Le : 14/03/2013 13:11

Pour remercier le talent affirmé d'écrivain de notre ami Merzak, à mon tour d'évoquer un souvenir olfactif de notre enfance :

Les murs des maisons autour du lavoir de la Bassetta à Bab el Oued, doivent se souvenir de ces airs espagnols qui se répandaient dans le quartier par les fenêtres entrouvertes les matins d’été. Nos aïeux se régalaient à écouter ces musiques de leur pays sorties d’un phonographe à manivelle. La vie se déroulait paisiblement, pourvu que la table du dimanche midi ait été bien garnie autour et dessus. Autour, il y avait la famille, parents et enfants ; dessus une marmite contenant une “arroz caldo” qui embaumait les paliers des maisons. A la fin du repas, retentissaient des rires à l’écoute de cet air valencien : “ La ouella fa roz sin seba, et le ouello di que no vol, la ouella salsa li pega et le ouello li trenca le pérol.” Cette comptine de nos anciens rappelait le pays de leurs ancêtres qu’ils avaient quitté pour offrir un avenir meilleur à leur descendance. Et comment oublier les odeurs qui s’installaient tous les jours, sur le coup de midi dans le courant d’air des maisons aux portes d’entrée jamais fermées. Les poivrons frits, les sardines en escabetch et l’ “omblette de pon de terre “ ravissaient nos narines. Alors on ressentait un torrent de plaisir se déverser dans nos gorges. Mes amis aujourd’hui tout comme moi en exil, quel bonheur et quelle chance d’avoir vécu cette époque à jamais révolue ?

Le Berger de Mostaganem