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Le : 20/06/2018 08:55
pour alain trivés
merci de superbe ballade dans "les champs Élysées de la cuisine algéroise".
Sûr pour ceux qui ont connu au moins partiellement cela, tu arrives à nous faire remonter les parfums et d'en saliver les plats..
Heureusement que souvent les immeubles étaient sans ascenseur car cela à permis pour toi et d'autres certainement cette promenade exceptionnelle des saveurs...
Portez vous bien
merci de superbe ballade dans "les champs Élysées de la cuisine algéroise".
Sûr pour ceux qui ont connu au moins partiellement cela, tu arrives à nous faire remonter les parfums et d'en saliver les plats..
Heureusement que souvent les immeubles étaient sans ascenseur car cela à permis pour toi et d'autres certainement cette promenade exceptionnelle des saveurs...
Portez vous bien
Le : 19/06/2018 15:41
Souvenirs d'enfance à Bab el Oued. Extrait de " Bab el oued pour la vie "
"Chaque jour au retour de l'école à midi, je ne mesurais pas la chance de vivre l'instant privilégié qui m'attendait en gravissant les escaliers de mon immeuble. Nous habitions au sixième et dernier étage et je les escaladais en prenant tout mon temps. La montée me réservait un moment divin ; mes narines se dilataient de plaisir avec les odeurs appétissantes de cuisine qui embaumaient la cage d’escalier.
Dès le rez-de-chaussée, j’étais excité par les effluves de poivrons grillés et d’aubergines frites qui déclenchaient un torrent de salive dans ma gorge desséchée. Ce n’était qu’une mise en bouche ou plutôt une mise en nez. À l’étage du dessus, une friture de petits rougets titillait mon odorat, et de plus en plus affamé, je me désolais de n’avoir rien à me mettre sous la dent. Je ralentissais la montée des marches et inspirais profondément la dégustation potentielle de ce festival de plats méditerranéens. Je me pourléchais les babines à l’idée de voir ce festin virtuel devenir réalité.
Au deuxième étage, je n’avais aucune peine à reconnaître le plat mijoté par Madame Amar : des haricots blancs en sauce relevés d'ail et de ''koumoun'' (cumin). Elle annonçait aux siens : « la graine est prête, je vous ai préparé aujourd'hui un couscous-loubia ! »
Marche après marche, je suivais lentement ce chemin initiatique des plats cuisinés qui inondaient le fond de ma gorge tous les midis. J'avais le sentiment que toutes les mamans de l’immeuble se donnaient le mot pour m’offrir en même temps un récital de senteurs alléchantes comme une récompense au pénible trajet que j'accomplissais avec le lourd et encombrant morceau de glace.
Le troisième étage ne dérogeait pas à la règle : les beignets de sardine de la mémé Cozzolino enflammaient mon appétit et donnaient à la sérénade des odeurs de l’immeuble une note de grand chef étoilé figurant dans le guide Michelin. Je passais d’un palier à l'autre sans regret, la découverte d'un plaisir olfactif nouveau m'attendait.
Le ragoût de mouton du quatrième étage semblait attendre mon passage pour déverser son fumet d'exception jusqu'à créer dans mon gosier la cascade de Bérard. La voisine n'était pas en reste lorsqu'elle sortait du four ses ''cocas'' aux blettes avec une pointe d'anchois ou farcies à la ''frita''. Tous les midis, ma cage d'escalier devenait sur quelques pas les Champs Élysées de la gastronomie algéroise.
Enfin, le cinquième étage sonnait l'ultime satisfaction de mes repas vaporeux et inaccessibles. Là, j’attribuais le prix d’excellence à une maman juive, Madame Abisserour, avec son couscous au ''osban'', panse farcie dont le fumet pénétrait mon corps par tous les pores de ma peau. Je respirais à pleins poumons les odeurs répandues sur son palier et je franchissais le dernier étage en apnée pour garder le plus longtemps possible l'oxygène parfumé qui festoyait en moi.
