31 MAI 2009: BAB EL OUED ressuscité.

Les platanes centenaires du Grand St Jean ont donné aux anciens de BAB EL OUED la plus belle émotion que la terre pouvait leur offrir ce jour-là. Des Etats Unis, de Suède, d'Angleterre, du Maroc, d'Espagne et de toutes les régions de France, ils sont venus, couverts de rides et de cheveux neigeux, l'oeil toujours pétillant, se retrouver en mendiants de fraternité sous la bannière flamboyante du quartier de leur enfance.

Sans se concerter et dans une harmonie parfaite, les platanes ont été transposés en forêt de Sidi Ferruch traversée par le flonflon des guinguettes. L'espace boisé se voyait religieusement arpenté dans sa longueur par la foule retrouvant les "andar et venir" de l'avenue de la Bouzaréa. Chacun dans sa procession léchait un créponné d'Amitié, seule la drague disparue.

La clique des Messageries, la rue Léon Roches, la Bassetta, La Cité des Vieux Moulins, le quartier Rochambeau-Nelson, la rue de Phalsbourg, l'avenue Malakoff, La Place Lelièvre,Sigwalt, Notre Dame d'Afrique, tous avaient tenu à ne pas être oubliés. Toutes les rues faisaient le pari de retrouver un ami ou un voisin. La notion du temps avait disparu, seules nos années en noir et blanc avaient de l'importance.

Les mantécaos,la calentita, la soubressade, les cocas à la frita la kémia et l'anisette se partageaient pour apprécier les saveurs d'antan.

Les bénévoles de l'ABEO et son Président Raymond PALOMBA, avaient mis à disposition tous les ingrédients pour que la fête soit une réussite. Jusqu'à confectionner une oeuvre monumentale refaite à l'identique par les ouvriers de l'amour du quartier, MULLOR ET FASANO: LES TROIS HORLOGES; mitraillées tout au long de la journée par des milliers de photographes.

En fin de matinée, comme d'habitude, quelques nuages venus de tous les cimetières de France et d'Algérie assombrirent les retrouvailles au travers des feuillages. Et comme d'habitude, quelques gouttes de pluie traduisirent l'affection qu'ils portaient à leurs petits. Le retour spontané du soleil nous redonna dans l'instant un sentiment mêlé de tendresse et de tristesse.

Très tard, alors que l'astre de lumière déclinait à l'horizon plein ouest, la fin de cette journée exceptionnelle vint trahir la communion fraternelle qui avait pris ses répères.

Punaise, que c'était beau tous ces sourires et toutes ces joies qui étaient venus illuminer des visages burinés par le temps. Durant quelques heures nous nous étions sentis solidaires et de nouveau invulnérables. Nous savions que demain allait recommencer notre exil et notre isolement dans nos appartements luxueux de vie accomplie.

Nous attendrons patiemment l'an prochain pour retrouver cet essentiel que seule la famille de BAB EL OUED peut nous faire revivre désormais.

Enfants de BAB EL OUED, AU REVOIR, SHALOM, SALAM et à l'an prochain.