Le : 09/06/2013 10:48

Cher Mustapha, mon frère de Bab el Oued !

Il n'y a aucune différence entre ta nostalgie de l'époque et la mienne. Sauf que toi, tu retrouves au quotidien le changement délabré du décor de notre enfance resté figé à la même place. Je t'imagine sur ton balcon dominant Padovani où la vue sur l'horizon demeure magnifique. C'est probablement cet instant qui te réconcilie avec notre passé...Les levés et couchés de soleil sur la mer d'huile, les nuits traversées d'étoiles filantes, les bateaux au loin allant et venant sur le port d'Alger, les cris d'enfants sur la plage Matarès, les filles jouant à la marelle sur l'esplanade, les garçons en sueur courant à perdre haleine derrière un cerceau sur le square Guillemin ; est-ce hier ou aujourd'hui ? Le privilège de ton balcon : c'est de te donner un flash-back réel et de te restituer les scènes d'avant sans détour. Oui, mon frère, tous les deux nous avons cette nostalgie chevillée au corps ; ensemble, nos nuits sont désormais perturbées. L'histoire nous a séparé, mais nos cœurs sont proches à jamais. Comme j'aimerais passé un moment sur ton balcon à admirer l'horizon où la beauté demeure toujours indestructible. Bien fraternellement, ya khouya !