Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Ajouts de photos

- 1 Document dans les rues de Bab El Oued de Tony BILLOTTA

- 1 Photo dans les rues de Bab El Oued de Nacéra ADDADAHINE

- 10 Photos dans les rues de Bab El Oued de Mustapha OUALIKENE

André TRIVES

Le : 02/12/2015 13:40

Un extrait du berger de Mostaganem (page 357) relatif au drame qui se déroula dans le tunnel allant de BEO à l'Amirauté pendant la guerre 39/45: " L'ancienne gare de Bab el Oued reliait le centre ville d'Alger par une voie souterraine. Souvent la nuit,ce tunnel désaffecté accueillait des centaines de familles venues se réfugier à l'annonce d'un raid aérien allemand sur Alger. Ce soir là, à 21 heures, les sirènes des Messageries avaient rameuté des milliers d'habitants accourus pour se protéger des bombardements. L'hébergement provisoire de tout ce monde s'était effectué dans une ambiance débonnaire, et pour les enfants c'était l'occasion de se divertir un peu plus. Les familles suivaient attentivement les ordres des responsables, les porte-voix ne cessaient de répéter : - Dépêchez-vous, avancez fissa, avancez sur l'avant, tout le monde doit trouver une place dans l'abri. Les premiers avaient suivi attentivement les consignes et s'étaient engouffrés dans le tunnel sans lumière. Au même moment, la protection civile s'organisait contre les largages de bombes. Pour camoufler les infrastructures portuaires et les nombreux navires à quais dans le port d'Alger, cibles choisies par les « Heinkel » et les « Messerschmidt » de la « Luftwaffe* », la défense passive de l'Amirauté,entreprit comme à chaque alerte de faire disparaître Alger sous unépais nuage de fumigènes. Mais le vent ce soir là, ne soufflait pas dans la direction habituelle. Une aspiration d'air imprévisible se fit sentir dans le souterrain noir de monde, ramenant les gaz irrespirables dans le corridor transformé encouloir de la mort. Une panique indescriptible s'en suivit. Les personnes affolées par les fumées suffocantes contribuèrent à une gigantesque bousculade. Dans la poussée pour survivre, elles chutaient et s'écrasaient les unes sur les autres, créant un entassement horrible de corps asphyxiés. L'épouvante et les cris d'horreurs durèrent trente longues minutes, puis plus rien. Horrifiés, les plus chanceux retrouvèrent l'air frais du dehors et s'étonnèrent d'avoir échappé à l'affreux drame. A la lueurdes briquets, les sauveteurs découvrirent des scènes abominables. La mort s'était invitée dans cet abri destiné à les protéger. On retira une trentaine de cadavres et des centaines de blessés. Le tunnel fut fermé et condamné àjamais. Plus aucune alerte n'attira le peuple de Bab el Oued dans ce piège criminel. Désormais, les Bab el Ouediens suivaient les balles traçantes des combats aériens au-dessus du quartier par la persienne entrouverte de leur chambre.

Raymond MOLTO

Le : 29/10/2015 07:13

De Gyotville à Bab El Oued

LE TEMPS VIENDRA OÙ NOUS SERONT RÉUNIS

Il est parfois difficile dans ma solitude, de me souvenir que quelqu'un m'aime, quelque part. Quelqu'un qui m'aime pour ce que je suis et non pour ce qu'il souhaite que je sois ou pour ce qu'il souhaite faire de moi. Quelqu'un qui m'aime, juste pour moi.

Comme c'est parfois difficile d'accepter d'être si loin d'un de l'autre et de se voir si peu! Mais je sais que lorsque le temps viendra pour nous d'être réunis rien ni personne ne nous en empêchera.

Toi, mon amour, tu vis toujours dans mes rêves, mes espoirs, mes actions. Mais plus que tout, tu vis dans mon coeur, et ça, mon amour, c'est la chose qu'aucune distance aussi grande soit-elle ne pourra jamais faire disparaître.

