- 7 photos de Jean-Claude STELLA, dans " Ecole Notre Dame d'Afrique (St Eugène)"
André TRIVE
jeudi 14 juin 2018 - Bibliothèque des trois horloges
Le : 18/06/2015 09:27
LE COUP DE CANON
C'est 18 h, le coup de canon vient d'annoncer que le jeûne peut être rompu. Nous sommes au mois d'Aoùt 1950, j'ai 9 ans. Le Ramadan est installé pour un mois dans Bab el Oued. Le sirocco et la chaleur caniculaire de l'été accentue la difficulté à ne pas boire durant la journée. Dans la rue des Moulins on note une agitation particulière avec les clients qui se précipitent dans le café maure de l'Etoile Blanche pour rompre le jeune en avalant une gazouz bien fraîche. Les marchands itinérants ont installé leur chariot à deux roues, maintenu en équilibre par une béquille. On fait la queue pour acheter des maïs grillés, des jujubes, des figues de barbarie. A gauche de l'entrée s'alignent sur des grandes plaques les pâtisseries orientales au miel et aux amandes dont je raffole. Pour certains, la partie de dominos les transporte dans un moment de plaisir partagé entre amis autour d'un thé à la menthe après une dure journée de carême. Leur joie s'exprime par le claquement du pion qu'ils frappent sur le tapis. L'euphorie est générale. Qu'il fait bon vivre dans ce quartier populaire d'Alger où les traditions sont respectées par toutes les religions. A 21 h, après notre repas pris en famille, nous nous retrouvons assis sur le trottoir à profiter de cette belle fête qui occupe la rue et comme chaque soir, avec quelques pièces de monnaie j'achète des zalabias et des makrouds qui collent aux doigts. Alors, je me lèche les babines comme un chaton avec ce miel qui ne coagule jamais en été. Nous allons nous coucher avec les douze coups de l'horloge de l'école de la place Lelievre. Quel bonheur de savoir que tout recommencera le lendemain et ce, pendant un mois. C'est impossible à oublier ces moments d'enfance passés en compagnie de mes parents. Ce mois de Ramadan en été dans la rue des Moulins à Bab el Oued ne s'est jamais effacé de ma mémoire...C'était la fête pour tous. Bon Ramadan, khouya Mustapha !
Robert VOIRIN
jeudi 14 juin 2018 - Bibliothèque des trois horloges
Le : 15/06/2015 17:17
MOTS D'HISTOIRE
C'était " le commencement de la fin " et le début du cauchemar,
on venait de nous asséner un " coup de Trafalgar '',
" ils se moquent de nous comme de l'an quarante "ceux qui nous gouvernent
se disait on, et en plus ils nous faisaient " prendre des vessies pour des lanternes ''.
On s'est retrouvés rapidement "dans la dèche "et dans la peine,
alors là vraiment on était " bons comme la romaine ",
victimes du "coup de Jarnac ''
nous qui n'avions jamais '' tourné casaque "
on ne s'est pas sentis en odeur de sainteté dans notre pays en faillite
il a fallu prendre une mesure draconienne , le quitter au plus vite.
Au dessus de nos têtes se profilait l'épée de Damoclès
et sans faire des salamalecs ni " des pataquès ''
on s'est précipités sur les quais du port d'Alger en rang d'oignon ''
pour prendre le bateau en catastrophe et ça se bousculait au portillon .
On devenait comme " des dindons de la farce ''et complètement abandonnés,
sur qu'on était pas sortis de l'auberge "alors que l'heure H était arrivée ".
Arrivés en France ça était la croix et la bannière et encore pire
car pour avoir droit au chapitre on a eu maille à partir
avec ceux qui voulaient nous mettre à l'index à jamais
et nous " jeter aux oubliettes " en nous faisant une cote mal taillée .
" Solide comme le Pont Neuf " grâce à notre travail de romain
on leur a alors chanté à tue tête c'est nous les Africains .
Robert Voirin
Raymond MOLTO
jeudi 14 juin 2018 - Bibliothèque des trois horloges
Le : 31/05/2015 06:26
Bonne fête des Mamans
Pour vous chères Mamans en ce jour de fête ... Que vous soyez gracié par cette journée. Pour toutes les femmes qui ont donné la vie. Que ce jour soit celui de la Paix et de l'Amour pour vous ... Pour toutes les Mamans du monde...
