Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Robert VOIRIN

Le : 28/04/2014 21:13

LE CABASSETTE ET LE COUFFIN (fable)

Au fond d'un placard le cabassette et le couffin s'ennuyaient beaucoup, depuis qu'ils avaient quitté leur Bab El Oued natal ils ne sortaient plus du tout, alors il se racontaient des histoires pour tromper leur ennui, surtout celles qui parlaient de leurs anciennes et nombreuses sorties quand ils accompagnaient la famille au marché, en forêt ou au bord de mer. Ainsi à Pâques on les remplissait de ce qu'il y avait de meilleur sur terre, le cabassette disait qu'il transportait la soubressade, la calentita, le boutifar, la pastera sucrée, les poivrons grillés, et la si fine fritenga, les anchois, les dattes et les figues sèches, les délicieuses cocas, les mantécaos, sans oublier le bon selecto et le fameux Mascara. Le couffin se vantait d'être plein de zlabias au miel, de douces oreillettes, de makrouts, de la belle mouna, sans oublier les succulents roliettes. Ils étaient tellement lourds qu'ils n'en pouvaient plus surtout qu'il fallait tenir jusqu'à la fôret de Sidi Ferruch pleine de monde partout. Là au milieu des cris de joie on commençait à les vider, pour l'apéritif les tramousses et les variantes étaient sortis en premier car avant le repas on sirotait bien sur l'anisette traditionnelle en trinquant à la bonne santé de tous dans une fraternité si belle. Puis au milieu d'une joyeuse ambiance on déballait tout et chacun se servait,tous les membres de la famille pouvaient alors commencer à se régaler. Dans la soirée pour le retour à la maison le cabassette et le couffin maintenant si légers pensaient déjà à faire les courses dès le lendemain matin, à Bab El Oued ils continueraient ainsi à déambuler dans les allées du marché où ils seraient encore remplis de ces bonnes choses qui faisaient leur fierté. Bien longtemps après, alors qu'ils se lamentaient toujours sur leur sort, une main amie qui les avaient bien connus leur apporta un grand réconfort, et pour ne pas qu'ils toment complètement dans les oubliettes ils furent sortis du placard pour aller à des commissions ou à des fêtes, réconfortés ils purent se dire qu'on ne les avait pas laissés tomber pour enfin revivre en pensant à Sidi Ferruch et ses belles journées.

Moralité : recevoir le passé comme un héritage c'est combattre l'oubli, le mépris, et l'indifférence.

Robert VOIRIN

L'ASSOCIATION A.B.E.O (le Blog)

- REVEILLON DE LA SAINT SYLVESTRE AVEC BAB EL OUED 2015/2016

REVEILLON DE LA SAINT SYLVESTRE AVEC BAB EL OUED 2015/2016

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Ajout de photo

- 1 Document de Tony BILLOTTA dans 'Documents divers'

Jacqueline RIQUELME

Le : 05/03/2014 14:54

LE BAR DES ARENES A BAB EL OUED.

J´y allais souvent avec mon Papa, à ce fameux Bar des Arènes,car mon père était très ami de Mr. Escobedo, et d´ailleurs beaucoup de ces affiches de corrida et toréadors venaient d´Espagne, et c´est ma Maman et moi qui les ramenions d´Alicante óù nous allions en vacances d´été.Un de mes oncles, frère de ma maman, était Président du " Club Taurino Alicantino" il avait donc d´excellentes relations avec les toréadors de mode,et gardait évidemment, affiches, magazines etc...annonçant les corridas des "férias" et de toute la saison.....De tout cela,ça fait déjà très longtemps, cependant nous ne pourrons jamais oublier ce temps heureux.... En tout honneur pour Monsieur Escobedo,je dois dire que lorsque mon père est décédé en Juin 1960, il fit un don très généreux à ma Maman, qui ne voulait pas accepter, mais il insista beaucoup en lui disant: " Si ça avait été au contraire, si c´était moi qui était parti, Riquelme aurait fait la même chose pour ma famille." Des amis comme ça, il y en avait beaucoup dans notre Pays! Gros bisous pour tout le monde.

André TRIVES

Le : 03/03/2014 13:40

Mon cher Jean-Jean, sans oublier au passage notre chère Nacéra, Le brave homme ( plus malheureux que lui,tu meurs!) qui vendait la calentita avec une plaque posée sur une poussette d'enfant s'appelait Tago. Il grattait le couteau sur le rebord de la plaque et criait : "Chaud, tout chaud!". Il criait dis-je pour se faire entendre parce qu'avec le brouhaha du marché et le bruit de ferraille du tram sur les rails qui se tordaient aux Trois Horloges, on avait du mal à s'entendre. Dans la ligne droite en direction du Lycée Bugeaud, le watman accélérait la vitesse et les coups de klaxon lancés en bordée annonçaient son passage pour dégager l'avenue de la Marne.