L'ASSOCIATION A.B.E.O (le Blog)

Magazine 2019 de l'ABEO

LES TROIS HORLOGES

Le : 30/11/-1 00:00

A tous les ami(e)s,

Pour la deuxième fois, je vous écris un petit mot, car en cette semaine de la Toussaint et comme tous les Toussaints depuis très très longtemps je suis toujours aussi triste. J'existe depuis très longtemps, j'ai pu voir les premiers corbillards tirés par des chevaux, et plus tard les corbillards automobiles. Je pense que vous m'avez reconnu, je suis l'horloge, je dirais plutôt LES TROIS HORLOGES, comme vous le savez je suis située au coeur de notre quartier BAB EL OUED. Des plus petits aux plus grands, je vous ai tous connus.

Depuis quelques années, j'ai la chance que certains d'entre vous qui ont un besoin de faire une thérapie ou un pèlerinage viennent faire un tour au quartier qu'ils n'ont pas oublié et encore moins de venir me voir et se prendre en photo avec moi en souvenir du bon temps passé ensemble. En 2010, un enfant du quartier est venu me voir avec sa femme, il était fier de se faire prendre en photo avec sa charmante et douce femme qui était née à MARSEILLE et heureuse de prendre cette photo comme une pieds noirs. Ils s'étaient promis de revenir en 2014 mais les circonstances de la vie ne l'ont pas permis.

Mais ce qui m'attriste d'autant plus c'est que cette charmante femme qui n'avait rien connu de ce quartier, mais qui le connaissait grâce au site NEABABELOUED que son fils Sébastien avait créé pour son père qu'elle aidait et soutenait dans les mauvais moments. Elle a su se faire aimer de notre communauté et de plus elle nous appréciait. En début de cette année, elle s'en est allée un peu trop jeune pour le grand voyage. J'aimerais bien quand ce jour de Toussaint avec moi vous ayez une pensée pour cette petite patos qui manque beaucoup à son mari, ses enfants ainsi qu'à ses deux petites filles.

Sans oublier tous ceux qui nous ont quittés avant 1962 et jusqu'à nos jours. LES TROIS HORLOGES

Jean-Jean MORENO

Le : 28/10/2015 09:01

Bonjour André et toutes les fréquentations du site de Christian.

Ton très beau texte sur la rue Cardinal Verdier au cimetière de St Eugène me touche tout particulièrement car je connais ce trajet par c 1/2 ur. Je demeurais avenue de la Bouzaréah, au début de cette fameuse rue du cardinal Verdier et je devais me rendre à mon école située rue Larrey au bout de cette rue, juste avant les pompes funèbres. En lisant ton texte je me revoyais cheminant cette rue et croisant les rues des moulins, J.J. Rousseau, de Normandie, du Dauphiné, profitant des effluves de notre marché de Bab el oued et plus loin celles du parfumeur Zouaï.

Effectivement, ce trajet je le faisais également le jour de la Toussaint comme presque tous mes voisins, accompagné de ma mère, frères et s 1/2 ur . Je revois ces étals de chrysanthèmes à l’angle de la rue Verdier et du Bd de Champagne, à l’abri des murs de l’hôpital Maillot. C’était une formidable explosion de couleurs jusqu’à la clinique Barbier Hugo. Que ces instants de remémorations, de souvenirs nous permettent de nous recueillir virtuellement sur les tombes de nos êtres chers abandonnés dans nos cimetières qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans.

Je viens de rencontrer sur le site "répertoire PN" un ancien de la rue Léon Roches au N°6, il se nomme Michel DOMENECH, il est né en 1938. Il souhaiterait dialoguer avec d'autres anciens du quartier, alors..si le c 1/2 ur vous en dit....Belle journée à tous

André TRIVES

Le : 26/10/2015 15:01

A quelques jours de la Toussaint: un hommage à nos aïeux.

La rue Cardinal Verdier

La rue Cardinal Verdier cheminait de la vie à la mort. Elle prenait naissance au marché de Bab el Oued et aboutissait au cimetière de St-Eugène. Les corbillards municipaux empruntaient régulièrement ce trajet.

