Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

André TRIVES

LA SOLITUDE: ça n'existait pas...

Dernièrement, je lisais bien calé dans le fauteuil douillet du salon, un article de journal faisant état triomphalement de la "journée des voisins"; une journée de rencontre et de conviviabilité autour d'une collation réunissant les habitants de chaque immeuble de France dont le réel exploit est de s'ignorer 364 jours par an. Le mot "voisin" a fait jaillir en moi une tranche de vie enfouie dans la malle aux souvenirs estampillée "Bab el Oued". Comment pouvais-je avoir conservé à l'esprit des sentiments affectueux pour les mémés et les pépés qui vivaient dans l'immeuble de mon enfance alors que le monde impitoyable d'aujourd'hui nous suggère que le placement immobilier le plu approprié est celui qui consiste au placement de nos anciens en maison de retraite. Et que dire de cet anonymat collectif qui se perpétue dans les grands ensembles où, barricadés derrière une porte blindée, les braves citoyens adeptes du presse-bouton sombrent dans l'isolement et l'exclusion alors que la société se reproduit en mitoyenneté, à quelques mètres les uns des autres, empilés au-dessus et en dessous, se manifestant à leur voisinage par des bruits exaspérants: le son tardif d'une télé, les basses lancinantes d'une sono, le ripage d'un meuble sur le carrelage, les éclats de voix d'une querelle familiale, l'écoulement d'une chasse d'eau annonçant à tous les étages l'évènement libérateur qui vient de se dérouler.

Je me sens totalement différent en ressuscitant les images de mon enfance et en évoquant ces lieux de plaisir qui réunissaient chaque jour les parents, les copains, les voisins et voisines; on se retrouvait sur le palier, dans le hall d'entrée, à la terrasse, "en bas la rue", sur le trottoir d'en face, sur la placette aménagée en terrain de foot, derrière l'église, au marché chaque matin, avenue de la Bouzaréah en soirée, à la buvette des clubs sportifs et des stades, dans les nombreux cinémas du quartier, sans parler de la cour de récréation des écoles qui nous garantissaient une vie en commun pour plusieurs années. Ma conviction se confirme: à Bab el Oued la solitude n'existait pas.

Comme un théâtre, la rue était en représentation permanente avec des scènes très méditerranéennes qui donnaient au quartier sa véritable personnalité: les cris d'enfants haletants derrière la course d'une carriole montée sur des roulements à billes, des femmes assises sur les bancs de pierre de la place Lelièvre cramponnées nerveusement au souffle d'air d'un éventail en pleine conversation, une foule endimanchée accueillant avec des poignées de riz, la sortie des mariés sur le parvis de l'église St Joseph sous une volée de cloches assourdissantes, les danseurs du désert et leur rite de castagnettes métalliques appelant la pluie sous un soleil de plomb, les vociférations des passionnés disputant une partie de "mora" devant des spectateurs avertis et enthousiastes, les joueurs de bonneteau méfiants et malicieux prêts à détaler à la vue d'un képi, le vendeur de "kikilomètre" léchant son caramel pour mieux servir sa clientèle juvénile plantée à ses basques, le marchand d'zhabits et son troc de casseroles, ployant sous un énorme baluchon, des badauds disposés en cercle sur la place de l'Alma attentifs à la démonstration d'un camelot ventant la performance de la dernière invention du siécle: le moulin à café électrique, les cagayous de la Bassetta disputant ardemment une partie de boules sous le regard de Musette à l'ombre des ficus de la place Dutertre, les bourricots du square Bresson ramenés chaque soir par monsieur Chiche aux écuries de la rue du Dey, les "Routiniers de Bab el Oued" et leur mandoline répétant un concert rue Cardinal Verdier et soulevant l'admiration des passants dressés sur la pointe des pieds, les clairons et les tambours de la clique de l'Orphéon redoublant d'intensité sous la direction du Major à leur retour rue du Roussillon sous les applaudissements des familles sorties sur le balcon.

