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Le : 20/07/2024 08:07
Encore des souvenirs vécus et partagés....
Serge Timsit·
La rue Marengo (14) et peut-être avant dernier épisode
Dans la rue Marengo tout le monde vivait en harmonie, et même si, au niveau des mariages, la mixité était extrêmement rare (j’en ai connues), chacun respectait l'autre et les relations de voisinage étaient excellentes. D'ailleurs toutes les fêtes étaient célébrées par tous.
A Noël chaque enfant avait, au moins, un jouet, quelle que fût sa religion (c'était déjà devenu une fête païenne), et pour les Rameaux, on voyait les petits arabes (c'est comme ça qu'on appelait les enfants musulmans) endimanchés se promener avec des rameaux ornés de papier argenté et garnis de sucreries. Aujourd'hui, même les chrétiens ne le font pas. Et pour le Ramadan, nous mêmes, l’après midi, dès quatre heures et demie, nous nous mettions au balcon, attendant avec impatience le coup de canon qui mettait fin à la journée de jeûne. Et cinq minutes après ce fameux coup de canon, la rue, alors pleine de monde, se transformait en désert. Elle reprenait vie dans la soirée pour une longue nuit.
Et bien sûr, nous profitions de toutes les douceurs fabriquées par nos voisins à cette occasion.
*
Régulièrement, le marchand d’habits passait dans la rue. Avec son sac sur le dos, il criait toutes les dizaines de mètres ‘Marchand d’habiiiiiits’ et quand on avait des vêtements qui ne pouvaient plus nous servir, nous lui faisions signe. Il montait chez nous, nous lui présentions les vêtements, il les examinait sous toutes les coutures (c’est le cas de le dire), réfléchissait, gardait le silence, examinait à nouveau les vêtements offerts, ne bougeait pas et après un long moment de réflexion annonçait un prix dérisoire.
Nous contre proposions un prix plus haut et la discussion de marchand de tapis commençait, euh, pardon ! c’est la discussion de marchand d’habits. Progressivement les prix se rapprochaient et un accord était toujours finalement trouvé à la satisfaction de chacun. Il sortait alors de son saroual sa liasse de billets de banque, payait exactement le prix convenu, introduisait sa nouvelle acquisition dans son sac et repartait à la recherche d’un autre fournisseur de vêtements.
Un moment plus tard, on l’entendait, avec une voix plus éloignée, encore appeler ‘Marchand d’habiiiiiits’.
*
L’électricité était distribuée par des câbles installés sur des supports fixés aux parois des immeubles. Au printemps de chaque année les hirondelles faisaient une escale rue Marengo lors de leur pérégrination vers les pays européens. En fin d’après midi, elles s’installaient sur ces câbles. Il y en avait des milliers côte à côte tout le long de la rue et elles ne laissaient pas un millimètre de libre entre deux voisines.
Et puis, un beau matin elles avaient disparu.
Je ne me souviens pas les avoir revues à l’automne pour leur retour vers l’Afrique. Mais peut-être étions nous encore aux Horizons Bleus
*
Là, c’était Rampe Valée et non rue Marengo. Des chiens erraient dans la ville, probablement non vaccinés et risquaient de transmettre la rage, qui, à l’époque, n’était pas éradiquée en Algérie. Galoufa était chargé de les récupérer. On le voyait souvent circuler dans sa camionnette, à la recherche de chiens sans maître. Lorsqu’il en détectait un, avec un filet au bout d’une longue perche il s’en approchait doucement, essayait de l‘attraper et s’il y parvenait, il l‘installait dans la partie isolée de l’arrière de son véhicule, éventuellement, avec d’autres chiens mais chacun dans une cage individuelle. Ils étaient ensuite emmenés à la fourrière et si, au bout de trois jours, personne ne les réclamait, ils étaient piqués et donc euthanasiés.
*
Les 'petits arabes' jouaient beaucoup dans la rue ; ils avaient différents jeux :
- le cerceau ; ils utilisaient toutes sortes de cercles en métal, certains étaient des roues de vélos usagées, d’autres je ne sais pas trop où ils les trouvaient, ils les guidaient avec un fil de fer qu'ils avaient façonné à ses extrémités, l‘une en forme de U qui encadrait le bord du cerceau pour lui servir de guide, l’autre renforcée pour servir de poignée à l’enfant. Nous les voyions courir dans la rue avec. Ils étaient très habiles et parvenaient à faire des slaloms pour éviter les passants qui circulaient devant eux.
- la marelle, souvent dans sa forme spirale,
- et surtout, la carriole qu'ils confectionnaient avec des planches et des roulements à billes. Une planche, suffisamment large, servait de siège. Sous cette planche, à l'arrière, était fixé un essieu de bois aux extrémités duquel étaient insérés deux roulementsbilles. Devant, l’assise était prolongée, en son milieu, par une planche plus étroite sur laquelle était montée, en travers, une planchette mobile avec un roulement à billes en son milieu. C'est elle qui guidait la carriole soit grâce a une ficelle fixée à ses extrémités, soit directement avec les pieds dessus. L’angle donné au roulement à billes avant permettait de définir la direction prise par l’engin.
Lorsque la pente de la rue le permettait, les enfants circulaient seuls ; sinon ils se faisaient pousser par un de leurs camarades.
- Pour la fête de Mouloud, ils jouaient également avec des pétards. Il y en avait de deux sortes :
Les classiques destinés à faire du bruit. Ils étaient composés d'un petit cylindre gris en carton qui contenait, je suppose, de la poudre. Le cylindre était prolongé par une petite mèche qu'on allumait, qui se consumait puis le faisait exploser à grand bruit. Je dirais que c'était un bâton de dynamite en miniature.
Les bombes qui avaient la forme d'un bouchon de bouteille de vin en un peu plus court. Elles étaient également en carton gris et contenait plus de poudre qu'un pétard classique. Aux extrémités du cylindre, il y avait un produit inflammable en cas de choc (du soufre ?). Ces bombes étaient jetées violemment sur le sol et explosaient à son contact. Elles étaient dangereuses car elles provoquaient des brûlures sérieuses si on se trouvait à proximité. C'est ainsi, qu'à plusieurs reprises, je me suis retrouvé avec des plaies aux jambes.
*
Parfois Messali Hadj apparaissait, rue Marengo, dans sa belle américaine, une cadillac (si je me souviens bien) décapotable et décapotée. Lui et sa voiture provoquaient la curiosité et l'admiration de tous ses fans. Les enfants s'agglutinaient autour de sa voiture et l’empêchait d’avancer.
Massali Hadj était le créateur et le chef du MNA (Mouvement Nationaliste Algérien), une organisation, bien plus modérée que le FLN, et, je suppose, adepte de la négociation. C’est, bien sûr, le FLN, plus virulent, qui à gagné la guerre fratricide que se sont menée ces deux mouvements et Messali Hadj a été exclu de toute action politique, alors que c’est lui qui avait été l’initiateur de la rébellion, en réclamant, dès 1927, l’indépendance de l’Algérie.
*
De temps en temps, des danseurs noirs avec leurs tambourins, leurs trompettes, leurs darboukas et leurs espèces de castagnettes en métal noir (des kekrebs) parcouraient la rue, dansaient au son de leurs instruments, et de nos fenêtres, nous leur lancions quelques pièces de monnaie qu’ils s’empressaient de ramasser.
*
Le dimanche, avec nos voisines du troisième étage nous allions au cinéma dans la quartier de Bab el Oued équipé de nombreuses salles : Le Plaza, le Suffren, la Perle, le Trianon, le Marignan, les Variétés, le Majestic , le Mon Ciné... Elles se trouvaient toutes à moins de cinq cents mètres de notre point de rencontre, la Grande Brasserie.