Depuis des générations et chaque année jusqu'en 1961, les deux dernières semaines d'octobre, voyaient se dérouler un rituel immuable entre le marché et le cimetière ( créé en 1836 ). Une foule immense empruntait à pied et en famille ce trajet afin de rendre hommage à ses défunts. Durant deux semaines, les trottoirs regorgeaient de fleuristes occasionnels et la rue se colorait de magnifiques arcs-en ciel de chrysanthèmes. Jeunes et vieux, recueillis comme il se doit, remplissaient un devoir générationnel transmis par les us et coutumes hérités de leurs ancêtres : rénover l'encadrement des tombes en fer forgé, nettoyer la pierre des monuments, redorer les inscriptions gravées dans le marbre, désherber les alentours, fleurir sans compter vases et jardinières. Le travail était ardu, c'est pour cela qu'il était entrepris dès la mi-octobre. Pour rien au monde, les descendants de cette tradition séculaire auraient failli à la mission de relier le présent au passé. Durant cette période du souvenir, où la ferveur remettait en lumière au près des jeunes la mémoire de ceux qu'ils n'avaient pas connus, il ne serait venu à l'idée de personne d'avoir un souci autre que celui d'aller accomplir son devoir en allant se recueillir sur la tombe familiale. Les Juifs et les Chrétiens se rendaient au cimetière de St Eugène, tandis que les Musulmans grimpaient au cimetière d'El Khettar. Les choses avaient été bien pensées : il n'y avait aucune différence, tous avaient la vue sur la mer.

Il y a 54 ans, jour pour jour, en cette fin d'octobre 1961, le peuple de Bab el Oued ignorait qu'il rendait hommage à ses morts pour la dernière fois. Comment pouvait-il imaginer qu'un destin aussi injuste allait mettre fin à une tradition familiale et le contraindre à l'abandon d'un rite ancestral ? Aujourd'hui, le cimetière de St-Eugène est délabré en plusieurs endroits, les tombes abandonnées, les parterres de fleurs absents de l'hommage qui était rendu aux défunts. Il existe toujours des visages pétrifiés dans la porcelaine sur les livres de marbre. Leurs regards souriants restent imperturbables dans le silence des allées désertes. Ils ont fini par prendre l'habitude depuis tout ce temps : personne ne viendra les visiter. Les herbes hautes, les monuments penchés, la rouille épaisse des fers forgés, témoignent que la tradition de la Toussaint ne reviendra plus. Seul le gazouillement éternel des moineaux dans les cyprès ravivent un semblant de gaieté comme un clin d'oeil à l'oubli. Tout les décors sont à leur place : les cris du stade sont toujours là, la mer bleue aussi est à deux pas, tout comme le ciel azur qui descend des collines de Sidi Bennour. Non, les décors n'ont pas changé.

Depuis 1962, dans le monde où l'on nous a obligés à vivre, y a-t-il un enfant de Bab el Oued qui ait trouvé dans la docte société métropolitaine, ou dans la savante littérature qui s'entasse dans la poussière des bibliothèques, un Directeur de Conscience ou un Maître à Penser ? Moi, jamais! Tous ceux qui ont construit les valeurs auxquelles je crois, les exemples auxquels je me réfère, demeurent toujours présents au cimetière de Saint-Eugène.

Tony BILLOTTA

Le : 23/10/2015 12:55

Ce détail, c’est la date : 30 JUIN 1962 ! ! !

Date historique s’il en fut, pour les PN mais aussi pour les historien-ne-s pour lesquel-le-s la Grande Histoire s’écrit aussi avec les petites.

Après ma 1ère année, en tant que prof de Anglais-Français au Collège Laverdet de Maison-Carrée, et pour obtenir ma titularisation, je suis muté d’office à celui de Marengo-Square, poste pour lequel, les candidatures ne se bousculent pas ...

« Généreusement », on me confie une classe de 65 élèves dans un préfabriqué jouxtant le commissariat (soigneusement barricadé et ...attaqué).

Aucunement préparé pour les classes primaires, je fais de mon mieux pour enseigner à des enfants démunis, atteints de trachome à soigner, supporter avec eux le froid puis la chaleur torride de ce préfabriqué, les déplacements angoissants en car pour rentrer chez moi, à BEO le weekend et pour en revenir, pas très rassuré, le lundi vers 5h du matin.