Arrivé à la maison où la porte restait toujours ouverte, mes capteurs olfactifs aiguisés par tant de saveurs aussi sublimes, je me précipitais pour sentir les volutes de fumée qui s'échappaient de la marmite dans laquelle un ''riz cocotte'' mijotait dans son bouillon safrané. Après ces instants enivrants où j'avais l'embarras du choix, je passais à table sans tarder pour calmer les contorsions bruyantes de mon estomac.
Les odeurs de cuisine s'étant adoucies, je repartais à l’école vers treize heures en dévalant les escaliers quatre à quatre. Entre marche et course, j’avais hâte de retrouver les camarades pour jouer sur la place Lelièvre avant que la cloche de l'école nous rappelât dans les classes.
Au retour vers dix-sept heures, mes narines étaient de nouveau en éveil et mes glandes salivaires à l’épreuve ; je retrouvais les odeurs sucrées et vanillées, les parfums de cannelle des gâteaux que les mamans préparaient amoureusement pour le goûter de leurs rejetons affamés. L’immeuble se transformait alors en pâtisserie internationale où chaque étage avait sa vitrine de gâteries garnie suivant les saisons et les fêtes religieuses.
Les effluves suaves aromatisaient l'air du sol au plafond et je remplissais à bloc mes poumons pour deviner la douceur accordée aux enfants pour le quatre-heures. L'expertise m'amenait à distinguer le roulé à la confiture, la tarte au citron, le biscuit au chocolat, les dattes et les cigares fourrés à la pâte d’amande, les montécaos, les rolliettes, les oreillettes, les endjenettes, les makrouds, les beignets sucrés, les patates douces cuites au sucre et les croquets aux amandes.
Pour le plus grand régal des petits, je ne remercierai jamais assez, les multiples fêtes religieuses qui entraînaient à Bab el Oued les voisines à s'échanger toute l'année l'assiette de gâteaux traditionnels. Une odeur suave s'imposait à Pâques dans les immeubles de Bab el Oued, d'Alger et de toute l'Algérie : c'était celle de la traditionnelle ''mouna'' que les mamans faisaient cuire sur plaque dans le four du boulanger. Et surtout n'allez pas dire qu'elles fabriquaient un gâteau ou une brioche ; c'était la mouna, un point c'est tout !
La cage d’escalier de mon immeuble mettait en concurrence, sans le faire exprès, la gastronomie du pays. Tous les midis, elle me créait de belles émotions. Les mamans, à l’instar d’une chorale, interprétaient en un même lieu et à l’unisson un récital de goûts et de saveurs dédié aux plaisirs de la table. Ces plats concoctés avec passion et talent provenaient des recettes transmises de mère en fille. À Bab el Oued, toutes les mamans, chrétiennes, juives et musulmanes, suivaient les traditions et leur plaisir, c'était d'offrir ce beau moment de partage autour de la table familiale comme elles l'avaient vécu dans leur enfance avec leur propre maman."
"Chaque jour au retour de l'école à midi, je ne mesurais pas la chance de vivre l'instant privilégié qui m'attendait en gravissant les escaliers de mon immeuble. Nous habitions au sixième et dernier étage et je les escaladais en prenant tout mon temps. La montée me réservait un moment divin ; mes narines se dilataient de plaisir avec les odeurs appétissantes de cuisine qui embaumaient la cage d’escalier.
Dès le rez-de-chaussée, j’étais excité par les effluves de poivrons grillés et d’aubergines frites qui déclenchaient un torrent de salive dans ma gorge desséchée. Ce n’était qu’une mise en bouche ou plutôt une mise en nez. À l’étage du dessus, une friture de petits rougets titillait mon odorat, et de plus en plus affamé, je me désolais de n’avoir rien à me mettre sous la dent. Je ralentissais la montée des marches et inspirais profondément la dégustation potentielle de ce festival de plats méditerranéens. Je me pourléchais les babines à l’idée de voir ce festin virtuel devenir réalité.
