05/01/2013 21:09

CA Y EST

ON L A L EXPLICATION POUR LA PAILLE AU CUL POUR TOUTE L ANNÉE

En 1875, Luigi Schiafano, un marin génois, apprit que de nombreux navires de commerce partaient de Toulon vers l'Algérie.

Comme il était sans emploi, il décida de quitter sa ville natale pour tenter sa chance ailleurs en embarquant sur l'un de ces navires.

Il prit un baluchon contenant ses effets personnels, toute sa fortune, et se dirigea, à pieds, vers Toulon.

Après deux semaines de marche, il arriva à Gonfaron, petit village du centre Var, situé au pied du massif des Maures, connu dans le monde entier car, selon la légende locale, en 1645, un âne aurait volé du haut de la colline sur laquelle était bâtie le vieux village et aurait atterri au fond du ravin à la grande stupéfaction des habitants.

Cet exploit fut considéré comme un miracle que l'on attribua

à saint Quinis, protecteur des habitants de Gonfaron.

Depuis cette époque, aucun âne n'avait pu décoller du sol au grand désespoir du clergé local qui multipliait messes et incantations pour que le miracle de l'âne volant se reproduise de temps en temps afin d'attirer les touristes et surtout les pèlerins du monde entier. Las d'implorer saint Quinis, les Gonfaronnais décidèrent de prendre leur destin en main en organisant un challenge annuel offrant une somme très importante à qui ferait voler un âne sur la place du village.

Ce challenge avait lieu le dernier samedi du mois de juin et, hasard ou destinée, Luigi Schiafano était présent dans Gonfaron ce jour-là. Celui-ci se porta candidat et, après que le curé du village eut béni l'âne placé au centre de la place du village, il s'approcha lentement du quadrupède, lui souleva la queue et, d'un geste sûr, lui planta une paille dans le cul. Il invita ensuite les habitants de Gonfaron à souffler dans la paille afin de gonfler l'animal comme une baudruche.

Image supprimée par l'expéditeur.

Le premier souffleur fut le notaire : il inspira fortement puis lâcha dun seul coup son air dans le rectum de l'âne qui se mit à braire de plaisir mais qui ne bougea pas dune semelle. Le deuxième qui tenta sa chance fut le maire : il gonfla son torse et souffla dans la paille afin d'introduire tout l'air quil avait stocké. Mais sa tentative ne réussit qu'à faire sursauter l'animal, sans doute surpris par la tiédeur du mistral qui venait de s'engouffrer dans son arrière-train. Le troisième qui entra dans la compétition fut Luigi.

Celui-ci saisit la paille et, comme il était délicat, il la retira et la retourna pour éviter de poser ses lèvres au même endroit que ses prédécesseurs.

C'est alors que l'âne, ressentant que l'on venait de retourner la paille, crut qu'il devait inverser le sens du courant gazeux.

Il refoula alors vers l'extérieur tout l'air injecté par nos protagonistes, suivi par d'autres gaz dont l'odeur n'avait rien de commun avec les parfums de Provence.

Sous l'action de la poussée en avant créée par l'éjection des gaz, connue par les physiciens sous le nom de réaction, notre âne décolla du sol et retomba plus loin devant le regard médusé du jury.

Comme promis, Luigi Schiafano encaissa la prime et c'est en possession dune petite fortune qu'il arriva sur le port de Toulon où mouillaient trois navires appartenant au même armateur :

l'un en partance pour Alger, l'autre pour Oran et le troisième pour Bône.

Fin négociateur, notre Luigi réussit à convaincre l'armateur de lui vendre un de ses navires en payant comptant avec la somme gagnée à Gonfaron.

Et c'est ainsi que Luigi Schiafano devint propriétaire du navire de commerce en partance pour Bône. Quelques mois plus tard, les bénéfices récoltés lors des transports de marchandises entre Toulon et Bône étaient si conséquents qu'il put s'acheter un deuxième navire.

En moins de deux ans, Luigi fit l'acquisition dune véritable flottille et devint ainsi le plus riche armateur d'Algérie.

Quand il séjournait à Bône, il ne manquait jamais de raconter, en bas la marine, le fabuleux exploit de lâne volant qui avait été à lorigine de sa fortune.

Mais, comme chacun sait, le téléphone bônois, contrairement au téléphone acoustique, a la propriété d'amplifier voire de déformer les mots.

Aussi, le fait quun homme fût devenu riche en mettant une paille dans le cul d'un âne se transforma-t-il vite en rumeur attestant que la fortune souriait à ceux qui avaient une paille au cul.

C'est pourquoi, depuis cette époque, les Bônois utilisent une expression consacrée pour présenter leurs vœux aux personnes qu'ils estiment.

Cette expression, vous la connaissez sûrement puisqu'il s'agit de :*

bonne année,

bonne santé,

la paille au cul pour toute l'année.