Presque toutes avaient un parterre et un balcon où le prix des places était plus élevé.
Le Majestic était le plus grand cinéma de toute la ville. Il avait une scène qui pouvait accueillir différentes manifestations, telles que des tours de chants, des spectacles sur scène, dont la troupe des danseurs de l’armée russe que j’ai eu la chance de voir un dimanche matin, des rencontres sportives (combats de boxe ou rencontres d’escrime) ou même les meetings politiques, mais c’était beaucoup plus rare.
La salle du cinéma avait un toit ouvrant, coulissant sur des rails, il permettait de bien l’aérer après les spectacles, s’il ne pleuvait pas.
Partout le programme changeait chaque semaine, le jeudi.
Aussi, ce jour là, dès le matin la cérémonie du cinéma commençait. Elise se réunissait avec nos deux voisines, mesdames Leguem et Bellaloum, pour choisir le film que nous irions voir le dimanche. La réunion pouvait durer jusqu’à trouver un compromis qui satisfît chacune.
A l’époque les places à occuper était fixées à l’avance, aussi, dès l’après midi nous étions chargés d’aller les réserver. Nous allions au guichet du cinéma retenu et, après avoir fait la queue, devant la guichetière qui détenait les plans de la salle pour toutes les séances de la semaine à venir, nous demandions celui du jour et de la séance choisis. Sur la page correspondante, elle avait déjà mis une croix, avec un crayon de couleur, très gras, bleu ou rouge, sur toutes les places déjà retenues. Nous sélectionnions, en lui montrant avec notre index à travers sa vitre les places que nous voulions retenir.
Selon les consignes que nous avions, il ne fallait pas qu’elles soient dans les premiers rangs parce que trop près de l’écran ça faisait mal aux yeux, pas vers le fond de la salle parce que c’était trop loin, pas sur les côtés parce qu’on y voyait mal. Nous arrivions toujours à trouver le bon compromis, parce que nous nous étions pris suffisamment tôt dans la semaine, pour acheter nos huit places (trois pour les Bellaloum, deux pour les Leguem et trois pour nous (Elise, Hélène et moi) ; mes frères plus âgés sortaient ensemble avec leurs copains.
Nous choisissions systématiquement la seconde séance de l’après midi qui commençait à 16 heures 30, ça nous laissait le temps de nous préparer après le déjeuner et ça nous permettait de rentrer chez nous, à l’heure pour le dîner. Pour aller au cinéma, nous étions endimanchés, c’était une cérémonie, il fallait que nous fussions belles et beaux, mais pas Belzébuth.
Quand nous nous présentions au cinéma le dimanche, une première personne filtrait les entrées en vérifiant les tickets (le bon cinéma, le bon jour, la bonne séance, le bon nombre de tickets), et les déchirait. Puis, une fois dans la salle, il fallait rester devant l’entrée en attendant qu’une ouvreuse vienne nous prendre en charge ; et après qu’elle ait lu le rang et les numéros réservés, elle nous conduisait à nos places moyennant un pourboire.
La séance se déroulait en deux temps. Tout d’abord les actualités de la semaine étaient présentées, c’était normal puisque la télévision n’existait pas. Ces images d’informations étaient formidables pour nous. Mais résumer tout ce qui s’est passé dans le pays et dans le monde la semaine précédente en quelques minutes relevait d’une gymnastique extraordinaire et beaucoup d’évènements susceptibles de nous intéresser n’étaient pas traités.
Les actualités étaient suivies d’un documentaire ou d’un court métrage souvent amusant ; puis il y avait le ‘lancement’ ; il s’agissait de présenter quelques images du film programmé pour la semaine suivante.
Parfois le film se déroulait en deux épisodes et, bien entendu, le premier se terminait toujours à un moment dramatique plein de suspense. La présentation de la seconde phase qui était au programme de la semaine suivante était très alléchante. Les séries d’aujourd’hui se sont inspirées de cette technique.
Pour terminer la première partie du spectacle, la publicité était présentée par la société Afric Films qui annonçait son adresse et son numéro de téléphone.
*
A propos du téléphone dans les années cinquante, lorsqu’on avait un téléphone, ce qui était rare, on payait un abonnement mensuel aux PTT ; il fallait y ajouter le prix des communications qui étaient facturées à la minute. Il y avait un forfait pour les trois premières minutes puis chaque minute supplémentaire coûtait assez cher (70 centimes de franc de l’époque pour chaque minute commencée, si ma mémoire est bonne).
Et lorsqu’on voulait téléphoner sur longue distance, il fallait passer par l’inter. On était mis en relation avec une opératrice qu’on informait du lieu et du numéro demandé. Au moyen de fiches sur un immense tableau, elle nous mettait en relation avec le central du numéro appelé (le 22 à Asnières, ça ne vous rappelle rien ?)
Les communications longue distance étaient, bien sûr, d’un coût bien supérieur à celui d’une communication locale.
A cette époque on était bien loin des smartphones et des appels illimités inclus dans l’abonnement ! Que d’évolutions en 70 ans !
Je me souviens que des amis de mes parents avaient un téléphone (nous, non). L’épouse étant très bavarde, elle avait pris l’habitude d’y passer beaucoup de temps (c’était déjà une drogue ?) ; sur le moment la dépense était invisible et donc insensible, elle n’apparaissait qu’avec la facture mensuelle des PTT et générait de nombreuses scènes de ménage dans le couple. Las, le mari a finalement trouvé la solution : il a bloqué le cadran du téléphone avec un cadenas sur le 1 et son épouse ne pouvait plus le faire tourner pour appeler ses correspondants
Après mon aparté sur le téléphone, je reviens au thème du cinéma. Après la publicité, la salle s’éclairait, c’était l’entracte pendant lequel les ouvreuses circulaient avec un plateau, maintenu à l’horizontal par une bretelle qui passait autour de leur cou, rempli de cacahuètes, de bliblis, de bonbons, d’autres sucreries de toutes sortes et d’esquimaux qu’elles essayaient de vendre ; et nous les entendions énoncer sans cesse : Bonbons, Caramels, Esquimaux chocolats
Après un quart d’heure le noir revenait et le film commençait enfin. On l’appelait le grand film !
Le dimanche, pendant que nous allions au cinéma, les maris de ces dames se reposaient de leur longue semaine de travail.
À l’époque elle était, pour les salariés, de quarante quatre heures soit huit heures pas jour du lundi au vendredi et quatre heures le samedi matin, mais les heures ne comptaient pas et très souvent les employés faisaient des heures supplémentaires non payées ; En fait, l’unité de mesure n’était pas l’heure mais la journée.
Pour les commerçants et les artisans, c’était au minimum huit heures par jour du lundi au samedi.
Armand, lui, ne se reposait pas le dimanche, il en profitait pour aller passer la journée à la pêche avec la barque à rames, le Jacqueline, qu’il possédait au Club Nautique d’Alger. Et le soir il nous rapportait ses prises fraîches pour notre dîner, c’était au minimum de la friture ou du poisson de roche pour la soupe de poisson. Parfois, il s’agissait de pièces plus importantes (sars, pageots, dorades . …) et alors c’était de la grillade.
Un dimanche il est revenu de la pêche avec une langouste. Pour la faire cuire, nous l’avons plongée dans une marmite d’eau bouillante. Madame n’a pas apprécié, elle s’est révoltée et a donné un grand coup de queue, elle a tout éclaboussé, elle s’est envolée et a atterri par terre. Nous avons recommencé l’opération et elle s’est enfin résignée, elle a admis sa défaite et nous avons pu la faire cuire. Ce soir là nous avons fait un repas de gala.
