Le : 11/12/2008 10:38

Bonjour à vous tous

J’avais envie de vous parler de mon quartier, enfin plutôt un pâté de maisons dans le quartier de BEO. Il était enclavé entre la rue Léon roches et l’avenue de la Bouzaréah à l’endroit même où ces deux artères se rejoignaient dans le bas c'est-à-dire en face de la rue cardinal Verdier, rue chère à nos amis des sites de Nano Mesquida et Raymond Molto et dans sa partie haute, une ruelle qui reliait également la rue Léon roches et l’avenue de la Bouzaréah, je ne souviens plus du nom de cette ruelle, juste en face le bain maure prés du café de la Butte. A l’intérieur de ce pâté de maisons, trois ruelles séparaient les immeubles: la rue Raspail, la rue Eiffel et la troisième avait-elle un nom ? Je ne m’en souviens plus. Au bas de la rue Eiffel, dont l’entrée se située entre le moutchou et un cordonnier je crois, il y avait une sorte de terrain vague qui était au niveau du sous-sol des immeubles qui avaient leurs entrées sur l’av de la Bouzaréah. Ce terrain permettait à la menuiserie située sous le café de Cadix (je ne suis pas sur du nom) d’entreposer ses planches de bois et pour nous, de passer notre temps libre à jouer aux billes à tuis ou aux noyaux d’abricots en faisant les petits tas de 4 noyaux et en les dégommant avec d’autres, ce que tous les gosses de notre age faisaient tous les jours jusqu’au moment où un appel soudain, sifflets ou hurlements, de la part des parents, venait à nous déranger dans notre élan.

Nous habitions ma mère, ma sœur, et mes deux frères dans un petit « deux pièces » au 64 de l’avenue de la Bouzaréah ; pour accéder à notre appartement il fallait passer le porche d’entrée, suivre le couloir, descendre des escaliers qui menaient à une cour qui desservait trois logements dont le notre. Nos voisins : une famille espagnole « les Caseilles » et une famille arabe « les Benaoui ». Pour tout confort, ce petit monde disposait d’un wc dans la cour ainsi qu’un robinet pour tous ce qui ne nous empêchait pas de vivre

Je me souviens des commerçants qui bordaient ce pâté de maisons ; il y avait 2 épiceries Mozabites dans lesquelles, si on s’y prenait bien, on en ressortait avec des bonbons gratuits en poche, également la mercerie de Mme Gilabert qui faisait, je ne sais pourquoi, griller son café en grande quantité à la fois dans un grand cylindre percé de petits trous en le faisant tourner sur lui-même au dessus d’un feu dans son arrière boutique. Notre chère boulangerie Clapés jouxtait la mercerie, c’est là que nous portions nos plats à cuire et mangions entre autres : pain blanc, rolliets, calentita etc.… Juste après, l’épicerie de mademoiselle Emma où l’on devait monter deux marches, je crois, pour entrer dans son magasin. Une porte cochère séparait cette épicerie de la bijouterie de Mr Menella. La bijouterie faisait angle avec la ruelle qui commençait par des marches descendantes et qui faisait face à la cité des « deux » moulins ; cette ruelle menait d’abord chez un espagnol fabricant de nougat (espagnol) dont je ne me souviens plus du nom et ensuite à un forgeron dans le milieu de cette ruelle. A l’angle de cette rue et toujours en descendant l’av de la Bouzaréah, se trouvait le tabac, journaux de Mr Peniello qui était tenu également par sa belle mère Mme Cardona, ah ! Mme Cardona !une femme admirable qui, quelques fois, nous interpellait lorsque nous passions devant son magasin pour nous donner une pièce de cent sous « cinq anciens francs ». Je ne me souviens plus du nom du bar qui se trouvait après le tabac, journaux dont l’odeur des kémias, en passant au prés, nous chatouillait les narines. Suivait une pharmacie et un Mozabite avant la fameuse descente vers notre terrain de jeux. Après cette ruelle, je ne suis pas très sur, mais je crois que c’était un cordonnier qui était installé ici, à l’angle de la rue ; ce magasin, je me souviens, avait été plastiqué. Après l’entrée d’immeuble qui était attenant à cette cordonnerie, se trouvait le fameux café qui faisait angle de l’av de la Bouzaréah et la rue Léon Roches. Je crois qu’il se nommait « Café de Cadix ». Là, encore, que de souvenirs surtout olfactifs non pas par l’anisette qui était consommée allégrement mais par les kémias, c'est-à-dire les escargots piquants et autres cacahuetes à décortiquer, les tramousses etc..

Je suis retourné en mai 2007 à Bab el Oued mais, malheureusement, je n’ai rien revu de ce que je vous raconte car les coulées de boue de 2001 ont tout emportées. Plus de ruelles où l’on passait la plus part de notre temps à s’amuser, plus de maisons dans lesquelles nous avons vécues voir survécues, plus de magasins que l’on fréquentait tous les jours, enfin plus rien, juste un jardin à la place de ce pâté de maisons et une mosquée située le long de l’ancienne rue Fourchault.

J’ai voulu écrire ce texte pour que les gens qui habitaient ce quartier réagissent à mes propos et apportent des corrections, des éclaircissements où des compléments au texte.

Jean-Jean Moréno de Bab el Oued et fier de l’être