Au deuxième étage, je n’avais aucune peine à reconnaître le plat mijoté par Madame Amar : des haricots blancs en sauce relevés d'ail et de ''koumoun'' (cumin). Elle annonçait aux siens : « la graine est prête, je vous ai préparé aujourd'hui un couscous-loubia ! »
Marche après marche, je suivais lentement ce chemin initiatique des plats cuisinés qui inondaient le fond de ma gorge tous les midis. J'avais le sentiment que toutes les mamans de l’immeuble se donnaient le mot pour m’offrir en même temps un récital de senteurs alléchantes comme une récompense au pénible trajet que j'accomplissais avec le lourd et encombrant morceau de glace.
Le troisième étage ne dérogeait pas à la règle : les beignets de sardine de la mémé Cozzolino enflammaient mon appétit et donnaient à la sérénade des odeurs de l’immeuble une note de grand chef étoilé figurant dans le guide Michelin. Je passais d’un palier à l'autre sans regret, la découverte d'un plaisir olfactif nouveau m'attendait.
Le ragoût de mouton du quatrième étage semblait attendre mon passage pour déverser son fumet d'exception jusqu'à créer dans mon gosier la cascade de Bérard. La voisine n'était pas en reste lorsqu'elle sortait du four ses ''cocas'' aux blettes avec une pointe d'anchois ou farcies à la ''frita''. Tous les midis, ma cage d'escalier devenait sur quelques pas les Champs Élysées de la gastronomie algéroise.
Enfin, le cinquième étage sonnait l'ultime satisfaction de mes repas vaporeux et inaccessibles. Là, j’attribuais le prix d’excellence à une maman juive, Madame Abisserour, avec son couscous au ''osban'', panse farcie dont le fumet pénétrait mon corps par tous les pores de ma peau. Je respirais à pleins poumons les odeurs répandues sur son palier et je franchissais le dernier étage en apnée pour garder le plus longtemps possible l'oxygène parfumé qui festoyait en moi.
Arrivé à la maison où la porte restait toujours ouverte, mes capteurs olfactifs aiguisés par tant de saveurs aussi sublimes, je me précipitais pour sentir les volutes de fumée qui s'échappaient de la marmite dans laquelle un ''riz cocotte'' mijotait dans son bouillon safrané. Après ces instants enivrants où j'avais l'embarras du choix, je passais à table sans tarder pour calmer les contorsions bruyantes de mon estomac.
Les odeurs de cuisine s'étant adoucies, je repartais à l’école vers treize heures en dévalant les escaliers quatre à quatre. Entre marche et course, j’avais hâte de retrouver les camarades pour jouer sur la place Lelièvre avant que la cloche de l'école nous rappelât dans les classes.
Au retour vers dix-sept heures, mes narines étaient de nouveau en éveil et mes glandes salivaires à l’épreuve ; je retrouvais les odeurs sucrées et vanillées, les parfums de cannelle des gâteaux que les mamans préparaient amoureusement pour le goûter de leurs rejetons affamés. L’immeuble se transformait alors en pâtisserie internationale où chaque étage avait sa vitrine de gâteries garnie suivant les saisons et les fêtes religieuses.
Les effluves suaves aromatisaient l'air du sol au plafond et je remplissais à bloc mes poumons pour deviner la douceur accordée aux enfants pour le quatre-heures. L'expertise m'amenait à distinguer le roulé à la confiture, la tarte au citron, le biscuit au chocolat, les dattes et les cigares fourrés à la pâte d’amande, les montécaos, les rolliettes, les oreillettes, les endjenettes, les makrouds, les beignets sucrés, les patates douces cuites au sucre et les croquets aux amandes.
