Le : 23/11/2013 08:50

Un souvenir d'enfance déjà publié afin de répondre à la demande de Mustapha et en faire profiter ceux qui l'auraient zappé...Ce texte figurera dans mon prochain livre qui s'appellera :

BAB EL OUED FOR EVER.

NOCES DE BAB EL OUED A TIPASA.

J’ai toujours ce besoin incontrôlable de trifouiller dans l’enregistrement de ma mémoire ancienne où sont rangés les bons et les mauvais souvenirs de ma jeunesse vécue en Algérie. Je pousse la porte de la salle des archives ; les grincements me rappellent qu'il y a bien longtemps que je n’y suis venu. Dans la pénombre, sans hésitation, je me dirige vers le rayonnage blanchi d’une épaisse poussière. Sur l’étagère branlante, je saisis la bobine où figurent les images en noir et blanc d’une inoubliable sortie éducative à la découverte des ruines romaines de Tipasa organisée par notre instituteur de l’école de la Place Lelièvre : Monsieur BENHAÏM. C’était il y a bien longtemps, 60 ans je crois, et dans mon esprit l'événement date d'hier. Ce jour là avec l’ensemble des camarades, nous étions transportés de joie à l’idée d’aller découvrir ce site historique, et aussi par le fait de ne pas avoir classe ce jour là. Il faut dire que pour la majorité d’entre nous âgée d'une dizaine d'années, partir en véhicule automobile loin du quartier représentait un baptême et une aventure. Dès sept heures, on prit place dans l’autocar garé devant l'école, et Monsieur BENHAÏM, tel un épicier vérifiant son stock de marchandises, pointa et repointa les présents pour n’oublier personne. Un cri collectif de libération salua le départ et nous regagnâmes le littoral en chantant comme un seul homme toutes les rimes en « A » de notre « pataouète » ( Langue colorée d'espagnol, d'italien, d'arabe et de français révélée en 1896 par l'écrivain Auguste Robinet dans ses publications sur « Les amours de Cagayous » ) : « Faire un tour en pastéra » lança pour débuter Ferrer; et tout le car reprit en cœur : « C’est tata, c’est l’algérois ». « Manger d'la calentita » cria-t-il à nouveau, amenant à l’unisson le refrain : « C’est tata, c’est l’algérois ». « Monter la côte de la Bassetta », « La figa de ta ouella », et toujours le même cœur avec les veines du cou prêtes à éclater : « C’est tata c’est l’algérois.» L’énergie débordante et les cris d’exaltation se calmèrent subitement ; à hauteur du stade Marcel Cerdan, nous fûmes pour un court instant muet d’admiration : le boulevard et la mer, côte à côte dans un joue-à-joue sinueux, déroulaient en perspective des cartes postales marines. Seuls les bavards commentèrent les scènes le nez collé à la vitre. « Oh ! L'Eden... l'Eden ! Là-bas sur l'eau la pastéra, regardez la pastéra ! » En contrebas de la route, un pêcheur souquait ferme pour rejoindre son palangre posé à quelques encablures de la plage déserte. Le voyage allait être long. Pour beaucoup plongés dans la fascination, les yeux écarquillés par tant de tableaux animés, ils découvraient pour la première fois d’un piédestal mobile la beauté insoupçonnée de leur pays. L’émerveillement était à son paroxysme. Feuilleter l'album de clichés tout en couleur sur l’écran transparent qui avançait constituait une belle surprise. Notre mémoire de citadins n'imaginait pas enregistrer pour toujours le charme de ce coin d’Algérie où la route ne pouvait échapper à l’omniprésence de la mer. On venait de quitter Bab el Oued et la ville, et déjà, Saint-Eugène posé comme un balcon sur le large nous en mettait plein les yeux. Nos deux quartiers limitrophes avaient en commun la protection divine de Notre Dame d’Afrique érigée en vigie au sommet de la colline. Entre Raïsville et le Parc-aux-huîtres, le blanc des façades alignées comme un rang d'amandiers en fleurs, reflétait fièrement la lumière aveuglante du soleil levant. La corniche accordait une vue