Parfois, le jeudi, j’allais à Mon Ciné avec mes cousins. C’était un petit cinéma de quartier, bas de gamme, sans balcon, dans lequel on présentait des films de seconde série ou anciens. Les places n’étaient pas chères. On y voyait des films tels que des westerns, des films loufoques avec Bud Abbott et Lou Costello, Laurel et Hardy, ou encore des films d’aventure comme Tarzan avec Johnny Weissmuller.
Certaines des scènes de ce dernier long métrage, notamment celle de l’arbre où Tarzan pousse son fameux cri, ont été tournées au jardin d’essai.
Serge Timsit·
La rue Marengo (14) et peut-être avant dernier épisode
Dans la rue Marengo tout le monde vivait en harmonie, et même si, au niveau des mariages, la mixité était extrêmement rare (j’en ai connues), chacun respectait l'autre et les relations de voisinage étaient excellentes. D'ailleurs toutes les fêtes étaient célébrées par tous.
A Noël chaque enfant avait, au moins, un jouet, quelle que fût sa religion (c'était déjà devenu une fête païenne), et pour les Rameaux, on voyait les petits arabes (c'est comme ça qu'on appelait les enfants musulmans) endimanchés se promener avec des rameaux ornés de papier argenté et garnis de sucreries. Aujourd'hui, même les chrétiens ne le font pas. Et pour le Ramadan, nous mêmes, l’après midi, dès quatre heures et demie, nous nous mettions au balcon, attendant avec impatience le coup de canon qui mettait fin à la journée de jeûne. Et cinq minutes après ce fameux coup de canon, la rue, alors pleine de monde, se transformait en désert. Elle reprenait vie dans la soirée pour une longue nuit.
Et bien sûr, nous profitions de toutes les douceurs fabriquées par nos voisins à cette occasion.
*
Régulièrement, le marchand d’habits passait dans la rue. Avec son sac sur le dos, il criait toutes les dizaines de mètres ‘Marchand d’habiiiiiits’ et quand on avait des vêtements qui ne pouvaient plus nous servir, nous lui faisions signe. Il montait chez nous, nous lui présentions les vêtements, il les examinait sous toutes les coutures (c’est le cas de le dire), réfléchissait, gardait le silence, examinait à nouveau les vêtements offerts, ne bougeait pas et après un long moment de réflexion annonçait un prix dérisoire.
Nous contre proposions un prix plus haut et la discussion de marchand de tapis commençait, euh, pardon ! c’est la discussion de marchand d’habits. Progressivement les prix se rapprochaient et un accord était toujours finalement trouvé à la satisfaction de chacun. Il sortait alors de son saroual sa liasse de billets de banque, payait exactement le prix convenu, introduisait sa nouvelle acquisition dans son sac et repartait à la recherche d’un autre fournisseur de vêtements.
Un moment plus tard, on l’entendait, avec une voix plus éloignée, encore appeler ‘Marchand d’habiiiiiits’.
*
L’électricité était distribuée par des câbles installés sur des supports fixés aux parois des immeubles. Au printemps de chaque année les hirondelles faisaient une escale rue Marengo lors de leur pérégrination vers les pays européens. En fin d’après midi, elles s’installaient sur ces câbles. Il y en avait des milliers côte à côte tout le long de la rue et elles ne laissaient pas un millimètre de libre entre deux voisines.
Et puis, un beau matin elles avaient disparu.
Je ne me souviens pas les avoir revues à l’automne pour leur retour vers l’Afrique. Mais peut-être étions nous encore aux Horizons Bleus
*
Là, c’était Rampe Valée et non rue Marengo. Des chiens erraient dans la ville, probablement non vaccinés et risquaient de transmettre la rage, qui, à l’époque, n’était pas éradiquée en Algérie. Galoufa était chargé de les récupérer. On le voyait souvent circuler dans sa camionnette, à la recherche de chiens sans maître. Lorsqu’il en détectait un, avec un filet au bout d’une longue perche il s’en approchait doucement, essayait de l‘attraper et s’il y parvenait, il l‘installait dans la partie isolée de l’arrière de son véhicule, éventuellement, avec d’autres chiens mais chacun dans une cage individuelle. Ils étaient ensuite emmenés à la fourrière et si, au bout de trois jours, personne ne les réclamait, ils étaient piqués et donc euthanasiés.
*
Les 'petits arabes' jouaient beaucoup dans la rue ; ils avaient différents jeux :
- le cerceau ; ils utilisaient toutes sortes de cercles en métal, certains étaient des roues de vélos usagées, d’autres je ne sais pas trop où ils les trouvaient, ils les guidaient avec un fil de fer qu'ils avaient façonné à ses extrémités, l‘une en forme de U qui encadrait le bord du cerceau pour lui servir de guide, l’autre renforcée pour servir de poignée à l’enfant. Nous les voyions courir dans la rue avec. Ils étaient très habiles et parvenaient à faire des slaloms pour éviter les passants qui circulaient devant eux.
- la marelle, souvent dans sa forme spirale,
- et surtout, la carriole qu'ils confectionnaient avec des planches et des roulements à billes. Une planche, suffisamment large, servait de siège. Sous cette planche, à l'arrière, était fixé un essieu de bois aux extrémités duquel étaient insérés deux roulementsbilles. Devant, l’assise était prolongée, en son milieu, par une planche plus étroite sur laquelle était montée, en travers, une planchette mobile avec un roulement à billes en son milieu. C'est elle qui guidait la carriole soit grâce a une ficelle fixée à ses extrémités, soit directement avec les pieds dessus. L’angle donné au roulement à billes avant permettait de définir la direction prise par l’engin.
Lorsque la pente de la rue le permettait, les enfants circulaient seuls ; sinon ils se faisaient pousser par un de leurs camarades.
- Pour la fête de Mouloud, ils jouaient également avec des pétards. Il y en avait de deux sortes :
Les classiques destinés à faire du bruit. Ils étaient composés d'un petit cylindre gris en carton qui contenait, je suppose, de la poudre. Le cylindre était prolongé par une petite mèche qu'on allumait, qui se consumait puis le faisait exploser à grand bruit. Je dirais que c'était un bâton de dynamite en miniature.
Les bombes qui avaient la forme d'un bouchon de bouteille de vin en un peu plus court. Elles étaient également en carton gris et contenait plus de poudre qu'un pétard classique. Aux extrémités du cylindre, il y avait un produit inflammable en cas de choc (du soufre ?). Ces bombes étaient jetées violemment sur le sol et explosaient à son contact. Elles étaient dangereuses car elles provoquaient des brûlures sérieuses si on se trouvait à proximité. C'est ainsi, qu'à plusieurs reprises, je me suis retrouvé avec des plaies aux jambes.
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Parfois Messali Hadj apparaissait, rue Marengo, dans sa belle américaine, une cadillac (si je me souviens bien) décapotable et décapotée. Lui et sa voiture provoquaient la curiosité et l'admiration de tous ses fans. Les enfants s'agglutinaient autour de sa voiture et l’empêchait d’avancer.
Massali Hadj était le créateur et le chef du MNA (Mouvement Nationaliste Algérien), une organisation, bien plus modérée que le FLN, et, je suppose, adepte de la négociation. C’est, bien sûr, le FLN, plus virulent, qui à gagné la guerre fratricide que se sont menée ces deux mouvements et Messali Hadj a été exclu de toute action politique, alors que c’est lui qui avait été l’initiateur de la rébellion, en réclamant, dès 1927, l’indépendance de l’Algérie.