Des codes de bon voisinage s'étaient établis avec le temps, il était impensable de voir les fenêtres d'une voisine fermées après neuf heures du matin sans s'inquiéter de la raison; et compte tenu de la vie en commun que l'on partageait depuis des générations, il était normal de s'informer avec compassion du problème qui pouvait affecter l'un d'entre nous. Ainsi, on aidait une voisine seule et malade en lui faisant ses courses et en préparant son repas. Lorsque le film est presqu'achevé, comme à la sortie du Marignan lors de ces beaux moments d'enfance, les portes du cinéma s'entrouvrent quelques instants avant le mot "FIN" laissant entrer un air frais sans odeur qui me ramène à la réalité: c'était il y a bien longtemps, dois-je pour autant laisser la place à l'oubli? De nouveau j'ai toute la descente de l'avenue Durando pour commenter les images de la pellicule gravées à l'encre indélébile dans ma mémoire ancienne, parfois en couleur et souvent en noir et blanc. Une force pétille dans mes yeux et semble être déterminée: celle de raconter la vraie vie de nos parents à Bab el Oued où la solitude n'existait pas.

HSAMBUCHI

Nostalgie joyeuse!

A l'occasion d'une réunion de famille,pour un repas de fêtes...Les Mères et tantes...toutes affairées a nous préparer de succulents petits plats!....demandérent aux garçons les plus grands (12 ans),d,aller chercher,chez le boulanger,un immense plat de gratin de pommes de terre,qu'on lui avait confié pour la cuisson!.....C,était l'hiver ,il faisait nuit,il avait plus...Voila donc nos lascars ,habillés,l'un d'un imperméable tout neuf!...l'autre d'un pardessus,également étrenné pour les fêtes!...chantants!..sifflants!..faisant des mimiques aux passants!....le plat toujours porté par des mains agitées!!!..il faut dire que ce n'étaient pas des enfants trés calmes!!!..c'est le moins que l'on puisse dire!....aujourd'hui,on les taxerait..d'hyper actifs!.....les voila sur le trottoir,balançant le plat.....SOUDAIN!...au beau milieu de la chaussée,une boite ..la tentation était trop forte!..pensez-vous pour ces deux garnements!!!..quelle aubaine!!et vas-y...un coup de pieds par ci ,un autre par là!..a toi...a moi..et ceci jusqu'a la maison!....Toute la famille était autour de la table décorée de fleurs et de boules de NÖEL....tous en tenues de fêtes!...Ils rentrent dans la salle a manger...tout heureux de leur promenade ludique!...!!!!!C,EST ALORS QU'UN IMMENSE CRI RETENTI!!!!..TOUS SE LÉVENT DE TABLE...DES HURLEMENTS ,DES PLEURS ET LAMENTATIONS.........Ils avaient bien senti sur leur visage de l.eau...mais ils pensaient que c'était la pluie!!! ils se regardent...ecarlates des pieds a la tête!!!!!!puis ils partent d'un éclat de rire ..!et comprennent!..En réalité la boite contenait du MINIUM!...laissée par un peintre qui restaurait, les grilles d'une maison!...Inutile de vous dire que les vêtements furent definitivement perdus et bons a jeter!......Ils reçurent une bonne correction! et perdirent leur statut de commissionnaires....cela ne les vexa pas le moins du monde!....bien au contraire!..et les bétises continuérents...en cachette!........POINTE PESCADE 1942