plongeante d'exception sur les plages et les calanques. Les constructions anciennes et modestes se dressaient avec pudeur à l'arrière des jardins arborés de figuiers et de néfliers. Les fenêtres fixées sur l’horizon cueillaient une vue imprenable ; elles semblaient se faire la courte échelle pour ne pas manquer une seconde de l’impacte des saisons. Dans ces nids de verdures perchés comme des cages d'oiseaux et embaumés de jasmin on ne pouvait rater les teintes étalées au cours de la journée par la mer : le bleu nacré succédait au bleu gris du matin avant de laisser sa place au bleu turquoise de midi. L'après-midi le bleu lumineux paradait un long moment avant de se transformer en bleu d’encre pour la nuit. La permanence des contrastes ne pouvait laisser indifférent. Les amoureux de cette nature éclatante de lumière auraient pu raconter Saint-Eugène à la manière d’un conte de fées bien réel. L'histoire aurait pu commencer ainsi : « Il était une fois un village bâti sur un promontoire dominant la mer où le parfum des fleurs exhalait le sel et l'iode. Les cascades de lilas suspendues aux balcons et les vérandas drapées de gerbes de bougainvilliers rouges-violacés décoraient le hameau en île paradisiaque. Sur les terrasses écrasées de soleil, le linge des lessives battu par la brise du large donnait l’impression de saluer en permanence les passagers des paquebots en partance pour la France. Ici, le bonheur se trouvait au rendez-vous chaque matin, il suffisait d'ouvrir les fenêtres donnant sur la mer pour respirer l'odeur iodée des embruns et entendre les cornes de brume des bateaux qui passaient.» Les criques, les rivages de sable blond et les îlots escarpés s'enfilaient comme des perles sur tout le littoral. La beauté n’était pas radine, et à midi plein elle scintillait de mille éclats. En quelques virages, on était bien loin des agitations de notre faubourg, du brouhaha incessant du marché, du tintamarre grinçant des tramways et du vacarme lancinant des moteurs et des klaxons qui envahissaient de plus en plus nos rues. La liesse enfantine perdurait dans le car ; elle ne cessait de commenter à haute voix le déroulement du trajet : Sebaoun s’écria : « Raïsville, et un cornet de frites, chaud bien chaud ! », Ben Malek enchaîna « Le stade dimanche quand Hamoutene il a marqué, on a crié « iiiiilllll’yyyyyééééé », les morts au cimetière ils ont bougé.», Ayache reprit : « La salle des fêtes de Saint Eugène ! Pour le mariage de ma sœur, on a fait la bombe à tout casser.» Quittard lança : « Le Petit Bassin, ici purée, on fait des oursins maousse comme des assiettes », Solivérès renchéri : « Les Deux Chameaux ! J’ai un copain qui nage la tête sous l’eau sans respirer du Fauteuil au Charlemagne, d’un seul coup. » Lozano s’enthousiasma: « Le Parc aux Huitres ! Mon père ici, il a attrapé un poisson gros comme une baleine.» Labianca interrogea: « Ma parole, comment ta mère elle a fait pour le mettre dans le four ? » Amara expliqua : « Lavigerie ! le frère de mon copain, il a fait une pantcha du plongeoir de la corniche. Il est resté mort dans l’eau un quart d’heure. » Dans l’excitation des découvertes qui se poursuivaient, le groupe restait intarissable et chacun voulait exprimer une part de son vécu ; comme tous les enfants, nous avions le sentiment d’être le nombril du monde.L’euphorie se partageait de part et d’autre de la chaussée qui serpentait avec le rivage. Sur la droite, la brume matinale de l’été roulait des fumées opaques jusqu’aux limites de l’horizon. Comme un rituel, le soleil embrasait le large pour commencer la journée. La mer habillée dans sa tunique bleue clapotait inlassablement contre les rochers la douce mélodie des vagues entre l’Eden et les Bains Romains. De partout, des cabanons sobres et modestes, vaporisés d'embruns et agglutinés en grappe sur des