Pour le plus grand régal des petits, je ne remercierai jamais assez, les multiples fêtes religieuses qui entraînaient à Bab el Oued les voisines à s'échanger toute l'année l'assiette de gâteaux traditionnels. Une odeur suave s'imposait à Pâques dans les immeubles de Bab el Oued, d'Alger et de toute l'Algérie : c'était celle de la traditionnelle ''mouna'' que les mamans faisaient cuire sur plaque dans le four du boulanger. Et surtout n'allez pas dire qu'elles fabriquaient un gâteau ou une brioche ; c'était la mouna, un point c'est tout !
La cage d’escalier de mon immeuble mettait en concurrence, sans le faire exprès, la gastronomie du pays. Tous les midis, elle me créait de belles émotions. Les mamans, à l’instar d’une chorale, interprétaient en un même lieu et à l’unisson un récital de goûts et de saveurs dédié aux plaisirs de la table. Ces plats concoctés avec passion et talent provenaient des recettes transmises de mère en fille. À Bab el Oued, toutes les mamans, chrétiennes, juives et musulmanes, suivaient les traditions et leur plaisir, c'était d'offrir ce beau moment de partage autour de la table familiale comme elles l'avaient vécu dans leur enfance avec leur propre maman."
Le : 19/06/2018 07:40
Bonjour Madame,je ne connaissais pas votre époux,par contre moi aussi j'étais de B E O,je vous adresse mes sincères condoléances,amitiés d'un pied-noir
Le : 18/06/2018 12:51
Je vous signale le décés de mon époux françois
de Bab el oued de la rue christophe Colomp
de Bab el oued de la rue christophe Colomp
Le : 17/06/2018 11:45
Merci Messieurs TRIVES ET SOLA pour tous ces souvenirs si bien interprétés. Bonne Fête à tous les papas.
Le : 16/06/2018 11:40
pour Alain Trives
belle réalité que tu décris, car sa lecture me rappelle exactement mon enfance.
Nos aïeux et nous mèmes avons vécu des moment exceptionnels, dont nous devons nous délecter.
Il me semble qu'il n’existe plus de telle situation d 'harmonie des communautés à l'échelon d'un ville d'un pays. Cela peut parfois se présenter dans les quartier pauvres (comme l'étions en majorité), mais encore la délinquance, le communautarisme, vient casser cette harmonie..
effectivement nous étions un peuple en construction..
Mais cela est le passé, et bien ou mal cela s'est passé.
Le présent c'est la culture que nous avons pu transmettre à nos enfants, et sous sommes fondus dans la France, et faisons bien partie de ce pays..
De plus les moeurs et coutumes ont changé. Nous sommes devenus beaucoup moins tournés vers les autres, le chacun chez soi est malheureusement de mise...
Nous avons vécu modestement mais quelle vie exceptionnelle!!!!!
belle réalité que tu décris, car sa lecture me rappelle exactement mon enfance.
Nos aïeux et nous mèmes avons vécu des moment exceptionnels, dont nous devons nous délecter.
Il me semble qu'il n’existe plus de telle situation d 'harmonie des communautés à l'échelon d'un ville d'un pays. Cela peut parfois se présenter dans les quartier pauvres (comme l'étions en majorité), mais encore la délinquance, le communautarisme, vient casser cette harmonie..
effectivement nous étions un peuple en construction..
Mais cela est le passé, et bien ou mal cela s'est passé.
Le présent c'est la culture que nous avons pu transmettre à nos enfants, et sous sommes fondus dans la France, et faisons bien partie de ce pays..
De plus les moeurs et coutumes ont changé. Nous sommes devenus beaucoup moins tournés vers les autres, le chacun chez soi est malheureusement de mise...
Nous avons vécu modestement mais quelle vie exceptionnelle!!!!!
Le : 16/06/2018 08:59
Un extrait de " BAB EL OUED pour la vie ". Souvenirs d'enfance...
" Le Ramadan en été, rue des Moulins, n'a jamais quitté mes pensées ; le goût des gâteaux nappés de miel et fourrés de pâte d'amande inonde toujours la gorge de mon enfance. Aujourd'hui, lorsque je déguste une pâtisserie orientale, c'est ma jeunesse à Bab el Oued qui revient au galop.
