pied noir

Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

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De : André TRIVESEnvoyer un mail

Le : 19/12/2019 17:49

NOËL A ALGER.

Écrire ces mots "noël à Alger", quoi de plus banal me direz-vous? Seulement voilà "noël" et "Alger" sont des mots magiques dans la mémoire collective des gens de là-bas. Ils évoquent des souvenirs d'enfance impérissables qui vous donnent des salves de frissons et secouent la tirelire des souvenirs avec une telle précision, une telle vérité que l'on peut se demander:" ai-je bien vécu cette réalité ou l'ai-je totalement inventée ?".

Hier, 25 décembre 2008, soixante sixième noël de mon existence, je ne peux m'empêcher de revivre ces moments d'époque révolue, pleins d'amour et d'amitié sous le regard pétillant de vie de nos parents, de nos amis et de nos voisins. Est-il opportun de revoir le film de son enfance et livrer aux quatre vents des souvenirs intimes, au risque de se faire traiter de passéiste radoteur ? Je ne me pose même pas la question. J'ai tout simplement envie de dire une vérité intangible qui appartenait à tout le petit peuple de Bab el Oued, et pas seulement à moi; la remettre au présent pour quelques instants, comme avant. Percevoir une fois encore la voix et les éclats de rire de ceux qui nous ont donné la vie et appris les principes et les valeurs qui font notre fierté aujourd'hui. Retrouver l'ambiance et la mentalité qui berçaient notre quotidien dont la finalité était de protéger et de conduire à un avenir meilleur la petite famille qu'ils avaient créée. Au rayon des choses importantes à retenir dans une vie, il y a celle qui consiste à ne jamais oublier d'où l'on vient. Rendre hommage à ces anciens du quartier qui nous ont entourés d'affection et de compréhension dans ces années de prime enfance, c'est redonner du sens à sa vie.

Souvenons-nous...¨La bûche dans la cheminée, les souliers au pied du sapin décoré, des paquets cadeaux de toutes les couleurs, des jouets de rêve inaccéssible, la neige couvrant de son manteau blanc les arbres endormis; c'était ce que l'on découvrait avec éblouissement chaque année à Bab el Oued lorsque notre institutrice du cours préparatoire, Madame Winckler, affichait au tableau noir pour la leçon de vocabulaire la gravure d'école de décembre. Chez nous, Noël se passait au balcon mêm si une fois tous le trois ou quatre ans une averse de grêle blanchissait le quartier pour quelques heures et nous faisait découvrir dans la cour de l'école ces maudites engelures; mais comme à l'accoutumée, l'hiver demeurait le cancre de la classe des saisons. C'est dans le ciel constellé d'étoiles scintillantes que l'on imaginait la plus belle des crèches bibliques. Des contreforts de la Bouzaréa à la colline de Notre Dame d'Afrique en longeant la côte de Sidi Benour, la voûte étoilée brillait de mille feux et la chariot de la Grande Ourse chargé de mystères nous donnait l'impression qu'il nous était destiné.

La hotte du père Noël n'était pas en surcharge dans cette nuit algéroise comme en été, où, avant de se coucher, les petits alignaient avec soins leurs"tianglès" au pied du lit en sachant qu'il n'y aurait pas de jalousie entre frères et soeurs dont la règle prévoyait un seul jouet par enfant mais toujours accompagné d'une tonne d'amour. Les enfants de Bab el Oued savaient jouer sans jouet, ils étaient experts en ficelle, papier et bout de bois pour s'évader dans un monde merveilleux. N'allez pas imaginer pour autant que notre enfance était malheureuse, loin s'en faut; elle n'était que la traduction d'une époque où chaque sou gagné était la contrepartie de litres de sueur. Alors une trottinette ou un tricycle ou un mécano voir une poupée en chiffon ou une dînette en fer blanc constituait le rêve devenu réalité.

Pour libérer la maison (l'appartement exigu) et laisser les mères et les grands mères en toute quiétude devant les fourneaux afin de préparer le repas traditionnel qui réunissait à midi toute la smala familiale, les enfants descendaient dans la rue pour montrer avec fierté le jouet au copain. Le compresseur à air du garage du coin servait à gonfler le ballon de cuir neuf à lacet et le match de foot le plus "dramatique" de l'année se déroulait au "champ" (emplacement actuel du centre Villeneuve) car, si en quittant la maison dans la tenue du dimanche on était beau comme un astre éclatant de lumière, au retour on donnait l'impression d'avoir joué dans une fosse à purin; d'ailleurs les mamans levant les bras au ciel, vociféraient les paroles de circonstance:" mon fils, mais d'où tu viens? on dirait Slimane le charbonnier". Et le tarif c'était deux calbotes et trois botchas avant d'être frotté énergiquement dans la bassine pour pouvoir se présenter à table où la paix de Noël était retrouvée.