HSAMBUCHI

Pensez-vous que l'on puisse oublier ceux qui ont traversé notre jeunesse?connus ou inconnus?..non, je ne crois pas!...nous les faisons tous vivre dans nos coeurs ou la pensée. Certains désirent revoir cette terre inoubliable!..d'autres hésitent a partir quelques jours....Tout ceci est possible...il suffit de fermer les yeux ...Sentez-vous les odeurs des citronniers ,des orangers..des jasmins..celle des eucalyptus de la fôret de Bainem ?!...le soleil sur la peau...!? le sublime parfum de la mer ..le bruit des vagues..!se brisant sur les rochers saillants!....les enfants s'appelant pour jouer?!....Entrer pousser .les portes de vos maisons ...rien n'est changé..tout est là!....les murs ,même eux ont une mémoire..rien ne peut effacer les images....vous seul en êtes détenteur!,personne pour prendre ces moments là...maintenant vous voila dans les rues ...les commerçants devant leur boutique ...les voitures qui klaxonnent ,pour un rien ..un conducteur incorrect...une belle fille qui passe!..tout pour la drague ..le rire ..la blague..le bonheur de vivre!!! Amis crois-tu que l'on saurait oublier les êtres qui ont fait...sans le savoir ..notre richesse de souvenirs!? ..Sans eux notre mémoire serai stérile! .....TOI..l'infirmière-chef de Barbier Hûgo..l'ange blond ,qui consolait les nombreux blesses! et nous les jeunes débutantes ,nous remontait le moral d'un mot encourageant !ET TOI.....jeune homme athlétique,que je croisais chaque jour suivi d'une ribambelle d'enfants!,me faisant un bonjour affectueux, de la main...ne m'adressant jamais la parole...et pour cause! je compris pourquoi,il y a peu de temps.... ON L'APPELAIT LE MUET!!!!!.ET TOI ....SHIRLEY la belle petite juive ! de la rue Larrey..aussi brune que son frère était blond! tu portais sur ta jolie tête!l'immense plaque de pizza a faire cuire chez le boulanger SANDRA...Es-tu partie pour ISRAëL,comme tu le désirais ?...ET TOI..L'homme qui habitait seul sur la terrasse du 60 Cardinal Verdier...lorsque les jeunes mères venaient a la buanderie pour la lessive...tu passais sans un regard ..juste un respectant la confiance que les maris lui accordaient,et dont il était conscient! ET VOUS...LES TROIS SOEURS ,toujours habillées de noir du deuil de vos parents..vous alliez chaque jour,vous recueillir sur leur tombes...Et toi..la belle jeune fille qui partie un dimanche..TOUTE PLEINE DE VIE ET DE JOIE , DANS TA ROBE DE VICHY...le sourire aux lèvres,heureuse d'aller danser au CASINO DE LA CORNICHE ..FAUCHÉE PAR UNE MAIN ASSASSINE!...ET TOI...le ténor en devenir!..l'amateur de bel canto...que nous entendions faire ses vocalises !....ET VOUS LES ENFANTS de toutes confessions,jouant avec les carrioles confectionnées de planches..courroies.. roulements a billes..que vous aviez récupéré de ci de là`...ET TOI...le petit gamin qui observait les souffleurs de verre ,pour la fabrication des ampoules du laboratoire,,,,tu passais la journée a les admirer ..parfois l'un deux ,te donnait un oiseau..un chat..un chien en verre délicat! pour ton sourire éclatant de plaisir et ton regard pétillant!...ET TOI ...le champion olympique d'escrime..YVES LAVOIEPIERRE..fauché par un stupide accident qui t'a réduit a l'immobilité constante!...ET TOI SYLVIE sa soeur si dévouée!....ET TOI...le beau coq du quartier!.enfourchant ta VESPA...DONT LE SEUL BRUIT DU MOTEUR SUFFISAIT A FAIRE BATTRE LE COEUR DES FILLES!..SAIS-TU QUE PARMI ELLES ,IL Y EN A UNE QUI EST DEVENUE UNE TRÈS BELLE FEMME !NOUS L'AVONS CROISÉ A PARIS ...QUEL CHANGEMENT!!JE CROIS QUE TU NE SERAIS PAS RESTER INDIFFÉRANT!....AMIES ET AMIS GARDEZ TOUJOURS LE BONHEUR DE NOS 20 ANS TOUT AU FOND DE VOS COEURS.....