Que la vie vienne les combler à leur tour. Quelque soit votre âge vous êtes des personnes uniques. Pour vous qui avez donné la Vie ... Quand vous regardez vos tout petits... Vous êtes si heureuse de ce bonheur si indescriptible...
Je le sais en tant que Maman ... Que dans le fond de mon coeur... Je suis fière de mes enfants ... Je les aime tellement ...ils sont venus Combler ce que je n'avais eu enfant...
Vous savez ...vous les Mamans que je ne connais pas. Je vous souhaite tout le bonheur du monde... La mienne est partie au ciel... Si la vôtre a rejoint le paradis... Levé les yeux au ciel elle vous sourira...
Une Maman reste dans le coeur d'un enfant éternellement. N'oubliez pas que ce que le vie vous donne ... Jamais elle vous le reprend vos enfants sont ... Un lien d'amour avec vous-mêmes... Soyez fières d'être des Femmes dont la force est inégalable.
Alors pour toutes celles qui ont donné la vie... Où qui vont le faire bientôt ... Je vous souhaite une merveilleuse fête... Prenez soin de vous surtout... N'oubliez pas vous les Mamans
Vous êtes des Anges sur terre...
André TRIVES
jeudi 14 juin 2018 - Bibliothèque des trois horloges
Le : 29/05/2015 15:08
Pour François Estève de la rue des moulins. Slimane et Omar L'enfance c'est des moments de vie insouciants rangés méticuleusement dans la bibliothèque de sa mémoire et qui reviennent en boucle tout le temps dès qu'un petit signe vous relie à ce passé. Ce signe peut être une odeur, un son ou la lecture d'un simple mot qui vous transperce d'émotion. L'an dernier sur notre site un message de l'ami Merzak citait ce noms d'une figure du quartier : "Slimane le charbonnier"; mon regard s'embua immédiatement, ce nom ne pouvait pas me laissait indifférent, il ravivait toute mon enfance à Bab el Oued. Slimane DOUDOU et son frère Omar tenaient un commerce de charbon juste en face du magasin de vins et liqueurs de mes parents au 4 rue des Moulins. Originaires de Bounoura près de Ghardaïa (Mzab)ils m'avaient vu naître en 1941. Entre mes parents et les Doudou, il y avait bien plus que de l'amitié. Pendant les années 39/40 alors que mon père était mobilisé sur le front en France, Slimane rendait de nombreux services à ma mère qui gérait seule le magasin avec la charge d'élever mon frère aîné âgé de 3 ans. Il intervenait quotidiennement pour placer les lourds tonneaux de vin sur le chantier ; sans son aide, ma mère n'aurait pas pu assurer la marche du commerce. Le magasin de Slimane ressemblait à une véritable caverne d'Ali Baba. On y trouvait de tout et les produits de droguerie vendus au détail et à l'air libre vous piquaient les yeux et la gorge en entrant dans le petit espace qui accueillait les clients. Dans un grand tonneau situait à la droite de l'entrée recouvert d'un plateau, se trouvait la sciure de bois, et au dessus une balance romaine servant à peser le charbon vendu en vrac, stocké dans la pièce arrière jusqu'au plafond. Inévitablement,parfois, la pile de charbon dégringolait brutalement, semant la panique dans le magasin où un immense nuage de poussière noire se répendait telle l'encre de sépia. Le haïk blanc des femmes sorties précipitamment sur le trottoir pour respirer avaient leur haik blanc transformé en niquab afgan tout noir de la tête au pied. Et Slimane comme un capitaine de navire en train de sombrer, sortait le dernier enveloppé de poussier noir en train de se dissiper lentement. Son sourire gêné à la "Afric-film" ressortait le blanc lumineux de ses yeux et de sa dentition, alors, il se confondait en excuses auprès des voisins et l'incident était clos. En pénétrant dans le local, on était saisi par l'ambiance sinistre où l'ampoule électrique recouverte de poudre fine distillait une lumière tamisée comme dans une catacombe romaine. Deux calendriers côte à côte étaient