Je repense souvent à ce passé partagé avec les enfants du quartier. Les uns allaient à l'église, les autres à la mosquée ou à la synagogue. Nous étions tous nés à Bab el Oued et ensemble nous vivions de beaux moments d'insouciance. La rue des Moulins nous appartenait, on jouait sur les trottoirs, sur le même palier, et comme tous les enfants on devenait ami autant de fois que l'on se fâchait. On fréquentait les mêmes écoles et les mêmes clubs sportifs depuis toujours et on se rendait des services sans rien attendre en retour. Nos liens traversaient les générations et montraient qu'on appartenait à une seule et même famille, la famille de Bab el Oued. Nous ressentions un immense privilège à grandir ensemble comme nos aînés l'avaient fait avant nous.
Les jours de fête religieuse, à l'occasion de l'Aïd, de Kippour ou des Rameaux, une grande liesse s'emparait du quartier. Toutes les mamans mettaient les enfants sur leur ''trente et un''. On assistait à une belle parade de l'innocence. Les filles avec des rubans multicolores dans les cheveux se métamorphosaient en poupées de collection, tandis que les garçons en culotte courte et mi-bas, le front luisant de brillantine avec des cheveux couverts de gomina, ressemblaient au portrait d'un artiste de cinéma des années trente. Dans ces jours d'allégresse, les rues de Bab el Oued sentaient le ''Rêve d'or'', le jasmin et l'eau de Cologne provenant de l'usine des parfums Zouaoui. Que l'on fût juif, musulman ou chrétien, l'exaltation rayonnante venait de tous et tous s'appliquaient à la répandre autour d'eux. Après une vie accomplie côte à côte, chacun partait se reposer de son côté, si je peux m'exprimer ainsi, dans son cimetière respectif situé à El Khettar pour les musulmans et à St Eugène pour les juifs et les chrétiens. Pas de jaloux, toutes les sépultures avaient une vue imprenable sur la mer.
Dans le ciel bleu azur de Sidi Bennour et de Notre Dame d'Afrique, l'arc-en-ciel avait peu de chance d'apparaître pour fasciner le regard des enfants. En revanche, tous les jours, il brillait singulièrement dans les rues avec la beauté de ses différentes couleurs : italienne, kabyle, française, espagnole, arabe, maltaise et mozabite. Cette diversité installée depuis des lustres donnait toute sa truculence au quartier. Il suffisait d'entendre dans les classes chaque matin le maître faire l'appel des élèves pour se rendre compte que l'harmonie des nuances se mettait en forme sur les bancs de l'école. Le destin attendu ne ressemblait en rien à celui des pays d'ailleurs. Ici, l'addition des diversités cimentait de sincères et belles amitiés. En cent trente-deux ans, l'Algérie avec ses Indigènes juifs, musulmans et chrétiens d'origine méditerranéenne, avait donné naissance à un peuple unique en son genre.
" Le Ramadan en été, rue des Moulins, n'a jamais quitté mes pensées ; le goût des gâteaux nappés de miel et fourrés de pâte d'amande inonde toujours la gorge de mon enfance. Aujourd'hui, lorsque je déguste une pâtisserie orientale, c'est ma jeunesse à Bab el Oued qui revient au galop.
Je repense souvent à ce passé partagé avec les enfants du quartier. Les uns allaient à l'église, les autres à la mosquée ou à la synagogue. Nous étions tous nés à Bab el Oued et ensemble nous vivions de beaux moments d'insouciance. La rue des Moulins nous appartenait, on jouait sur les trottoirs, sur le même palier, et comme tous les enfants on devenait ami autant de fois que l'on se fâchait. On fréquentait les mêmes écoles et les mêmes clubs sportifs depuis toujours et on se rendait des services sans rien attendre en retour. Nos liens traversaient les générations et montraient qu'on appartenait à une seule et même famille, la famille de Bab el Oued. Nous ressentions un immense privilège à grandir ensemble comme nos aînés l'avaient fait avant nous.