Ajout de photo

- 1 photo dans Lycée Savorgnan de Brazza (Lazerges) de Josette ZAMMIT

HSAMBUCHI

nostalgie..la terrasse du 60 cardinal verdier

A nouveau ,la cohorte des souvenirs,vient me tirer par la manche. Me voila sur la terrasse du 60 cardinal Verdier ...J'aime y monter pour contempler le quartier...être un peu voyeuse de la vie qui s'étale en bas .Mais aujourd'hui c'est la terrasse qui est l'objet de ma mémoire. Sortant de la cage d'escaliers,qui baigne dans la demie pénombre,et la fraîcheur!..a peine passer la porte...éblouissement total!,une orgie de soleil,m'accueille! me suffoque!je retire mes chaussures..mes pieds arrivent difficilement a supporter la brûlure du sol, mais j'aime ce contact!..la terrasse est resplendissante de clarté ! les locataires du 5 ième sont là , depuis tôt le matin ..jour de lessive ..Le linge déjà étendu aux rayons du soleil ,claque sous la légère brise chaude..sa blancheur brûle les yeux!Au sol sur un carré de tissus tout aussi éclatant,de magnifiques tomates coupées en deux,sèchent en absorbant les dards du soleil!il s'en dégage une odeur âcre , ce tableau que forment ces gouttes écarlates ,ressemble a un champs de coquelicots!Deux jeunes femmes,face a face,plient les draps qui ont séché rapidement...prés d'elles deux beaux enfants regardant leurs mères toutes ruisselantes de sueur,par l'effort du lavage, commencent a pleurnicher,ne supportant plus la chaleur,malgré le parasol qui tente de les préserver.Du coin de l'oeil elles les observent ,d'un tendre mot,les consolent,il faut finir l'ouvrage commencé.Une bouteille d'eau,reposant dans un sceau,habillée d'une serviette humide,est prévue pour étancher la soif de chacun.Pieds nus également,vêtues de robes multicolores,que le souffle chaud fait gonfler,silhouette dessinées sur les draps ...paraissent onduler et déformer par les mouvements continus du linge.j'ai l'habitude de les voir avec leur voile...mais là,elles semblent autres...les cheveux rouges de henné,l'une les portant en longues tresses,l'autre,libres, au vent, me rende envieuse et jalouse de leur beauté typée!le murmure des mots doux répétée sans cesse aux enfants,qui ont repris les gazouillis et leurs rires tombants en cascades!...Tout cela est si beau ..si serein!....Je m'assois,le dos collé au mur brûlant..je suis bien ,calme,heureuse de ce tableau qui reflète le bonheur et la sérénité du moment.......

HSAMBUCHI

Nostalgie

Parfois..la nuit,quand les souvenirs me tiennent réveillée...me voila transportée «Boulevard de Flandre» ...cette longue allée bordée d'arbres,prise en tenaille par le mur blanc du cimetière de Saint Eugène,et celui,tout en pierres grises de l'Hôpital Maillot...et vient buter sur cette chére rue du Cardinal Verdier au bout..le numéro 60..a l'angle,la marbrerie Louguassi,mais qui a une époque plus lointaine, appartenait a notre Grand'Père ..son nom apparaissait encore ,au fronton en 1960.En face,une porte tristement célèbre,faisant partie de l'hôpital Barbier Hûgo ,dans une salle au réz de chaussée,les cercueils attendaient,le corps des militaires qui avaient succombé a leurs souffrances!..En face, le laboratoire en pharmacie CRÉAT....les jours de fabrication,une odeur forte de créosote envahissait la rue!..A coté le bar «LE PETIT GLACIER»..tenu par la famille Péris...que de bons casses croûtes! ils faisaient!...le pain croustillant venant de chez Sandra..la saubressade et le jambon de chez Cano...mais également et surtout la schorba,qui mijotait toute la matinée ,le parfum du coriandre!...je sent encore l'odeur!!..les amateurs ne manquaient pas!..chaque jour le restaurant était plein a craquer!....les rires fusaient..les voix s'amplifiaient en fin de repas,aidées par le délicieux rosé glacé ...ils refaisaient le monde.!!...plutôt perturbé! mais personne n'en venez aux mains...ils montraient seulement que la vie même difficile était bonne a vivre!!!et reprenaient le chemin de l'usine ou du bureau! Le vendredi soir, les ouvrières sortaient,toutes joyeuses du week end qui s'annonçait ..les unes courants retrouver leurs amoureux,les autres partants ,bras dessus bras dessous,«faire »,comme l,on disait ,l'avenue de la Bouzarhéa..l'avenue des Consulats..entrant a «la Princesse» consommer un succulent gâteau ou une glace..certaines, s'offrant un livre de poche ...revenant sur leurs pas,recommençant a déambuler dans les mêmes rues suivies parles garçons faisant des compliments de la coiffure en choucroute ..des robes en corolles gonflées par 3 ou 4 jupons fraîchement amidonnés ...tous et toutes insouciants et heureux..comme l'on est a 20 ans.....malgré les déchirures qui menaçaient

