De Daoud, sa jambe de bois, sa bicyclette et le pot de conserve fixé très astucieusement à l'une de ses pédales pour y coincer l'extrémité de son moignon de bois, bien entendu je m'en souviens. De ses enfants, frères, cousins qui logeaient dans l'arrière boutique, oui je m'en souviens. Des litres de "grésil" déversés dans les petits cabinets sous les fenêtres de la cuisine de Yolande et Marie-Paule, je m'en souviens aussi. La petite affiche que l'on pouvait lire en entrant dans l'épicerie de Daoud "A crédit pas un radis, au content toujours content " nous prouvait que Daoud avait de l'humour.Qui s'en souvient? Des larmes de mon cousin, à moitié maltais et mozabite, qui pleure parce qu'il vient de se faire traité de "sale moutchou", je m'en souviens encore. Nier l'identité de sa femme de ménage ou de son épicier c'est entrer dans le racisme ordinaire... Même mon chat, qui est une chatte, porte le jolie nom de Gala.

Michel

PS. Il suffisait de dire "pas bonne échappe" pour trouver l'apaisement.... Certains l'on dit.