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De temps en temps, des danseurs noirs avec leurs tambourins, leurs trompettes, leurs darboukas et leurs espèces de castagnettes en métal noir (des kekrebs) parcouraient la rue, dansaient au son de leurs instruments, et de nos fenêtres, nous leur lancions quelques pièces de monnaie qu’ils s’empressaient de ramasser.
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Le dimanche, avec nos voisines du troisième étage nous allions au cinéma dans la quartier de Bab el Oued équipé de nombreuses salles : Le Plaza, le Suffren, la Perle, le Trianon, le Marignan, les Variétés, le Majestic , le Mon Ciné... Elles se trouvaient toutes à moins de cinq cents mètres de notre point de rencontre, la Grande Brasserie.
Presque toutes avaient un parterre et un balcon où le prix des places était plus élevé.
Le Majestic était le plus grand cinéma de toute la ville. Il avait une scène qui pouvait accueillir différentes manifestations, telles que des tours de chants, des spectacles sur scène, dont la troupe des danseurs de l’armée russe que j’ai eu la chance de voir un dimanche matin, des rencontres sportives (combats de boxe ou rencontres d’escrime) ou même les meetings politiques, mais c’était beaucoup plus rare.
La salle du cinéma avait un toit ouvrant, coulissant sur des rails, il permettait de bien l’aérer après les spectacles, s’il ne pleuvait pas.
Partout le programme changeait chaque semaine, le jeudi.
Aussi, ce jour là, dès le matin la cérémonie du cinéma commençait. Elise se réunissait avec nos deux voisines, mesdames Leguem et Bellaloum, pour choisir le film que nous irions voir le dimanche. La réunion pouvait durer jusqu’à trouver un compromis qui satisfît chacune.
A l’époque les places à occuper était fixées à l’avance, aussi, dès l’après midi nous étions chargés d’aller les réserver. Nous allions au guichet du cinéma retenu et, après avoir fait la queue, devant la guichetière qui détenait les plans de la salle pour toutes les séances de la semaine à venir, nous demandions celui du jour et de la séance choisis. Sur la page correspondante, elle avait déjà mis une croix, avec un crayon de couleur, très gras, bleu ou rouge, sur toutes les places déjà retenues. Nous sélectionnions, en lui montrant avec notre index à travers sa vitre les places que nous voulions retenir.
Selon les consignes que nous avions, il ne fallait pas qu’elles soient dans les premiers rangs parce que trop près de l’écran ça faisait mal aux yeux, pas vers le fond de la salle parce que c’était trop loin, pas sur les côtés parce qu’on y voyait mal. Nous arrivions toujours à trouver le bon compromis, parce que nous nous étions pris suffisamment tôt dans la semaine, pour acheter nos huit places (trois pour les Bellaloum, deux pour les Leguem et trois pour nous (Elise, Hélène et moi) ; mes frères plus âgés sortaient ensemble avec leurs copains.
Nous choisissions systématiquement la seconde séance de l’après midi qui commençait à 16 heures 30, ça nous laissait le temps de nous préparer après le déjeuner et ça nous permettait de rentrer chez nous, à l’heure pour le dîner. Pour aller au cinéma, nous étions endimanchés, c’était une cérémonie, il fallait que nous fussions belles et beaux, mais pas Belzébuth.
Quand nous nous présentions au cinéma le dimanche, une première personne filtrait les entrées en vérifiant les tickets (le bon cinéma, le bon jour, la bonne séance, le bon nombre de tickets), et les déchirait. Puis, une fois dans la salle, il fallait rester devant l’entrée en attendant qu’une ouvreuse vienne nous prendre en charge ; et après qu’elle ait lu le rang et les numéros réservés, elle nous conduisait à nos places moyennant un pourboire.
La séance se déroulait en deux temps. Tout d’abord les actualités de la semaine étaient présentées, c’était normal puisque la télévision n’existait pas. Ces images d’informations étaient formidables pour nous. Mais résumer tout ce qui s’est passé dans le pays et dans le monde la semaine précédente en quelques minutes relevait d’une gymnastique extraordinaire et beaucoup d’évènements susceptibles de nous intéresser n’étaient pas traités.
Les actualités étaient suivies d’un documentaire ou d’un court métrage souvent amusant ; puis il y avait le ‘lancement’ ; il s’agissait de présenter quelques images du film programmé pour la semaine suivante.
Parfois le film se déroulait en deux épisodes et, bien entendu, le premier se terminait toujours à un moment dramatique plein de suspense. La présentation de la seconde phase qui était au programme de la semaine suivante était très alléchante. Les séries d’aujourd’hui se sont inspirées de cette technique.
Pour terminer la première partie du spectacle, la publicité était présentée par la société Afric Films qui annonçait son adresse et son numéro de téléphone.
*
A propos du téléphone dans les années cinquante, lorsqu’on avait un téléphone, ce qui était rare, on payait un abonnement mensuel aux PTT ; il fallait y ajouter le prix des communications qui étaient facturées à la minute. Il y avait un forfait pour les trois premières minutes puis chaque minute supplémentaire coûtait assez cher (70 centimes de franc de l’époque pour chaque minute commencée, si ma mémoire est bonne).
Et lorsqu’on voulait téléphoner sur longue distance, il fallait passer par l’inter. On était mis en relation avec une opératrice qu’on informait du lieu et du numéro demandé. Au moyen de fiches sur un immense tableau, elle nous mettait en relation avec le central du numéro appelé (le 22 à Asnières, ça ne vous rappelle rien ?)
Les communications longue distance étaient, bien sûr, d’un coût bien supérieur à celui d’une communication locale.
A cette époque on était bien loin des smartphones et des appels illimités inclus dans l’abonnement ! Que d’évolutions en 70 ans !
Je me souviens que des amis de mes parents avaient un téléphone (nous, non). L’épouse étant très bavarde, elle avait pris l’habitude d’y passer beaucoup de temps (c’était déjà une drogue ?) ; sur le moment la dépense était invisible et donc insensible, elle n’apparaissait qu’avec la facture mensuelle des PTT et générait de nombreuses scènes de ménage dans le couple. Las, le mari a finalement trouvé la solution : il a bloqué le cadran du téléphone avec un cadenas sur le 1 et son épouse ne pouvait plus le faire tourner pour appeler ses correspondants
Après mon aparté sur le téléphone, je reviens au thème du cinéma. Après la publicité, la salle s’éclairait, c’était l’entracte pendant lequel les ouvreuses circulaient avec un plateau, maintenu à l’horizontal par une bretelle qui passait autour de leur cou, rempli de cacahuètes, de bliblis, de bonbons, d’autres sucreries de toutes sortes et d’esquimaux qu’elles essayaient de vendre ; et nous les entendions énoncer sans cesse : Bonbons, Caramels, Esquimaux chocolats
Après un quart d’heure le noir revenait et le film commençait enfin. On l’appelait le grand film !
Le dimanche, pendant que nous allions au cinéma, les maris de ces dames se reposaient de leur longue semaine de travail.
À l’époque elle était, pour les salariés, de quarante quatre heures soit huit heures pas jour du lundi au vendredi et quatre heures le samedi matin, mais les heures ne comptaient pas et très souvent les employés faisaient des heures supplémentaires non payées ; En fait, l’unité de mesure n’était pas l’heure mais la journée.
Pour les commerçants et les artisans, c’était au minimum huit heures par jour du lundi au samedi.
Armand, lui, ne se reposait pas le dimanche, il en profitait pour aller passer la journée à la pêche avec la barque à rames, le Jacqueline, qu’il possédait au Club Nautique d’Alger. Et le soir il nous rapportait ses prises fraîches pour notre dîner, c’était au minimum de la friture ou du poisson de roche pour la soupe de poisson. Parfois, il s’agissait de pièces plus importantes (sars, pageots, dorades . …) et alors c’était de la grillade.
