Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

HSAMBUCHI

Nostalgie

SUR LES PAS DE NOTRE MÉMOIRE...... TOUT RESSEMBLE A UNE PHOTO EN NOIR ET BLANC.... NOUS SOMMES EBETÉS ..IL FAUT POURTANT SE DÉCIDER...LA VALISE A ÉTÉ FAITE ET REFAITE ... MAIS A CHAQUE FOIS LA MÉME QUESTION ...QUE FAUT-IL PRENDRE ..ON NE PEUT PAS..FAIRE UN CHOIX SUR UNE TOUTE JEUNE VIE DE 16 ANS... NOUS AVONS PRIS NOS LIVRES PRÉFÉRÉS..NOS ALBUMS DE TIMBRES ..NOS PHOTOS ET CAHIERS D'ÉCOLIERS..NOTRE COLLECTION DE CARTES POSTALES..UN VIEUX PORTE MONNAIE..DANS LEQUEL NOUS TROUVERONS PLUS TARD ,BIEN PLUS TARD,DANS UN REPLI BIEN CACHÉ UN TICKET DE BUS ..LES FLEURS COUPÉES AUX DERNIERS MOMENTS JUSTE AVANT DE FERMER LA PORTE DE LA MAISON..UN PEU DE TERRE DANS UN MOUCHOIR TREMPÉ DE LARMES... LES ODEURS DE CE MATIN OU NOUS PARTONS SANS DIRE UN MOT..VERS L'AÉROPORT..L'INTERMINABLE QUEUE DE PAUVRES GENS QUI ATTENDENT DEPUIS PLUSIEURS JOURS POUR CERTAIN..VOUTÉS PAR LE CHAGRIN ET LE DESESPOIR..CET OISEAU FUNESTE QUI LES AVALE DANS SON VENTRE ..ET LES REJETERA SUR UNE TERRE INCONNUE...DANS CE MATIN ENSOLEILLÉ LA COULEUR QUI DOMINE ?...LE BLEU ?..NON !!LE BLANC DES MOUCHOIRS QUE L'ON ÉTALE SUR LE VISAGE,PLUS POUR CACHER LA DOULEUR ..QUE POUR LA SUEUR QUI REGNE SUR L'AÉROPORT!....CE QUI FRAPPE...TOUTES CES VALISES DE TOUTES SORTES..CUIR.. CARTON..MÉME DES CAGEOTS..BALUCHONS FAIT EN TOUTE HATE..ENFANTS TIRANTS LES JUPES DE LEUR MÉRE..LE TEMPS EST LONG POUR EUX ..PETITS INNOCENTS DE CETTE VIE QUI N'EN EST PLUS UNE ..BÉBÉS PLEURANTS DE SOMMEIL ..VIEILLARDS QUI SONT RÉSIGNÉS,ET N'ONT PLUS LE COEUR A LUTTER..ILS SENTENT BIEN QUE POUR EUX LA VIE ET LEUR VIE EST FINIE...ILS ONT TOUT VECU.LE FILM DE LEUR JEUNESSE DÉFFILE SOUS LEUR REGARD NOYÉ DE LARMES ! LES PLUS MALHEUREUX CE SONT EUX...ILS N'ATTENDENT PLUS RIEN ....LES JOIES ..LES NAISSANCES ..LES MARIAGES ET AUSSI LES MORTS DE TOUS CEUX QU'ILS ONT AIMÉ..MAIS AUJOURD'HUI ..C'EST LA MORT DE LEUR PATRIE ...ILS NE LA REVERRONS JAMAIS !!!..ET ÇA ILS LE SAVENT ...C'EST UNE DOUBLE MORT!!!

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- 2 photos dans les rues de Bab El Oued de Pierre SONIGO

- 2 photos dans Cap Matifou de Pierre SONIGO

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- 2 photos dans les Ecole Lelièvre de Pierre SONIGO

Pierre-Emile BISBAL

La page 47.

