Le : 16/01/2014 14:13

QUI DE NOUS DEUX A PU CHANGER

Qui de nous deux a pu changer

N’est plus le même, n’est plus constant

Est-ce bien moi ou toi Alger

Toi que j’adore, et qu’j’aime tant

Je n’ai que toi, et ton soleil

Qui me réchauffe, sans me brûler

Et qui m’invite dès ton éveil

D’aller vers toi, déambuler

Je n’ai que toi, et ta mer bleue

Que je contemple sans me lasser

Même si dehors, il vente ou pleut

Je plonge au loin, dans ton passé

Dans tes boulevards et avenues

Tes belles terrasses, ont disparues

Que je me sens, un inconnu

Un débarqué et un intrus

Ni novelty, ni coq hardi

Ni le névé, ni d’autres encore

Ni les coquettes, ou les dandys

Qui s’pavanaient, dans ton décor

Où sont les modes vestimentaires

Qu’aux lendemains on adoptées

Qu’elles viennent de France ou d’Angleterre

Les algérois, vite les portaient

Mini, maxi, et le poncho

Taille basse, taille haute, patte d’éléphant

Deux pièces en plage, dès qu’il fait chaud

Et le jacquard pour les enfants

Où est la belle et la souriante

Que j’ai connue dans ma jeunesse

La chaleureuse et l’accueillante

Qui envoûtait jusqu’à l’ivresse

Où est l’ambiance des nuits d’été

Que tu offrais à tout moment

Comme ces galas de variétés

Dont on était, jadis gourmands

Pourquoi tes rues sont désertées

Juste à l’orée du crépuscule

Pourquoi l’on brime les libertés

Au lieu d ‘avancer, l’on recule

Qui rase tes murs, en étranger

Mais doit tenir, faut pas qu’il flanche

Qui se sent seul, et en danger

C’est moi ou toi, Alger la blanche

Qui te contraint et qui t’accule

A tout fermer, rideaux et portes

Plus rien ne bouge, rien ne circule

Devenant ainsi, une ville morte

Dis-moi pourquoi les étrangers

Ont tous quitté le territoire

Pourquoi, la peur et le danger

Pourquoi le deuil, pourquoi le noir

Ne pouvant pas t’abandonner

Je suis resté à tes côtés

Car je ne peux me pardonner

De te voir seule grelotter

Tu sais très bien ma belle cité

Que J’t’aime trop pour changer d’air

Mais j’aime autant la liberté

Et surtout celles auxquelles j’adhère

Tu es morose, n’est plus la même

Et tes enfants veulent te quitter

Mais malgré tout, tu sais qu’ils t’aiment

Tu es la leur et leur fierté

Je sais que tu as tant résisté

Comme toujours, et en tout temps

Je sais aussi qu’en vérité

S’en va l’hiver, vient le printemps

Alors dis moi qui a changé

N’est plus le même, n’est plus constant

Est-ce bien moi ou toi Alger

Toi que j’adore, et qu’j’aime tant

Merzak OUABED Alger, le 20 février 1998

Ce poème est dédié à vous et à votre site et à tous ceux qui sont nés à Alger, qu'ils ont quitté involontairement, et qu'ils continuent à aimer malgré tout.