Un dimanche il est revenu de la pêche avec une langouste. Pour la faire cuire, nous l’avons plongée dans une marmite d’eau bouillante. Madame n’a pas apprécié, elle s’est révoltée et a donné un grand coup de queue, elle a tout éclaboussé, elle s’est envolée et a atterri par terre. Nous avons recommencé l’opération et elle s’est enfin résignée, elle a admis sa défaite et nous avons pu la faire cuire. Ce soir là nous avons fait un repas de gala.
Parfois, le jeudi, j’allais à Mon Ciné avec mes cousins. C’était un petit cinéma de quartier, bas de gamme, sans balcon, dans lequel on présentait des films de seconde série ou anciens. Les places n’étaient pas chères. On y voyait des films tels que des westerns, des films loufoques avec Bud Abbott et Lou Costello, Laurel et Hardy, ou encore des films d’aventure comme Tarzan avec Johnny Weissmuller.
Certaines des scènes de ce dernier long métrage, notamment celle de l’arbre où Tarzan pousse son fameux cri, ont été tournées au jardin d’essai.
Le : 16/07/2024 13:08
Joyeux anniversaire à Alain Abou du 74 bis de la consolation
il fête aujourd’hui 16 juillet ses 80 ans .
Peut être quelqu’un a de ses nouvelles réponse en MP
il fête aujourd’hui 16 juillet ses 80 ans .
Peut être quelqu’un a de ses nouvelles réponse en MP
Le : 15/07/2024 10:31
Nous sommes des amis de Paquito ainsi que son épouse qui est a présent décédée
Paquito habite a Montauban
ils sont venus plusieurs fois a la maison
nous étions en contact par email ; plus rien
La dernière que j ai un message sur se site "on" m a dit qu il était décédé
c est impossible qui peut me donner de plus amples explications???
merci
Paquito habite a Montauban
ils sont venus plusieurs fois a la maison
nous étions en contact par email ; plus rien
La dernière que j ai un message sur se site "on" m a dit qu il était décédé
c est impossible qui peut me donner de plus amples explications???
merci
Le : 12/07/2024 08:53
De mon copain, Serge Timsit, gardien de but de hand-ball au Red Staret qui nous offre ses souvenirs....
La rue Marengo (12)
Au pied de notre immeuble, juste à côté de l’entrée, à gauche, un artisan faisait des beignets, des makrouts aux dattes et des zlabias mielleux. J’aimais ces derniers lorsqu’ils étaient encore chauds et croustillants ; une fois refroidis le miel les avait ramollis et, devenus pâteux, ils ne me plaisaient plus.
Pour les fêtes musulmanes, l’étal regorgeait de gâteaux aux amandes et/ou au miel de toutes sortes présentés sur des plateaux. Il y en avait tellement de chaque sorte qu’ils formaient des pyramides de plus de trente centimètres de haut.
Parfois pour notre goûter de 11 heures, à la sortie de l’école, (nous avions le goûter de 11 heures et le goûter de 4 heures), nous descendions acheter des beignets. Le marchand avait préparé la pâte qu’il stockait dans un récipient ; il en prenait une poignée, la façonnait et, avec un mouvement circulaire de ses mains, l’envoyait tournoyer dans l’huile bouillante de son four. Quelques secondes plus tard, il enveloppait notre demi-douzaine de beignets dans du papier journal.
Quel manque d’hygiène pour les jeunes d’aujourd’hui ! Mais ce ‘manque d’hygiène’ nous a, peut-être, fortifiés et renforcé nos défenses immunitaires.
Toujours est-il que nous nous empressions de remonter notre achat ; nous saupoudrions de sucre ou recouvrions de miel les beignets tout chauds, encore sur leur papier journal, et nous nous régalions.
A gauche du marchand de beignets, la boulangerie de monsieur Rihani, après la période de rationnement, proposait différentes sortes de pains dont du pain blanc plus cher et des biscottes au détail fabriquées maison.
La farine lui était livrée par une grande charrette tirée par deux chevaux. Les sacs de farine, d’une cinquantaine de kilos, étaient descendus à dos d’homme un étage plus bas, rue de Toulon dans le fournil de la boulangerie. Au préalable les chevaux voyaient leur bouche armée d’un sac de son attaché à leur cou. Pour bénéficier de cette nourriture, ils étaient obligés de lancer rapidement leur tête en arrière pour obtenir chacune des gorgées.
A droite de l’entrée de l’immeuble, travaillait notre coiffeur Thomas à côté duquel s’était installé le nouveau laitier qui était en même temps glacier.
Il vendait, comme Aïder, le lait au détail, le petit lait et le beurre qu’il fabriquait dans une baratte installée juste à l’entrée de la boutique. Quand elle tournait, il intervenait de temps en temps pour récupérer les grains de beurre avec une spatule en bois.
Les glaces industrielles n’existaient pas, il les fabriquait lui même et elles étaient bien meilleures que celles que nous consommons aujourd’hui. Bien sûr, le nombre de parfums était limité, mais ils étaient naturels.
Souvent, on descendait avec une casserole et on lui demandait de nous préparer du créponné (sorbet) ; il versait dans sa sorbetière industrielle du jus de citron (du vrai), de l’eau et du sucre selon des dosages bien déterminés puis il la mettait en marche ; une pale hélicoïdale tournait presque jusqu’aux parois du cylindre glacé qui contenait tous les ingrédients, elle les mélangeait et le sorbet qui se formait progressivement était récupéré avec une spatule et reversé dans notre casserole.
Quelques dizaines de secondes plus tard nous repartions avec notre récipient plein de sorbet pour quelques sous.
Je me souviens que lorsque j’en avalais trop en une seule seule cuillerée, le froid me donnait très mal à la tête et j’étais obligé de m’allonger un moment en attendant que ça passe.
Au 32 vivait Marie Timsit. Elle était la seule de mes quatre grands parents que j’ai connue, les trois autres sont décédés avant ma naissance.
Elle était âgée et avait du mal à se déplacer, nous l’aidions dans tous les sens du terme, et lui rendions visite ainsi que ses petits enfants et ses autres enfants, dont bien sûr ma tante Mireille qui habitait au 34.
Elle habitait au premier étage, sa cuisine était aveugle, la seule petite lueur du jour qui y parvenait provenait d’un puits de lumière qui allait de la courette qui la jouxtait jusqu’à une verrière au sommet de l’immeuble.
Un jour, un cambrioleur est passé par la terrasse ; il a fait une fausse man½uvre et a cassé la verrière qui s’est écroulée chez Marie sans faire de gros dégats.
Au 33, de l'autre côté de la rue de Toulon par rapport à notre immeuble, se dressait l’école de garçons (la mixité des écoles primaires n’existait pas à l’époque, il fallait attendre d’être dans les établissements d’enseignement supérieur pour qu’elle soit autorisée). Le directeur était monsieur Muriot dont le fils André était mon grand copain. Nous étions dans la même classe et sur le même banc au collège Guillemin. C'est lui qui, dans un premier temps, m'a fait jouer au handball en tant que scolaire, et ensuite au Red Star d'Alger, avec son frère aîné Jacques, assassiné et vidé de son sang. C’était une période où le FLN tuait beaucoup de jeunes hommes pour, notamment, récupérer le sang dont il avait besoin pour soigner ses blessés.
Nous faisions nos devoirs ensemble, souvent dans le bureau du directeur de l'école, et parfois, lorsque nous n'avions pas trop envie de travailler, nous allions dans la cour et avec André et Jacques, nous jouions au ballon. Moi, bien sûr, je jouais le rôle de gardien de buts entre deux piliers du préau !