Maman prépare ma valise. Une valise en plastique vert avec une fermeture éclaire qui court sur trois cotés. En rangeant les vêtements elle essaye d’avoir un air détaché comme si ce qui se prépare ne présentait pas d’importance particulière. Mon père se tient à ses cotés. Lui aussi affiche une attitude trop détendue pour être naturelle. Maman me dit : « Pierre-Emile, écoute, c’est important. Dans cette enveloppe j’ai mis de l’argent. Je la cache dans ton pull bleu. Quand tu arriveras à Port-Vendre si pépé et mémé ne sont pas à la descente du bateau, demande à la dame qui t’accompagne de te mettre dans un taxi pour Amélie les Bains. Les sous c’est pour le taxi » Sur une jolie enveloppe prévue pour une carte de fête est écrit : «Monsieur et Madame Bisbal Pierre, chez Madame Ferrer Avenue du Général De Gaulle (Face au garage Cedo) – Amélie les Bains (P.O) ». Je reconnais la calligraphie appliquée de mon père. Maman va fermer la valise. Je crie « Faut mettre le livre que je suis en train de lire !». Je quitte la chambre de mes parents, cavale dans le couloir et rentre dans mon salon de lecture c’est à dire la chambre de ma grand-mère Ascension. Elle est assise sur son lit. Elle pleure en silence. Mon livre est à coté d’elle. Je fais semblant de ne pas remarquer ses larmes pour ne pas en faire couler davantage. Je sais bien ce qui ce passe. Je pars seul car mes parents veulent me soustraire au danger qui enveloppe nos vies. Bab-El-oued vient de subir un bouclage de plusieurs jours, une guerre en miniature. Mon père, comme tous les hommes du quartier, a du suivre les militaires venus le chercher à la maison. « Ce ne sera pas long » a dit un soldat à maman « Juste le temps d’une vérification d’identité ». Pendant plusieurs jours nous avons été sans nouvelle de papa. Après son départ, l’angoisse a englué notre petit appartement de l’avenue de la Bouzaréah. Et puis mon père est revenu. Il m’a simplement demandé si j’avais été sage avec maman et mémé comme pour vérifier si j’étais capable de tenir mon rôle quand les choses prenaient une vilaine tournure.

Je retourne à la valise, le livre au bout de mon bras tendu. J’ai fait une petite corne à la page que je lisais. « Mais c’est un livre de la bibliothèque ! » remarque maman. Je réponds que oui, mais que ce n’est pas grave. La bibliothèque de la rue Leroux est fermée. Je rapporterai le livre quand je reviendrai. Je dis la chose crânement. Je soutiens le regard de ma mère. Moi aussi je joue le jeu. Le jeu de celui qui croit partir en vacances et qui ne se doute de rien. C’est également mon devoir de les rassurer tous. La valise verte avale le livre.

Je suis parti. Ce voyage beaucoup l’ont fait. Au troisième pont, allongé sur un transat à la toile maculée, éclairé par une lumière électrique indigente, abruti par le bruit constant des machines, respirant les remugles aigres de vomis, les relents de mazout, les odeurs écœurantes des voyageurs entassés. Mes grands-parents m’attendaient au débarcadère. Dommage, je n’ai pas eu besoin de sortir l’argent de sa cachette pour vivre l’aventure du taxi à prendre seul. Sitôt arrivé et ma valise défaite j’ai replongé dans mon livre. Sa lecture s’acheva à Amélie-les-Bains, paisible village de curistes dans les Pyrénées Orientales. Petit cité catalane sans attentat, sans déflagration de bombe, sans sirène stridente, sans décompte macabre de victimes, sans inquiétude au moindre retard d’un membre de la famille, sans mort sur le trottoir avec, comme je l’ai vu, un suaire improvisé fait d’un exemplaire de l’Echo d’Alger dont les pages imbibées de sang se plaquaient sur le corps. Dissimulé à la vue des passants le cadavre n’existait plus. Un homme pressé ne contourna pas la victime et l’enjamba d’une large foulée blasphématoire.

Les années s’accrochèrent les unes aux autres et firent défiler le temps mais je possède toujours ce livre emporté d’Algérie. Ce n’est pas un larcin que de l’avoir conservé et puis, à qui aurais-je pu le rendre ? Au cours de mes nombreux déménagements il m’est arrivé de croire à sa perte mais, à chaque fois, le petit bouquin à la couverture jaune est réapparu. Il est devenu plus qu’un livre, c’est un témoin. Sur une des premières pages, deux cachets à l’encre violette déclinent son identité. Un petit tampon carré dit : « Ville d’Alger Bibliothèque rue Pierre Leroux ». Un autre, plus grand, plus officiel, se compose de deux ovales concentriques. Dans le premier ovale il est inscrit « Ville d’Alger Bibliothèque Municipale ». Dans le second, au centre le mot « Inventaire » avec un nombre marqué à la main : « 128685 ».