Antoine BILLOTTA

Voilà, ces quelques vers, juste pour vous dire merci, à vous toutes et tous qui nous permettez de nous retrouver et aux très nombreux autres de nous offrir, elles et eux aussi leurs souvenirs : allez-y, ça fait longtemps qu'on vous attend ici, chez nous......

Pour ressourcer notre "rubrique-à-brac"

de bric et de broc,

pas besoin de fric ni de frac :

simplement des p'tits trucs en toc,

humbles reliques ressorties d'un sac

ou pudiques secrets devenus "docs"

juste pour re-donner le trac

juste pour recevoir en troc

ces f-utiles cadeaux en vrac,

de nos mémoires, sacrés électrochocs..

André TRIVES

BAB EL OUED LA SPORTIVE

A Bab el Oued la pratique du sport occupait une place importante dans la vie tout naturellement. Il suffisait de voir le regard admiratif des enfants pour les tenues de sport aux couleurs distinctives des clubs et associations du quartier pour comprendre que la relève était assurée pour des siècles. Les aînés marquaient de leurs exploits chaque époque et servaient d'exemple à tous ces gamins en espadrilles qui courraient à perdre haleine derrière une balle en papier ficelé. La consécration suprême c'était de revêtir à son tour le maillot portant l'écusson distinctif de son club chéri et faire partie de l'équipe fanion qui disputait une rencontre sur le stade Marcel Cerdan ou sur le terrain des HBM de la rue Cardinal Verdier. Le quartier pouvait se venter de posséder la première piscine olympique à l'eau de mer construite sur les bains militaires d'El Khettani dont les plans-béton avaient été dessinés par un fils de BEO: Henri AIME. Si le foot était le sport le plus pratiqué avec notre vedette internationale Marcel SALVA, l'enfant du Beau Fraisier, force est de constater que BEO faisait montre d'un éclectisme remarquable: la jeunesse s'adonnait avec passion au basket, au hand ball, au volley ball, au cyclisme, au cyclo cross, à la gymnastique, à la natation, au sauvetage en mer, à l'athlétisme, au motocross, à la boxe avec notre champion d'Europe Albert YVEL, à l'halthérophilie, au culturisme, au judo, à la danse, aux jeux de boules, et les associations loi 1901 dont certaines avaient fêté leur cinquante ans d'existence avaient pour nom: le Sporting Club Algérois ( SCA dit"la spardégna"), le Sport Athlétique de BEO(SABO), l'Olympique de BEO (OBO), la Joyeuse Union Algéroise (JUA), le Foot Ball Club Rochambeau (FCR), le Racing Club de Nelson (RCN), l'Association Sportive des Habitations à Bon Marché (ASHBM), la Pro Patria, la Patriote, le club de gymnastique Ste Thérèse.