Lorsque nous avions des devoirs de math à faire, je m'attaquais directement aux exercices, André voulait commencer par apprendre la leçon, mais je n'en éprouvais aucunement le besoin, J’avais déjà compris et retenu la leçon en cours.
La rue Marengo (12)
Au pied de notre immeuble, juste à côté de l’entrée, à gauche, un artisan faisait des beignets, des makrouts aux dattes et des zlabias mielleux. J’aimais ces derniers lorsqu’ils étaient encore chauds et croustillants ; une fois refroidis le miel les avait ramollis et, devenus pâteux, ils ne me plaisaient plus.
Pour les fêtes musulmanes, l’étal regorgeait de gâteaux aux amandes et/ou au miel de toutes sortes présentés sur des plateaux. Il y en avait tellement de chaque sorte qu’ils formaient des pyramides de plus de trente centimètres de haut.
Parfois pour notre goûter de 11 heures, à la sortie de l’école, (nous avions le goûter de 11 heures et le goûter de 4 heures), nous descendions acheter des beignets. Le marchand avait préparé la pâte qu’il stockait dans un récipient ; il en prenait une poignée, la façonnait et, avec un mouvement circulaire de ses mains, l’envoyait tournoyer dans l’huile bouillante de son four. Quelques secondes plus tard, il enveloppait notre demi-douzaine de beignets dans du papier journal.
Quel manque d’hygiène pour les jeunes d’aujourd’hui ! Mais ce ‘manque d’hygiène’ nous a, peut-être, fortifiés et renforcé nos défenses immunitaires.
Toujours est-il que nous nous empressions de remonter notre achat ; nous saupoudrions de sucre ou recouvrions de miel les beignets tout chauds, encore sur leur papier journal, et nous nous régalions.
A gauche du marchand de beignets, la boulangerie de monsieur Rihani, après la période de rationnement, proposait différentes sortes de pains dont du pain blanc plus cher et des biscottes au détail fabriquées maison.
La farine lui était livrée par une grande charrette tirée par deux chevaux. Les sacs de farine, d’une cinquantaine de kilos, étaient descendus à dos d’homme un étage plus bas, rue de Toulon dans le fournil de la boulangerie. Au préalable les chevaux voyaient leur bouche armée d’un sac de son attaché à leur cou. Pour bénéficier de cette nourriture, ils étaient obligés de lancer rapidement leur tête en arrière pour obtenir chacune des gorgées.
A droite de l’entrée de l’immeuble, travaillait notre coiffeur Thomas à côté duquel s’était installé le nouveau laitier qui était en même temps glacier.
Il vendait, comme Aïder, le lait au détail, le petit lait et le beurre qu’il fabriquait dans une baratte installée juste à l’entrée de la boutique. Quand elle tournait, il intervenait de temps en temps pour récupérer les grains de beurre avec une spatule en bois.
Les glaces industrielles n’existaient pas, il les fabriquait lui même et elles étaient bien meilleures que celles que nous consommons aujourd’hui. Bien sûr, le nombre de parfums était limité, mais ils étaient naturels.
Souvent, on descendait avec une casserole et on lui demandait de nous préparer du créponné (sorbet) ; il versait dans sa sorbetière industrielle du jus de citron (du vrai), de l’eau et du sucre selon des dosages bien déterminés puis il la mettait en marche ; une pale hélicoïdale tournait presque jusqu’aux parois du cylindre glacé qui contenait tous les ingrédients, elle les mélangeait et le sorbet qui se formait progressivement était récupéré avec une spatule et reversé dans notre casserole.
Quelques dizaines de secondes plus tard nous repartions avec notre récipient plein de sorbet pour quelques sous.
Je me souviens que lorsque j’en avalais trop en une seule seule cuillerée, le froid me donnait très mal à la tête et j’étais obligé de m’allonger un moment en attendant que ça passe.
Au 32 vivait Marie Timsit. Elle était la seule de mes quatre grands parents que j’ai connue, les trois autres sont décédés avant ma naissance.
Elle était âgée et avait du mal à se déplacer, nous l’aidions dans tous les sens du terme, et lui rendions visite ainsi que ses petits enfants et ses autres enfants, dont bien sûr ma tante Mireille qui habitait au 34.
Elle habitait au premier étage, sa cuisine était aveugle, la seule petite lueur du jour qui y parvenait provenait d’un puits de lumière qui allait de la courette qui la jouxtait jusqu’à une verrière au sommet de l’immeuble.
Un jour, un cambrioleur est passé par la terrasse ; il a fait une fausse man½uvre et a cassé la verrière qui s’est écroulée chez Marie sans faire de gros dégats.
Au 33, de l'autre côté de la rue de Toulon par rapport à notre immeuble, se dressait l’école de garçons (la mixité des écoles primaires n’existait pas à l’époque, il fallait attendre d’être dans les établissements d’enseignement supérieur pour qu’elle soit autorisée). Le directeur était monsieur Muriot dont le fils André était mon grand copain. Nous étions dans la même classe et sur le même banc au collège Guillemin. C'est lui qui, dans un premier temps, m'a fait jouer au handball en tant que scolaire, et ensuite au Red Star d'Alger, avec son frère aîné Jacques, assassiné et vidé de son sang. C’était une période où le FLN tuait beaucoup de jeunes hommes pour, notamment, récupérer le sang dont il avait besoin pour soigner ses blessés.
Nous faisions nos devoirs ensemble, souvent dans le bureau du directeur de l'école, et parfois, lorsque nous n'avions pas trop envie de travailler, nous allions dans la cour et avec André et Jacques, nous jouions au ballon. Moi, bien sûr, je jouais le rôle de gardien de buts entre deux piliers du préau !
Lorsque nous avions des devoirs de math à faire, je m'attaquais directement aux exercices, André voulait commencer par apprendre la leçon, mais je n'en éprouvais aucunement le besoin, J’avais déjà compris et retenu la leçon en cours.
Le : 11/07/2024 10:50
Souvenirs, souvenirs....
SQUARE GUILLEMIN DE HUBERT ZAKINE.
Entre les deux jardins du boulevard Guillemin, un homme il a installé sa baraque où y fabrique des barbes à papa mais il est surtout connu comme vendeur d’oublis. Ces friandises, genre de grandes gaufrettes très fines en forme de cornets, on les adore. Comme c’est pas cher, il en débite un nombre incalculable. Gentil avec les enfants, cet homme à la dentition d’or et d’argent y se reconnaît à son pied bot et à son béret toujours vissé sur la tête qu’on a jamais vu dénudée.
Les oublis, il faut les manier délicatement sinon y se cassent. Aussi, tous les soirs avant de partir, il offre les gaufrettes abîmées à la nuée de chitanes qui lui tourne autour.
Quand les enfants y jouent pas au foot, y se mesurent aux billes, le long du trottoir rectiligne entre les deux jardins. Et les voitures, elles ont beau klaxonner, même Azrine ne peut pas passer. Combien de parties elles se sont gagnées ou perdues pour un pam. Ah, oui, vous savez pas ce que c’est un pam ! Ca pourrait être la boisson qu’on aimait quand on était petit, le pam pam mais total, c’est la distance entre l’ongle du pouce et l’ongle du petit doigt quand la main elle est bien ouverte. C’est une variante du jeu de billes. Quand on est pauvres, on a des jeux de pauvres. La savate, une méva de semelle crêpe suffit, la carriole, on se la fabrique avec des planches et des roulements à billes, les noyaux d’abricot ça coûte que dalle, les bouchons vides ou lestés de bougie fondue, on les trouve derrière les comptoirs de cafés, les tchapp’s, (faces imagées des boîtes d’allumettes) ça coûte trois fois rien, alors les jeux de riches, très peu pour nous ! Tain, le philosophe ! Quant au foot, quand on est fauché, on se la fabrique avec des tombées de tissu ou du papier journal et des élastiques. Mais le fin du fin, c’est les matches d’égout à égout avec des balles de tennis usées jusqu’à la corde et sales, j’vous dis pas ! Quand on marque un but, le buteur, sa récompense c’est de soulever la plaque qui pèse une tonne (l’exagération ça fait partie du langage pataouète) et tremper sa main dans l’eau dégueulasse de l’égout pour récupérer la balle.
