comme moi, prisent le tableau de ce début de soirée. Sous le prétexte de « prendre le frais » chacun s’installe à son poste d’observation préféré. Tous ces guetteurs assidus et passionnés regardent exister le peuple de Bab-El-Oued. On n’observe pas uniquement la rue. Après des heures d’étuve, pour respirer à nouveau les appartements ouvrent largement leurs fenêtres. Ce sont autant d’ouvertures d’où s’évadent le son des radios ou la musique des pick-up, les odeurs de cuisine, les rires ou des éclats de voix. Ce curieux mélange ruisselle dans la rue et enveloppe le cortège des badauds. En retour, comme un échange, la bruyante agitation des promeneurs s’envole vers les étages. Quand on porte son regard sur les immeubles alentours, par les croisées ouvertes, on dérobe des petits instants de vie. Toutes ces images volées, mises bout à bout, construisent le film de notre plaisir. Ce n’est pas par voyeurisme malsain que nous contemplons toutes ces existences qui se frôlent, s’entrecroisent et fusionnent. C’est pour le contentement d’observer la vie, d’observer notre vie.

Dans quelques années, moi aussi je serai « en bas ». Je serai enfin un acteur. Je connais déjà mon rôle car j’ai vu mes ainés le jouer tant de fois. J’aurai cet air faussement courroucé quand le retardataire rejoindra notre groupe. Je sais déjà comment je taperai sur le cadran de ma montre pour souligner son retard. Je prendrai un ton ironique et une attitude faussement admirative pour détailler les vêtements neufs qu’un ami mettra pour sortir. J’aurai l’application qu’il faut pour lire le programme des cinémas dans la rubrique spectacle de « L’Echo d’Alger ». Tout est prévu. Je conduirai un scooter car j’emprunterai celui de mon oncle. Je posséderai mon propre trousseau de clés de la maison. Ma grand-mère me glissera un peu d’argent dans ma poche et mes parents feront ceux qui n’ont rien vu. A l’instant où je passerai la porte de notre immeuble, ma mère me criera du balcon «Pierre-Emile, fais attention et ne rentre pas tard ! ». Bien sur mes collègues me charrieront sur cette attention maternelle tout en taisant le fait qu’ils ont eu la même en partant de chez eux. Avant de rejoindre le ciné, on passera voir Ortéga qui s’est foulé la cheville en descendant du tram et qui ne peut pas nous accompagner. Il habite un rez-de-chaussée rue Suffren. Nous nous agglutinerons devant sa fenêtre pour railler sa cheville bandée. Après le film, nous irons dans une petite gargote. Les moins fortunés d’entre nous affirmeront qu’ils n’ont pas faim. Pour combattre ce fier mensonge, nous déciderons de faire bourse commune. Les portions seront plus petites mais nous nous rattraperons sur les rires. Gavés de joie on rentrera à la maison en prévoyant de se voir demain à la plage. Mais ce sera dans quelques années, vers 1968 ou 1969. J’aurai seize ou dix sept ans. Je ne crains rien, l’avenue ne disparaitra pas. Le soir sera toujours là accompagné de son indispensable fraicheur. Il me faut simplement être patient.

L’avenue n’a pas disparu, la fraicheur du soir demeure aussi agréable, mais nous savons, vous et moi, qu’il en fut autrement.

guy SOLTANA

Dans mon enfance, je faisais une toilette sommaire et journalière à l'eau froide dans l'évier de la cuisine. Le samedi, j'avais droit à un bain dans une grande bassine galvanisée. Ma soeur profitait de la même eau après moi. Un peu plus grand, lorsque ma grand-mère avait accès à la terrasse pour faire la lessive, j'en profitais, avec mes copains, essentiellement le samedi, pour faire la grande toilette dans des baquets. Ensuite, nous nous aspergions à l'aide d'un tuyau que nous branchions. C'était la grande rigolade. Entre seize et dix-huit ans nous nous rendions, le samedi, aux bains-douches (chez Madame Ortez) qui se situaient à l'angle des rues Vasco de Gama et Lewingston, à environ 100 mètres du cinéma "La Perle" et de l'usine Job. Nous prenions toujours la même cabine (pour deux, la première en rentrant à gauche) car nous avions appris (dois-je l'avouer ? et puis zut ! il y a prescription) que derrière la tuyauterie se trouvait un trou par lequel nous mations .... devinez qui ? ça dépendait de la chance... Nous en oubliions presque la raison pour laquelle nous étions venus. L'employé responsable de l'entretien nous rappelait à l'ordre lorsque le temps était écoulé. Cheveux lavés avec le shampooing "berlingot Dop" et gominés avec du Pento ou encore avec de la brillantine Roja, nous repartions de ces douches tout exités. Nous étions près pour la drague dans l'avenue de la Bouzareah.

Alfred LANGLOIS (Freddy)

A gigi2, Sauveur, Guy Soltana, Serge Christol, Jean François, Marc Caiazo, Chatain Alain, et à TOUS.

Concernant les jeux de notre quartier : 30 et 32 rue Léon Roches avec quelquefois "ceux" du 32 bis, 34 et meme 36, voici une liste, non exhausive, des jeux que nous pratiquions (surtout pendant les grandes vacances et meme toute l'année) :

- Fava vinga : deux équipes de 7 ou 8 joueurs (quelquefois plus), choix des équipiers par le systéme des pas. Une équipe, le dos courbé, le premier s'adossant sur un joueur calé contre le mur et servant de coussin), la deuxiéme équipe dont le premier participant devait crier "FAVA", la deuxieme, celle " courbée " devait répondre "VINGA", la suite consistait, pour la seconde "bande" à s'élancer sur le dos des autres le plus prés possible du "coussin". Quand tous avaient sauté l'équipe au sol comptait jusqu'à 20 en se tortillant au maximun pour les faire tomber.

Le coup d'après : échange des positions et cela recommençait.

- Canette VINGA : par 2 équipes de deux avec une raquette et un"cigare.

- La BOLéRA avec une balla de tennis entre les deux pignons du 30 et du 32 se faisant face.

- les TCHAPS de boites d'allumettes

- les Billes (plusieurs variantes).

- les NOYAUX : par tas ou à seven avec des tchic tchic.

- la TOUPIE (plusieurs variante aussi).

- la DELIVRANCE par équipe de 5 à 10 et meme plus

- les DERAILLES : tour de France, match de foot.

- le FOOT par deux entre les 2 immeubles avec une petite balle ou une boite de tabac "LA MOUCHE", ou alors par plusieurs , dans la rue, avec une balle en chiffon, une boite de conserve ou un "VRAI BALLON" (c'était RARE). Les parties en 20 la mi-temps et en 40 la fin.

- le "UN LEBRUN / DEUX LA QUEUE", une sorte de saute mouton "améliorée" et plus compliquée.

- les carrioles à roulement de fabrication "maison" avec des matériaux de récupération ou de chapardage.

- la "POURSUITE" ou JEU DE PISTE (surtout les soirs d'été) : une équipe partait devant en laissant des indices qu'une seconde devait découvrir en suivant "la trace", celait pouvait nous conduire jusqu'à Guillemin ou vers le " PONT EN FER".

- les COURSE A PIED, soit en sprint soit en faisant le tour vers l'avenue de la Bouzaréa et la rue Taine.

- les CANOUTES, partie creuse des plumeaux de roseau qui nous servait de sarbacane.

- la FAçONNAGE de la terre glaise (récoltée en b

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