Tous les jeudis voyaient les confrontations sportives des écoles et collèges de BEO aux divers championnats de l'OSSU qui se déroulaient au stade Leclerc des Tagarins. Tôt le dimanche matin alors que Bab el Oued s'éveillait lentement, de partout des groupes de jeunes, sac de sport en bandoulière, prenaient d'assaut les vestiaires où une odeur d'huile camphrée remplissait copieusement les narines. Les salles situées en sous-sol, les terrains enclavés au sein des cités HLM, le stade Cerdan que la mer inondait à chaque tempête, le Foyer Civique, le stade de St Eugène ou le Stade municipale qui disposait d'un vélodrome, accueillaient une foule de passionnés où les cris résonnaient d'enthousiame et les applaudissements appuyés marquaient les joies de la victoire.Souvent par la fenêtre des cuisines qui surplombait le déroulement d'une partie, les mamans qui gardaient un oeil sur les marmites, ne manquaient pas de participer à la liesse collective. C'étaient de beaux moments d'allégresse ou de déception qui s'emparait de ce petit monde sensible aux valeurs que le sport essaie de transmettre: dépassement de soi, solidarité, courage, fidélité.

Faire revivre Bab el Oued la sportive, c'est remettre en mémoire des beaux moments de camaraderie et de fraternité, des périodes délicieuses de rencontre et d'amitié. Plusieurs générations à leur tour y ont cru et se sont évertuées à transmettre ces valeurs de respect et du goùt de l'effort que la discipline sportive peut apporter; elles ont écrit de belles pages d'avanture humaine et donné la passion du sport aux générations qui suivaient. Si je vous pose cette question:" quelle a été le dernier club sportif en Algérie et dans quelle discipline, a avoir été champion de France avant notre départ en 1962?" Vous connaîtrez la réponse dans un prochain message.

BAB EL OUED LA SPORTIVE ( suite au message)

Je posais la question suivante:" quelle était le club sportif d'Algérie qui pouvait se targuer d'avoir été le dernier avant juillet 1962 à avoir remporté un titre de champion de France ?" C'était me semblait-il une information intéressante et exceptionnelle de rappeler pour l'histoire, les derniers sportifs ayant inscrit au palmarès, juste avant notre départ, un titre national. Et notre ami suédois SELLAM avait vu juste: c'est le SABO (Sport Athlétique de Bab el Oued) en judo qui a obtenu en équipe ce titre de gloire; ces derniers héros s'appelaient: André UDARI, Alain PEREZ, Claude NOUCHI et Christian AMANATIOU auquels il faut ajouter les entraîneurs Raoul DIPAS et Henri MONDUCCI. Ce fut un véritable exploit compte tenu des circonstances inimaginables de l'époque; jugez plutôt: il faut se souvenir des évènements dramatiques qui s'étaient déroulés quelques jours auparavant dans le quartier avec le blocus de la honte et le massacre d'innocents, assassinés par l'armée française rue d'Isly alors qu'ils voulaient apporter des vivres à leurs famille et amis de Bab el Oued. Malgré l'abattement et le désespoir, la décision fut prise que le SABO serait présent à Paris pour les finales nationales. Et c'est là que nos judokas furent confrontés à la pire des situations: l'exode avait commencé et Maison Blanche étallait de longues files d'attentes pour des avions qui décollaient sans eux. Les vols étaient tous surbookés et après 48 h de palabres et d'entêtement sur le tarmac, il leur fut octroyé sur des vols différents le sésame d'embarquement. A Orly, après un rassemblement mouvementé, un taxi les amena au stade Pierre de Coubertin où ils arrivèrent à l'ultime minute des délais impartis à la pesée. Les combats étaient programmés une demi heur plus tard. Comment faire abstraction de l'aventure qu'ils venaient de vivre, comment se débarrasser de la pression morale et évacuer la fatigue physique qui se ressentait après deux nuits passées sur le carrelage de l'aéroport d'Alger, quelle énergie pouvaient-ils retirer de la diététique des casse-croûte avalés à la hâte. Et malgré toute cette adversité qu'ils avaient vaincue, ils se présentèrent sur les tatamis avec un mental de guerrier. Combat après combat, ils prirent conscience de vivre la plus importante journée de leur vie; ils devaient se dépasser, puiser dans les réserves et vaincre pour leur famille, pour le club, pour Bab el Oued. Le dernier "IPPON" couronnant leur succés, les fit jaillir au ciel; ils sautaient de joie, les larmes étincelaient leur visage, c'était indescriptible, ils venaient d'accomplir quelque chose de grand. C'était Bab el Oued en train d'agoniser qui venait de retrouver dans un dernier sursaut de la fierté, de la dignité.