éperons, semblaient se mirer dans les eaux dansantes comme par coquetterie. Si ces lieux n’étaient pas le paradis, ils lui ressemblaient beaucoup. Les îlots de Baïnem-Falaise, dressés en remparts sur les eaux argentées, affrontaient en toute quiétude l’écume de colère des tempêtes hivernales. La côte dans sa totalité s’ouvrait en toute innocence aux assauts de la haute mer. Dans le lointain du phare de Cap Caxine, des guirlandes de fumées noires suspendues dans le sillage d’un paquebot à destination de terres inconnues maculaient le ciel de rêves incertains. En traversant Guyotville, Jeandet, garçon malingre et rieur, déclara: « En août, La Madrague est envahie de Peaux Rouges qui s’tapent la gazouze les pieds dans l’eau et la tête coincée dans les baleines du parasol ». Les plus loquaces avaient confisqué la parole et seuls les rois de la tchatche s’en donnaient à cœur joie pour exprimer le trop plein d'énergie qui bouillait en eux. Le seul lieu connu de tous fut Sidi Ferruch, endroit mythique de villégiature fréquenté par les familles de Bab el Oued lors d’excursions traditionnellement organisées pour Pâques, Pentecôte ou le 15 août. Le souvenir historique du débarquement de 1830 était loin de nos pensées, seule la forêt des plaisirs partagés en famille et entre amis depuis des générations avait un sens. Le Robinson, le Normandie, la plage Moretti, le vivier, tous ces noms rappelaient de beaux moments d'amitié. Toutes les bourgades traversées affichaient avec fierté leur union à la mer : Daouda-Marine, Fouka-Marine, Castiglione et son célèbre aquarium. Chiffalo, village de pêcheurs, nous gratifiait d'un rituel quotidien : un lamparo de retour de pêche franchissait la passe du port, suivi par les cris d’une nuée de mouettes rieuses affamées. Le spectacle maritime sur notre droite ne nous faisait pas perdre une miette de la vie rurale qui défilait de l’autre côté de la route. La plaine côtière alignait des damiers de terre cultivés de légumes et d’agrumes et protégés du vent par des claies de roseaux. Parfois un espace caillouteux tapissé de buissons épineux, d’acacias sauvages et de végétation jaunie par la sécheresse habillait tristement le paysage. Quel contraste avec les jardins d’hibiscus rouges et d’iris bleus au centre des bourgs où la profusion de roses accrochées aux façades donnait aux maisons l'allure de chars décorés pour disputer un corso fleuri. La seule ombre au tableau de ce florilège d’images de vacances, provenait de l’usine des ciments Lafarge. Juste dans la descente après le Casino de la Corniche, ses longues cheminées crachaient en continu des fumées noires dans le ciel azur et créaient une tâche sombre sur le petit joyau qui avait pour nom : La Pointe Pescade. . Comme dans les films en noir et blanc de l'époque, la bobine déroulait des scènes et des images magnifiques avec en prime les couleurs de la réalité. A Zéralda, près des Sables d’Or, à l'ombre d'un caroubier, des travailleurs en pause s'échangeaient des rires complices en se désaltérant sous le jet d’une gargoulette. Un peu plus loin, à la sortie de Tefeschoun, un char à banc transportait des ouvriers agricoles enturbannés dans les champs. A l'orée de Bouharoun, réputé pour ses sources d'eau minérale, une moissonneuse-batteuse enveloppée dans un nuage de poussière, crachait en saccade des fumées pétaradantes et déposait sur le côté une botte de paille et un sac de grains. Un peu plus loin dans les rangs de vigne alignés sur la pente d’un coteau, un chasseur, le fusil en bandoulière, avançait dans le pas de ses chiens heureux de folâtrer dans la rosée du matin. Sur la ligne d'horizon, des collines boisées de chêne-liège et de pins maritimes jouaient à saute-mouton de loin en loin dans la découpe du ciel immaculé. Un peu d’ombre dans la fournaise traversée par la stridence