Les jours de fête religieuse, à l'occasion de l'Aïd, de Kippour ou des Rameaux, une grande liesse s'emparait du quartier. Toutes les mamans mettaient les enfants sur leur ''trente et un''. On assistait à une belle parade de l'innocence. Les filles avec des rubans multicolores dans les cheveux se métamorphosaient en poupées de collection, tandis que les garçons en culotte courte et mi-bas, le front luisant de brillantine avec des cheveux couverts de gomina, ressemblaient au portrait d'un artiste de cinéma des années trente. Dans ces jours d'allégresse, les rues de Bab el Oued sentaient le ''Rêve d'or'', le jasmin et l'eau de Cologne provenant de l'usine des parfums Zouaoui. Que l'on fût juif, musulman ou chrétien, l'exaltation rayonnante venait de tous et tous s'appliquaient à la répandre autour d'eux. Après une vie accomplie côte à côte, chacun partait se reposer de son côté, si je peux m'exprimer ainsi, dans son cimetière respectif situé à El Khettar pour les musulmans et à St Eugène pour les juifs et les chrétiens. Pas de jaloux, toutes les sépultures avaient une vue imprenable sur la mer.
Dans le ciel bleu azur de Sidi Bennour et de Notre Dame d'Afrique, l'arc-en-ciel avait peu de chance d'apparaître pour fasciner le regard des enfants. En revanche, tous les jours, il brillait singulièrement dans les rues avec la beauté de ses différentes couleurs : italienne, kabyle, française, espagnole, arabe, maltaise et mozabite. Cette diversité installée depuis des lustres donnait toute sa truculence au quartier. Il suffisait d'entendre dans les classes chaque matin le maître faire l'appel des élèves pour se rendre compte que l'harmonie des nuances se mettait en forme sur les bancs de l'école. Le destin attendu ne ressemblait en rien à celui des pays d'ailleurs. Ici, l'addition des diversités cimentait de sincères et belles amitiés. En cent trente-deux ans, l'Algérie avec ses Indigènes juifs, musulmans et chrétiens d'origine méditerranéenne, avait donné naissance à un peuple unique en son genre.
Le : 16/06/2018 07:35
Bonjour,
Je suis née en 1955, j'étais inscrite à l'école maternelle des s½urs de st Vincent de Paul de Bab-El-Oued 1960-1964 (s½ur Gabriel- voyage en 61 ou 62 à Revel en France) nous habitions rue Cardinal Verdier à côté d'un laboratoire pharmaceutique et au-dessus d'un café tenu par la famille Peris., je demeure actuellement à Grenoble.
Je suis à la recherche de souvenirs.......
Fatima
fatimabelounis @yahoo.fr
Je suis née en 1955, j'étais inscrite à l'école maternelle des s½urs de st Vincent de Paul de Bab-El-Oued 1960-1964 (s½ur Gabriel- voyage en 61 ou 62 à Revel en France) nous habitions rue Cardinal Verdier à côté d'un laboratoire pharmaceutique et au-dessus d'un café tenu par la famille Peris., je demeure actuellement à Grenoble.
Je suis à la recherche de souvenirs.......
Fatima
fatimabelounis @yahoo.fr
Le : 14/06/2018 20:09
a l'attention des anciens de l'avenue Malakoff, en particulier le 30.Notre amie et soeur de coeur Monique Cloquell a perdu son mari Georges Vasquez. nous partageons sa peine et celle de ses enfants et petits enfants,et rappelons a notre souvenir, marie josée Cloquell partie il y a juste deux ans.
Le : 13/06/2018 11:54
Il y a déjà un certain temps un certain Monsieur Monnier Jean-Pierre, m'a contacté, je ne retrouve plus ses coordonnées, peut-il me rappeler ou quelqu'un de son entourage très proche,merci de votre collaboration.
Alain.
Alain.