Nicole, je la vois tous les jours. Chaque après midi, elle met une nouvelle robe comme si elle a la bourse de Rothschild. Une fois en rouge, une fois en jaune, une autre fois en bleu, blanc, rouge. Jamais, elle s’habille en vert. On dirait qu’elle a deviné que cette couleur et moi, on fait pas un beau couple. Chaque jour, avant de descendre au jardin, j’enfile un tricot propre parce que je veux pas lui faire honte. D’accord, je me mets pas sur mon 31, mais la vérité, bien coiffé et bien lavé derrière les oreilles, propre comme un sou neuf, je suis quand même le plus beau du monde et des alentours. Au moins, Nicole, c’est bien la preuve qu’elle m’aime pas pour mes habits du dimanche. Seulement, derrière elle, elle traîne toute une flopée de demoiselles d’honneur. Des Denise, des Jacqueline, des Maryvonne, des Colette, Achno, jamais on peut être seuls ! Mais comme je suis astucieux et dégourdi (n’en jetez plus, la cour est pleine), je traîne aussi derrière moi des copains qui draguent à mort. Châ, je peux emmener Nicole en bas, face à la mer. Seuls ! Dommage que je peux pas l’embrasser devant tout le monde mais au moins, elle peut me dire que suis le plus musclé. Rien qu’on rigole et rien qu’elle surveille son petit frère qu’on dirait un explorateur avec son filet à papillon. Des papillons de toutes les couleurs, il y en a plein autour des parterres de fleurs des enceintes du jardin Guillemin. Je fais comme si c’était une amie, une copine, une cousine mais au fond, même si on a douze ans, je sais que c’est pas une copine comme les autres. Encore moins un copain. D’abord, ça se voit parce que mes copains n’ont pas des tétés. Ensuite, jamais il me viendrait l’idée d’embrasser Bouzouz ou Gozlan sur la bouche et encore moins avec la langue. Beurk ! Et enfin, parce qu’avec Nicole, je fais celui qui dit pas de gros mots. Les amis, même muets disent des gros mots. (Ça, c’est une de mes pensées profondes) D’accord, dés qu’un adulte il approche, on parle chochotte mais quand on est entre nous, les « Tain dé ! », « va niquer les mouches ! », « la figua de ta ouélla » (j’en ai comme ça une bonne centaine et même un peu plus), y fleurissent notre langage, j’vous dis pas. Même que des fois, si on écoutait nos conversations au magnétophone, on aurait honte. Avec Nicole, zarmah, je suis un enfant bien élevé. Seulement, bien élevé jusqu’au premier étage, hein parce que plus haut, le naturel y revient au triple galop. Purée, d’où elle me vient cette pudeur soudaine ? Jamais, au jardin ou ailleurs, quand on est avec des enfants de mon âge ou plus grands, jamais je m’suis contrôlé de la sorte. Bou, de la sorte ! Je parle comme une tapette maintenant ! Avant de connaître Nicole, je parlais pataouète sans faire de chiqué. Aouah, il faut que je redevienne un voyou fissa comme quand j’allais au tribunal pour enfants parce que je jouais trop au football, que je dise la tonne de grossièretés, que je parle en mollardant, que je tape des bras d’honneur toutes les cinq minutes, que je joue au cinq/vingt cinq devant les cafés, enfin que je sois un vrai voyou plutôt qu’un fils à pèpe.
SQUARE GUILLEMIN DE HUBERT ZAKINE.
Entre les deux jardins du boulevard Guillemin, un homme il a installé sa baraque où y fabrique des barbes à papa mais il est surtout connu comme vendeur d’oublis. Ces friandises, genre de grandes gaufrettes très fines en forme de cornets, on les adore. Comme c’est pas cher, il en débite un nombre incalculable. Gentil avec les enfants, cet homme à la dentition d’or et d’argent y se reconnaît à son pied bot et à son béret toujours vissé sur la tête qu’on a jamais vu dénudée.
Les oublis, il faut les manier délicatement sinon y se cassent. Aussi, tous les soirs avant de partir, il offre les gaufrettes abîmées à la nuée de chitanes qui lui tourne autour.
Quand les enfants y jouent pas au foot, y se mesurent aux billes, le long du trottoir rectiligne entre les deux jardins. Et les voitures, elles ont beau klaxonner, même Azrine ne peut pas passer. Combien de parties elles se sont gagnées ou perdues pour un pam. Ah, oui, vous savez pas ce que c’est un pam ! Ca pourrait être la boisson qu’on aimait quand on était petit, le pam pam mais total, c’est la distance entre l’ongle du pouce et l’ongle du petit doigt quand la main elle est bien ouverte. C’est une variante du jeu de billes. Quand on est pauvres, on a des jeux de pauvres. La savate, une méva de semelle crêpe suffit, la carriole, on se la fabrique avec des planches et des roulements à billes, les noyaux d’abricot ça coûte que dalle, les bouchons vides ou lestés de bougie fondue, on les trouve derrière les comptoirs de cafés, les tchapp’s, (faces imagées des boîtes d’allumettes) ça coûte trois fois rien, alors les jeux de riches, très peu pour nous ! Tain, le philosophe ! Quant au foot, quand on est fauché, on se la fabrique avec des tombées de tissu ou du papier journal et des élastiques. Mais le fin du fin, c’est les matches d’égout à égout avec des balles de tennis usées jusqu’à la corde et sales, j’vous dis pas ! Quand on marque un but, le buteur, sa récompense c’est de soulever la plaque qui pèse une tonne (l’exagération ça fait partie du langage pataouète) et tremper sa main dans l’eau dégueulasse de l’égout pour récupérer la balle.