des cigales ne pouvait que faire du bien à la faune animalière de ces territoires désertiques. Transcendés par tant de découvertes, nous assistions de notre car à rien de plus qu’à un moment de vie banale de notre Algérie dans laquelle on était si bien. . Dès le printemps, l'Algérie se pomponnait des couleurs de l’arc-en-ciel : les amandiers en fleurs ouvraient le bal des émotions avec leur parure de crème fouettée répandue dans les campagnes. La réplique rouge-sang des coquelicots ne se faisait pas attendre. Sous l’impulsion de la brise, ils dansaient dans les champs au rythme d’une marche espagnole. Le ballet des coloris se poursuivait avec le jaune cérémonie des boutons d’or scintillant sous les rayons de midi et virevoltant comme des lucioles dans la nuit. En début d'après-midi, un souffle d’air ardent ondulait les tapis fleuris disséminés sur la nappe blonde des blés. Le mouvement perpétuel de va et vient rappelait le flux et le reflux des vagues le long de la grève. Le vent vorace inspirait à pleins poumons l’envol des pollens pour restituer avec générosité le parfum des fleurs où le jasmin s’imposait comme une marque de fabrique. Les coins enchanteurs de cette côte littorale appelée « Côte Turquoise » se succédaient comme un opéra en plusieurs tableaux où les spectateurs subjugués appréhendaient la fin pour ne pas détruire le rêve éveillé qui les régalait. Le retour chaque année de cette beauté lumineuse n'était-ce pas l’œuvre de Dieu ? Ce Grand Architecte de l'Univers, artiste-peintre à ses heures perdues devait sûrement gambader avec son chevalet sur la terre de chez nous. Entêté à sublimer et à faire partager ses émotions, lui aussi devait être amoureux de ce pays. De criques tourmentées d’à-pics aux plages de sable fin, de vignes aux raisins gorgés de sucre aux champs rayés de sillons à perte de vue, nous fûmes brusquement saisis dans le lointain entre Marengo et El Affroun par des alignements d’orangers, de clémentiniers et d’oliviers, soulevant dans l’autocar de l’admiration. « C'est immense ! Cela nous change du champ de tomates d'Ali et de la campagne du Beau Fraisier ». Enfin, Tipasa nous apparu dans un havre de splendeur prodigieux bordé par le bleu nacré de la mer. Sur la gauche, le massif du Chenoua dressé en bouclier préservait le port des caprices du vent. Au large, il soufflait et moutonnait la crête des vagues d’un diadème de première communiante. Nous étions émerveillés comme devant un cadeau de Noël. Nous nous apprêtions à visiter un patrimoine de ruines et de monuments anciens figé dans un écrin de verdure que les « colonialistes Romains » (citation que les Berbères chrétiens et juifs ont dû employer à l’époque) laissèrent à la postérité dans notre pays. L’excursion se fit au pas de course sous le chant stridulant des cigales tandis que le vent blanchissait d’écume les caps de Sainte Salsa et du Forum. Les oiseaux en concert répliquaient leur partition à la cime des arbres, créant une ambiance de gaieté et de joie. Dans ce site majestueux embaumé des parfums d’armoise et de lentisque, les dieux Romains avaient probablement été, eux aussi, éblouis et fascinés par tant d'attrait. N’étaient-ce pas des noces qui se célébraient sous nos yeux entre l’innocence des enfants et le charme de cette nature éternelle ? Quelques années auparavant un jeune écrivain, promis à un brillant avenir, Albert Camus, avait écrit: « Noces à Tipasa » comme un cri d’amour à toutes ces merveilles qui nous entouraient. Nous suivions Monsieur BENHAIM s’efforçant de nous intéresser à l’histoire de la Catacombe des Evêques, du Mausolée Circulaire, de la Grande Basilique Chrétienne, des Grands Termes et de l’Amphithéâtre. Notre imagination sans borne nous faisait entendre les eaux en cascade de la fontaine de Nymphée et les cris de la foule enthousiaste dans le