fixés au mur : le traditionnel des postes et celui de l'Hégire écrit en arabe où la main de Fatma de couleur verte, sertie de paillettes conjurait le mauvais sort. Le comptoir servant de caisse croulait sous la paperasserie : les factures et le traditionnel carnet de crédit fait aux clients n'échappaient pas à la poussière de charbon qui s'insinuait de partout. Même poussière sur les rayonnages où s'entassaient des produits les plus hétéroclites : kanoun, lampe à pétrole, veilleuses, fourneau à pétrole, déboucheurs de fourneaux, mèche à lampe, bougies vendues à l'unité, cristeaux de soude, naphtaline, pinceaux à chaux en alfa, lavette en filasse, éventail et soufflet (marora) pour kanoun, alcool à brûler et pétrole tirés d'un tonneau métallique, lessiveuses, savon de Marseille en paillettes, blanc d'Espagne, brillantine Roja, le "ça sent bon" (banita), paquets de lessives Bonux et Persil, pompes à flytox, poudres à teintures, henné, encens(jaoui) et pour les superstitieux : graines pour kanoun(fassour) et tarentes séchées (téta). A chaque vente, il époussetait le produit en soufflant énergiquement d'une expiration profonde comme un trompettiste de jazz afin de retrouver l'étiquette et percevoir le prix. Quand j'allais "faire" de la monnaie pour mon père, au retour je n'échappais pas aux salissures du poussier de charbon qui faisaient la réputation des charbonniers et aussi des ramoneurs. Je me revois âgé de 5 ou 6 ans dans le calme d'un après midi d'été, Slimane me juchait en amazone sur le cadre de son vélo et me faisait faire le tour de l'immeuble par la rue de Chateaudun et la rue du Roussillon. L'air chaud caressait mon visage et me donnait une sensation de rafraîchissement comme le ventilateur qui tournait au plafond de chez Prosper le marchand de tissus. Chaque midi, son magasin dégageait des odeurs de cuisine ; Slimane préparait le repas. Je le revois activant par saccade la pompe du fourneau à pétrole comme une pompe à bicyclette et me disant poliment : " André, tu manges avec moi ?" Il faut bien reconnaitre que Slimane et Omar étaient déjà des travailleurs immigrés dans leur propre pays. Ils travaillaient à Bab el Oued loin de leur famille qu'ils retrouvaient à tour de rôle une fois tous les 2 ans. A cette occasion ils s'habillaient avec fierté dans le tradistionnel costume des gens du sud tout de blanc vêtu ; enfin ils allaient retrouver femme et enfants qu'ils avaient regardés durant tous ces longs mois de labeur à Bab el Oued sur de minuscules photos en noir et blanc délavés. C'était çà notre vie à Bab el Oued ; remplie de scènes pittoresques d'une époque totalement révolue et que nous partagions parce qu'elles faisaient partie de notre destin commun. Dans le quartier nous nous connaissions de père en fils depuis des générations. Les fils prenaient la suite des parents et cela semblait éternel. Les charbonniers Slimane et Omar rendaient des services à tout le quartier et tout le quartier les considérait comme de la famille
Ajout de photo
mardi 12 juin 2018 - Actualité du site
- 1 photo de Jean-Claude STELLA, dans autres écoles de bab el oued et d'Alger " Ecole de Saint Joseph"
L'ASSOCIATION A.B.E.O (le Blog)
samedi 9 juin 2018 - Actualité du site
- 3 photos dans Retrouvailles de l'ABEO (Rognes 27 Mai 2018) de Georges DURA
L'ASSOCIATION A.B.E.O (le Blog)
mardi 5 juin 2018 - Actualité du site
- 4 photos dans Retrouvailles de l'ABEO (Rognes 27 Mai 2018) de Georges DURA
L'ASSOCIATION A.B.E.O (le Blog)
lundi 4 juin 2018 - Actualité du site
- 20 photos dans Retrouvailles de l'ABEO (Rognes 27 Mai 2018) de Georges DURA
L'ASSOCIATION A.B.E.O (le Blog)
dimanche 3 juin 2018 - Actualité du site
- 42 photos dans Retrouvailles de l'ABEO (Rognes 27 Mai 2018) de Henri RINDOVETZ
« billets précédents - page 19 de 123 - billets suivants »