Le repas durait jusqu'à la nuit et nos regards se figeaient en permanence sur le grand buffet où s'étalaient comme une provocation des assiettes débordantes de patisseries maison et de confiseries de chez Angelo: royettes, endjenettes, makrods, oreillettes, mantécaos, pères Noël en chocolat, pralines, fondants au sucre et "caca de cheval"; nous avions hâte de les déguster.

Les grands se racontaient des histoires de leur vie et des histoires pour rire. Souvent on était prié de quitter les lieux pour celles réservées aux adultes:"Les enfants allez voir dans la chambre si j'y suis". Et tous, frères et soeurs, cousins et cousines, on s'entassait à même le carrelage de la chambre pour retrouver avec ferveur notre univers où les rires et les cris n'enviaient pas ceux de nos aînés. Un silence religieux pour un court instant nous faisait écouter le 78 tours de Tino Rossi tournoyant sur le pick up "La voix de son maître" et, à l'unisson nous reprenions"il est né le divine enfant" et "Petit papa Noël". C'était de l'insouciance à l'état pur, c'était fort, c'était merveilleux le Noël à Alger où chaque année nous pensions que ces moments étaient éternels. On se séparait avec pour seul espoir que le Noël suivant soit vite de retour.

A tous les enfants de Bab el Oued d'hier et d'aujourd'hui.

André TRIVES

 

De : ROSETTE DE LA CONSOLATIONEnvoyer un mail

Le : 18/12/2019 15:04

MERCI A TOI MON AMIE ANDRÉE A TOI MON AMIE MUSTAPHA.VOUS ME FAITE CHAUD AU C¼UR AVEC TOUTES CES BELLES PAROLES.
JE VOUS REMERCIE DU FOND DE MON C¼UR.MERCI POUR MA FAMILLE.JE VOUS EMBRASSE BIEN FORT .ROSETTE.

 

De : andreeEnvoyer un mail

Le : 18/12/2019 07:27

Rosette
je te présente a toi et a toute ta famille mes
sincères condoléances pour le décès
de ton frère François de tout c½ur avec vous tous
je t'embrasse
Andrée

 

De : Mustapha OualikeneEnvoyer un mail

Le : 17/12/2019 19:16

Pour Rose Dimartino de la Consolation.
---Ma chère amie Rosie je viens d’apprendre à l’instant le décés de ton frere Francois en cette période difficile je partage ton chagrin dans ces moments difficiles. Le deuil qui te touche me permet de te dire combien je pense à toi devant ce douloureux coup du sort. Les mots me manquent évidemment...mais je te prie de bien vouloir trouver ici l'expression de mes plus sincères condoléances. Je pense beaucoup à toi. Je souhaite que les bons souvenirs des moments passés avec ton frere Francois vont t'aider à voir plus clair dans la brume de la douleur que tu ressens aujourd'hui. Je ne peux imaginer cette douleur que tu ressent je ne peux que te transmettre mes sincères condoléances. J'aimerais savoir quoi te dire mais les mots ne suffisent pas dans cette douloureuse épreuve je peux t’assurer que mon c½ur et mes pensés sont avec toi dans cette épreuve que tu traverse. La vie nous apprend beaucoup mais jamais elle ne nous prépare à une perte si difficile d’un être si cher. Ton frere Francois que tu aimais est partie mais ne sera jamais oublié tant que tu garderas sa mémoire dans ton c½ur. L'âme de ton frere Francois est maintenant libre et en paix. Je prie pour que tu trouves la patience, le courage et la force en cette période de deuil.Je transmets mes sinceres condoléances à tout ses proches Qu’il repose en paix

 

De : ROSETTE DE LA CONSOLATIONEnvoyer un mail

Le : 17/12/2019 11:08


BONJOUR A TOI PIERRE CLAUDE.MERCI POUR TON GENTIL MOT;ET OUI TOI QUI LE RENCONTRER SOUVENT A BOUC BEL AIRE.VOILA UN ANCIEN P N QUI NOUS QUITTE;JE T'EMBRASSE AINSI QU'A TA FEMME.MERCI

 

De : pierre-Claude FASANOEnvoyer un mail

Le : 17/12/2019 10:23

Bonjour ROSETTE, Je viens te présenter mes sincères condoléances pour le D.C. de ton Frère. Bises. Pierre-Claude

 

De : MerzakEnvoyer un mail

Le : 17/12/2019 08:33


Merci André.
Ce passé toujours présent. Cétait le goût de la bonté, de la simplicité et du désintérêt (Pas souvent servis depuis).
Bonne journèe à toutes et à tous.

