Le : 02/12/2015 13:40

Un extrait du berger de Mostaganem (page 357) relatif au drame qui se déroula dans le tunnel allant de BEO à l'Amirauté pendant la guerre 39/45: " L'ancienne gare de Bab el Oued reliait le centre ville d'Alger par une voie souterraine. Souvent la nuit,ce tunnel désaffecté accueillait des centaines de familles venues se réfugier à l'annonce d'un raid aérien allemand sur Alger. Ce soir là, à 21 heures, les sirènes des Messageries avaient rameuté des milliers d'habitants accourus pour se protéger des bombardements. L'hébergement provisoire de tout ce monde s'était effectué dans une ambiance débonnaire, et pour les enfants c'était l'occasion de se divertir un peu plus. Les familles suivaient attentivement les ordres des responsables, les porte-voix ne cessaient de répéter : - Dépêchez-vous, avancez fissa, avancez sur l'avant, tout le monde doit trouver une place dans l'abri. Les premiers avaient suivi attentivement les consignes et s'étaient engouffrés dans le tunnel sans lumière. Au même moment, la protection civile s'organisait contre les largages de bombes. Pour camoufler les infrastructures portuaires et les nombreux navires à quais dans le port d'Alger, cibles choisies par les « Heinkel » et les « Messerschmidt » de la « Luftwaffe* », la défense passive de l'Amirauté,entreprit comme à chaque alerte de faire disparaître Alger sous unépais nuage de fumigènes. Mais le vent ce soir là, ne soufflait pas dans la direction habituelle. Une aspiration d'air imprévisible se fit sentir dans le souterrain noir de monde, ramenant les gaz irrespirables dans le corridor transformé encouloir de la mort. Une panique indescriptible s'en suivit. Les personnes affolées par les fumées suffocantes contribuèrent à une gigantesque bousculade. Dans la poussée pour survivre, elles chutaient et s'écrasaient les unes sur les autres, créant un entassement horrible de corps asphyxiés. L'épouvante et les cris d'horreurs durèrent trente longues minutes, puis plus rien. Horrifiés, les plus chanceux retrouvèrent l'air frais du dehors et s'étonnèrent d'avoir échappé à l'affreux drame. A la lueurdes briquets, les sauveteurs découvrirent des scènes abominables. La mort s'était invitée dans cet abri destiné à les protéger. On retira une trentaine de cadavres et des centaines de blessés. Le tunnel fut fermé et condamné àjamais. Plus aucune alerte n'attira le peuple de Bab el Oued dans ce piège criminel. Désormais, les Bab el Ouediens suivaient les balles traçantes des combats aériens au-dessus du quartier par la persienne entrouverte de leur chambre.