Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Carmen RIPOLL

Le : 15/11/2010 19:38

RIEN QU'UNE HEURE SEULEMENT

 Ca y est ça me reprend,

pourquoi j'y pense en ce moment ?

C'est que j'aimerai y retourner, là bas,

juste pour faire quelques pas

rien qu'une heure seulement,

c'est vraiment pas trop demander, franchement ...

Me voilà parti, je me retrouve marchant plein d'entrain

de Padovani en direction du square Guillemin

du Majestic et de Nelson, là je poursuis mon chemin

vers le jardin Marengo , et je continue ma ballade

par l'avenue de la Marne en passant sous ses arcades.

Je veux tout voir mais le temps presse,

et c'est à toute vitesse

que j'arpente l'avenue de la Bouzaréah,

mon esprit va plus vite que mes pas,

oui je sais, rien qu'une heure seulement ...

Je file jusqu'au Trois Horloges sans m'arrêter,

puis vers la place Lelièvre en passant par le marché,

et me voilà déjà rue Cardinal Verdier !

Après la Cité Picardie j'arrive enfin dans ma petite rue ,

la rue Réaumur, là en un éclair s'offrent à ma vue

plein de gens que je connais,

mais je m'arrête, je suis troublé,

je les regarde passer devant moi,

et ils ne me voient pas, je ne sais pas pourquoi.

Soudain je comprends, je redescends brutalement sur terre,

tout cela n'est qu'un rêve qui me laisse comme un goût amer...

Pourtant, je suis content d'avoir fait un petit tour

dans mon Bab El Oued, et j'espère qu'un jour

j'y retournerai pareillement

ne serait ce rien qu'une heure seulement .

Carmen RIPOLL

Jean-Louis GAS

Christian,

Je regarde assez souvent ce site pour avoir en quelque sorte une dette morale. Je n'aime pas trop écrire sur les livres d'or. Mais depuis quelque temps, j'ai envie de dire comme Christian "moi aussi je suis de Bab el Oued". Et j'ai envie de vous dire à tous quelques souvenirs, de déposer comme l'on dit une petite contribution. Comme de plus, quand je lis vos âges, je me sens maintenant parmi les anciens sur le site, il est temps que je m'y mette. Ainsi donc, j'habitais Boulevard Guillemin, au 19 (il n'y avait pas de 17 !). Et à l'époque ce boulevard constituait disait-on la limite du quartier de Bab el Oued; on se sentait plutôt de Nelson. D'ailleurs je suis allé à l'école primaire rue Lazerges. A Bugeaud, plus tard. Mais lorsque le 23 mars, dont tout le monde se souvient ici, sur ce site, il a fallu partir dans les conditions que vous savez, à Béni Messous, j'habitais bien Bab el Oued.

Ce qui m'a fait entreprendre ces quelques lignes, c'est le mot de l'une d'entre nous qui parlait du café Chez Alex, où nous allions manger, comme toi, Jacqueline, les mêmes plats aux noms savoureux et évocateurs. Je regrette bien de ne l'avoir pas retrouvé, Alex, quand il tenait un restaurant à Nice; je ne le savais pas.

Et de là, je me suis revu dans cette avenue de la Bouzaréah, où nous arrivions par la rue Barrat, tournions à gauche à hauteur du magasin de Mlle Legendre (que vendait-elle ? je ne me souviens plus, de l'électro-ménager je crois). Quelques mètres plus loin, presque juste en face de chez Jules, le chemisier (que j'ai retrouvé à Paris), nous coupions la voie du tram et entrions au garage (ça descendait), tenu par un monsieur Spielman. Il y avait dans ce garage une odeur particulière, d'essence de l'époque je pense. En sortant du garage, à gauche de la porte il y avait un El Baz qui était marchand de jouet. Moi qui adore les miniatures d'autos, je me régalais. A côté de Jules, un pâtissier je crois faisait la pige au marchand de beignets, sur le même trottoir, et vendait des olgas (qui s'en souvient ?) Restant sur le même trottoir en nous dirigeant vers l'avenue de la Marne (où je suis né) nous allions avec mon père acheter les journaux chez Berger (en face ou presque il y avait la pharmacie de monsieur Amouyel, dont le fils Pierre était un copain de Lycée et a fait une carrière brillante. Puis nous passions devant la miroiterie Borras et Sampol (grâce à André Borras j'ai retrouvé mon copain de Lycée José Sampol, qui est devenu un ponte des milieux médicaux marseillais). Un peu plus loin, nous passions devant l'opticien ami de mon père Vincent Daure, puis devant la pharmacie Lafargue (Paul était un ami de mon père). Nous traversions souvent là, juste avant l'arrêt du tram, passions devant Le Faisan d'Or, le café, laissant à notre gauche le marchand de journaux et de tabac Lobéra. Escaliers montant vers la rue Montaigne. Guercy, le marchand de cycles dont le fils était un champion. A côté de Guercy, l'ébaniste Monsieur Sendra, encore un ami de mon père, dont j'ai retrouvé un des fils, Jean-Pierre. Pourquoi est-ce que j'associe Spigol à ce niveau ? il devait y avoir un magasin, ou une publicité, ou alors la famille Espig habitait là. Re-escaliers, arrivée à la placette, en haut de la rue Livingstone, où nous passions de longs moments à parler et rire, quand nous ne jouions pas au foot avec n'importe quoi, les bouches d'égoût servant de buts. Sur la droite, l'épicerie tenue les derniers temps par monsieur Pouillès. Je passais devant le 15, où habitait Anne-Marie (que je n'ai hélas connue que récemment à Paris et grâce à l'Internet). Arrivé au 19, soit je rentrais sagement, soit je poussais jusqu'au 21, où habitaient grands-parents, oncle et tante, et donc mes cousins Planès, Jean-Pierre et Alain. Juste après, l'usine de tabac Job, puis la rue Reine et Guillaumet, où il y avait une école, juste au pied des escaliers de la rue Mizon; la directrice en était Mlle Valensi. Je ne veux pas envahir le livre d'or de Christian, donc je vais de ce pas au 19, et je rentre sagement à la maison, où dans mes pensées je retrouverai Jacqueline, et peut-être Elisabeth. Mais où suis-je ? ça y est je délire, ou plutôt je rêve. Ne m'en veuillez pas mes amis de jeunesse. Je reviendrai vous voir, ou du moins vous parler. J'ai passé grâce à Christian et avec vous tous un moment bizarre. Pas triste. Peut-être nostalgique tout de même. Mais plus il va plus je pense à cette première partie de notre vie, de ma vie, avec une certaine tendresse. Et ce soir, cette tendresse, j'avais envie de la partager avec vous. Du boulevard Guillemin, d'où je vois la mer, mais aussi le collège Guillemin, dont Grim et d'autres s'occupent en ce moment, je vous envoie de très sincères amitiés .

Jean-Louis