Leur retour sur Alger où la moiteur de l'été était déjà installée, se passa sans aucune difficulté: les avions revenaient à vide. La presse algéroise dans le compte rendu de l'évènement termina sur une note optimiste en signalant que tous les combattants s'étaient engagés à faire sinon mieux, du moins aussi bien l'année prochaine. La suite de l'histoire est connue de tous, et nos champions vécurent à leur tour quelques jours plus tard, l'exode avec leur famille. Comme l'avait dit la professeur Pierre Goinard, tous les médecins rapatriés ont fait le bonheur des cliniques et hôpitaux de France alors que c'était notre pays l'Algérie qui en avait le plus besoin. Pour paraphraser cette juste affirmation, je dirai que les sportifs rapatriés formés et expérimentés ont fait le bonheur du sport français en 1962; ils auraient donné cher pour continuer de défendre les clubs d'Algérie dans lesquels ils se sentaient faire partie d'une même famille par le sang et la sueur versée.

Ainsi de nombreux PN culminèrent au sommet du sport français; dans toutes les disciplines des champions connus ou inconnus furent sélectionnés en équipe de France, seul l'accent qu'ils transportaient avec eux pouvait les distinguer. Pour ce qui me concerne, j'ai vécu en permamence le sentiment bizarre et vivace de gagner une compétition non pas seulement pour moi, mais pour la famille de Bab El Oued. Il m'est agréable de redonner vie à cette belle épopée de jeunesse avec les faits les plus marquants d'un palmarès si lointain déjà. Je m'habille de pudeur pour vous dire la fierté que j'ai ressentie au cours de 25 ans de pratique du Judo.

Mon premier titre de champion de France, remporté en équipe de ceintures marrons à Paris en 1960 est inoubliable: nous avions marqué dans le dos des kimonos en lettres rouges "BAB EL OUED"; vous imaginez le regard interloqué de nos adversaires et les railleries qui nous furent réservées au début biensûr mais plus à la fin.

1963- Coupe de France ceinture noire: je perds en finale.

1964- Coupe de France en équipe ceinture noire remportée par 5 algérois: Alain GRANGAUD, Christian AMANATION, Tony TROUGNAC, Jean DE LUCA, et moi-même.

1965- Coupe d'Europe équipe ceinture noire remportée par la France avec 2 algérois: Alain GRANGAUD et moi-même.

1965-1968: J'ai eu l'immense honneur d'être sélectionné en équipe de France à 12 reprises et disputé 3 championnat d'Europe individuel où à Rome, j'ai été battu par décision en demi-finale par le géant de tous les temps, champion de Monde et champion Olympique,le Hollandais Anton GEESINK ( 1,98 m et 135 kg).

Je ne peux terminer sans rendre hommage aux professeurs que j'ai eu et qui ont été de véritable pionniers en introduisant le judo en Algérie vers 1945: Henri MONDUCCI et Roland HENRY(de BEO). Des noms me reviennent et me remmettent en mémoire des beaux moments d'amitié vécus sur les tatamis d'ALGER: DIPAS, FIGAROLA, ASENCI, Ahmed CHABI et son frère, Gaby et Christian AMANATIOU,FICHON, STAROPOLI, MARCELLIN, DJADOUN, HAMM, KOKOUREC, CAIAZZO, TILLOUINE, CASTELLANO, NICOLAS, d'ANDREA, IMMERZOUKEN, DRIZZI, et tant d'autres qui avaient la passion du Judo et que ma mémoire a remisé dans la tirelire des oublis.