Nicole, je la vois tous les jours. Chaque après midi, elle met une nouvelle robe comme si elle a la bourse de Rothschild. Une fois en rouge, une fois en jaune, une autre fois en bleu, blanc, rouge. Jamais, elle s’habille en vert. On dirait qu’elle a deviné que cette couleur et moi, on fait pas un beau couple. Chaque jour, avant de descendre au jardin, j’enfile un tricot propre parce que je veux pas lui faire honte. D’accord, je me mets pas sur mon 31, mais la vérité, bien coiffé et bien lavé derrière les oreilles, propre comme un sou neuf, je suis quand même le plus beau du monde et des alentours. Au moins, Nicole, c’est bien la preuve qu’elle m’aime pas pour mes habits du dimanche. Seulement, derrière elle, elle traîne toute une flopée de demoiselles d’honneur. Des Denise, des Jacqueline, des Maryvonne, des Colette, Achno, jamais on peut être seuls ! Mais comme je suis astucieux et dégourdi (n’en jetez plus, la cour est pleine), je traîne aussi derrière moi des copains qui draguent à mort. Châ, je peux emmener Nicole en bas, face à la mer. Seuls ! Dommage que je peux pas l’embrasser devant tout le monde mais au moins, elle peut me dire que suis le plus musclé. Rien qu’on rigole et rien qu’elle surveille son petit frère qu’on dirait un explorateur avec son filet à papillon. Des papillons de toutes les couleurs, il y en a plein autour des parterres de fleurs des enceintes du jardin Guillemin. Je fais comme si c’était une amie, une copine, une cousine mais au fond, même si on a douze ans, je sais que c’est pas une copine comme les autres. Encore moins un copain. D’abord, ça se voit parce que mes copains n’ont pas des tétés. Ensuite, jamais il me viendrait l’idée d’embrasser Bouzouz ou Gozlan sur la bouche et encore moins avec la langue. Beurk ! Et enfin, parce qu’avec Nicole, je fais celui qui dit pas de gros mots. Les amis, même muets disent des gros mots. (Ça, c’est une de mes pensées profondes) D’accord, dés qu’un adulte il approche, on parle chochotte mais quand on est entre nous, les « Tain dé ! », « va niquer les mouches ! », « la figua de ta ouélla » (j’en ai comme ça une bonne centaine et même un peu plus), y fleurissent notre langage, j’vous dis pas. Même que des fois, si on écoutait nos conversations au magnétophone, on aurait honte. Avec Nicole, zarmah, je suis un enfant bien élevé. Seulement, bien élevé jusqu’au premier étage, hein parce que plus haut, le naturel y revient au triple galop. Purée, d’où elle me vient cette pudeur soudaine ? Jamais, au jardin ou ailleurs, quand on est avec des enfants de mon âge ou plus grands, jamais je m’suis contrôlé de la sorte. Bou, de la sorte ! Je parle comme une tapette maintenant ! Avant de connaître Nicole, je parlais pataouète sans faire de chiqué. Aouah, il faut que je redevienne un voyou fissa comme quand j’allais au tribunal pour enfants parce que je jouais trop au football, que je dise la tonne de grossièretés, que je parle en mollardant, que je tape des bras d’honneur toutes les cinq minutes, que je joue au cinq/vingt cinq devant les cafés, enfin que je sois un vrai voyou plutôt qu’un fils à pèpe.
Le : 10/07/2024 17:43
Jocelyne Mas
·
Bab el Oued
Voici un extrait du livre : " Chez nous en Algérie, la méditerranée était au nord" :
"Je me souviens aussi de Bab-el-Oued, sa célèbre et triste porte où jadis on exécutait les Français et les Juifs. La place des trois horloges, son marché avec ses pyramides de pastèques, de melons jaunes à la chair sucrée, des cantalous au goût de miel.
Bab-el-Oued vit arriver les carriers de Valence, arrachant à coup de pioches des blocs au flanc de la montagne, ouvrant ce qui est aujourd’hui l’immense carrière Jaubert. C’est pour cela que le plus vieux quartier de Bab-el-Oued s’appelle la Cantera (la carrière). Près de cette carrière, on construisit un bassin pour faire boire les chevaux. Ce fut le deuxième quartier de Bab-el-Oued : la Bassetta (le bassin). Un moulin fut construit, plus bas une pompe fut installée. Et les femmes comme en Espagne ou à Malte, comme en Italie ou aux Baléares, vinrent chercher l’eau, source de vie. Ce faubourg naissant fut relié à la ville, ainsi se créèrent les Messageries. La petite plage au bord de laquelle se jetait l’oued entre les rochers de Saint-Eugène et ceux du Cassour, devint le bain des chevaux.
Quand l’oued M’Kacel fut recouvert de béton, la gare remplaça les Messageries.Tous ces Maltais, Mahonnais, Siciliens, Andalous, Catalans débarquèrent sur le sol de l’Algérie, avec pour tout bagage, leur courage, leur ardeur au travail, leur gaieté aussi, qui dissimulait si bien leur désillusion et leur dignité.
Le stade du R.U.A (Racing Universitaire Algérien) avec sa piscine, située sur le môle de Simian. On y accédait en empruntant une barque pilotée par « Négro ». Le stade Marcel Cerdan, la Pointe Pescade, Saint-Eugène, Sidi-Moussa, Maison-Carrée où était basé le cinquième régiment des Tirailleurs, on y allait en tramway, le Ruisseau, Belcourt.
On grandit ainsi dans l’insouciance de l’adolescence, le soleil, le ciel si bleu en ce pays, la mer couleur de saphir, les plages, les pique-niques, le chant des cigales, la pureté de la lumière, la joie de vivre, la magie des arbres ............". Mais ...! ..............lire la suite.
Jocelyne Mas
11/07/24
·
Bab el Oued
Voici un extrait du livre : " Chez nous en Algérie, la méditerranée était au nord" :
"Je me souviens aussi de Bab-el-Oued, sa célèbre et triste porte où jadis on exécutait les Français et les Juifs. La place des trois horloges, son marché avec ses pyramides de pastèques, de melons jaunes à la chair sucrée, des cantalous au goût de miel.
Bab-el-Oued vit arriver les carriers de Valence, arrachant à coup de pioches des blocs au flanc de la montagne, ouvrant ce qui est aujourd’hui l’immense carrière Jaubert. C’est pour cela que le plus vieux quartier de Bab-el-Oued s’appelle la Cantera (la carrière). Près de cette carrière, on construisit un bassin pour faire boire les chevaux. Ce fut le deuxième quartier de Bab-el-Oued : la Bassetta (le bassin). Un moulin fut construit, plus bas une pompe fut installée. Et les femmes comme en Espagne ou à Malte, comme en Italie ou aux Baléares, vinrent chercher l’eau, source de vie. Ce faubourg naissant fut relié à la ville, ainsi se créèrent les Messageries. La petite plage au bord de laquelle se jetait l’oued entre les rochers de Saint-Eugène et ceux du Cassour, devint le bain des chevaux.
Quand l’oued M’Kacel fut recouvert de béton, la gare remplaça les Messageries.Tous ces Maltais, Mahonnais, Siciliens, Andalous, Catalans débarquèrent sur le sol de l’Algérie, avec pour tout bagage, leur courage, leur ardeur au travail, leur gaieté aussi, qui dissimulait si bien leur désillusion et leur dignité.
Le stade du R.U.A (Racing Universitaire Algérien) avec sa piscine, située sur le môle de Simian. On y accédait en empruntant une barque pilotée par « Négro ». Le stade Marcel Cerdan, la Pointe Pescade, Saint-Eugène, Sidi-Moussa, Maison-Carrée où était basé le cinquième régiment des Tirailleurs, on y allait en tramway, le Ruisseau, Belcourt.
On grandit ainsi dans l’insouciance de l’adolescence, le soleil, le ciel si bleu en ce pays, la mer couleur de saphir, les plages, les pique-niques, le chant des cigales, la pureté de la lumière, la joie de vivre, la magie des arbres ............". Mais ...! ..............lire la suite.
Jocelyne Mas
11/07/24
Le : 08/07/2024 11:33
Grand remerciement à Christian Timoner, grâce à ton site, j'ai eu des contacts de mes amis de Sigwalt : Henri et Robert. Merci Christian .
Le : 04/07/2024 17:31
Moi aussi j'appartiens aux fidèles lecteurs du site et particulièrement des écris d'Hubert et retranscris par Tony que j'apprécie sans pour autant les commenter car je suis aussi un nostalgique de "Rognes" et la bouffaïsse me prend alors je zappe pour ne pas commenter...Merci à vous pour votre verve dévouée et je reste un fidèle lecteur des oualliones du quartier.
Amitiés à tous, chers à mon coeur
Amitiés à tous, chers à mon coeur
Le : 04/07/2024 07:31
Cette expression,c'était le cri de ma grand-mère(d'origine espagnole bien sur)
quand elle était en colère.Et alors,il valait mieux ne pas rester dans les
parages.
Encore une fois,merci de nous rappeler notre jeunesse.
Amitiées à tous...