Le : 22/08/2012 09:09

Un jour de canicule à Alger.

La veille, il avait fait très chaud. Moi, je dirais comme tous les étés à Alger.

Mon père avait décidé de nous emmener à la plage de Sidi Ferruch le lendemain matin.

Nous avions aidé ma mère à préparer le cabas avec serviettes de plage, vêtements pour le change au cas où ainsi que les chapeaux.Les maillots nous les portions à la maison pour gagner un peu plus de temps soi-disant. Pour nous les filles c'étaient des maillots d'une pièce.

Dans les couffins en raphia nous avions mis toutes les victuailles et l'eau fraîche presque glacée dans des jerricans.

Mon père avait pris soin de vérifier la guitoune ainsi que la grosse bouée pneu noire.

Nous ne tenions plus sur place, impatients d'arriver et de passer une belle journée au bord de l'eau.

J'ai oublié de dire que nous étions quatre filles et trois garçons. Deux autres sont nés après.

<< Tout le monde est prêt? >>

Oui!!!! en choeur.

<< Vous n'avez rien oublié? >>

Non!!!

<< Allez en voiture! >>

C'était une Ondine de couleur vert clair.

Nous nous sommes mis en file indienne, du plus grand au plus petit.

Pourquoi??? Parce qu'il n'y avait pas de place pour tous.C'était toute une organisation. Les plus grands sur le siège et les plus petits et moins lourds sur les genoux des ainés.

Nous étions collés les uns aux autres comme des sardines en boites.

Ma mère avait pris place devant, à côté de mon père. Il lui arrivait parfois de mettre le plus jeune sur ses genoux.

Oui! La ceinture de sécurité n'existait pas à l'époque.

A peine avions nous démarré qu'il fallait s'arrêter pour faire le plein d'essence à la station de la Consolation en face du stade Cerdan.

La voiture redémarrait et nous nous mettions à chanter des refrains de chansons apprises à l'école ou des chansons en vogue.

Parfois nous demandions à notre père de doubler les voitures. C'était un jeu pour nous. Il ne le faisait pas souvent nous expliquant que c'était dangereux.

Lorsqu'il apercevait au loin un contrôle de gendarmes, il demandait à ceux qui étaient sur les genoux de se baisser pour éviter la contravention.

Sidi Ferruch n'étant pas très loin de Bab El Oued, nous arrivions en peu de temps.

Parvenus à destination, mon père garait sa voiture. Nous l'aidions à transporter couffins et autres...

Aux environs de onze heures, la plage grouillait de monde. Il ne s'y attendait pas.Nous déposions nos affaires sur le sable brûlant et mon père accompagné de l'un de mes frères est allé à la recherche d'un endroit discret, je dirais protégé de la vue des autres.

Hé oui! Haramète ( respect s'il vous plait ). Il ne fallait pas que les hommes z'yeutent sa femme et ses filles. Il trouva tant bien que mal un espace qui ne convenait pas mais il n'avait pas tellement le choix.

Le clou de l'histoire est là: A l'instar de Zina et Bouzid dans la bande dessinée " Zid ya Bouzid ", Zina (ma mère) était affublée d'un voile blanc en soie ( Haïk ). Elle attendait que Bouzid ( mon père) plante la guitoune. Nous étions à ses côtés, sous un soleil de plomb et une chaleur écrasante.

Nous voilà sous la tente ( ma mère et les filles )pour une séance de sauna tandis que mon père et mes frères profitaient des bienfaits de la mer. Pour nous la baignade avait été interdite; nous avions entre huit et quatorze ans voir un peu plus. Je vous laisse deviner.

Après le bain de mer et le ventre criant famine, ils se sont rassasiés.

Nous ne voulions pas leur adresser la parole car nous étions vexées et déçues.

Voyant que nous étions fâchées, mon père nous proposa de finir la journée à la forêt de Sidi Ferruch.

<< Allez les garçons encore une petite baignade et on s'en va.>>

Quinze heures, nous plions bagages et nous partions pour la forêt .

Les années suivante, il louait avec ses frères et soeurs un cabanon à Surcouf. Nous nous retrouvions avec cousins, cousines, oncles et tantes. Heureux, heureuses de partager de délicieux moments.