Merzak.

 

De : Guy MARIEnvoyer un mail

Le : 16/12/2019 19:29

Merci André ....comme si on y était encore !!!!!!!!!!
Amicalement Guy

 

De : ROSETTE DE LA CONSOLATIONEnvoyer un mail

Le : 16/12/2019 18:26

BONSOIR A TOUS.
JE TIENT A REMERCIER CHRISTIAN TIMONER,D'AVOIR EU LA GENTILLESSE DE RÉPONDRE AU MESSAGE QUE J'AI ÉCRIT AU D C DE MON FRÈRE.CELA MA BEAUCOUP TOUCHER ET J'AI LUE LE MESSAGE A MA BELLE S¼UR ET TIENT BEAUCOUP A LE REMERCIER.JE VOUS SOUHAITE A VOUS TOUS UNE BONNE SOIRÉE.ROSETTE.

 

De : André TrivèsEnvoyer un mail

Le : 16/12/2019 17:03


BAB EL OUED ENTRE TRADITION ET MODERNITE

Printemps 1956- Après un automne pluvieux et un hivers ridicule, le retour du printemps redonne au quartier ses habitudes coutumières et la rue redevient le grand théâtre des plaisirs et des émotions. Le soleil est de nouveau présent à la nuit tombée par l'empreinte laissée sur la peau déjà brûlée. On renoue avec l'ambiance amicale et bon enfant au retour du travail... les attroupements de copains et copines se forment devant les bars, les entrées d'immeuble et les bancs des squares pour parler de tout et de rien. Ici, la tchatche est importante, c'est la thérapie de groupe la plus répandue. Alors on discute et on confie à ses amis les problèmes de la vie, d'autant que ces rencontres se déroulent juste "en bas la rue". Il faudra rentrer dare-dare lorsque qu'il faudra passer à table.
L'avenue de la Bouzaréah retrouve son "supermarché de la drague" printemps-été, où dragueurs et draguées se croisent furtivement pour tenter de trouver "chaussure à son pied". Un terrain de chasse à la "petite caille" sans fusil, mais du regard s'établit sur le parcours entre les 3 Horloges et le square Guillemin; filles et garçons rêvent d'une rencontre providentielle qui changerait le destin de leur vie. C'est probablement le seul endroit de la ville où une épidémie de torticolis affecte gravement les garçons, un peigne dans la poche révolver, lorsqu'ils accompagnent du regard un "canusse" qui se dandine en passant...
Depuis quelques temps la jeunesse du quartier en quête de mythes et de légendes est en train de vivre un changement extraordinaire et terriblement excitant : elle ne désire plus emprunter la vie toute tracée par les parents ; ils veulent vivre différemment et à leur manière comme la jeunesse américaine ou parisienne découverte sur les écrans. James Dean, Jacques Charrier et Brigitte Bardot sont à la man½uvre sans le savoir. Ils tournent le dos à la ringardise du passé, le nouveau cinéma les influence ; il veulent faire partie de la nouvelle vague !
La rue les contraint à des modes et des comportements importés d'ailleurs, et pour la jeunesse de Bab el Oued c'est leur liberté de s'y soumettre. Nous vivons l'époque des toutes premières fois en tous genres. C'est la première fois que : on s'habille avec des "sweats" et des "tee shirts" portant des inscriptions de collèges américains, les filles montrent leur nombril en portant le bikini et dévoilent impudiquement le genoux avec la scandaleuse mini-jupe, on danse "comme des barjots" tout seul, sans enlacer sa partenaire. Le twist, le madison ou le houla hop font la richesse des chanteurs yé-yé qui ont l'âge de leur public. Le rock and roll est n°1 à la salle des fêtes de St Eugène et au bal de la Redoute, la laque détrône la gomina, la 4 cv démocratise les déplacements et les embouteillages bloquent la circulation au boulevard de Provence, le cinéma Trianon devient un monoprix, le Bijou, roi du cinéma western, prend le nom fétiche de Lynx, la '' pompe '' une fontaine qui avait fait le bonheur de générations d'enfants à l'angle de l'avenue des consulats et des Messageries est rasée pour faciliter le passage des trolleybus vers Notre Dame d'Afrique, le poste "transistor" véhicule