À peine marié, fin décembre, je reçois mon ordre d’incorporation pour le 4 janvier au Bastion 15 à Alger, annulé par un télégramme de l’Académie, m’enjoignant de me rendre à mon poste.

Avec un travail énorme de préparation et de corrections, un succès flatteur aux épreuves écrites du CAP, j’attends de pied ferme l’inspection qui devrait me permettre d’être titularisé grâce à ces enfants, disciplinés, attentifs et travailleurs.

Hélas pour moi, les jours passent et point d’inspecteur à l’horizon.

Je le sollicite maintes fois et surprise –massue ! Ce monsieur T., craignant de venir à Marengo, me convoque, chez lui à Blida, école du Centre, à 8h.

Choix cornélien. Ne pas y aller, c’est perdre l’espoir de ne plus être titularisé, y aller, c’est prendre d’énormes risques sur une route dangereuse où je peux être abattu ou disparaître. Je choisis de répondre présent. Je me retrouve devant une classe moins nombreuse mais totalement inconnue avec des consignes à exécuter dans les différentes matières et ce, pendant toute la journée, bien longue.

De 16H30 à 17h30, l’Inspecteur me donne des conseils, des bibliographies etc. , me félicite pour la conduite magistrale de mes leçons et la réussite au CAP qu’il me promet de m’adresser rapidement.

Très éprouvé mais aussi très fier et heureux, je quitte l’établissement et me rends à l’arrêt d’autobus pour retourner, toujours anxieux (barrages, mitraillages, force locale...) à Marengo.

Mais là, cruelle déception ! Les cars ne circulent plus à cette heure-ci. Que faire ? Je n’ai pas l’habitude des hôtels ni même la pensée d’en trouver un. Je suis pressé de rentrer et j’attends au bord de la route, une des rares voitures qui s’aventurerait sur cette route réputée peu sûre. Et voilà que, au bout d’une bonne heure, une 403 camionnette, s’arrête. Elle est conduite par le père d’un de mes élèves et nous arrivons sains et saufs au bercail.

Le mois de juin se passe sans aucune nouvelle de mon CAP.

Le samedi 30 juin, dernier jour de classe aussi ...sauf que demain, dimanche est un autre jour, le 1er JUILLET 1962 et que ce sera l’Indépendance.

Malgré les promesses du FLN qui s’était engagé à protéger nos personnes et nos biens, je ne tiens pas à rester sur place et à 16h30, avec des collègues, je descends,(après une multitude de barrages et au milieu de foules de gens) sur Alger, direction l’Inspection Académique où j’arrive au pas de course à 17h55.

Le concierge (que je connais) se prépare à fermer DÉFINITIVEMENT la porte et me laisse entrer dans ces lieux familiers où j’avais travaillé pendantl’été 1960.

Sans difficulté, je trouve le bureau de M. Scotti, Inspecteur d'Académie Adjoint qui se prépare à mettre un point final à ses fonctions et à qui j’explique mon odyssée.

Après vérification, il se rassoit, renseigne le CAP vierge, le signe, le tamponne et me le remet.

Nous sortons ensemble et les portes se referment derrière nous.

C’est donc le dernier document, (obtenu de haute lutte) de l’Inspection Académique de l’Algérie Française que je détiens précieusement et sans lequel, je n’aurais pas pu faire valoir mes droits ni exercer ce métier que j’ai tant aimé.

En écrivant laborieusement ces lignes, surgissent d’autres souvenirs de cette époque où il fallait aimer notre pays natal par-dessus tout pour y demeurer.

Merci de les avoir lues et partagées : vous m’avez ainsi permis d’exorciser en partie, ces dures épreuves (et bien d’autres plus tragiques) que nous avons vécues, nous, les richissimes colons ....

Ajouts de photos

- 5 photos de Guy PONS, dans " RETROUVAILLES "

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- PÂQUES LA MOUNA AVEC BAB EL OUED 2019

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