HSAMBUCHI

Nostagie

Ils sont la..assis,le corps perclus de douleurs,de renoncements..La veille,les fils sont dit....cette phrase tant redoutée..ils l'ont prononcé!..Comme des automates,ils ont tenté de faire le tri de leur vie,posant une chose,enlevant l'autre ne se décidant pas..ils voudraient tout emporter..mais les fils ont recommandé....tout pour eux est indispensable !..une vie ne peut être emputée de tant de choses!que l'on a gardépreécieusement,qui ont été si difficiles a acquerir!...Soixante ans de labeur...se résoudre a ÇA!...DEUX MALHEUREUSES VALISES!!!..impossible pour eux...Leurs regards balaient les murs de chaque piéce...c'est ici qu'ils sont nés..aimés..eu des peines...qu'ils ont fini par surmonter..ils étaient sure que leur vie se terminerait là..entourer des enfants, nés dans ce lit dans lequel ils sesont tant aimés...des amis avec qui ils partageaient...un peu de farine ,un oeuf,une recette ,une histoire drole!..enfin tout ce qui fait l'amitié...làen un seul jour ..fini..tout s'arrête!..non cela est impossible...partir sans se retourner...recommencer une nouvelle vie ,quand on est au bout de celle -ci!..!Les enfants eux,le detachement sera moins difficile...ils sont jeunes la vie reprendra..même si dans un grand coin de leur mémoire, ils garderontses tendres moments de leur jeunesse...mais eux ?,a l'âge ou normalement le calme et la sérénité sont espérés..tout serait a refaire??!!IMPOSSIBLE!..ils sont fatiguaient las de cet avenir que l'on propose..il n'y en a plus...plus de courage ni de force...ils ont assez donné!..et ne demande maintenant que le repos.....Ils se regarde...les yeux remplis de larmes..se comprennent..Elle se lève, prend ce flaconque le docteur lui a donné: ..lui a-t-il dit...comment dormir la nuit?!..parfois le bruit d'une bombe..les cris..les casseroles tapéesl'un contre l'autre en mesure..pan.pan.pan..pan pan..la sirène des ambulances...puis l'âge aussi,le sommeil se fait plus rare!...Cette terre ils ne la quitteront pas..bien au contraire..!ils vont se fondre en ELLE!..LEUR CHAIRE ,LEURS OS..LA POUSSIÉRE QU'ILS SERONT DEVENUS,MÉLANGÉS A ELLE ,NE FERONT PLUS QU'ELLE!Dans leurs mains ,elle glisse une fleur de jasmin..d'oranger..et citronnier ..qu'ils avaient planté il y a bien longtemps!!...ferment leur paupières..tout est mieux ainsi!...LE lendemain..les fils les ont trouvé,main dans la main...Ils semblait même qu'ILS SOURIAIENT.........

Marc CAIAZZO

Bonjour mes amis de BEO.

En ce jour de Juin 62, départ de notre BEO, comme nous tous, ma maman et moi étions désemparés de quitter cette terre si chère à notre coeur. Nous étions tous les deux perdus dans cet aéroport de Maison Blanche, mon papa n'étant pas là, il était depuis + de 6 mois considéré comme un ultra et l'hote du gouvernement Français au camp de St Maurice l'Ardoise.

Ma maman était inquiète car en Avril, nous etions venus en France pour voir mon père, et nous mos sommes vu refuser l'argent d'Algérie à Marseille. Un chauffeur de taxi Arménien avait payé pour nous et nous avait même donné 100Fr de l'époque (quel brave homme, il etait passé par là lui aussi).

Je n'avait pas encore 14 ans, pourtant j'ai pris de la terre, plutot de la poussière avant de monter dans cet avion et lorque cette maudite carlingue à décollé, je me suis die que jamais plus, je ne verrai: ma rue, mon école de la place Lelievre, mes copains de l'ARMAF, la carrière Jobert et tous mes lieux de jeu préférés.

Avec le temps tout c'est un peu dissipé et maintenant à l'aube de mes 60 ans et grâce à Christian et toutes les personnes qui ecrivent si bien,les souvenirs me reviennent. Merci à tous de nous garder toujours conscients de nos formidables racines. Marco

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