Ces tatouages administratifs appartiennent à une réalité aujourd’hui disparue. Il me serait possible de retourner sur ma terre natale. Certains l’on fait. Arpentant les rues de leur quartier, vibrant sous l’assaut des souvenirs, submergés de bonheur et de joie. Je ne pense pas pouvoir vivre la même expérience qu’eux. Les causes et les conséquences de mon départ me l’interdisent. Elles s’intercaleraient forcément entre moi et ces retrouvailles. Elles projetteraient une ombre épaisse et froide qui voilerait le bonheur enfanté par ce pèlerinage sur les lieux de mon enfance. Je ne souhaite pas vivre cette épreuve. Mes souvenirs me suffisent. Et puis, nul ne peut s’en retourner quand le chemin n’existe plus. C’est ce que me rappelle mon livre avec, comme une frontière infranchissable entre l’époque de « là-bas » et ma vie « ici », sa petite corne à la page 47.

Michel SUCH

Merci cher André TRIVES de nous avoir, pour certains d'entre nous, fait découvrir l'amour que le professeur Pierre GOINARD portait à l'Algérie, son pays, notre pays.

C'est vrai que le peuple nouveau est aujourd'hui une espèce en voie de disparition. Génération après génération nous nous éteignons.

" Dékonnéné onnémor" dit la chanson créole.

Aujourd'hui,grâce à vous, le professeur Pierre GOINARD est de nouveau dans la lumière.

Il n'est pas encore venu le temps ou la petite lumière qui brûle en chacun d'entre nous va s'éteindre.

Cette lumière nous la portons au plus profond de notre âme.

Elle se nourrit de cette cassure immense, de cet arrachement douloureux d'avec notre terre nourricière.

Quand la vie nous quitte, cette lumière s'échappe pour rejoindre d'autres lumières.

Il restera toujours, sortie d'on ne sait où, une lumière flamboyante qui comme le soleil couchant va embraser la mer et renaître le lendemain.

Nous étions des enfants, de jeunes hommes, de jeunes femmes. Nous sommes aujourd'hui avec le temps qui passe, nous tous, qui n'avons jamais cessé de construire, les architectes d'une mémoire collective. Continuons...

André TRIVES

Pierrette a émis un souhait de faire revivre les "gens de bien" que notre quartier a généré avant 1962; l'idée est excellente et ma contribution s'intitule: BAB EL OUED: l'oeuvre inachevée.

"Le professeur Pierre GOINARD expliquait l'Algérie qu'il avait dans son coeur:" A chaque saison l'enchantement se prolonge: bref hiver lumineux et doux, déjà fleuri, printemps précoce, exubérant dont avril est l'apothéose; pendant l'été moite et parfois incandescent la mer, aux délicieuses tiédeurs, rafraîchit les après-midi par sa brise, et l'automne ramène le printemps. Durant l'année entière des parfums se succèdent d'une intensité sans pareil, senteurs de la mer, des jardins embaumés, de la première pluie sur les terres desséchées, des pins et des cyprès chauds accompagnées par les stridences continues des cigales durant les jours du long été. De longues plages, devant des vagues au bleu différent d'ailleurs, alternent avec les criques intimes, aux fonds chatoyants sous des eaux transparentes, et de grands promontoires sculpturaux. Les oeuvres des hommes ajoutaient à la beauté des collines et des plaines côtières: rectangles de primeurs en bordure de la mer abrités par des claies de roseaux, plus soignés que des jardins, vignobles en longs alignements impeccablement entretenus, vergers d'agrumes compacts et lustrés dans leurs hautes enceintes de cyprès..."

A l'image du pays, Bab el Oued étalait ses charmes et poursuivait des progrès constants: plus rien à voir avec ce faubourd du début du siècle qui accueillait au bassin de la Bassetta les mules des carriers de Valence et les chèvres des Maltais. Fini les hennissements joyeux le long de la plage où les Messageries remisaient leurs diligences et les chevaux débarrassés de leur harnais contraignant s'ébrouaient dans le ressac des vagues. Disparue la Compagnie Lebon et l'éclairage vacillant des becs de gaz. Terminé le charroi des chars à bancs transportant les pavés qui transformaient rues et avenues. Des bruits nouveaux se répandaient dans la ville: le lancinant klaxon détrônait le claquement sec du fouet, le ronronnement des moteurs se substituait au martèlement des sabots; et partout les chants des ouvriers accrochés à la façade des nouveaux immeubles, colportaient l'entrain et la joie au travail.