Jean-Jean MORENO

Le : 03/03/2014 09:05

Bonjour à vous tous, concitoyens et anciens du plus beau quartier du monde, celui de notre enfance. Il me prend de temps en temps un brin de nostalgie qui m'oblige à écrire sans prétention aucune des mots venant du cœur au sujet de notre Bab el Oued. En voici un

Les bancs du square Guillemin

À l’occasion des deux pèlerinages ou retour à la terre natale que j’ai effectué chez nous à Bab el oued en 2007 et 2009, j’ai pu me rendre compte que l’état général des anciennes bâtisses du quartier, comme des infrastructures en général. Elles étaient plutôt défaillantes. Un manque d’entretien évident me fait penser que ces constructions ne tiendront pas encore des décennies au vu de certaines façades d’immeubles délabrées comme également leurs entrées donnant accès aux cages d’escaliers. Malgré tout il en reste un certain cachet.

Ces constructions avaient été faites avec amour par des ouvriers émigrés d’Espagne, d’Italie ou de l’ile de Malte et avec le concours des indigènes, qui allaient occuper ces logements par la suite puisque ce quartier était habité en majorité par des ouvriers. Ces premières constructions, dont une partie a été engouffrée par la coulée de boue descendant de la colline de Bouzaréah en 2001 et une autre, en prévision de démolition, ont dû débuter vers la fin du XIXème. C’est notre quartier, celui de la Cantéra c’est à dire ces immeubles non loin de la fameuse carrière Jaubert, celle qui a fourni l’ensemble des pierres destinées à l’érection d’une grande partie des bâtisses de la ville d’Alger.

Au début du XXème siècle, ces bâtisseurs ont surtout œuvré aux constructions allant de la place du lycée Bugeaud vers les Trois Horloges. Il me semble que cette partie du quartier de Bab el oued est relativement plus récente, ces constructions ont moins souffert du temps qui passe et du manque flagrant d’entretien. Au centre de ce secteur a été érigé en son temps, sur le souhait de l’épouse de Napoléon III, je crois, un grand jardin implanté au cœur d’un boulevard partant de la plage de Padovani et, s’étalant en montant jusqu’au tournant de la rampe Vallée.

À notre époque on le nommait « square Guillemin », mais à sa construction il devait être nommait boulevard général Farre. À l’intérieur de ce jardin, le long des allées serpentant en montant de la rue Montaigne vers la cité des Eucalyptus, avaient été implantés des bancs de pierre et de béton. Ils ont une particularité : leur assise est recouverte d’une belle mosaïque représentant les initiales de la ville d’Alger, en l’occurrence : V.A. de couleur bleue sur fond marron. Dès l’entrée de ce jardin, m’est venu de suite à l’esprit la photo où j’avais été pris l’été 1961 assis sur un de ces bancs dans la partie montante du jardin. J’avais encore en tête cette photo noir et blanc quand je me suis présenté devant un de ces bancs et je me revoyais là, assis avec mon pantalon blanc et ma chemise de même couleur, manches retroussées et col bien ouvert, à la zazou quoi ! Et les petits mocassins de forme italienne également blancs très à la mode en ce temps-là.

La végétation alentour avec ses cactus, ses plantes aromatiques ou grasses, ses arbustes de la région méditerranéenne, ne trahissait pas du tout la situation géographique de ce quartier. Nous sommes bien en Afrique du nord, face à la Méditerranée !

Il est vrai qu’après 45 ans d’absence, loin de ce quartier, les souvenirs des endroits que l’on fréquentait souvent à cette époque se déforment. Avec le temps on a tendance à imaginer ces endroits beaucoup plus grands, beaucoup plus large qu’en réalité. J’en ai eu la preuve en arpentant cette allée conçue en lacet pour atteindre le haut de ce jardin. Comme je le dis, je m’imaginais cette allée beaucoup plus large et mieux entretenue mais là, pour ce qui est de l’entretien, ce n’est pas de l’ordre de l’imaginaire mais bien de la réalité malheureusement. Peu ou pas d’entretien de voirie en général et encore moins au niveau de la propreté. Je ne m’attarderai pas sur le sujet. On peut également accéder au haut de ce jardin par deux grands escaliers situés de chaque côté de ce jardin montant mais, bien évidemment, il est plus agréable d’emprunter l’intérieur du jardin pour le plaisir des yeux, d’une part le cheminement est plus intéressant et d’autre part il nous permet d’avoir une vue sur Padovani et la mer. Un panorama qui vous marque à jamais! Inoubliable, quoi !