la musique sans fil en toute liberté, le disque 45 tours efface à jamais le 78 tours, la musique américaine envahie nos chambres d'adolescent avec le "teppaz". Les surprises-parties révolutionnent nos dimanches après-midi où danser un slow des Platters, de Fats Domino ou de Paul Anka avec une fille qui a bien voulu accepter votre invitation est un moment divin. Les garçons se coiffent à la Elvis tandis que les filles portent deux couettes enrubannées à la Brigitte Bardot, les robes sont fabriquées à la maison avec du tissus vichy bleu ou rouge découvert dans le film "Et Dieu créa la femme" et acheté chez Bacouche ou chez Moatti.
Le rêve des garçons d'avoir une voiture américaine ou une "MG" reste inaccessible et leurs inspirations sont suscitées dans " Les tricheurs"... la Vespa ou la Push procure à quelques privilégiés les clés de la puissance surtout auprès des filles. Les salles de jeux à destination des jeunes proposent en plus du billard traditionnel, le bay-foot et le billard électrique appelé "flipper" qui nous apprend qu'à trop en vouloir, la vie peut faire "tilt" ( au bar de chez Raymond, on attendait avec impatience le réparateur de flipper Pierre Claude FASANO parce qu'en partant il nous offrait des parties gratuites).
Cette nouvelle vague vit dans l'insouciane une révolution culturelle comme jamais vécue. On la qualifiera de "blouson noir" , de "rocker", de "teen ager", de "yéyé", mais personne ne le sait encore. Tous partagent ces nouveaux rites et ces transformations, et rien ne pourra les en détourner. Nos parents ne comprennent pas cette envie de changement que la rue nous impose. Nous sommes témoins et acteurs d'une vie nouvelle qui nous grise par sa vitesse, qui nous éblouit par ses plaisirs, qui nous étonne par sa modernité et qui nous démontre que rien ne sera plus comme avant. Une chose est sûre: on fait avec les moyens que l'on a.
La télévision ne nous manque pas puisqu'elle n'existe pas sauf en démonstration dans les vitrines de Radio Soleil et de Discophone où s'agglutinent les badauds. Le Marignan, le Majestic, le Plazza, le Suffren, le Monciné, le Lynx, le Rialto ; La Perle ou les Variétés ravissent les nombreux cinéphiles du quartier avec des westerns en noir et blanc. La télévision et les photos sont sans couleurs certes, mais les couleurs se trouve dans la tête des gens, dans les c½urs et dans le décor. Bab el Oued au bord de la mer unit le bleu de la mer et le bleu du ciel entre le Kassour et l'Eden : du bleu cajoleur de l'été au bleu agressif des tempêtes, du bleu éclatant de lumière au bleu mystérieux des nuits profondes, du bleu de l'allégresse au bleu de la mélancolie d'hiver. Comment oublier Notre Dame d'Afrique sur la colline, gardienne de tous les habitants du quartier, figée dans son écrin bleu lumineux avec la mer pour horizon.
Seuls les plaisirs simples qui se vivent en famille et réunissent les voisins perdurent comme ces soirées où l'on "prend" le frais sur le balcon en tenue légère jusqu'à tard dans la nuit à la recherche d'une brise rafraîchissante venant de la mer. La braise incandescente des cigarettes dans l'obscurité témoigne de cette vie tardive que l'on partage avec la famille, les amis et la nature. Dans la rue quelques-uns reviennent de chez "La Princesse" ou de chez "Grosoli" le pas nonchalant, d'autres rentrent du cinéma, se remémorant à haute voix les scènes du film qu'ils viennent d'admirer. Minuit ne va pas tarder, on bâille et on sétire une dernière fois, le silence enveloppe soudainement le quartier, les douze coups de l'horloge de l'école de la Place Lelièvre marquent la limite de la journée, demain sera un autre jour, Bab el Oued avec des rêves plein la tête s'endort en toute sérénité.and

 

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