La modernité et son cortèges d'améliorations bousculaient les usages et prenaient place définitivement. Dire" que l'on avait beaucoup fait et qu'il restait beaucoup à faire" relève d'une banalité, sauf à préciser que la lente évolution du progrès résultait de l'effort et des sacrifices de toutes les femmes et de tous les hommes de toute origine sans exception, du plus humble au plus grand et qui croyaient à la générosité de leur terre nourricière. Chacun avait apporté sa contribution à l'édifice qui se construisait pas à pas ou plutôt, goutte à goutte comme la stalactite ou la stalagmite d'une grotte souterraine dont on admire le gigantisme et la beauté qui en découlent grâce au temps éternel.

Le temps vécu à l'échelle humaine est si peu de chose par rapport au burinage infini orchestré par la nature. Ce qui, il faut bien le reconnaître ne nous permet pas d'entrevoir l'oeuvre achevée; on agit pour transformer les réalités dépassées, les changer et ce sont les générations suivantes qui en profitent. Combien d'avantage avons-nous quantifiés au cours de notre vie et qui provenaient de la sueur et du sang de nos aïeux ? Ainsi va la vie où tous les hommes ont un destin commun; ils additionnent patience et ténacité, abnégation et courage, espérance et désespoir et aboutissent inéluctablement de la vie à la mort. C'est bien ce temps générationnel qui a tenté de bâtir le Bab el Oued qui obsède nos nuits aujourd'hui; combien de Pierre, de Khalid, de David, de Paolo et de Roberto ont quitté définitivement le quartier pour les étoiles sans avoir pu se réjouir du fruit de leur travail. Ils ont rempli les cimetières de St Eugène et d'El Khettar pour que leurs enfants aient une vie meilleure. Eux savaient que les bons doivent s'accomodaient avec les mauvais, que les forts doivent aider les faibles, que les grands ne sont grands que lorsqu'ils soutiennent les petits, que la Liberté, l'Egalité et la Fraternité ne doivent pas rester que des mots, que l'injustice et l'ignorance sont des combats de tous les jours.

C'est en pensant au professeur Pierre GOINARD, fondateur de l'hôpital Barbier Hugo à Bab el Oued que je ressens une imprescriptible envie de rendre l'hommage qu'il convient à celui qui a écrit une belle page de l'histoire du quartier. L'oeuvre de cet éminent neuro-chirurgien, fils et petit-fils de médecin, homme de coeur et grand humaniste au service de tous et particulièrement des plus déshérités est immense.

Souvenons-nous de ce bâtiment situé en lisière de l'hôpital Maillot, à l'angle de la rue Cardinal Verdier et du boulevard de Frandre longeant le cimetière de St Eugène. C'est la Croix Rouge Française peut avant la guerre de 1939, qui avait installé un Dispensaire appelé Barbier-Hugo. Après le débarquement anglo-américain de 1942, Alger, capitale de la France en guerre eut à faire face à tous les besoins médicaux et chirurgicaux militaires et civils. L'autorité militaire réquisitionna le Dispensaire Barbier-Hugo pour la neuro-chirurgie, spécialité d'avant-garde et n'étant pratiquée encore en France qu'à Paris, malgré le développement de la faculté de médecine d'Alger devenue l'une des toutes premières de France. C'est le professeur Antoine Porot, fondateur du centre psychiatrique de Blida-Joinville qui dépêcha à Paris le jeune professeur Pierre GOINARD à l'été 1942 malgré l'occupation allemande, pour s'instruire de cette discipline auprès du professeur Clovis Vincent qui en été le pionnier. De retour en octobre 1942, le professeur GOINARD, mobilisé comme médecin-capitaine fut naturellement désigné pour assurer le traitement des blessés crânio-cérébraux à l'hôpital Barbier-Hugo. Tous les blessés étaient acheminés des théâtres d'opération ( combats de Tunisie, de l'Ile d'Elbe, d'Italie et plus tard en 1944 de Provence) vers Bab el Oued. Le général EISENHOWER basé alors à Alger rencontra le professeur GOINARD pour lui adjoindre un neuro-chirurgien américain expérimenté du Mount Sinaï Hospital de New York, le professeur James Lawrence Pool afin de répondre à la tâche grandissante. Un travail remarquable fut accompli aussi bien en direction des blessés de guerre que des civils qui bénéficiaient des dernières technologies; L'installation d'un bloc opératoire ultra moderne, soixante-quinze lits pour toutes catégories sociales, des appartements pour héberger les infirmières qui travaillaient sept jours sur sept, faisaient de cet établissement qui dominait les jardins de l'hôpital Maillot et la mùer, le plus important et le plus performant de France. A Paques 1951, la Fondation Barbier-Hugo recevait sa consécration par le cinquième Congrès de la Soctété Française de neuro-chirurgie dont le professeur Goinard avait été le fondateur; journées brillantes et chaleureuses qui se déroulèrent sous un soleil de plomb où l'été précoce s'était déjà installé sur Bab el Oued.