De cet endroit on peut apercevoir la partie basse de ce jardin, celle qui est comprise entre l’avenue de la Bouzaréah et l’avenue Malakoff. D’autres bancs y sont implantés dans cette partie basse mais ils n’ont pas la même élégance que ceux du haut. Certes ils sont tout aussi confortables mais ils ne sont pas agrémentés de mosaïques sur le dessus. Avant 1962, cette partie du jardin était divisée en deux parties, je crois, sur deux niveaux puisque nous sommes toujours sur une dénivellation. Ces deux parties étaient accessibles l’une à l’autre par une volée d’escaliers. Chacune de ces deux parties étaient cernées d’un petit muret surmonté d’une assise qui servait de banc et permettait aux mamans, tout en étant bien installées pour papoter entre elles, de surveiller leur progéniture qui se défoulait entre eux ou bien tournait sur le manège installé ici à longueur d’année, ce qui faisait la joie non pas des parents mais des tout petits.

En été ou quand il n’y avait pas d’école, dans les années 50, avec ma mère mais plus souvent avec ma tante qui était femme au foyer et mes deux cousins : José et Pierre-Jean nous passions des après midi à nous chamailler dans cette partie basse du jardin. C’était un endroit très fréquenté par les enfants des beaux immeubles environnant, on s’en faisait des copains d’un jour.

À l’heure du gouter, on avait le droit à une pièce de 100 sous pour s’acheter, au marchand ambulant, une part de calentita, sorte de tarte salée à la farine de pois chiche que l’on nomme dans le sud de la France de la « socca ou cade ». Après être passé chez le boulanger, récuper sa plaque de calentita cuite, ce marchand l’installait sur des tréteaux dans le jardin et pour attirer le chaland, il cognait son couteau sur le bord de la plaque par petits coups successifs en criant : « calentita,calentita ! ». On lui remettait la pièce de 100 sous et lui nous tendait le morceau de calentita enveloppé dans du papier journal, eh oui, c’était notre façon à nous de recycler ce papier entre autres façons puisqu’on l’utilisait également aux toilettes et on n’en est pas mort!

En 2009, quand je suis retourné pour la dernière fois, une grande partie des infrastructures de ce jardin existait encore mais la négligence des pouvoirs publics…. Enfin ! J’espère y retourner encore une fois (avec mon fils cette fois-ci) afin de remarcher sur les pas que j’ai pu faire dans ma jeunesse et me redire : c’est là que je suis né, c’est là que j’ai passé les meilleurs moments de ma jeunesse!

Stéphane ROUX

Le : 20/01/2014 09:45

Je suis né à Alger en 60 et parti en 62, je n'ai hélas aucun souvenir de cette période. Mais étant enfant, combien de fois avons nous entendu, mes cousines et moi, nous les gosses, parler nos parents et grands-parents, d'Alger, combien de fois entendu des noms, des surnoms (spécialité il faut croire des pieds-noirs), des rues, des commerces, de tout un tas d'anecdotes sur cette période... Combien de fois cela nous a saoulé d'entendre répéter les mêmes histoires, sur une vie que nous n'avons pratiquement pas connue, aucun souvenir pour aider, bref du bla-bla d'adultes. Mais voilà, les grands-parents ont disparu, certains parents aussi, ou alors bien vieux maintenant,on a beau dire ou beau faire nos racines ont trempé dans la terre d'Alger, alors ces bla-bla, nous manquent, une part de nous s'efface, beaucoup de nostalgie demeure. Alors quand par hasard, on découvre que des personnes ont connu les nôtres, qu'ils se rappellent de ces histoires, on a un peu l'impression de retrouver une branche de la famille, qui nous remémore nos propres souvenirs... J'ai vécu à Marseille, mais je ne suis pas de Marseille, j'ai vécu ensuite dans le Gard, mais je n'y ai pas mes racines, je vis depuis 1973 en région Toulousaine, mais je ne serai jamais un vrai toulousain... Ma terre natale est par delà la mer, une terre que je ne connais pas et que probablement je ne connaitrai jamais... Alors voilà, un grand merci à ceux qui se sont manifestés, qui m'ont écris, merci à tous ceux qui faites vivre la mémoire de nos anciens, notre mémoire, ma mère de 84 ans n'en revient encore pas, et cela lui a fait un plaisir incroyable. Si partout où j'ai vécu, j'ai entendu des mots de patois local, à la maison, c'est toujours des mots pieds-noirs que l'on a conservé et quand je dis à ma compagne qui est toulousaine : "Pour aller à la plage, je mets une cuissette, j'emporte le cabassette pour midi et la fouta pour s'essuyer" et si certains sont un peu "tchoutche ou beauveau", elle m'a regardé avec des yeux ronds au départ, mais elle commence à s'y faire... Allez, je termine mon roman, il faut que je me remette au travail bessif.. Bien amicalement à vous toutes et tous.