Petit Théâtre où le premier spectateur était la mer. Nous avions l’impression que le Cardo avec ses alignements de colonnes plongeait dans notre Mare Nostrum. Nous apprîmes en franchissant les portes des remparts protégeant la ville qu’à cette époque, Alger s’appelait Icosium et Cherchell : Césarée. La pause pique-nique se fit sur un quai du port où nous partageâmes « omblettes de pon de terre », « cocas à la frita », « casse-croûte à l’huile frotté d’ail », le tout arrosé au « sélecto Hamoud Boualem » et à la limonade « Dédé ». Et l’incroyable c’était que le banc de pierres sur lequel on déjeunait avait mille huit cents ans ! Nous formions un cercle attentif autour de notre maître d’école qui mêlait le geste à la parole pour mieux expliquer les événements historiques de la période romaine. Cela n’empêchait pas les rangs arrières de se distraire, le nez levé au ciel pour suivre un vol noir d’étourneaux qui passait, ou cueillir à la hâte une poignée d’arbouses sucrées dans les genêts et les jujubiers sauvages qui jalonnaient le parcours. Monsieur Benhaïm, nous expliqua que notre pays avait subit depuis ses origines un mélange extraordinaire : « Mes enfants, nous dit-il, ce sont les Berbères les véritables ancêtres de l’Algérie ; ensuite se succédèrent des colonialistes venus de tout le bassin méditerranéen : Phéniciens, Numides, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Espagnols, Turcs et enfin nous autres les Français.» Mon copain Ahmed Djilalli provoqua des rires en interrogeant : « Qui prendra le tour suivant ? » La journée à Tipasa s’acheva par un détour à travers des champs plantés d’amandiers. Au sommet d’une butte nous découvrîmes un monument circulaire impressionnant dominant la plaine : le tombeau de la Chrétienne. Une construction de l’époque barbare témoignant des hautes valeurs du peuple Berbère. Le retour fut tout autre. La chorale impromptue entendue dans le car ce matin avec des « plus vite chauffeur ! plus vite chauffeur ! plus vite ! » s'était tue. La fatigue était passée par là. Désormais, le ronronnement du moteur berça la somnolence générale qui s’était emparée du groupe avant Bérard. Chacun dans son coin revisitait dans ses pensées la page d’histoire écrite par les Romains dans les pins et les tamaris aux troncs couchés par le vent marin.Le bleu de la mer et l'ocre des monuments formaient d’incroyables tableaux suspendus aux cimaises de la ligne d'horizon pour l’éternité. A l’arrivée devant « Chez Coco et Riri », Pappalardo lança : « Icosium, Icosium dernier arrêt, tout le monde descend », et les éclats de rires rappelèrent à nouveau la joie de vivre qui nous collait à la peau. Après tant années, surtout les jours gris battus par la pluie, je repense souvent dans le détail à cette admirable balade avec les camarades du CM² sur la côte Turquoise. La fresque d'images imprimée à jamais dans ma mémoire resurgit lors les nuits agitées par ma « nostalgérie ». Je ne peux oublier le calme et le silence de Tipasa traversé par le chant des oiseaux, la crête des vagues blanchies par le vent du large et l’odeur du jasmin et de l’armoise. Je ne peux oublier également les rires, les accents et les amitiés partagés au cours de cette journée. Je garde aussi en mémoire la bravoure et l’humanité de Monsieur Benhaïm qui ce jour là délaissa son habille guindé d’instituteur pour devenir le père et l’ami de tous ses élèves. Quelle émotion lorsque six ans plus tard, ayant intégré l’Éducation Nationale, je reçu ma nomination d’enseignant pour l'école de la rue Léon Roches dans le quartier qui m’avait vu naître. Je frappais à la porte du bureau du directeur pour me présenter. La porte s'ouvrit et je me retrouvais nez à nez avec Monsieur BENHAÏM, l'instituteur du CM². L’émotion fut à la hauteur de l’estime et de la reconnaissance que je lui devais.