Le professeur GOINARD, grand serviteur de son pays: l'Algérie, a oeuvré toute sa vie pour le bien de toutes les communautés. Il était fier de l'oeuvre française accomplie par toutes les générations de médecins sortis de la faculté de médecine, la seconde de France après Paris. Cet homme remarquable de simplicité, au comportement de chevalier, m'expliquait son désarroi d'après 1962:" Les médecins pieds-noirs ont fait dans leur exil le bonheur de toutes les facultés de France, mais c'est l'Algérie mon pays qui en avait le plus besoin." Homme clairvoyant et épris de justice, il n'était pas dupe des efforts que l'administration française devait entreprendre pour réduire les inégalités. Il était ravi et fier d'être Président d'honneur de l'ABEO dont il estimait que le quartier de Bab el Oued avait un impérieux devoir de regrouper ses enfants au sein d'une association. J'avais organisé sa venue à Rognes pour la dédicace de son livre d'amour :" Algérie, l'oeuvre française" aux éditions Robert Laffont.

Il s'est éteint le 31 janvier 1991, quelques jours après m'avoir remis ces notes sur l'hôpital Barbier-Hugo parues dans le journal de l'ABEO. Nous étions six enfants de Bab el Oued à lui rendre un dernier hommage en déposant son cercueil dans le caveau familial au cimetière St Pierre de Marseille. Son plus grand regret: ne pas avoir été enterré avec les siens dans son Algérie natale.

Voilà pourquoi, consciemment ou inconsciemment, nous éprouvons une grande fierté d'être un enfant de Bab el Oued; nous sommes héritiers de valeurs humaines dispensées par ces altruistes immodérés, notables ou anonymes, qui ont modestement et inlassablement durant toute leur vie, mis leur petite pierre à la construction d'une belle fraternité et d'un peuple nouveau aujourd'hui en voie de disparition.

Michèle VERNETTOZZA

Oui, en effet, nous avions des expressions bien à nous à BEO et dans toute l'Algérie aussi....: compère Loriot, caca de cheval ou de pigeon...

Notre langage était très imagé et nous l'utilisions fréquemment....Mais tout cela faisait notre charme et nous différenciait de la Métropole...

Vous souvez-vous du nougat turc que nous appelions caca de cheval si bien qu'un de mes cousins qui était très petit en Algérie disait lorsqu'il voyait un cheval faire ses besoins: tiens il fait du nougat turc....Ceci est véridique et peut-être qu'il se reconnaîtra s'il va sur ce site.....

En fait il s'agit de l'Halva turc qui est délicieux mais avec tout plein de calories.....

Entre ce nougat et les bonnes pralines de chez nous, il y a de quoi dire....

A BEO: dans les rues et au marché, les marchants vendaient tout cela au moment des fêtes de Noêl...Je m'en souviens comme si c'était hier. Pierrette doit bien s'en rappeler aussi.....

Tout ce petit monde faisait notre joie comme nulle part ailleurs...Ensuite on mangeait des la calentita puis les beignets de chez Blanchette, puis les cacahuétes, les bliblis et les jujubes chez les petits marchantd de la rue....

Je me souviens de cacahuétes toutes chaudes dans des petits cornets faits dans des journaux...

Je vous laisse sur ces notes nostalgiques....Bon après-midi à tous.

Michel SUCH

Et pourquoi frotter l'orgelet avec une pièce de 1 sou frappée de la francisque?

On retrouve ce métal dans presque toutes les pommades contre les compère-loriots vendues en pharmacie... Alors...

Le zinc?

Bravo!

Sans le savoir nos grand-mères faisaient de la chimie, de la pharmacie, de la science appliquée et surtout, elle nous aimaient.

Elle me manque ma grand-mère un peu sorcière.

Parfois il me semble l'entendre chuchoter" Michel mon fils arrête de lire tu vas t'user les yeux."

Mais sans la lecture, nous ne serions pas là, devant nos écrans, à trouver des définitions à des actions qu'elles pratiquaient par la transmission d'un savoir oral.

Continuons à les faire vivre, à transmettre notre culture.

""S'il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu'on a perdu, je sais comment nommer ce quelque chose de tendre et d'inhumain qui m'habite aujourd'hui.Un émigrant revient dans sa patrie. Et moi je me souviens. Ironie,

raidissement, tout se tait et me voici rapatrié." Albert Camus. "Entre oui et non.""

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