André TRIVES

Le : 17/01/2014 09:52

Mon cher Merzak,

Ton magnifique poème décrit la peine ressentie entre toi et Alger. Ta nostalgie, c'est la mienne. Ta douleur est équivalente à la mienne. Tes regrets sur notre Alger de l'époque sont les miens. Nous souffrons ensemble depuis 1962 et certainement nous garderons cette déchirure jusqu'à notre dernier souffle. Pour toutes ces raisons, j'affirme que toi et moi faisons partie d'une seule et même famille. Toi le musulman et moi le chrétien nous sommes Frères à jamais...Ensemble, avec nos Frères juifs, nous formions dans notre Bab el Oued d'alors, un peuple fraternel unique. La guerre, salope de guerre, est venue tout détruire...

Merzak OUABEDE

Le : 16/01/2014 14:13

QUI DE NOUS DEUX A PU CHANGER

Qui de nous deux a pu changer

N’est plus le même, n’est plus constant

Est-ce bien moi ou toi Alger

Toi que j’adore, et qu’j’aime tant

Je n’ai que toi, et ton soleil

Qui me réchauffe, sans me brûler

Et qui m’invite dès ton éveil

D’aller vers toi, déambuler

Je n’ai que toi, et ta mer bleue

Que je contemple sans me lasser

Même si dehors, il vente ou pleut

Je plonge au loin, dans ton passé

Dans tes boulevards et avenues

Tes belles terrasses, ont disparues

Que je me sens, un inconnu

Un débarqué et un intrus

Ni novelty, ni coq hardi

Ni le névé, ni d’autres encore

Ni les coquettes, ou les dandys

Qui s’pavanaient, dans ton décor

Où sont les modes vestimentaires

Qu’aux lendemains on adoptées

Qu’elles viennent de France ou d’Angleterre

Les algérois, vite les portaient

Mini, maxi, et le poncho

Taille basse, taille haute, patte d’éléphant

Deux pièces en plage, dès qu’il fait chaud

Et le jacquard pour les enfants

Où est la belle et la souriante

Que j’ai connue dans ma jeunesse

La chaleureuse et l’accueillante

Qui envoûtait jusqu’à l’ivresse

Où est l’ambiance des nuits d’été

Que tu offrais à tout moment

Comme ces galas de variétés

Dont on était, jadis gourmands

Pourquoi tes rues sont désertées

Juste à l’orée du crépuscule

Pourquoi l’on brime les libertés

Au lieu d ‘avancer, l’on recule

Qui rase tes murs, en étranger

Mais doit tenir, faut pas qu’il flanche

Qui se sent seul, et en danger

C’est moi ou toi, Alger la blanche

Qui te contraint et qui t’accule

A tout fermer, rideaux et portes

Plus rien ne bouge, rien ne circule

Devenant ainsi, une ville morte

Dis-moi pourquoi les étrangers

Ont tous quitté le territoire

Pourquoi, la peur et le danger

Pourquoi le deuil, pourquoi le noir

Ne pouvant pas t’abandonner

Je suis resté à tes côtés

Car je ne peux me pardonner

De te voir seule grelotter

Tu sais très bien ma belle cité

Que J’t’aime trop pour changer d’air

Mais j’aime autant la liberté

Et surtout celles auxquelles j’adhère

Tu es morose, n’est plus la même

Et tes enfants veulent te quitter

Mais malgré tout, tu sais qu’ils t’aiment

Tu es la leur et leur fierté

Je sais que tu as tant résisté

Comme toujours, et en tout temps

Je sais aussi qu’en vérité

S’en va l’hiver, vient le printemps

Alors dis moi qui a changé

N’est plus le même, n’est plus constant

Est-ce bien moi ou toi Alger

Toi que j’adore, et qu’j’aime tant

Merzak OUABED Alger, le 20 février 1998

Ce poème est dédié à vous et à votre site et à tous ceux qui sont nés à Alger, qu'ils ont quitté involontairement, et qu'ils continuent à aimer malgré tout.

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